Le SMS continue sa chute ; le RCS peine à décoller

En fait. Le 21 mai, l’Arcep a publié son Observatoire des marchés des communications électroniques en France sur l’année 2018. Le nombre de SMS émis poursuit sa chute, entamée il y a trois ans. Les WhatsApp, Messenger, Snapchat et autres Skype concurrencent les opérateurs mobiles, lesquels préparent… le RCS.

En clair. Laminé par les messageries instantanées des GAFA, Snap et autres Telegram, le SMS – pour Short Message Service – inventé il y a 30 ans par les opérateurs télécoms (les « telcos ») décline. Rien qu’en France, les mobinautes les délaissent de plus en plus au profit des messageries instantanées du Net, lesquelles échappent justement aux opérateurs mobile. Résultat, d’après l’Arcep : le volume global de ces messages courts émis en 2018 à partir des téléphones mobiles est en baisse pour la troisième année consécutive, à 171,4 milliards de SMS (-7,1 % en un an). Le point culminant historique de 202,5 milliards de SMS envoyés dans l’année fut atteint en 2015.
Consolation pour les telcos : l’envoi de MMS – pour Multimedia Messaging Service – continue d’augmenter, à 5,2milliards sur l’année 2018 (+ 6 %), mais ils sont loin de compenser la chute des SMS et ne représentent que 3 % de l’ensemble des messages émis dans l’année. « Le nombre moyen de SMS envoyés par mois et par abonné diminue : 199 SMS en 2018 (- 8,9 %). Cette inflexion (1) peut être mise en parallèle avec le développement des applications de messageries instantanées qui viennent probablement se substituer en partie aux SMS », avance l’Arcep. Surtout que les SMS et MMS utilisent un protocole propre aux telcos et donc incompatible avec l’IP et le Wifi ! Un comble aujourd’hui. Ces textos, qui plus est payants, génèrent la principale source (40 %) de revenu des services d’interconnexion mobiles pour les telcos, soit 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires hors taxe en 2018 (- 5,5 %). L’on comprend dès lors que les telcos se hâtent lentement dans le déploiement le RCS – pour Rich Communication Services.
Quèsaco ? Il s’agit de la contre-offensive des opérateurs mobile, réunis dans leur association internationale GSMA (2), pour tenter de ne pas se faire évincer par les acteurs du Net du marché de la communication interpersonnelle. Le RCS, c’est de la messagerie instantanée et du réseau social multimédia tout-en- un (texte, chat, appels vidéo, audio, photo, live, fichiers, etc). Mais comme le RCS bascule les telcos sur le protocole IP, il leur rapportera bien moins que les lucratifs SMS et MMS. Pour l’instant, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free restent encore très discrets. Au contraire, Google Fi, l’opérateur mobile virtuel d’Alphabet, a annoncé en début d’année (3) le déploiement de RCS – y compris en France. Le SMS va mourir, vive le RCS ? @

Le marché mondial du cloud est en plein boom, au risque d’échapper aux régulateurs nationaux

Les services de cloud dans le monde devraient franchir cette année la barre des 200 milliards de dollars. Les « as a service » (activité, infrastructure, application, logiciel, …) et les mégadonnées du Big Data font les affaires des prestataires du cloud computing, où les GAFAM s’en donnent à coeur joie.

« Les services en nuage bouleversent vraiment l’industrie.
Les prestataires bénéficient de plus en plus de stratégies cloud-first d’entreprises. Ce que nous voyons maintenant
n’est que le début. D’ici 2022, la croissance de l’industrie
des services infonuagiques sera près de trois fois celle de l’ensemble des services numériques », prévient Sid Nag (photo), vice-président analyste chez Gartner.

L’Europe aide peu de communes avec Wifi4EU ; la France veut des Wifi territoriaux publics et gratuits

Elles sont 224 premières communes en France à bénéficier de l’aide de la Commission européenne pour déployer des hotspots Wifi publics et gratuits. Mais avec plus de 35.000 communes, l’Etat envisage de favoriser partout des
« Wifi territoriaux » afin d’assurer la cohésion des territoires.

« Grâce au premier appel Wifi4EU, 2.800 communes vont pouvoir offrir à des milliers d’Européens et de visiteurs, dans toute l’UE, un accès gratuit à Internet dans les espaces publics, améliorant ainsi la connectivité des citoyens dans leur vie quotidienne », s’est félicitée Mariya Gabriel (photo), commissaire pour l’Economie et la Société numériques, le 7 décembre dernier. En France, seulement 224 communes sont retenues par Wifi4EU. Mais un deuxième appel à candidatures européen va être lancé « début 2019 ».

MVNO : Google Fi couvre l’Europe, dont la France

En fait. Le 10 décembre 2018, la firme de Mountain View a déposé un dossier d’enregistrement de la marque « Google Fi » auprès de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO). Depuis, les spéculations
vont bon train sur le lancement du service MVNO-Wifi en Europe… déjà couverte.

En clair. C’est de Munich, en Allemagne, que Google a déposé le 10 décembre
– via son conseil en propriété intellectuelle Grünecker – sa marque « Google Fi » (1), laquelle remplace le nom de « Project Fi » lancé en 2015 aux Etats-Unis en tant qu’opérateur mobile virtuel – MVNO (2). Google Fi s’appuie actuellement sur les réseaux 4G – en attendant la 5G (3) – de quatre opérateurs mobile que sont les américains Sprint, T-Mobile USA et US Cellular, d’une part, et, depuis deux ans, sur l’européen Three, d’autre part. Ce dernier, propriété du singapourien CK Hutchison
(ex-Hutchison Whampoa), apparaît comme la tête de pont de Google Fi en Europe,
y compris en France puisque Three a passé des accords de roaming avec Bouygues Telecom, Free Mobile et Orange.
C’est ainsi que les utilisateurs américains de Google Fi – dont le nombre n’est pas dévoilé, mais probablement encore limité – peuvent profiter de leur forfait en Europe, pour peu qu’ils aient un téléphone mobile compatible (Google Pixel, Samsung, LG, Moto, OnePlus, et, en bêta, iPhone). Google Fi se sent pousser des ailes avec ses quatre opérateurs hôtes et le recours à plus de 2 millions  de hotspots Wifi. Le géant
du Net affirme ainsi déjà couvrir « plus de 170 pays et territoires en dehors des Etats-Unis », dont les pays européens – y compris la France (4). Et ce, moyennant les mêmes forfaits et tarifs valables partout dans le monde, « sans coût supplémentaire », insiste Google : à partir de 20 dollars par mois (appels vocaux sur Wifi et SMS illimités), auxquels s’ajoutent les appels téléphoniques hors Wifi (0,20 dollar par minutes), les données Internet consommées (10 dollars par Go, gratuites au-delà de 6 Go par mois) et les appels internationaux.
En outre, Google a installé dans ses smartphones Pixel (modèles 2, 3 et 3 XL) sa propre carte numérique eSIM, reconnue par Sprint aux Etats-Unis, Airtel et Reliance Jio en Inde, Truphone et Gigsky à l’international, EE (ex-Everything Everywhere, filiale de BT) en Grande-Bretagne, et – « bientôt », a annoncé Google le 3 décembre dernier (5)– Deutsche Telekom et Vodafone en Allemagne. En France, où Orange et SFR discutent déjà avec Apple pour ses eSIM intégrées dans les iPhone XS/XR et l’iWatch (EM@ 197, p. 5), aucun accord n’est encore intervenu. En conjuguant MVNO, Wifi et eSIM, la filiale d’Alphabet est parée pour devenir opérateur mobile mondial et fin prête pour la 5G. @

Devant l’urgence du tout connecté à très haut débit, la Commission européenne change de paradigme

Le retard de la France dans le déploiement du très haut débit fixe et mobile
est emblématique d’une Europe qui se rend compte du relativement faible investissement de ses opérateurs télécoms. La faute à une réglementation
trop « consumériste » ? Jean-Claude Juncker veut corriger le tir.

Rémy Fekete, associé Jones Day

L’Europe n’est pas prête. Elle n’est pas prête à s’inscrire dans une économie numérique où le très haut débit est la règle et la condition du fonctionnement des nouveaux outils, des services, des contenus, bre f , d e l’activité des entreprises et de la vie
des citoyens.
« France Numérique 2012 », « Plan de relance numérique »,
« Plan national très haut débit » (PNTHD), « Plan France très haut débit » (France THD) : depuis six ans, les politiques n’ont
eu de cesse d’annoncer pour l’Hexagone des jours meilleurs et, en particulier, l’accession de la totalité de la population au très haut débit.