La 4G peine à décoller et ne change pas les usages

En fait. Le 3 octobre, l’Arcep a publié les chiffres du marché des services mobiles pour le second trimestre 2014. Pour la première fois, la 4G en France a dépassé
le cap des 5 millions d’abonnés. Mais une étude de Deloitte, publiée le 30 septembre dernier, montre que la 4G n’influe pas sur les usages.

En clair. Près de deux ans après le lancement du mobile très haut débit en France,
à peine 7 % des 78,4 millions de cartes SIM actives sont en 4G. Ils sont ainsi près
de 5,5 millions d’abonnés concernés au 30 juin (1). Ce chiffre 4G, que fournit l’Arcep depuis le début de l’année dans son observatoire trimestriel, reste cependant en deçà de ce qu’affirment les opérateurs mobile, qui, eux, comptabilisent toutes les offres 4G commercialisées. Or, un client peut souscrire à une offre 4G mais ne pas disposer pour autant du terminal adapté au très haut débit mobile ! Alors que le régulateur, lui, comptabilise uniquement les clients 4G actifs qui disposent à la fois d’une offre 4G
et d’un terminal compatible 4G.
Résultat : le très haut débit mobile reste encore un marché de niche et devrait encore
le rester un certain temps. D’autant qu’en avril dernier, Médiamétrie indiquait que seulement un Français sur cinq avait l’intention de s’abonner à la 4G. D’après l’étude du cabinet Deloitte, seul « un Français sur dix dispose d’un full package 4G (téléphone + forfait) » et « un sur dix est équipé malgré lui (téléphone ou forfait 4G seulement) ». Résultat : « Seuls 11 % des consommateurs détiennent un forfait et un téléphone compatibles 4G ». Le « principal frein » à l’adoption de la 4G est financier : le prix du forfait (36 %) et du téléphone 4G (23 %). Sinon, la 3G en déplacement et les réseaux Wi-Fi (à domicile, en hotspot ou au bureau) leur suffisent, à moins qu’ils n’aient pas
de couverture 4G…
Et encore, lorsqu’ils sont en 4G, les abonnés n’exploitent pas son potentiel et ne l’utilisent pas pour des activités réellement dépendantes de la vitesse de connexion :
« Ils ne sont que 28 % à regarder des vidéos, 21 % à écouter de la musique en streaming, 17 % à faire des transferts volumineux de photos, 13 % à jouer en ligne
et 10 % à faire des transferts volumineux de films », constate Deloitte, dont l’étude
ne parle absolument pas de télévision sur mobile.
Pourtant, dans leur 12e édition du Guide des chaînes numériques publié en avril dernier, le CSA, le CNC, la DGMIC, le SNPTV et l’ACCeS (chaînes conventionnées) table sur la 4G : « Le développement des réseaux 4G devrait accélérer l’essor de la télévision sur mobile grâce à l’accroissement des débits de connexion par rapport à ceux existant aujourd’hui » (2). Ce qui ne saute toujours pas aux yeux aujourd’hui. @

Comment Libération va mettre le web avant le papier

En fait. Le 16 septembre, trois dirigeants du journal Libération – Laurent Joffrin (Directeur de la publication et de la rédaction), François Moulias (président du directoire) et Pierre Fraidenraich (directeur opérationnel) – étaient les invités
de l’Association des journalistes médias (AJM). Déclarations.

En clair. Libération est le premier quotidien français à inverser la vapeur. Désormais, le site web du journal, Liberation.fr, sera désormais « la priorité » éditoriale. « On change complètement la logique : chaque service de la rédaction va animer son propre site avec sa page d’accueil. Dans les contenus que l’on mettra en ligne, il y aura une partie qui sera utilisée pour faire le quotidien [imprimé] », a expliqué Laurent Joffrin, précisant qu’il y aura ainsi « six sous-sites web » et que « les scoops seront gérés au cas par
cas ». C’est donc la fin de la dominance du papier et un recentrage de la production sur le Web, sous la houlette du « numéro un bis » Johan Hufnagel (cofondateur de Slate.fr
et ancien de 20minutes.fr). Il ne s’agit pas, assure-t-il, de faire travailler les journalistes trois fois plus, mais de « tout mettre en ligne » en proposant du gratuit et du payant
« au compteur » (metered paywall).

Google Search : la fausse bonne idée du « dégroupage »

En fait. Les 9 et 10 septembre se sont tenues deux conférences, à Berlin et à Bruxelles, sur le thème « Internet and Neutral Search », organisées par l’Open Internet Project (OIP) et les associations européennes des éditeurs de quotidiens (ENPA) et magazines (EMMA). Mais Google est-il un « France Télécom » ?

En clair. L’Open Internet Project (OIP), association européenne créée en mai dernier
à l’initiative franco-allemande d’Axel Springer, de Lagardère et de CCM Benchmark (1), entend dissuader la Commission européenne de clore son enquête sur Google soupçonné d’abus de position dominante avec son moteur de recherche. L’un de
ses membres fondateurs, Lagardère Active via sa filiale LeGuide.com (comparateur
de prix), avance une solution radicale : le dégroupage de Google ! C’est un ancien dirigeant de France Télécom – ancien PDG de Wanadoo, artisan du triple play et de
la Livebox – qui milite dans ce sens. Et en connaissance de cause : Olivier Sichel, aujourd’hui PDG de LeGuide.com, n’y va pas par quatre chemins : «Si l’Europe se décidait à mettre en oeuvre le dégroupage de Google en donnant accès – dans des conditions acceptables – à cette nouvelle boucle locale qu’est le moteur de recherche général, beaucoup d’entreprises européennes relèveraient le challenge, offrant aux Européens le luxe du choix », écrit-il dans une tribune passée presque inaperçue cet été (2).

Alain Weill, PDG de NextRadioTV, n’exclut pas « des collaborations » avec son deuxième actionnaire Fimalac

La holding du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, déjà à la tête de la société de médias numériques Webedia constituée en un an, monte discrètement en puissance depuis 2012 au capital de NextRadioTV. Alain Weill nous dit qu’ « il est tout à fait envisageable de développer des collaborations entre les deux groupes ».

Par Charles de Laubier

Alain WeillSelon nos informations, près de quinze ans après avoir créé, en 2000, NextRadioTV (1), Alain Weill (photo) n’a plus la majorité des droits de vote de son groupe depuis le 4 juillet – jour où il est passé sous la barre des 50 %.
Le PDG fondateur n’en détient plus que 49,5 % par l’intermédiaire de sa société WMC. « Ce franchissement de seuil [à la baisse] résulte d’une augmentation du nombre de droits de vote de la société », a expliqué le PDG de NextRadioTV à l’AMF, l’Autorité des marchés financier (2). D’après nos constatations, cette modification dans les droits de vote s’est faite au profit de Fimalac, la holding de Marc Ladreit de Lacharrière, qui détient maintenant 8,9 % des droits de vote contre 4,9 % auparavant.
Même si la participation d’Alain Weill au capital de NextRadioTV reste, elle, quasiment inchangée au cours de ces dernières années, à 37,7 % aujourd’hui, tout comme celle de Fimalac à 6,8 %, cette montée en puissance des droits de votre de Fimalac au sein de NextRadioTV n’est pas anodine.

Time Inc : condamné à croître et à réussir avec le Net

En fait. Le 13 juin, Time Warner a tenu son assemblée générale annuelle –
soit quatre jours après le spinoff de son activité « magazines » (Time, Fortune, People, …) en une nouvelle société, Time Inc, cotée à la Bourse de New York
depuis le 9 juin. Est-elle condamnée à une mort lente ou bien à réussir ?

En clair. Le plan secret du nouveau groupe de magazines, évoqué par la presse américaine, comprendrait des suppressions d’emplois, après les 500 opérées l’an dernier (6 % des effectifs). Cette perspective a de quoi inquiéter les 7.700 employés que compte la nouvelle entité héritière d’un siècle d’histoire. La (dure) réalité de la presse est que, face aux recettes publicitaires en recul continu, l’investissement dans
le numérique est une obligation pour compenser a minima la baisse du chiffre d’affaires. Cela pourrait passer par de la croissance externe. « Nous avons l’intention d’explorer des alternatives stratégiques incluant des investissements internes, des partenariats stratégiques, des acquisitions et des dessaisissements [cessions d’actifs]», indique le document d’information sur la scission cosigné le 9 mai dernier par Jeff Bewkes et Joe Ripp, respectivement PDG de Time Warner et de Time Inc. Mais la marge de manoeuvre est étroite car la nouvelle entité a hérité au moment du spinoff d’un endettement net de 1,4 milliard de dollars. L’an dernier, ce qui était encore depuis près de 25 ans l’activité « magazine » de Time Warner a généré 3,3 milliards de dollars de revenus mais en recul de 2,3 % sur un an – repli également constaté sur les quatre années précédentes. La publicité pèse encore pour près de 54 % du total. Tandis que le résultat net a été de seulement 201 millions de dollars, en chute de 23,5 %. Pour 2014, la chute devrait être de 5 % (1). N’ayant pas d’autres activités médias (comme la télévision ou l’édition), Time doit donc capitaliser sur les « marques » de ses 90 magazines dont 23 aux Etats-Unis (Time, Fortune, People, Sports Illustrated, InStyle, …), « bien au-delà de la presse imprimée » (dixit Joe Ripp). Ce que son ancienne maison mère avait commencé à faire.