Les deepfakes audio inquiètent l’industrie musicale

En fait. Le 10 septembre, la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) a publié son premier rapport sur « la musique dans l’UE ». Au-delà des inquiétudes sur la croissance musicale dans les Vingt-sept, une nouvelle pratique préoccupe : les deepfakes audio. Les détecteurs s’organisent.

En clair. « L’industrie musicale est préoccupée par la capacité des systèmes d’IA de générer du contenu “deepfake” qui s’approprie sans autorisation la voix, l’image et la ressemblance distinctives des artistes », alerte la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), dans son rapport sur la musique dans l’Union européenne (UE) publié le 10 septembre. « Cela peut induire les fans en erreur, porter gravement atteinte à la réputation d’un artiste et fausser la concurrence en permettant aux clones générés de concurrencer de manière déloyale les artistes dont la musique et l’image ont été utilisées pour former le modèle d’IA » redoute-t-elle.
Six jours avant, de l’autre côté de l’Atlantique, un dénommé Michael Smith a été arrêté par le FBI et présenté devant juge de Caroline du Nord pour avoir créé des centaines de milliers de chansons avec une intelligence artificielle et utilisé des programmes automatisés (bots) pour diffuser des milliards de fois ces chansons générées par l’IA sur les plateformes de streaming (Amazon Music, Apple Music, Spotify et YouTube Music). Ce stratagème de fake streams (1) a permis à l’accusé de générer frauduleusement plus de 10 millions de dollars de royalties (2). De l’IA générative musicale au deepfake audio, il n’y a qu’un pas : les deux pratiques utilisent des masses de données audio pour générer du contenu fictif mais audible et vraisemblable.

Clubhouse veut devenir le « Facebook » vocal

En fait. Le 1er février, le milliardaire Elon Musk, patron de Tesla et de SpaceX, a déclaré oralement sur l’application Clubhouse : « Le bitcoin est une bonne chose ». Cela a fait non seulement fait bondir le cours de la cryptomonnaie mais aussi tourner les projecteurs sur Clubhouse. Ce futur « Facebook » vocal donne de la voix.

En clair. Dans la foulée du succès des podcasts et de l’engouement pour les assistants vocaux sur smartphones ou enceintes connectées, l’Internet des oreilles a maintenant son réseau social audio : l’application mobile Clubhouse qui pourrait être le futur « Facebook » vocal. Lancée de façon confidentielle il y a près d’un an, en mars 2020, elle est éditée par la société californienne Alpha Exploration Co, cofondée par Paul Davison et Rohan Seth. Clubhouse n’est pour l’instant disponible que sous iOS (pour les terminaux d’Apple) et uniquement sur invitation de l’un des « happy few » déjà inscrits dans la version bêta de ce réseau social vocal (1). Ces « early adopters » cooptés entre eux sont tout de même aujourd’hui 2 millions dans le monde à se connecter par semaine, d’après les deux créateurs dans un blog daté du 24 janvier dernier (2), sur déjà quelque 5millions d’inscrits. Maintenant qu’ils viennent de lever des fonds (100 millions de dollars, dit-on) auprès notamment de la société de capital-risque Andreessen Horowitz (alias « a16z »), créé en 2009 par Marc Andreessen et Ben Horowitz (3), leur objectif est d’« ouvrir Clubhouse au monde entier » et de lancer la version sous Android. Alpha Exploration Co est maintenant valorisée 1 milliard de dollars : une licorne est née. Chez a16z, l’associé Andrew Chen connaissait déjà Paul Davison depuis que celui-ci avait lancé en 2012 Highlight, un réseau social de proximité (musées, fêtes, salons, …) qui fut revendu à Pinterest. Cette fois, ce féru de réseau social donne de la voix, d’abord avec Talkshow puis maintenant avec Clubhouse (4). « La voix peut rassembler les gens, s’enthousiasme- t-il avec Rohan Seth. Vous pouvez être dans la pièce, souvent avec des gens dont l’expérience vécue est très différente de la vôtre ». Clubhouse s’organise virtuellement en plusieurs milliers de « rooms », chaque pièce accueillant plusieurs personnes pour parler de choses et d’autres, souvent autour d’un thème (musique, opéra, jeux, philosophie, méditation, voyages, etc.). « Tout cela grâce au pouvoir de la voix », ajoutent les cofondateurs. Elon Musk a même vanté les mérites du bitcoin dans une conversation « Clubhouse » le 1er février. Voilà en tout cas une licorne que Facebook, à qui l’on reproche déjà d’avoir racheté WhatsApp et Instagram, ne pourra pas mettre dans son escarcelle ! @