Contenus dans les nuages

Depuis la nuit des temps, il n’est pas de fête qui se respecte sans musique. Vérité immuable, alors même que les moyens techniques permettant à nos ados d’animer leurs soirées n’en finissent pas de muter : du vinyle et son pick-up des années 1960 à la K7 et son Walkman, en passant par le CD et son lecteur, jusqu’aux fichiers MP3 téléchargés sur PC qui permettaient, au tournant des années 2000, de faire défiler des playlists tout au long de la nuit. En 2010, il suffisait d’un quelconque terminal mobile pour « streamer » – par la magie du Cloud – un choix de musiques apparemment infini. Pourtant, l’informatique en nuage est sans doute presque aussi ancienne que l’Internet, puisque la virtualisation à la base du « cloud computing » remonte aux années 1960. Elle consiste à mutualiser sur un même serveur des applications tournant sur des machines différentes. Les hébergeurs et les fournisseurs de services d’applications (ou Application Service Providers) nous ont peu à peu accoutumés à ce nouvel âge de la révolution numérique, en commençant tout d’abord par quelques applicationsphares comme les services de messagerie. Si nous avions encore l’habitude d’archiver sur nos PC des contenus téléchargés auprès de pionniers comme Kazaa, Napster ou encore eMule, les usages précurseurs étaient pourtant déjà là : pourquoi continuer à stocker des fichiers sur son disque dur quand on pouvait y accéder rapidement, à tout moment et d’un seul clic ?

« Le Cloud permet de rechercher dans de larges catalogues, de stocker à distance et d’écouter en streaming : où que l’on soit, sur le terminal de son choix ».

Convergence télécoms-audiovisuel et financement des oeuvres : vers une nouvelle régulation

Ancien député UMP du Maine-et-Loire, conseiller régional des Pays de la Loire et membre de la Cnil, Dominique Richard – auteur du rapport « Audiovisuel 2015 » remis en avril – a été nommé par le CSA Médiateur pour la circulation des œuvres. Et une mission « TV connectée » vient d’être lancée.

Comment Facebook se lance sur le marché de la VOD

En fait. Le 27 mars, la filiale de distribution numérique de Time Warner, Warner Bros. Digital Distribution, a annoncé qu’elle portait à cinq le nombre des films disponible en VOD payante sur le réseau social Facebook. Et ce, après un test
qui a démarré le 8 mars avec « The Dark Knight ».

En clair. Facebook s’apprête à bousculer le monde de la vidéo à la demande (VOD)
en proposant depuis le mois de mars – aux Etats-Unis pour l’instant pour des questions de droits – des films issus du catalogue de Warner Bros. « A ce stade, il n’y a pas de projets internationaux », indique à EM@ une porte-parole américaine de Warner Bros., Deborah Lincoln. Après un premier test commencé le 8 mars avec une nouvelle aventure de Batman, « The Dark Knight » (1), cinq autres films sont à leur tour mis en ligne (2) depuis le 27 mars. Toujours en phase de test, ce service de VOD permet aux millions d’internautes américainss de visionner un film durant 48 heures après l’acquisition en ligne, moyennant 30 à 40 « Facebook Credits ». Il s’agit de la monnaie virtuelle utilisée par les « amis » du réseau social, notamment pour les jeux en ligne, sachant que l’on peut acheter 15 Credits pour 1,50 dollars. Il suffit ensuite de cliquer sur «Watch Now » pour voir le film choisi. « Rendre disponible nos films à travers Facebook offre aux consommateurs un moyen simple et pratique d’y accéder et de les appré-
cier », s’est félicité Thomas Gewecke, président de Warner Bros. Digital Distribution.
Le studio hollywoodien compte aussi sur les boutons de recommandation « J’aime » de Facebook pour faire jouer le bouche à oreille en ligne. De quoi inquiéter les spécialistes outre-Atlantique de la VOD tels que Netflix ou Hulu. Ce dernier, créé par News Corp, NBC Universal et Disney, était justement en négociation avec la maison mère Time Warner depuis l’été dernier. Facebook pourrait aussi faire de l’ombre à l’iTunes Store, bien qu’Apple soit dans ce domaine en avance avec un catalogue en ligne de 10.000 films, et devancer YouTube et Dailymotion tentés eux aussi par les longs métrages (EM@32, p. 4). Pour l’heure, le réseau social de Mark Zuckerberg est déjà crédité
par la société de mesure d’audience ComScore de plus de 46,6 millions de visiteurs uniques sur des contenus vidéos sur le mois de février 2011 aux Etats-Unis. Ce qui le place en cinquième position derrière Google, Vevo, Microsoft et Yahoo, mais devant Viacom Digital (MTV), AOL, Turner Digital, Hulu et NBC Universal. A noter qu’en France, Arte a annoncé le lancement – prévu pour le 18 avril prochain – d’une
« webfiction » destinée à être diffusée exclusivement sur Facebook et coproduite
avec la société française Zadig Production. @

Neutralité du Net : un an de tergiversations pour en arriver à deux lignes dans la loi !

Cela fait maintenant un an que la France s’est décidée à entrer enfin dans le débat sur la neutralité de l’Internet. Groupe de six experts, colloque de l’Arcep, rapport du gouvernement au Parlement, étude de la DGMIC, propositions de loi,
… La montagne a accouché pour l’instant d’une souris.

« [Le ministre chargé des communications électroniques et l’Arcep veillent] à l’absence de discrimination, dans des circonstances analogues, dans les relations entre opérateurs et fournisseurs de services de communications au public en ligne pour l’acheminement du trafic et l’accès à ces services ». Tout ça pour ça ! C’est, en effet, ce que se contente de prévoir l’article 18 de la loi autorisant le gouvernement à transposer par ordonnance diverses dispositions, dont celles du Paquet télécom, avant le 25 mai prochain et celles en faveur de la neutralité de l’Internet.

Après le basculement, de la VOD sur la TNT en vue

En fait. Le 8 mars, les 11,5 millions de Franciliens ont basculé dans la télé numérique avec l’extinction de la diffusion analogique : sont concernés
3,3 millions de foyers recevant la TNT via leur antenne (pas par ADSL,
fibre ou satellite). Prochaine étape : des services interactifs en plus sur la TNT.

En clair. La télévision numérique terrestre (TNT) est maintenant à huit mois d’achever
sa mue, avec l’extinction totale le 30 novembre prochain de la diffusion analogique des
19 chaînes gratuites, des 11 chaînes payantes et de plusieurs dizaines de télévisions locales (au nombre de 7 en Ile-de-France). Au-delà du fait que le tout-numérique libère
des fréquences pour de nouvelles chaînes de télévision et des accès haut débit à l’Internet mobile, la bataille entre les accès à la télévision va maintenant vraiment pouvoir commencer. Face à l’ADSL, au câble, à la fibre et au satellite, qui permettent aussi la réception numérique audiovisuelle, la TNT n’a pas encore dit son dernier mot avec la norme HbbTV (pour Hybrid Broadcast Broadband TV). Autrement dit, les chaînes de la TNT reçues par les antennes sur les toits vont pouvoir proposer d’ici la fin de l’année des services interactifs, de la vidéo à la demande (VOD), de la télévision de rattrapage ou encore des informations en tout genre. Bref, la TNT va prendre des petits airs de FAI ! Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) supervise actuellement des expérimentations de services supplémentaires sur les fréquences de la TNT. Ainsi, il
a prolongé les tests HbbTV de Normandie TV jusqu’à fin juin. Son service interactif T-Seniority (du nom d’un programme européen) propose de la catch up TV, des sites d’information comme WikiManche, voire des alertes météo ou événementielles. L’expérience est menée en partenariat avec notamment les prestataires techniques HTTV et Hyperpanel, membres de l’Afdesi (1). Cette association, qui va organiser le
6 juin les 6e Assises de la TV interactive à Paris, va elle aussi expérimenter avant la
fin du semestre un service HbbTV baptisé « Mes Services TV », dont le dossier est examiné par le CSA. Selon nos informations, le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) y mettra son flux RSS « Alertinfo », lequel renvoie vers les contenus de ses éditeurs membres. L’Afdesi cherche ainsi à fédérer des éditeurs indépendants autour d’un bouquet de services interactifs et à lancer son portail au second semestre 2011. De son côté, Télédiffusion de France (TDF) prévoit aussi de lancer à la fin de l’année pour lancer des services de « push VOD » et de catch up TV sur le signal de la TNT en fonction de la ressource spectrale disponible (2). TDF a expérimenté avec succès ce type de service non linéaire avec TF1, France Télévisions, Arte et NRJ 12, notamment à Rouen. @