Cris de guerre au DigiWorld Summit : «ATAWADAC ! »

En fait. Les 14 et 15 novembre s’est déroulée la 34e édition du DigiWorld Summit 2012, organisé par l’Idate (1) à Montpellier, sur le thème cette année de « Game Changers: Mobile, Cloud, Big Data ». Pour les internautes et mobinautes, cela
se traduit par « Any Time, Any Where, Any Device, Any Content ».

En clair. L’époque des usagers des anciens monopoles publics de télécommunications et des téléspectateurs des grilles de programmes des chaînes historiques de télévision est bel et bien révolue : les utilisateurs – qu’ils soient internautes, mobinautes, téléspectateurs auditeurs, mélomanes et même producteurs de contenus, voire tout cela à la fois – dictent virtuellement leur loi aux industries des télécoms, des médias et de la culture. Leur cri de guerre « ATAWADAC ! » commence à terrifier les opérateurs télécoms confrontés à la baisse de leurs revenus traditionnels et les groupes de télévision remis en question par la délinéarisation, ainsi que les industries culturelles bousculées jusque dans leurs modèles économiques.
Côté télécoms : « Le modèle européen s’épuise et les années de récession se sont installées, tandis que les revenus fixes des opérateurs télécoms baissent et la croissance du mobile ralentit », observe Yves Gassot, le DG de l’Idate. Côté télévision : « Bien que la part de marché des chaînes et des distributeurs reste élevée (…), on observe pour la première fois en 2012 une baisse d’audience de 3 minutes de la TV linéaire et une baisse des abonnés au câble », constate Gilles Fontaine, DGA de l’Idate (2). Résultat : l’écart se creuse entre les Etats-Unis dynamisés par ses « GAFA » (3), d’une part, et l’Europe dépourvue de champions sur un marché unique incertain et vampirisé par les OTT (Over- The-Top), d’autre part. Intervenant à Montpellier, la viceprésident de Netflix, Kelly Merryman, en charge des contenus, ou Ryan Shuttleworth, évangéliste technologique d’Amazon Web Services, voire Barak Regev, responsable de la plateforme Cloud chez Google, faisaient figures de nouveaux entrants – voire d’« intrus » – à la fois dans le monde des télécoms et dans le paysage audiovisuel. Même Rémi Tereszkiewicz, directeur général adjoint de Videofutur intervenant lors du séminaire consacré aux contenus dans les nuages informatique, démontrait que les OTT ne sont pas seulement américain. «Le passage dans le cloud menace de faire voler en éclats l’organisation actuelle », prévient l’Idate. Les détenteurs de droits, eux, peuvent envisager l’auto-distribution et se passer de partenariats avec les opérateurs télécoms, les fabricants de terminaux et les acteurs OTT. A Montpellier, dé-linéarisation a rimé avec « désintermédiation ». @

La SVOD se cherche… sans France Télévisions

En fait. Le 6 novembre, Edition Multimédi@ était partenaire du 16e colloque
NPA-Le Figaro, dont le thème était « l’écosystème numérique en quête d’équilibre ». L’arrivée au printemps 2013 de Netflix et Amazon sur le marché français de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) a égrainé les débats.

En clair. Interrogé en marge du colloque, Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions
nous a répondu que « le groupe [d’audiovisuel public] ne prévoit pas de lancer une
offre de SVOD ». Et d’ajouter : « Il n’y a pas de réflexion dans ce sens, ni sur d’autres services payants car, vous le savez, nous sommes un service public. Le seul service payant que nous proposons est la VOD à l’acte ». C’est en effet le 2 mai dernier que France Télévisions a lancé PluzzVàD, son service de VOD qui propose plus de 3.000 programmes en accès payant après les quatre heures de gratuité sur Pluzz.fr suivant leur diffusion à l’antenne (1). Ainsi, France Télévisions ne se lancera pas dans la course à la SVOD (2) en France, où Netflix et Amazon sont attendus pour le printemps 2013. Mais si la SVOD n’est pas d’actualité pour la télévision publique, elle y a songé comme l’avait indiqué Bruno Patino, son DG délégué à la stratégie, au numérique et
au média global, le 7 avril 2011 : « Pas question de monétiser l’information », avait-il cependant assuré (3).
Plusieurs services de SVOD existent déjà sur le marché français (Free Home Vidéo, Orange Cinéma Séries, SFR Neufbox TV, Pass Séries M6 VOD, Vodeo.tv, Pass Duo de Videofutur, Filmo TV, …). Selon le baromètre NPA-GfK, le chiffre d’affaires de la VOD payante en France – à l’acte et par abonnements – est de 219,47 millions d’euros en 2011, en augmentation de 44,4 % sur un an. Mais les positions respectives de la VOD
à l’acte à quatre mois et de la SVOD à… trente-six mois dans la chronologie des médias freinent cet essor (lire p. 7). Lancé il y a un an, CanalPlay Infinity espère atteindre 200.000 abonnés à la fin de l’année. « C’est encourageant mais le point d’équilibre est plus élevé », a indiqué Patrick Hotzman, directeur de CanalPlay lors
du colloque NPA. Présent sur les box SFR, Free et Bouygues Telecom (mais pas sur celles d’Orange et de Numericable), le service de SVOD de Canal+ se cherche encore : « On a pris du retard sur les services de Netflix et Amazon en termes de prix attractif – 7 euros par mois – et de fluidité et simplicité (naviguer, recommander, personnaliser, cibler). Ce sera notre gros chantier de 2013 avec la TV connectée », a-t-il prévenu. D’autres acteurs français vont se lancer l’an prochain : ABSat avec Jook Vidéo et des ex-Allociné avec iCinema. @

France Télévisions ne lancera pas un service de SVOD

Le 6 novembre, Edition Multimédi@ était partenaire du 16e colloque NPA-Le Figaro, dont le thème était « l’écosystème numérique en quête d’équilibre ». L’arrivée au printemps 2013 de Netflix et Amazon sur le marché français de
la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) a égrainé les débats.

Interrogé en marge du colloque, Rémy Pflimlin, PDG de France Télévisions nous a répondu que « le groupe [d’audiovisuel public] ne prévoit pas de lancer une offre
de SVOD ». Et d’ajouter : « Il n’y a pas de réflexion dans ce sens, ni sur d’autres services payants car, vous le savez, nous sommes un service public. Le seul service payant que nous proposons est la VOD à l’acte ». C’est en effet le 2 mai dernier que France Télévisions a lancé PluzzVàD, son service de VOD qui propose plus de 3.000 programmes en accès payant après les quatre heures de gratuité sur Pluzz.fr suivant leur diffusion à l’antenne (1).

La Xbox prend à la fois des airs d’iTunes et de FAI

En fait. Le 16 octobre, Microsoft a rendu disponible dans 22 pays son nouveau service de musique en ligne Xbox Music (30 millions de titres), qui est accessible
à partir de ses consoles de jeu, en attendant de l’être par les ordinateurs et tablettes à partir du 26 octobre, puis par les smartphones.

En clair. C’est souvent la « 2ème box » de la maison, la plupart du temps connectée
au réseau Wifi de la première box, celle du fournisseur d’accès à Internet (FAI). Mais Microsoft ne se prendrait-il pas à rêver de devenir la box principale du divertissement
au sein du foyer ? Avec Xbox Music – qui est conçu mondialement par une équipe de plus de 130 ingénieurs basés à… Issy-les-Moulineaux – la firme de Redmond fait en tout cas un pas de plus dans l’offre de contenus gratuits ou payants, tout en faisant tomber les frontières entre les terminaux : console de jeux, ordinateurs, téléviseurs, tablettes et smartphones. « La Xbox est le premier service d’entertainment de
Microsoft », déclare le groupe de Steve Ballmer. Il ne s’agit plus seulement d’une console de jeu mais d’une vraie box, dont le slogan pourrait être : « Peu importe l’accès, du moment que l’on ait les contenus ! ». Après s’être imposée dans le jeu vidéo et diversifiée dans la distribution de contenus audiovisuels (Netflix, YouTube, Hulu, Amazon Instant Video, Lovefilms, ESPN, Canal+, TV d’Orange, …), la Xbox se lance dans la musique – soit un an après l’arrêt du lecteur Zune qui n’a pas rencontré de succès face à l’iPod. En réintégrant son offre musicale dans l’écosystème de la Xbox (Xbox Music Pass, Xbox Music Store, Xbox Music Cloud, …), Microsoft espère rattraper le temps perdu par rapport à Apple et ne pas se faire doubler par le Cloud Player d’Amazon. Mais en se diversifiant dans les contenus culturels, le fabricant de la Xbox Live risque d’inquiéter les FAI qui ne voudraient pas voir leurs propres services court-circuités par une 2e box. «La Xbox, c’est des jeux, mais aussi des loisirs, de la musique en ligne, de la VOD et de nombreuses applications accessibles dans toutes les pièces de la maison », avait souligné en juin dernier Laurent Schlosser, directeur de la division mobilité et opérateurs de Microsoft France (1). Autrement dit, l’époque du monopole des box des FAI dans la maison est révolue. Mais de rassurer les opérateurs télécoms : « Orange utilise déjà la Xbox comme box secondaire. Les opérateurs [télécoms] sont les mieux à même de commercialiser des abonnements Xbox Live ou des services à l’acte. Et Orange augmente ainsi son ARPU ». En France, selon Médiamétrie qui va en assurer la mesure d’audience des applications et du streaming, 2,5 millions de foyers sont équipés d’une Xbox. @

Le numérique devient-il la vache à lait de la culture ?

En fait. Le 2 octobre, Aurélie Filippetti a présenté le budget 2013 du ministère de
la Culture et de la Communication – en baisse de 2 % par rapport à cette année,
à 7,4 milliards d’euros (dont 3,55 milliards d’euros pour la culture, la recherche
et les médias et 3.83 milliards pour l’audiovisuel public).

En clair. Bien que le numérique bouleverse de fond en comble les modèles économiques des industries culturelles, les budgets qui leur sont consacrés sont
« maintenus ». Il faudra attendre le printemps prochain pour savoir si le futur projet
de loi de Finances rectificatif 2013 prendra en compte les conclusions de la mission
de Pierre Lescure de l’ « Acte 2 de l’exception culturelle », lequel doit rendre son rapport final en mars prochain sur le financement de la création – cinéma, audiovisuel, musique, édition, presse, photo – à l’ère du numérique (1) et sur la Hadopi. Cette dernière voit son budget 2013 ramené à 8 millions d’euros (- 27 %), selon l’annexe
au projet de loi de Finances 2013. Pour le septième art, le gouvernement a décidé
de « préserver » le Compte de soutien à l’industrie des programmes audiovisuels (Cosip). En particulier, il met fin à « l’écrêtement du produit de la taxe sur les services de télévision (TST) acquittée par les distributeurs [les FAI et les éditeurs de chaînes, ndlr] » (2). En 2013, elle représentera 537,2 millions d’euros (- 0,3 %), dont 247 millions prélevés sur les FAI. Cependant cette TST, réformée pour entrer en vigueur le 1er janvier 2013, est contestée par le Commission européenne qui y voit une taxation des opérateurs télécoms contraire à la directive Autorisation du Paquet télécom. En outre,
« afin de contribuer au redressement des finances publiques, le fonds de roulement du CNC (3) subira un prélèvement exceptionnel à hauteur de 150 millions d’euros », a confirmé la ministre, tout en précisant que cela impactera les investissements du CNC dans le numérique. La taxe VOD, elle, s’élèvera à 30,25 millions (-7 %).
« En définitive, les recettes fiscales affectées au CNC en 2013 devraient être stables », tente de rassurer Aurélie Filippetti. Pour la filière musicale, « les dispositifs existants
sont maintenus » – malgré l’inquiétude des producteurs de musique de voir le crédit d’impôt absent du PLF 2013.
La presse, elle, bénéficiera de 516 millions d’euros d’aides (- 3,24 % sur un an), dont
35,5 millions d’euros pour le Fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP) – comprenant notamment le Fonds d’aide au développement des services de presse en ligne. Quant au livre, qui bénéficie de 250 millions d’euros, il a déjà vu en juillet dernier le taux réduit de TVA à 5,5 % rétabli au lieu des 7 %. @