Le marché de la VOD franchit les 100 millions d’euros

En fait. Le 17 mai, la publication du bilan 2009 du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) est l’occasion de revenir sur le marché émergent de la vidéo à la demande (VOD) payante en France : 82,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009, en croissance de 54,8 % sur un an, selon NPA-GfK.

En clair. Selon les estimations de Edition Multimédi@, le marché français de la vidéo
à la demande (VOD) payante – à l’acte ou à l’abonnement – vient de franchir pour la première fois les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Si le rythme de croissance devrait se maintenir cette année au même niveau que l’an passé, à savoir environ
55 %, les 150 millions d’euros de revenus pourraient même être atteints fin 2010. D’autant que les plateformes de VOD recensées en France sont maintenant une cinquantaine, les services étant comptés qu’une fois lorsqu’il sont proposés en marque blanche.
Elles peuvent être accessibles par le Web, via un canal de « TVIP » (1) ou à partir
d’un baladeur multimédia, voire d’une console de jeux vidéo. Et 5.000 films de cinéma sont actuellement disponibles sur les huit principales plateformes que sont Arte VOD, Canaplay, Club Vidéo, France Télévisions, Orange, TF1 Vision, Universciné et Virginmega. La croissance de la VOD devrait se maintenir aussi grâce au raccourcissement de la « chronologie des médias », selon laquelle un nouveau film est disponible en VOD (et en DVD) quatre mois après sa sortie en salle (2). Est-ce suffisant pour éviter le piratage de films en ligne ? Selon l’institut Harris Interactive qui a mené une enquête sur Internet pour le CNC, ce sont les films et séries américains qui arrivent largement en tête de la consommation de VOD en France (47,9 %), suivis par les films et séries français récents (30,3 %). En valeur, d’après le baromètre de NPA-GfK déjà rendu public en avril, 98,3 % des transactions payantes de VOD se sont faites sous forme locative en streaming ou en téléchargement temporaire sur un total de 22,9 millions transactions payantes (en hausse de 64,1 % sur un an). Et 96,5 % du chiffre d’affaires est réalisé sous forme de paiement à l’acte, contre 3,5 % avec des formules mensuelles d’abonnement illimité. Ce dernier mode de consommation génère néanmoins 21,9 % des volumes de consommation. « Le prix moyen par transaction locative est en légère baisse sur la période (- 5,4 % à 3,55 euros) », indique le bilan
du CNC. Quoi qu’il en soit, l’essentiel du volume de transaction payantes de VOD s’effectue sur la TVIP. D’ailleurs, selon l’Arcep, près de la moitié des abonnés ADSL reçoivent la télévision par cet accès.
« Le nombre de transaction payante sur la TVIP augmente de 61 %, tandis que celle réalisées sur Internet ne progressent que de 13,3 % », précise-t-on. @

Anthony Zameczkowski, YouTube : « Nous monétisons plus d’un milliard de vidéos par semaine dans le monde »

YouTube, que Google avait racheté 1,65 milliard de dollars en 2006, fête ses cinq ans cette année. Son directeur des partenariats pour la France et l’Europe de l’Est explique à Edition Multimédi@ la stratégie du premier site web mondial de partage vidéo, notamment vis-à-vis de la musique, de la télévision et du cinéma.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Combien d’utilisateurs comptez-vous dans le monde ? Que représente l’Europe, dont la France ? Quelle est la croissance de l’audience ? Anthony Zameczkowski (photo) : YouTube, qui compte plus de 500 millions de visiteurs uniques chaque mois dans le monde, est le troisième site web le plus visité derrière Google et Facebook et leader des plateformes vidéo. Chaque jour, ce sont plus de 2 milliards de vidéos dans le monde qui sont visionnées et l’équivalent de 24 heures de vidéos qui sont mises en ligne chaque minute ! Et 70 % du trafic de YouTube provient de pays en dehors des Etats-Unis. La France, elle, est dans le « Top 5 » des pays les plus importants pour YouTube en terme d’audience : 7e site français avec plus de 16 millions de visiteurs uniques mensuels. La croissance de notre audience devrait être « boostée » par le succès des nouveaux smartphones (iPhone, Android, …) et celui attendu des téléviseurs connectés.

Cinéma : avoir le choix entre salle et vidéo

L’industrie du Septième Art est dépendante financièrement de la « chronologie des médias ». Grâce aux exclusivités de diffusion (de la salle à la télé, en passant par le DVD et la VOD), les producteurs de films peuvent préfinancer leurs œuvres. Mais le numérique change tout.

Jean-Luc Godard présente hors compétition, au 63e Festival de Cannes, son
« Film Socialisme ». Signe particulier : la sortie en salle de cinéma a lieu le 19 mai et le téléchargement en vidéo à la demande (VOD) est proposé pour 7 euros durant les deux jours précédents ! Cette disponibilité en ligne et en avantpremière s’inscrit en dehors de ce que les professionnels du Septième Art appellent, la « chronologie des médias », laquelle instaure en France un délai obligatoire de quatre mois – voire de trois en cas
de dérogation – entre la projection d’un film dans les salles obscures et sa disponibilité
en VOD ou en DVD, puis à la télévision (1). Et ce, en contrepartie d’une exclusivité d’exploitation, qui permet au cinéma français de se préfinancer auprès de chaque
« fenêtre de diffusion ».

Hyper Social

Cela fait peu de temps que mon notebook s’allume sur un écran d’accueil véritablement nouveau : à la place d’un portail standard ou d’un moteur de recherche zen, j’ai enfin accès en un coup d’oeil aux informationsclés dont j’ai le plus besoin. J’y trouve mes rendezvous et ma liste de tâches, ma revue de presse personnalisée, un aperçu de mes comptes bancaires
et bien sûr, au tout premier plan, la vie de mon réseau social. Comme pour les moteurs de recherche, l’idée à la base des réseaux sociaux est extrêmement simple : offrir un outil de gestion d’une liste de personnes ayant un intérêt commun. Tout a commencé avec la mise en ligne de l’annuaire de l’université d’Harvard par Facebook.

« Nous voici désormais à la tête d’annuaires de toutes natures, d’amis, de lieux, de photos, de vidéos, de livres, comme autant de listes, qui donne à notre époque un statut particulier ».

La Grand-messe du mobile a sonné le glas de la 3G

En fait. Du 15 au 18 février s’est tenu à Barcelone le 15e congrès annuel mondial de la téléphonie mobile, le Mobile World Congress, organisé par la puissante GSM Association. Il fut le théâtre d’une âpre bataille des smartphones. Mais avec la 3G, l’Internet mobile ronge son frein.

En clair. Entre le premier 3GSM World Congress de 1995 à Madrid et le Mobile World Congress à Barcelone de 2010, quoi de commun à part l’immuable fonction téléphone des mobiles ? Il aura fallu seulement quinze ans pour que les réseaux mobiles franchissent cette année la barre des 5 milliards d’abonnés dans le monde, dont 1 milliard ayant accès à l’Internet mobile (1). A ce rythme, dans cinq ans, les personnes qui accèderont au Web avec un terminal mobile (smartphone ou notebook) seront plus nombreuses que celles s’y connectant à partir d’un ordinateur de bureau ! Or, avec l’explosion de l’Internet mobile, les réseaux mobiles de seconde et troisième génération (2G et 3G) n’arrivent plus à supporter les flux de données et commencent à saturer.
Car la voix ne joue plus la soliste dans les téléphones mobiles, les données prennent
le dessus. Signe des temps : pour la première fois, le plus grand congrès mondial du mobile a dédié un hall baptisé App’planet aux applications : vidéos, jeux, musiques, films, réseaux sociaux, moteurs de recherche, télévision, géolocalisation, utilitaires, gadgets, etc. Les créateurs de contenus multimédias s’en sont donnés à coeur joie. Comme d’habitude, Apple était absent mais son iPhone partout. Tandis que le nouveau venu Nexus One de Google (fabriqué par HTC) défiait ses aînés. Les fabricants historiques de « portables », Nokia et Samsung en tête, redoutent ces concurrents venus d’ailleurs. La bataille des systèmes d’exploitation, multifonctions, a aussi battu son plein : Après l’iPhone d’Apple, l’Android de Google bouscule Symbian de Nokia, Blackberry de RIM, Bada de Samsung ou encore Windows Mobile de Microsoft. Face
à cette explosion des usages, et de la publicité omniprésente, les équipementiers télécoms (Alcatel-Lucent, Nokia Siemens, Ericsson, …) poussent les opérateurs mobile
à passer de la 3G haut débit à la 4G très haut débit (ou LTE pour Long Term Evolution). Mais pour désengorger les réseaux et passer à la vitesse supérieure (de quelques mégabits par seconde à plusieurs dizaines), un opérateur national aura à débourser entre 1 et 2 milliards d’euros. Qui va payer ? En France, la télévision mobile personnelle (TMP) tarde à être lancée sur la 3G faute d’entente entre les opérateurs mobile et les éditeurs de services audiovisuels. Cela laisse imaginer les débats à venir sur le modèle économique de la 4G… @