Canal pactise avec YouTube et Orange critique Google

En fait. Le 3 décembre, lors du 2e colloque organisé par Le Film Français sur
le thème « Le digital au cœur du cinéma », Canal+ et Orange ont formulé des critiques à l’encontre de YouTube et de Netflix sur, respectivement, la question
du financement de films et le prix cassé de la VOD par abonnement.

En clair. Canal+ et Orange, liés dans le cinéma avec OCS (1), font bloc face à YouTube et avant l’arrivée de Netflix en France. « YouTube est un concurrent, déjà aujourd’hui et potentiellement encore plus demain, pour tout l’écosystème de l’audiovisuel. Cette concurrence se fait en amont (production de contenus) et en aval (leur distribution) »,
a déclaré Grégoire Castaing, directeur financier de Canal+. Mais la crainte de YouTube s’arrête là où commence l’accord passé par la chaîne cryptée pour lancer, en décembre, une vingtaine de chaînes gratuites (2) sur la plate-forme vidéo de Google.
De son côté, Orange voit aussi YouTube comme un concurrent qu’il dit ne pas chercher à « contrer ». Il s’agit plus, selon Serge Laroye, directeur des contenus d’Orange, de « faire évoluer les usager afin de développer l’ARPU (3) ». Et face à l’explosion exponentielle de la vidéo en ligne, « il s’agit de trouver un équilibre et raisonner en terme de partage de la valeur au titre des réseaux ». Selon lui, « oui, il y a un déséquilibre sur le partage de la valeur sur les réseaux ». Et d’ajouter : « A un moment donné, il faudra bien avoir un peu de barrière douanière à l’entrée ou un poste de péage »… Quand au financement de la création : « Je n’ai pas de chiffres à opposer à YouTube sur le nombre de millions de vidéos vues mais, de l’autre côté, je sais qu’Orange paie plus d’un demi-milliard d’euros au titre du financement de la création », a expliqué Serge Laroye.

Joël Ronez, groupe Radio France: « Devenir un média de référence sur smartphone et en radio filmée »

Le directeur des nouveaux médias et du Mouv’ à Radio France, Joël Ronez, explique à EM@ comment les sept stations du groupe public de radiodiffusion s’adaptent aux mutations numériques et à la mobilité des auditeurs. Cela passe par les smartphones, les réseaux sociaux et la radio filmée.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Joël RonezEdition Multimédi@ : Vous avez dit, aux rencontres Radio 2.0 du 15 octobre, que la radio avait une décennie d’écart dans le numérique sur la presse écrite : la radio peut-elle rattraper son retard dans les 3 révolutions digitales (écrit, vidéo et réseaux sociaux) ?
Joël Ronez :
Oui, bien sûr. Il ne s’agit pas d’un retard à proprement parler, mais d’un impact de la révolution numérique qui est plus tardif. Nous sommes aujourd’hui dans le grand mouvement de numérisation des médias broadcast, de la musique, et de l’avènement de l’Internet mobile et des smartphones. C’est pour l’écosystème de la radio un vrai défi, mais cela représente aussi de nombreuses opportunités.

Twitter : pourquoi les 140 caractères ne suffiront pas

En fait. Le 24 octobre, soit après un délai de 21 jours requis depuis le dépôt le
3 octobre dernier de son prospectus auprès de la SEC en vue de son introduction en Bourse, Twitter pourra entamer son road show pour tenter de convaincre les investisseurs sur le futur titre « TWTR ». Mais pas en 140 caractères…

En clair. Les 140 caractères seuls ne suffisent plus monétiser Twitter, qui a généré en 2012 près de 317 millions de dollars de chiffre d’affaires et devrait dépasser le demi-milliard cette année. Mais le site de microblogs doit aller au-delà des microtextes en proposant des contenus multimédias de type photos, vidéos et musiques, s’il veut attirer plus de « twittos » (218,3 millions au 30 juin 2013) et plus d’annonceurs – dont
il dépend déjà à 87 % de ses revenus. Introduction en Bourse oblige (fin octobre-début novembre), Twitter rentabiliser sa plate-forme, laquelle accuse une perte de 79,4 millions de dollars en 2012 et cumule un déficit de 415,5 millions de dollars (1).
« Chaque tweet est limité à 140 caractères de texte, mais peuvent aussi contenir
du rich media, incluant photos, vidéos et applications », soulignent les dirigeants dans le prospectus. C’est ainsi qu’a été lancé début 2012 Twitter Cards, qui permet aux éditeurs ou développeurs de sites ou d’applis de générer des tweets intégrant automatiquement des contenus multimédias tels que photo, vidéo ou clips musicaux, voire contenus interactifs. Les annonceurs peuvent envoyer des tweets enrichis, sponsorisés et ciblés en fonction de l’activité en temps réel et des centres d’intérêt des tweetos (« Interest Graph »). Fort de son algorithme de ciblage publicitaire géolocalisé, Twitter noue des partenariats avec des médias, notamment les télévisions :
« Nous avons prévu de continuer à démultiplier nos relations médiatiques pour aboutir à plus de diffusion de contenus sur notre plateforme et créer plus de valeur pour nos utilisateurs et annonceurs ». Exemple : Twitter a annoncé le 9 octobre un accord avec Comcast, dont les programmes TV pourront être vus en cliquant sur « See it ».

Virgin Mobile va enrichir son offre VOD avec Videofutur

En fait. Le 18 septembre, Virgin Mobile a lancé un forfait quasi illimité (appels,
SMS, MMS et Internet 10 Go) incluant le prêt d’un smartphone sans engagement
de durée. Et ce, en présence du milliardaire Richard Branson, actionnaire à 45 % (via sa holding Blue Bottle) de la maison mère Omea Telecom.

En clair. Avec un forfait quasi illimité à 19,90 euros par mois incluant le prêt d’un smartphone (1) sans aucun engagement de durée, le premier MVNO français compte séduire suffisamment d’abonnés pour atteindre à nouveau les 2 millions de clients, seuil franchi fin 2011. Car Free Mobile est passé par là et Virgin Mobile se retrouve aujourd’hui avec 1,7 million d’abonnés. Mais comme pour les autres opérateurs mobile (2), excepté Orange qui a un partenariat avec Deezer, Virgin Mobile ne propose pas dans ce forfait 3G+ de contenus et n’envisage pas de le faire. « Nous, on considère que c’est au client individuellement de choisir ses contenus. On est, de manière un peu provocatrice, fiers d’être un fournisseur ou un “tuyau”, mais on a pas à dicter au client s’il veut obtenir telle offre de VOD ou telle offre de musique illimité. C’est à lui de choisir », a expliqué Geoffroy Roux de Bézieux, en réponse à notre question.
Que cela soit en 3G ou pour sa future offre 4G qui sera dévoilée fin septembre et lancée en 2014 en s’appuyant sur le réseau de Bouygues Telecom, Virgin Mobile ne proposera donc pas de contenu inclus dans le forfait mobile comme peut le faire Vodafone en Grande-Bretagne avec Spotify Premium « gratuit » ou SFR avec Napster (musique), CanalPlay (VOD) et Gameloft (jeux vidéo).

L’Observatoire européen de l’audiovisuel voit « Net »

En fait. Le 3 septembre, l’Observatoire européen de l’audiovisuel – rattaché au Conseil de l’Europe – publie une nouvelle étude intitulée « Qu’est-ce qu’un service [vidéo] à la demande ? ». Tandis que la consultation de la Commission européenne sur le livre vert « TV connectée » est reportée à fin septembre.

En clair. Créé il y a plus de vingt ans (en décembre 1992), l’Observatoire européen de l’audiovisuel (OEA) y voit de moins en moins clair ! « Le paysage européen des services audiovisuels à la demande apparaît de plus en plus complexe, fragmenté et, par bien
des aspects, dépourvu de transparence », pointe Francisco Cabrera-Blázquez, auteur
de l’étude et analyste juridique de l’OEA, lequel héberge depuis 2005 la plateforme européenne des instances de régulation (EPRA). Cette dernière fédère les « CSA » en Europe. Or, constate Francisco Cabrera-Blázquez, « les ARN [Autorités de régulation nationales comme le CSA, ndlr] sont souvent confrontées à des offres audiovisuelles difficiles à classifier ». Que réguler lorsqu’il s’agit de sites Internet de journaux qui proposent des vidéos sur leurs sites web, lorsque des plate-forme vidéo comme YouTube et Dailymotion mettent en ligne des chaînes éditées professionnellement, lorsque des services tels que iTunes ou CanalPlay proposent de télécharger de vidéos en vue d’une location ou d’un achat ? « Le développement exponentiel de services de vidéos en ligne
a un impact de plus en plus important sur les mineurs et le public en général (le service YouTube en étant l’exemple le plus frappant). Il est donc désormais dans l’air du temps de critiquer le champ d’application de la réglementation, considéré comme trop étroit », écrit dans l’avant-propos de l’étude Susanne Nikoltchev, nouvelle directrice exécutive de l’OEA.
Pour tenter d’y voir plus clair et en prévision de la réforme de la directive de 2007 sur les services de médias audiovisuels (SMA) (1), l’observatoire a élargi sa base de données Mavise et recense maintenant non seulement plus de 10.000 chaînes de télévision, mais aussi près de 3.000 services audiovisuels à la demande. « Nous avons complété notre analyse en incluant des services qui ne relèvent pas a priori de la définition de la directive [SMA] : les services de partage vidéo, les services de NVoD (2) et les services de stockage sur PVR (3) (…), ainsi que (…) les ‘’chaînes de marques’’ dans le catalogue de iTunes ou de Xbox Vidéo ; les podcasts ainsi que les applications pour smartphones et tablettes permettant d’accéder à des catalogues à la demande, les applications pour Smart TV ou encore les plateformes de partage vidéo telles YouTube et Dailymotion », explique Francisco Cabrera-Blázquez. @