Vidéos courtes au Mipcom : le format qui en impose

En fait. Du 13 au 16 octobre, s’est déroulé à Cannes la 30e édition du Marché international des contenus audiovisuels (Mipcom), organisé par l’anglo-néerlando-américain Reed Elsevier : plus de 4.500 acheteurs, dont 1.000 du monde digital, et 13.500 visiteurs s’y sont rendus. Le contenu court s’impose.

En clair. La jeune génération tweete en 140 caractères et apprécie ce qui est bref,
court et concis. C’est le secret des Internet Natives, plus agiles à cliquer que leurs aînés à zapper. Ce n’est pas un hasard si Twitter et Maker Studios faisaient partie
des « keynotes » du 30e Mipcom. « Il y a un déplacement massif de la télévision traditionnelle vers les vidéos courtes sur Internet », a déclaré Ynon Kreiz, PDG de Maker Studios depuis mai 2013, lui qui fut PDG d’Endemol et auparavant encore ancien dirigeant Fox Kids Europe.
Maker Studios, qui est une start-up créée en 2009 et rachetée en mars dernier par Disney pour un demi-milliard de dollars (1), diffuse plus de 55.000 chaînes de vidéos sur YouTube et Dailymotion – également accessibles via son site web Maker.tv ou sa
« Maker box ». Il s’agit d’un Multi-Channel Networks (MCN), ou réseau multi-chaînes, dont le principe de diffusion sur YouTube ou sur Dailymotion, s’impose dans le paysage audiovisuel mondial (PAM) et revendique des audiences massives – 8,5 milliards de vues par mois et plus de 550 millions d’abonnés dans le monde pour Maker Studios –
à faire pâlir les chaînes traditionnelles mais très recherchées par les annonceurs. Les vidéos de ces chaînes sont courtes et très appréciées des jeunes de 15-25 ans : elles durent le plus souvent moins de 4 minutes, voire autour de 2 minutes, plébiscitées par les mobinautes. En France, où l’on compte quelque 35 millions de personnes regardant des vidéos sur Internet, Maker Studios arrive en huitième position des sites vidéo (2) avec 7,4millions de visiteurs uniques sur un mois (en juillet 2014, selon ComScore). Pour Ynon Kreiz, « les formats courts sont des nouveaux médias » qui sont destinés à être partagés sur les réseaux sociaux et à monétiser avec de la publicité ultra-courte.

Radio 2.0 : « Radio multimédia » ou « télé simplifiée » ?

En fait. Le 13 octobre, Charles Bebert, fondateur de Kane, société d’études et de benchmarking sur la radio et la télévision, a présenté – lors des 4e Rencontres Radio 2.0 Paris – les deux grandes tendances de la « radio visuelle » que sont pour lui la « radio multimédia » et la « télé simplifiée ».

En clair. « La radio est en train d’évoluer selon deux axes différents, la radio multimédia et la télé simplifiée, qui ne sont pas totalement contradictoires ». C’est en substance
ce que constate Charles Bebert, DG de Kane. Après les premières expériences de
« radio réalité » (simple captation vidéo du studio par une seule caméra et diffusion sur Internet) et de « radio filmée » (captation par plusieurs caméras et diffusion en ligne agrémentée d’illustrations graphiques), deux tendances radio-visuelles apparaissent (voir schéma ci-contre) :
• La « radio multimédia » qui mêle mise en images, services à valeur ajoutée, interactivité (radio+web+mobile+médias sociaux).
• La « télé simplifiée » qui tend à faire de la vraie TV, riche en vidéo HD, avec éclairage renforcé, décors et mur d’images (simulcast radio-TV, voire TV seule). Dans les deux cas, la radio recourt pour sa production (workflow) à des outils de cross media et de
« bus multimédias », ainsi qu’aux métadonnées. Avec la radio, on n’a donc encore
rien vu… @

Virginie Courtieu, YouTube France : « Nous offrons de nouvelles sources de revenus en vidéo »

La directrice des partenariats de YouTube en France estime positif l’entraînement suscité par les 13 chaînes françaises exclusives lancées il y a deux ans. Elle répond aussi sur Netflix, la VOD, la musique – dont la prochaine offre par abonnement – ou encore la radio filmée. La publicité est au cœur de l’écosystème.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Que sont devenues les 13 chaînes originales françaises qui ont signé en octobre 2012 avec YouTube une exclusivité sur trois 3 ans, assortie d’un revenu garanti (MG) la première année ? Mis à part Studio Bagel racheté en mars dernier par Canal+ et à la bonne audience de X-Treme Video, la plupart font une audience décevante. Est-ce un échec pour YouTube en France ?
Virginie Courtieu-Peyraud :
Notre objectif avec ce programme de chaînes originales était de catalyser l’arrivée de contenus originaux
sur la plateforme. Le pari est largement réussi lorsque l’on observe que de nombreux partenaires ont depuis décidé de lancer eux-mêmes, sans contribution de YouTube, leurs propres chaînes originales, comme par exemple Golden Moustache, Euronews Knowledge, ou les chaînes de Endemol Beyond.
Ces chaînes originales ont aussi permis de fidéliser une audience toujours plus large
et engagée (1) : nous observons que le temps passé sur YouTube par les Français augmente de plus de 30 % chaque année. Enfin, les annonceurs et investisseurs sont eux aussi aujourd’hui beaucoup plus engagés sur la plateforme.

VOD : Rakuten lance une bêta publique de Wuaki

En fait. Le 25 septembre, Wuaki, la plateforme de VOD du groupe japonais Rakuten, a lancé en France sa bêta publique. Elle était depuis début septembre en test privé auprès des clients PriceMinister (autre filiale de Rakuten). Après la vidéo à l’acte, la VOD par abonnement sera lancée pour contrer Netflix.

En clair. Le 3 septembre, le japonais a grillé partiellement la politesse à Netflix (1)
en lançant en France Wuaki, son service de vidéo à la demande (VOD). Mais il ne s’agissait alors que d’une version test : la « bêta privée » était exclusivement accessible à quelques clients de PriceMinister, la plateforme de e-commerce française créée par Pierre Kosciusko-Morizet (2) et rachetée par Rakuten en juin 2010. Cette fois, le service Wuaki.tv est véritablement lancé dans sa version « bêta publique ». La France est le troisième pays européen où est lancé ce service de VOD, après l’Espagne et le Royaume-Uni (où Rakuten avait aussi racheté Play.com en 2011), et bientôt l’Allemagne.

Avec VP9, Google voudrait imposer sa norme ultra-HD

En fait. Le 3 juillet s’est achevée la période de souscription d’actions de la société française Ateme dans le cadre de son introduction en Bourse à Paris (Euronext). L’entreprise a développé un nouveau standard de compression
vidéo ultra-HD (à la norme HEVC). Fera-t-elle le poids face au VP9 de Google ?

En clair. L’avènement de l’ultra haute définition, notamment de la diffusion en 4K (1), risque de se transformer en bataille rangée entre deux nouvelles normes de compression vidéo : HEVC et VP9. La première est en cours de développement depuis dix ans au sein de l’UIT (2) et du MPEG (Moving Picture Experts Group) et approuvée depuis janvier 2013 sous l’appellation H.265. La seconde est une technologie propriétaire mise au point depuis 2011 par Google, lequel avait acheté en février 2010 la société On2. Après une démonstration du VP9 au CES de Las Vegas en janvier, YouTube devrait diffuser les premières vidéo 4K dès cette année.
Les deux technologies de compression permettent de diviser par deux, par rapport à
la norme Mpeg-4, le débit de données nécessaires à la transmission de vidéo – sans pertes visibles. C’est sur ce terrain-là que la société française Ateme – où l’on retrouve notamment au capital Xavier Niel (à hauteur de 8,1 %) – compte se développer, en espérant lever jusqu’à 14,5 millions d’euros en Bourse. La première cotation est prévue le 10 juillet. Mais le petit poucet, qui a réalisé 20,6 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 et qui compte parmi ses clients Orange, France Télévisions, DirecTV ou encore Huawei, fera-t-il le poids face à l’ogre du Net ? « Aujourd’hui, Google propose VP9 (anciennement NGOV pour Next Gen Open Video) comme solution alternative à HEVC. La licence de VP9 sera gratuite pour l’Internet et l’objectif de Google est qu’il dispose d’une meilleure capacité de compression que HEVC », préviennent au niveau des risques de marché les cofondateurs d’Ateme, Michel Artières et Dominique Edelin, dans leur document d’introduction en Bourse. Mais ils estiment qu’ils ont une carte à jouer face à la firme de Mountain View. « En dépit des ressources très importantes à
la disposition de certains acteurs tel que Google, il est peu probable qu’une solution propriétaire puisse présenter une avance en terme de capacité de compression dans
la mesure ou les comités de normalisation regroupent de nombreuses sociétés et disposent donc de ressources encore plus importantes ». Ils tablent sur le fait que
le marché a toujours privilégié les standards ouverts, de type HEVC.
Le marché mondial du renouvellement du Mpeg-2 et du Mpeg-4 par le nouveau format de compression HEVC devrait peser environ 500 millions d’euros en 2018. @