Wild Bunch et Filmo TV sont mis en vente par Lazard

En fait. Le 30 novembre, un porte-parole du groupe Wild Bunch à confirmé notre information selon laquelle le groupe franco-allemand de distribution et de production de films, et éditeur de la plateforme Filmo TV de VOD/SVOD, a
confié un mandat à la banque Lazard « pour renforcer [ses] fonds propres ».

Walt Disney sous pression face à AT&T-Time Warner

En fait. Le 10 novembre, le géant américain Disney a présenté ses résultats annuels (clos le 1er octobre). Mais derrière ce nouvel exercice record (bénéfice net en hausse de 12 % à 9,39 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires en progression de 6 % à 55,63 milliards), l’opération AT&T-Time Warner inquiète.

En France comme aux Etats-Unis, les « box» des FAI verrouillent-elles le marché Internet ?

Alors que la FCC aux Etats-Unis a adopté il y a huit mois une proposition visant à « ouvrir » les « box » des fournisseurs d’accès à Internet (FAI), soulevant un âpre débat outre-Atlantique, la question pourrait se poser aussi en France où la quasi totalité des foyers en ont une pour accéder à Internet.

Aux Etats-Unis, le débat bat son plein sur l’opportunité
d’« ouvrir » à la concurrence les set-top-boxes des câblo-opérateurs ou des opérateurs par satellite. C’est ouvrir la boîte de Pandore pour les uns (les opérateurs télécoms et les industries culturelles) ; c’est ouvrir le marché de l’accès pour les autres (les acteurs du Net et les associations de consommateurs). Plusieurs dizaines d’organisations telles que Public Knowledge, Electronic Frontier Foundation ou encore New America’s Open Technology ont appelé le 17 octobre dernier le régulateur des télécoms américain – la FCC (1) – à poursuivre sa réforme des règles sur les « box ».

Le « monopole des set-top-boxes »
La FCC, dont le président Tom Wheeler(photo) espère mener à bien sa réforme d’ici
la fin de cette année, a en effet adopté le 28 février dernier une proposition ayant pour objectif de rendre le marché des « box » d’accès à Internet et aux services en ligne plus concurrentiel. Et ce, au moment où les offres de contenus vidéo (VOD, SVOD, OTT (2) vidéo, …) se multiplient avec le très haut débit. Objectif : permettre aux consommateurs américains de pouvoir choisir le boîtier multimédia qui leur convient le mieux et à des prix moins élevés que ceux pratiqués. Les Américains paient en moyenne 231 dollars par an une telle set-top-box, soit 20 dollars par mois. Cela représente outre-Atlantique un marché annuel d’environ 20 milliards de dollars, préempté par quelques câblo-opérateurs – au premier rang desquels Comcast et Verizon –, lorsque ce ne sont pas des opérateurs par satellite tels que DirecTV (appartenant AT&T prêt à s’emparer de Time Warner) ou Dish Network.
Les organisations de consommateurs dénoncent ce « monopole des set-top-boxes ». La FCC, qui constate en outre que le coût de location d’un tel boîtier a fait un bond de 185 % depuis 1994, pense qu’« ouvrir » le marché de l’accès à Internet à d’autres appareils que les seules « box » permettrait d’animer un marché pour l’instant oligopolistique et coûteux pour les consommateurs victimes de « strangulation » (CQFD). Pourquoi ne pas permettre en effet un accès au réseau à partir de tablettes, de téléviseurs connectés ou d’autres appareils multimédias de type magnétoscope numérique ? C’est commercialement impossible, en raison du blocage des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) américains. De leur côté, Google, Apple, Amazon, Tivo, Roku ou encore des fabricants de smart TV plaident pour ce déverrouillage du marché des
« box ». Par exemple, Google a lancé le 3 octobre aux Etats-Unis une set-top-box (ou streaming media player) basée sur Android TV version 6.0 et baptisée « Mi box » (3). La bataille de l’accès est en fait celle du contrôle media center ou de la video gateway dans les foyers. C’est aussi un vaste changement complet d’écosystème qui s’annonce, si la réforme proposée par la FCC aboutie malgré un lobbying intense des FAI et des ayants droits (The Copyright Office, MPAA, …). Les consommateurs ne seraient alors plus obliger de s’abonner à une set-top-box mais pourront choisir leur appareil de connexion, et avoir le droit de changer facilement de FAI comme bon leur semble. Switcher d’un câblo-opérateur vers un OTT, ou vice versa, se fera sans contraintes. Cette ouverture du marché devrait accélérer la tentation du cordcutting (4), où le consommateur décide de s’affranchir de tout FAI pour accéder aux offre vidéo et
TV sur Internet. Ce que propose la FCC est une régulation disruptive sur un marché encore captif de la « box ». Les fabricants de settop- boxes traditionnels pour le marché américain – comme l’américain Arris International et le français Technicolor – verraient alors leur chiffre d’affaires sérieusement impacté. Le débat en cours aux Etats-Unis
sur les set-top-boxes porte aussi sur la protection de la vie privée, d’une part, et sur la neutralité du Net, d’autre part (5), avec des considérations sur la pratique du zero-rating (6).
Qu’en est-il en France ? L’Hexagone compte plus de 27,2 millions d’abonnements (dont 80 % ADSL) à une « box » Orange, SFR, Bouygues Telecom ou encore Free, lesquels FAI détiennent à eux quatre la quasi totalité du marché d’accès fixe à Internet – tout comme de l’accès mobile d’ailleurs.

Suprématie des FAI en France
Récemment, des chaînes de télévision locales se sont plaintes auprès du CSA du changement non concerté de leur canal sur la « box » des FAI. Des hausses tarifaires sont également injustifiées aux yeux des abonnés, comme chez SFR cet été. Videofutur s’est résolu à lancer sa propre « box » faute d’avoir eu accès aux « box » des FAI. Autre inconvénient : à l’heure du direct, les décalages numériques des « box » sont de plus en plus mal vécus. De là à remettre en cause la suprématie des FAI de l’Hexagone, il n’y a qu’un pas. @

Charles de Laubier

SFR Play proposera VOD et TVR en plus de la SVOD

En fait. Le 22 octobre, Michel Combes, président de SFR a indiqué à EM@
que SFR Play (ex-Zive) – actuellement service de SVOD – devient la « marque ombrelle » sous laquelle les autres services de VOD et de TV rattrapage seront regroupés. Il vise un catalogue de 30.000 films et séries d’ici fin 2017.

TV et VOD : pourquoi Altice, maison mère de SFR, veut lancer Altice Studios et Altice Channel Factory

La stratégie de convergence d’Altice (SFR, Portugal Telecom, Cablevision, …), déjà surendetté à hauteur de 50 milliards d’euros, suppose d’investir dans des contenus originaux et coûteux. En plus d’Altice Media, dirigé par Alain Weill,
le groupe multimédia crée Altice Studios et Altice Channel Factory.

Le groupe de télécoms et de médias Altice, présidé par Patrick Drahi et en passe de détenir la totalité du capital de SFR, a annoncé le 5 septembre la création de deux nouvelles entités baptisées respectivement Altice Studios et Altice Channel Factory. Elles œuvreront pour l’ensemble du groupe en France et à l’international. La première produira des films et des séries originales, sous la direction de Nora Melhli, ex-directrice de la fiction de la société de production Shine France et ex-Endemol Fiction ; la seconde créera de nouvelles chaînes de télévision, sous la direction cette fois de Alain Weill (photo), directeur général d’Altice Media et de SFR Media, ainsi que PDG de son groupe NextRadioTV (BFM TV, RMC, …) intégré depuis l’an dernier dans Altice.

Nora Melhli et Alain Weill
C’est une étape cruciale pour la maison mère de SFR, deuxième opérateur télécoms
en France, dans sa stratégie de convergence réseaux-contenus destinée à séduire
de nouveaux clients – actuellement 50 millions dans le monde – et surtout ne plus
en perdre. SFR a en effet perdu depuis le début de l’année 324.000 abonnés mobile (760.000 en un an), faute pour la filiale d’Altice d’avoir pu leur proposer des offres suffisamment attractives afin d’éviter qu’ils ne partent chez Free ou chez Bouygues Telecom aux tarifs plus agressifs. Dans le fixe, c’est 170.000 abonnés qui lui ont tourné le dos en un an. Et depuis le début de l’année, l’action de SFR a reculé de près de
30 % en Bourse. Il y a donc urgence pour le groupe de Patrick Drahi à reconquérir des clients dans l’Hexagone et à en recruter plus dans les autres pays où il est présent (Etats-Unis, Portugal, Israël, République Dominicaine, …). Cela passe par l’enrichissement de ses offres d’accès par des contenus originaux destinés à des clients « premium » susceptibles de générer de plus fortes marges grâce à un Arpu (1) plus élevé – voire avec des tarifs revus en hausse. L’annonce de la création des deux entités « contenus » a été faite lors de la présentation du projet du groupe Altice de monter à 100 % dans le capital de SFR, dont il détient actuellement un peu moins de
78 %, et de retirer SFR de la Bourse de Paris au terme de cette offre publique d’échange qui sera lancée le 22 septembre (2).
Le tandem Melhli-Weill sur la création de contenus cinématographiques et audiovisuels devrait permettre à Altice en général et à SFR en particulier de tirer plus de valeur de l’intégration verticale. Mais le groupe coté à la Bourse d’Amsterdam, déjà surendetté à hauteur de plus de 51,5 milliards d’euros, aura-t-il les reins assez solides pour investir dans de coûteuses productions originales (films, séries, …) et faire bonne figure face à des producteurs aguerris tels que Netflix, Canal+ ou Amazon ? Altice Studios produira des films et séries originaux, là où Orange Studio (ex-Studio 37) en coproduit après que l’opérateur historique ait renoncé en 2010 à être lui-même producteur. Altice table sur ses différents réseaux pour assurer la distribution et la diffusion de ses œuvres, notamment en France sur Zive, son service de VOD par abonnement (3) lancé en novembre 2015. Or Zive – qui est rebaptisé SFR Play et dont le budget annuel devrait tripler à environ 90 millions d’euros, selon Alain Weill (4) – doit encore convaincre : il n’est pour l’instant fréquenté que par 0,2 % des utilisateurs ayant consommé en France de la VOD payante (contre 27 % pour Orange et 25,8 % pour Netflix), selon le classement 2015 que le CNC (5) a publié en mai dernier (voir page 10). Pour l’heure,
le groupe Altice a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 14,4 milliards d’euros (dont 11 milliards de SFR) pour une perte nette de 243,4 millions d’euros (dont un bénéfice net de 682 millions pour SFR). SFR fait l’objet d’un plan de départs volontaires portant sur 5.000 salariés d’ici à 2019 sur les 15.000 actuels. @

Charles de Laubier