Jean-Marc Ayrault devrait faire de l’éducation au numérique la « grande cause nationale » de 2014

Près d’un an après avoir fixé la « feuille de route numérique », le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, pourrait accélérer la cadence en faisant de l’éducation au numérique la « grande cause nationale » de cette année. Ce serait le meilleur moyen de préparer la France au « choc de la numérisation ».

(Depuis la publication de cet article dans Edition Multimédi@ n°94, c’est l’engagement associatif qui a finalement été retenu comme « grande cause nationale » 2014)

L’Arcep ne comprend pas du tout le coup de blues des opérateurs télécoms européens

A grand renfort d’études (ADL, Greenwich, Roland Berger, Idate, …), les opérateurs télécoms ne cessent de se plaindre sur leur sort en Europe : déclin des revenus, moindre marge, sur-fiscalité, surréglementation face aux géants du Net ou sur-concurrence. Mais nouveauté : l’Arcep les contredit.

Par Charles de Laubier

JLSLa Fédération française des télécoms (FFTélécoms), qui représente la plupart des opérateurs de l’Hexagone hormis Free et Numericable, a de nouveau dénoncé le 28 novembre dernier « de très fortes pressions » auxquelles sont soumis ses membres – Orange, SFR et Bouygues Telecom en tête – en s’appuyant sur une troisième étude d’Arthur D. Little (ADL) sur l’économie
du secteur. Leur message est amplifié auprès de la Commission européenne en pleine révision du « Paquet télécom » (1).

Câble dissolution

Le « câble » est un de ces mots passe-partout pouvant désigner aussi bien une corde d’amarrage qu’un réseau
de communication extrêmement puissant. Mais un mot
qui se décline aujourd’hui au passé. Il faut fouiller dans
nos archives pour faire revivre cette fabuleuse histoire industrielle qui commença après 1945 aux Etats-Unis,
afin de résoudre en ville les problèmes de réception de la télévision hertzienne. Choix technologique qui, parce qu’il permettait de diffuser un grand nombre de chaînes, assura rapidement la puissance de grands networks et accompagna la montée en puissance de ce qui est encore aujourd’hui la première industrie mondiale audiovisuelle. Dans le reste du monde, les réseaux par câble se sont développés de manière irrégulière, le plus souvent dans des pays à forte densité, en Europe, en Asie ou en Amérique du Sud.
La France attendit le début des années 1980 pour lancer, puis abandonner en cours
de route, son Plan câble qui ne laissa qu’une trace marginale sur le territoire.

« Si l’on ne parle plus aujourd’hui du câble qu’au passé, c’est qu’il s’est finalement dissous dans les autres technologies de réseaux très haut débit. »

Marché unique numérique : Neelie Kroes présentera le 11 septembre le nouveau « Paquet télécom »

La fragmentation du marché des télécoms en Europe, que cela soit dans ses pratiques tarifaires ou dans ses régulations encore trop nationales, nécessite des remèdes qui plairont moins aux opérateurs télécoms qu’aux consommateurs européens.

(Depuis la publication de cet article dans EM@84, la Commission européenne a présenté le 11 septembre 2013 son projet pour un marché unique des télécoms)

Numericable : un « Kabel Deutschland » français ?

En fait. Le 24 juin, l’opérateur britannique Vodafone a remonté à 7,7 milliards d’euros son offre pour racheter le câblo-opérateur allemand Kabel Deutschland, après celle de 7,5 milliards de l’américain Liberty Global. Le français Numericable pourrait profiter de cet engouement pour s’introduire en Bourse.

En clair. Numericable sera-t-il la prochaine cible de Vodafone ou de Liberty Global, une fois que Kabel Deutschland aura été acquis par l’un des deux ? Pourquoi pas. Depuis l’échec des discussions d’une fusion en février dernier avec le groupe SFR, les trois actionnaires de Numericable – Cinven, Carlyle et Altice – envisagent maintenant une introduction en Bourse (1). Selon Reuters le 12 juin dernier, ils ont mandaté la banque Rothschild pour les conseiller dans cette opération qu’ils prévoient pour la fin de l’année
et qui leur permettraient de lever jusqu’à 5 milliards d’euros. Cinven en profiterait pour sortir, tandis que Carlyle et Altice resteraient actionnaires. Encore endetté à hauteur
de 2,3 milliards d’euros, Numericable pourrait profiter d’un contexte qui a rarement
été aussi favorable pour les câblo-opérateurs en Europe. Non seulement ils sont en première ligne dans les objectifs « très haut débit » ambitieux de la Commission européenne et d’Etats membres, notamment la France, mais ils font aussi l’objet de convoitises. La contre offre de Liberty Global pour Kabel Deutschland après l’offre initiale de Vodafone, lequel surenchérit, démontre un nouvel intérêt des investisseurs. Auparavant, en février, Liberty Global annonçait le rachat de l’opérateur de télévision payante britannique Virgin Media pour plus de 11 milliards d’euros. Mais il se peut que, avant la concrétisation de l’introduction en Bourse, un Vodafone ou un Liberty Global ne manifeste de l’intérêt à acquérir le câblo-opérateur français, Numericable ressemble en effet à Kabel Deustchland mais en plus petit. Ce dernier a réalisé 1,8 milliard d’euros en 2012 avec 8,5 millions de foyers abonnés, et a dégagé 862 millions d’euros de résultat brut d’exploitation (Ebitda). Numericable, lui, a affiché 874 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012 avec 1,6 million d’abonnés, et a dégagé 456 millions d’euros d’Ebitda. Tous deux sont nés de l’intégration de plusieurs câblo-opérateurs régionaux
et sont de ce fait devenus les numéros 1 du câble de part et d’autre du Rhin.
Tous deux s’appuient également sur le câble coaxial boosté à la technologie Docsis
3.0 pour amener le très haut débit jusqu’aux immeubles (FTTB). Ce qui explique, par exemple, que Numericable ne compte que très peu d’abonnés ayant la fibre optique jusqu’à domicile (FTTH) : 635.000 au 31 décembre 2012, sur 1,647 millions d’abonnés (2). Un handicap ? @