La 6G pointe le bout de son nez au MWC, avant 2030

En fait. Du 27 février au 3 mars se déroule à Barcelone (Espagne) la grand-messe internationale consacrée aux smartphones et à la mobilité, le Mobile World Congress (MWC), dont le thème cette année est « Future First ». La sixième génération de réseau mobile (6G) sera l’ossature du futur. L’Europe va l’expérimenter.

En clair. « Le MWC n’est plus “mobile first” ou “digital first”, mais “Future First” », a indiqué Lara Dewar, directrice marketing de la GSMA, l’association mondiale des opérateurs mobile qui organise le Mobile World Congress. Et dans cet « avenir d’abord », il y a d’abord l’« au-delà » de la 5G. La sixième génération de réseau mobile (6G), conjuguée à l’intelligence artificielle (IA) et au machine learning (ML), s’apprête à révolutionner les télécoms. Non seulement en accélérant les très haut débits mobiles et en réduisant les temps de latence, mais surtout en transformant tous les modèles économiques. La capacité d’« auto-orchestration » des réseaux 6G sera cruciale pour la réalité mixte (réalité virtuelle et réalité augmentée), les métavers, les jeux vidéo immersibles, les technologies web3, les véhicules autonomes, les villes intelligentes ou encore la médecine connectée. Les Big Tech (MWC) et les start-up (4YFN) y travaillent (1).
L’actuelle 5G Advanced (2), définie par l’organisme international de normalisation mobile 3GPP (3), préfigure un peu ce que sera la 6G à partir de 2030. Mais il s’agira alors plus d’une rupture technologique que d’une évolution. L’Union européenne (UE), à l’origine du GSM, entend garder la main sur la 6G. Lors d’une session intitulée « Horizon 6G » et organisée le 27 février au congrès mondial de la mobilité, la Commission européenne va expliquer comment elle contribue déjà à l’élaboration de la future norme mondiale 6G.

Le chinois Huawei, qui était en force à Barcelone pour le Mobile World Congress, mise sur la France

Malgré les sanctions et interdictions aux Etats-Unis et en Europe à son encontre, le chinois Huawei Technologies a bien montré durant la grand-messe de la mobilité à Barcelone qu’il était toujours numéro un mondial des réseaux télécoms. Et il s’apprête à construire une usine en France. « Je vous invite à vous joindre à nous au MWC 2023 à Barcelone, organisé par GSMA [association réunissant plus de 750 opérateurs mobiles dans le monde, ndlr] », écrit Eric Xu, alias Xu Zhijun, président par rotation – jusqu’au 31 mars 2023 – du géant chinois Huawei Technologies, dans un message mis en ligne (1) quelques jours avant la grand-messe internationale de la mobilité qui se tient dans la capitale de la Catalogne en Espagne. La firme de Shenzhen (2) y sera présente en force cette année sous le thème du « monde intelligent ». Sans attendre la 6G, la « 5,5G » en vue « Alors que nous progressons vers un monde intelligent, (…) nous aimerions travailler avec vous pour jeter les bases de la prochaine étape – la 5,5G », a esquissé Eric Xu à l’intention notamment des opérateurs mobiles. A partir d’avril, ce dernier cèdera la présidence tournante à Sabrina Meng alias Meng Wanzhou (photo) qui n’est autre que la fille (3) du PDG fondateur de Huawei, Ren Zhengfei (4). Huawei signe ainsi son grand retour en occupant de grands stands répartis dans trois halls (5) de la Fira Gran Via où se tient le Mobile World Congress du 27 février au 2 mars. Sans attendre la 6G, le chinois pourrait prendre de court ses rivaux (Samsung, Ericsson, Nokia, …) en lançant des équipements réseaux « 5,5G ». De quoi relancer la course mondiale dans le très haut débit mobile, sur fond d’intelligence artificielle, de Big Data, de cloud et d’Internet des objets (voitures connectées comprises) – sans oublier la désormais incontournable technologie verte – « Green ICT » (6). Du côté des terminaux, celui qui fut un temps le numéro un des fabricants mondiaux de smartphones – première place qu’il avait arrachée un temps à Samsung début 2020 après avoir délogé Apple de la seconde début 2018 (7) –, compte bien regagner des parts de marché perdues à cause des mesures « anti-Huawei » prises par Donald Trump et maintenues par Joe Biden (8). La firme de Shenzhen devrait annoncer une nouvelle série de smartphones : les Huawei P60. Tandis que les Mate 60 seraient attendus plus tard dans l’année. Des fuites sur le réseau social chinois Weibo montrent que les « P60 », axés sur la très haute qualité photo avec l’ambition d’être les smartphones-photo les plus puissants au monde, vont être disponibles. Des rumeurs rapportées par le site HC Newsroom (Huawei Central) évoquent aussi la sortie du Mate X3, le smartphone pliant de Huawei (9), alors qu’un autre fabricant chinois – Honor, ex-gamme de mobiles d’entrée de gamme de Huawei avant que Ren Zhengfei ne soit contraint de céder cette activité en novembre 2020 – est attendu au MWC avec un pliable Magic V. Les P60 et Mate X3 sont dotés, depuis que Google ne fournit plus Android à Huawei, du système d’exploitation-maison HarmonyOS dans sa nouvelle version 3.1 déjà installée avec succès sur les Mate 50. Ils fonctionnent en outre sur le micro- processeur « Snapdragon 8 Gen2 » de Qualcomm (10). Bien que le gouvernement américain ait décidé en 2020 – pour des raisons de « sécurité nationale » – d’interdire à Google de fournir des licences Android à Huawei, HarmonyOS est d’ores et déjà le troisième système d’exploitation au monde pour smartphones, bien qu’encore loin d’Android et d’iOS. Huawei finalise la version 4.0, qui pourrait être prête pour la HDC de l’automne prochain (11). De son côté, l’américain Qualcomm a indiqué début février que les nouvelles restrictions de Washington à l’encontre du chinois n’impacteront pas ses livraisons à ce dernier. En Europe, où Huawei est accueilli à bras ouverts à Barcelone, est aussi le bienvenu en France où la firme de Shenzhen va construire cette année – « courant 2023 », comme prévu (12) – sa première usine hors de Chine de fabrication d’équipe- ments télécoms, notamment pour les réseaux 5G – avec la 5,5G en vue. Elle sera située dans la région Grand-Est. « La France est très importante pour nous sur le marché européen. (…). Il n’y a pas d’autres pays capables d’être dans la même position stratégique pour Huawei que la France, en termes de savoir-faire, valeur ajoutée et écosystème », a expliqué le 15 février à l’AFP le président de la filiale française, Weiliang Shi, formé à Reims et à Shanghai. Usine Huawei dans le Grand-Est en 2023 Huawei Technologies France fêtera d’ici la fin de l’année ses 20 ans dans l’Hexagone. Là aussi, malgré la loi française « anti-Huawei » du 1er août 2019 prise sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron au nom des « intérêts de la défense et de la sécurité nationale » (13), Huawei revendique en France 20 % de part de marché dans les réseaux télécoms. « La France a pris une décision équilibrée », s’est félicité Weiliang Shi. La firme de Shenzhen prévoit de produire dans son usine française l’équivalent de 1 milliard d’euros par an d’équipements télécoms à destination des marchés européens, avec la création « à terme » de 500 emplois direct. @

Charles de Laubier

23 mars
 

Les fréquences 5G tout juste vendues en France n’offriront pas encore le très haut débit mobile

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