Jean-Christophe Thiery de Bercegol du Moulin : le « Monsieur télécoms et médias » de Vincent Bolloré

Il est depuis près de 15 ans l’homme de l’ombre de Vincent Bolloré dans les télécoms et les médias. Jean- Christophe Thiery – ajoutez « de Bercegol du Moulin » pour avoir son nom complet – est président de Bolloré Télécom, président de Bolloré Média, PDG de l’Institut CSA et maintenant président
du directoire du groupe Canal+.

« Jean-Christophe Thiery, énarque et ancien de Bercy [qui] a travaillé avec moi dans les médias depuis 15 ans (…) présidera le directoire ». C’est en ces termes que Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi depuis le 24 juin 2014, a annoncé par e-mail début septembre aux salariés de
sa filiale Canal+ la nomination de son bras droit dans les médias et les télécoms – en remplacement de Bertrand Meheut. Le nouveau président du directoire du groupe Canal+ est notamment chargé de développer la chaîne d’information
en continue iTélé qui sera rebaptisée CNews, tandis que les autres chaînes D8 et D17 deviennent respectivement C8 et C17. Il sera épaulé par un autre proche de Vincent Bolloré, Guillaume Zeller (1). Depuis la cession à Canal+ en 2012 de ses chaînes Direct 8 (que Jean-Christophe Thiery a contribué à créer) et Direct Star, transformées en D8 et D17, le groupe Bolloré est devenu actionnaire de Vivendi, sa participation atteignant 14,5 % du capital depuis le 10 avril dernier. Contrairement à TF1 et à M6
qui ont tenté en vain il y a dix ans de bloquer le lancement de la télévision numérique terrestre (TNT), Vincent Bolloré, lui, y a toujours cru et en a même été « l’un des fers de lance auprès du CSA et des pouvoirs publics » – dixit Jean-Christophe Thiery au Figaro le 27 juillet 2012. C’est d’ailleurs le 24 septembre prochain que Vincent Bolloré sera auditionné par le CSA.

Président de Bolloré Média Digital et de Bolloré Telecom
Jean-Christophe Thiery de Bercegol du Moulin (2) passe, lui, à 48 ans, de l’ombre à la lumière des projecteurs de Canal+. Inconnu du grand public, il commencé sa carrière dans l’administration publique après avoir été diplômé de Sciences Po Paris puis de l’Ecole national d’administration (Ena), promotion Marc Bloch (1995-1997). Il a ainsi
été attaché d’administration au ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie (1989-1994), sous-préfet des Pyrénées Orientales (1997-1999) et chef de cabinet du directeur général de la comptabilité publique au ministère des Finances (1999-2001). C’est ensuite que Vincent Bolloré le fait entrer dans son groupe pour lui confier la direction générale de sa filiale Bolloré Média – dont il est le président du conseil d’administration depuis 2008 (le fils Yannick Bolloré ayant été son directeur général
de 2009 à 2012 avant que ce dernier ne dirige Havas).

Presse : Direct Matin et… un quotidien payant ?
Pour accompagner la révolution Internet, cette filiale s’est fondue dans une autre créée, elle, il y a dix ans : Bolloré Média Digital (3). On y trouve le quotidien gratuit Direct Matin, au lancement duquel Jean-Christophe Thiery a participé en 2007. Il est devenu le deuxième quotidien national français en terme d’audience (2,5 millions de lecteurs pour 900.000 exemplaires par jour en moyenne) grâce aussi à ses éditions régionales en partenariat avec de grands groupes de la PQR (4) : Sud-Ouest/Midi-Libre, La Dépêche du Midi, La Voix du Nord, La Provence et Le Progrès. Le site web DirectMatin.fr et ses applications mobiles viennent compléter cette offre gratuite.

Le gratuit Direct Tennis, lancé en 2013, est la seule déclinaison qui reste (après les arrêts de Direct Soir, Direct Sport et Direct Femme), Jean-Christophe Thiery étant lui-même un fan de tennis et membre du Cercle du Bois de Boulogne. Le groupe Bolloré
a par ailleurs indiqué qu’il s’était porté candidat pour une chaîne locale d’information
sur la TNT en Ile-de-France, baptisée « Direct Matin TV ». Son concurrent Metronews
a arrêté sa version imprimée début juillet. En 2014, Jean-Christophe Thiery avait tenté
– en vain – de convaincre Nonce Paolini, PDG du groupe TF1 (propriétaire de Metronews), de fusionner Direct Matin, 20 minutes (le norvégien Schibsted étant en train de céder ses parts au belge Rossel) et Metronews pour « sortir de l’impasse » publicitaire.

La passion du milliardaire breton, Vincent Bolloré, est telle qu’il a envisagé de lancer
en 2010 un quotidien « à valeur ajoutée et à moins de 50 centimes d’euros ». Interrogé l’année suivante sur ce projet sans lendemain, Jean- Christophe Thiery avait affirmé qu’« il n’était pas enterré »… C’est la même année que Vincent Bolloré s’est dit intéressé par le rachat du Parisien.
Jean-Christophe Thiery est également président de la filiale Bolloré Telecom, créée elle aussi il y a dix ans maintenant. C’est un opérateur de réseau Internet haut débit sans fil qui dispose de 22 licences régionales WiMax en France (1.100 points de connexions à ce stade, en fréquences 3,5 Ghz). D’après le dernier document de référence du groupe coté en Bourse, l’investissement total à ce jour est d’environ 135 millions d’euros, licences comprises. L’objectif est de compléter la couverture de ce réseau jusqu’en décembre 2017 – conformément aux engagements pris après une mise en demeure de l’Arcep (5) – et d’y proposer à terme de la 4G, à l’échelon national. Bolloré Telecom commercialise ses services via la société Wifirst créée en 2002 (par notamment Marc Taieb) et dans le capital de laquelle le groupe est entré à hauteur de 45 % en 2006. Sa clientèle représente un parc de plus de 300.000 chambres d’étudiants ou d’hôtels équipées (17,3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014). Des synergies publicitaires sont même proposées – via la filiale Bolloré Média Régie – entre les supports de Bolloré Média et ceux de Bolloré Telecom.

Jean-Christophe Thiery est en outre administrateur de Bigben Interactive, société de distribution d’accessoires pour consoles de jeux vidéo et appareils numériques multimédias, dans laquelle le groupe Bolloré détient une participation de 21,4 % (via une société belge Nord-Sumatra Investissements contrôlée par Vincent Bolloré, et via son fils Sébastien Bolloré détenant 21,7 % du capital). A noter une autre participation minoritaire : celle de 9,6 % dans Gaumont, producteur et distributeur de films et exploitant des salles EuroPalaces. Le cinéma représente encore un investissement significatif de Vincent Bolloré, malgré son désengagement en 2014 d’Euro Media
Group (ex-SFP) où il ne garde que 2,5 % du capital (Jean-Christophe Thiery en fut administrateur).
Quatre mois avant d’être promu président du directoire du groupe Canal+, le
« Monsieur télécoms et médias » de Vincent Bolloré avait été propulsé PDG de l’Institut CSA (études et sondages pour un chiffre d’affaires 2014 de 21 millions d’euros), dans le capital duquel le groupe Bolloré est présent depuis 2006.
En revanche, il est un endroit dans la galaxie médias de Bolloré où son protégé n’a pas droit de cité, c’est dans le groupe Havas, filiale publicitaire détenue pourtant à 60 %. Il s’agit là de la chasse gardée de fils Yannick Bolloré qui en est le PDG depuis août 2013 (après en avoir été directeur général délégué). C’est le plus important actif média du groupe Bolloré : 1,8milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2014 (Havas Creative Group et Havas Media Group), pour un résultat net de 140 millions d’euros. Canal+ et Universal Music (filiales de Vivendi) sont clients d’Havas dans l’achat d’espaces publicitaires.

J-C Thiery met un pied chez Vivendi
D’autres prestations croisées pourraient apparaître avec la plateforme vidéo Dailymotion, dont l’acquisition de 80 % par Vivendi a été bouclée fin juin. En prenant
la tête de Canal+, Jean-Christophe Thiery fait un pas en direction du conseil de surveillance du groupe Vivendi, dont son mentor Vincent Bolloré est président. Qui succèdera à terme au Breton (63 ans) à la tête de Vivendi : Jean-Christophe Thiery
ou bien… Yannick Bolloré ? L’avenir le dira. @

Charles de Laubier

Pourquoi Alain Weill cède son groupe NextRadioTV à Altice Media Group de Patrick Drahi

Ce fut la surprise de l’été : Altice, la maison mère du Franco-israélien Patrick Drahi, a annoncé le 27 juillet dernier l’acquisition de NextRadioTV, le groupe d’Alain Weill propriétaire de BFM TV et de RMC. Ce dernier devient directeur des activités médias du groupe Altice, sur fond de convergence médias-télécoms.

C’est un rapprochement inattendu : Patrick Drahi et Alain Weill (photo) main dans la main. L’accord annoncé le 27 juillet prévoit qu’Altice Media Group prenne le contrôle de NextRadioTV à partir de 2019, soit dans quatre ans. D’ici là, Alain Weill conservera plus de 51 % de la nouvelle entité commune qui regroupera les actifs de NextRadioTV. Alain Weill en sera le président, tout en devenant directeur des activités médias d’Altice où il devient membre du comité exécutif.

De nouvelles acquisitions en vue
Cette opération intervient au moment où la maison mère de BFM et de RMC projette
de racheter la chaîne Numéro 23 de la TNT, le CSA (1) ayant estimé le 29 juillet que
ce rachat « ne devrait pas avoir d’effets anticoncurrentiels sur le marché » (la part de marché publicitaire de cette chaîne étant à ce jour très faible). Cette future acquisition de Numéro 23, sur laquelle le CSA doit encore se prononcer définitivement d’ici octobre 2015, donne un avant-goût des prochains développements du pôle média d’Altice dont Alain Weill aura la charge. Ce dernier devient en effet dans les médias le bras droit de Patrick Drahi, lequel possède déjà en France L’Express-L’Expansion et Libération, ainsi qu’en Israël la chaîne d’information continue i24News. Les magazines professionnels Stratégies, Coiffure de Paris et CosmétiqueMag (actuellement édités par le groupe Intescia) sont aussi en passe d’être rachetés. « Juridiquement, les activités de presse écrite, rassemblées dans Altice Media Group, ne dépendent pas d’Altice, mais de Patrick Drahi. En tant que directeur des activités médias d’Altice, je serai disponible mais me concentrerai sur les activités audiovisuelles et les acquisitions futures dans ce domaine », a précisé Alain Weill dans une interview au Monde le 28 juillet. Ces futures acquisitions, y compris à l’international, s’inscriront dans la stratégie du groupe Altice, maison mère de Numericable SFR, de proposer des contenus – notamment exclusifs – et des services aux abonnés des réseaux. « Le rapprochement entre les télécoms et les médias est inéluctable. (…) Pour un groupe audiovisuel comme NextRadioTV, s’allier avec un opérateur de télécommunications est une garantie de distribution. Demain, tous les spectateurs seront connectés. L’essentiel de la consommation de télévision va passer du hertzien à la fibre optique. Et les réseaux mobile vont également peser. (…) Pour Altice, il s’agit d’accompagner l’activité de la division télécoms en investissant aussi dans les médias. (…) Il s’agit d’augmenter le revenu par abonné
pour améliorer la rentabilité du réseau », a encore affirmé le patron fondateur de NextRadioTV. Il l’a réexpliqué lors de sa conférence de rentrée le 2 septembre.

Comme toutes les activités médias – non seulement l’audiovisuel mais aussi la presse – ont vocation à être regroupées dans Altice Media Group (2), Alain Weill fait du même coup son grand retour dans la presse. En 2010, il a en effet revendu le quotidien économique et financier La Tribune qu’il avait acquis en 2008 à Bernard Arnault.
En 2013, son groupe NextRadioTV a revendu 01 (presse informatique) après les
l’avoir acheté en 2007. C’est Marc Laufer, un ancien directeur général délégué de NextRadioTV, qui les avait racheté avant de rejoindre le groupe de Patrick Drahi pour
y diriger la presse professionnelle.

Alain Weill a cédé 49 % de ses parts de son groupe pour 670 millions d’euros, moyennant 37 euros l’action : soit 30% de plus que le cours moyen de NextRadioTV au cours de ces six derniers mois. Ce montant a aussitôt été injecté Altice Contents, dont Alain Weill possèdera 24 %. Altice Contents étant détenu par Altice Media Group. Le groupe NextRadioTV a réalisé un chiffre d’affaires de 195 millions d’euros en 2014, en croissance de 12 % sur un an, pour un résultat net de 16,8 millions, soit le double de l’année précédente. Comme prévu par ailleurs, le siège social et le quartier général d’Altice a été transféré de Luxembourg à Amsterdam afin que le groupe dispose de nouveaux moyens d’acquisitions par échange d’actions, tout en préservant le contrôle exercé par Patrick Drahi, malgré la dilution de sa part qui atteint près de 60 % du capital d’Altice. Cela donne plus de souplesse à Altice, malgré une dette de plus de 30 milliards d’euros.

Le modèle de John Malone
Ce modèle de fonctionnement cher à Patrick Drahi est celui du milliardaire américain John Malone, qui s’est constitué à travers sa holding Liberty Media un groupe aux multiples investissements dans les réseaux et les médias : il possède le câblo-opérateur Liberty Global, largement présent en Europe (sauf en France, en Espagne,
ni au Portugal) avec Virgin Media en Grande-Bretagne et en Irlande, Ziggo aux Pays-Bas et Unitymedia en Allemagne. @

Charles de Laubier

Après la presse et la radio, Matthieu Pigasse veut investir la télévision et la musique

Le directeur général délégué de la banque Lazard (vice-président Europe), Matthieu Pigasse, est propriétaire du magazine Les Inrockuptibles depuis 2009, co-actionnaire du groupe Le Monde depuis 2010, du Nouvel Observateur depuis 2014, et acquéreur de Radio Nova en mai 2015. Et après : musique et télévision.

Par Charles de Laubier

Matthieu PigasseSa holding personnelle s’appelle « Les Nouvelles Editions indépendantes » (LNEI) et a été constituée il y aura six ans le
31 juillet. Après des négociations exclusives, qui ont été annoncées le 21 mai, elle est en passe de racheter le groupe Nova Press, propriétaire de Radio Nova, de Nova Records ou encore de Nova Production.
C’est la dernière acquisition en date de Matthieu Pigasse (photo), banquier et homme d’affaire, fils de Jean-Daniel Pigasse, lequel fut journaliste à La Manche Libre, et neveux de Jean-Paul Pigasse, ancien directeur général adjoint du groupe Les Echos (1) et de la rédaction de L’Express dans les années 1980. Matthieu Pigasse (47 ans) a hérité de la fibre média.
Avec Radio Nova, il enrichit son portefeuille média déjà constitué du magazine culturel Les Inrockuptibles qu’il a acquis en juin 2009, du groupe Le Monde dont il est co-actionnaire depuis juin 2010 en tant que « P » du trio « BNP » (aux côtés de Pierre Bergé
et Xavier Niel), lequel trio est aussi propriétaire – via la holding « Le Monde Libre » – du Nouvel Observateur depuis juin 2014.

Son ombre plane sur l’affaire « Numéro 23 »
Le prochain investissement de Matthieu Pigasse dans les médias pourrait être dans la télévision, comme il l’a indiqué dans une interview parue le 5 juillet dernier dans L’Est Républicain : « Notre objectif est de continuer à construire un groupe de médias, sur tous les supports possibles d’aujourd’hui : papier, radio, scènes, mais peut-être aussi demain télévision. On verra si l’occasion se présente… ».
Cela fait en réalité plus de trois ans que Matthieu Pigasse cherche à investir dans la télévision. Il a été un temps, en 2012, présenté comme étant l’un des co-investisseurs – aux côtés de Xavier Niel, François-Henri Pinault, Bernard Arnault, Jean- Charles Naouri et Pascal Houzelot (Pink TV) – du projet de chaîne sur la TNT gratuite baptisée initialement « TVous La Télédiversité », devenue « Numéro 23 ». Axée sur la diversité et les aspects sociétaux (culture, parité, modes de vie familiaux, sexualités, handicap, etc), cette chaîne fait partie des six nouvelles chaînes de la TNT gratuite lancées en décembre 2012 et affiche aujourd’hui une part d’audience modeste de 0,6 % à 0,7 % – avec l’ambition de dépasser 1 % cette année.

Des vues sur LCI pour Le Monde
Encore récemment, David Kessler – ancien directeur des Inrocks et ex-conseiller pour la culture et la communication du président de la République, François Hollande (2) –
a expliqué dans Le Monde du 16 juin qu’il a défendu avec Pascal Houzelot (par ailleurs membre du conseil de surveillance du Monde) le dossier de candidature de « Numéro 23 » devant le CSA « en tant que représentant de Matthieu Pigasse qui envisageait de devenir actionnaire de Numéro 23 aux côtés d’autres investisseurs minoritaires, dont Xavier Niel, le patron de Free (tous deux sont actionnaires du Monde) ».
Cette sortie agacerait au plus haut point Matthieu Pigasse qui n’a finalement jamais été actionnaire de la société éditrice Diversité TV France, bien que lui et Pascal Houzelot se connaissent très bien puisque ce dernier est devenu aussi (en plus du Monde) administrateur de la société éditrice des Inrocks, Les Editions Indépendantes, aux côtés de Louis Dreyfus…

Matthieu Pigasse n’a donc rien à voir directement avec la vente controversée – mais légale – de la chaîne Numéro 23 et de sa fréquence TNT obtenue gratuitement il y a moins de trois ans, à NextRadioTV (BFM TV) pour près de 90 millions d’euros. Mais son ombre plane bien indirectement sur cette affaire. L’opération est maintenant suspendue à la décision du CSA qui, depuis la loi du 15 novembre 2013 sur l’indépendance audiovisuelle, doit donner son agrément – ou pas – à cette vente après une étude d’impact (3). Cette spéculation autour d’une fréquence relevant du bien public « choque » en tout cas la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, comme elle l’a dit devant l’Association des journalistes médias (AJM) le 8 juillet.
Sans doute Matthieu Pigasse aurait-il préféré se faire connaître autrement dans
le paysage audiovisuel français… Comme, par exemple, en s’emparant de LCI, la chaîne d’information en continu du groupe TF1. Il y a un an, en juillet 2014, les trois actionnaires du Monde – dont Matthieu Pigasse – avaient en effet fait savoir au PDG
de TF1, Nonce Paolini, qu’ils étaient intéressés par le rachat de LCI. Les trois co-prétendants au rachat ont fait valoir – par la voix de Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde – de possibles synergies entre le journal Le Monde et cette chaîne LCI. Et ce, après que le CSA ait refusé de basculer cette dernière sur la TNT gratuite et que TF1 ait décidé en conséquence de prévoir à terme sa fermeture. Mais Nonce Paolini n’a pas donné suite aux messages du trio « BNP », estimant qu’il était trop tôt pour négocier. En juillet 2014, le CSA avait refusé la demande de passage sur la TNT gratuite des chaînes payantes LCI (TF1), Paris Première (M6) et Planète+ (Canal+), expliquant que le marché publicitaire était trop faible. LCI et Paris Première avaient alors saisi le Conseil d’Etat, lequel a finalement invalidé la procédure le 17 juin dernier. Le régulateur de l’audiovisuel va donc devoir réexaminer les dossiers et les actionnaires du Monde – Matthieu Pigasse avec – devront patienter s’ils ont encore
des vues sur LCI. Mais si TF1 décidait de ne pas se défaire sa chaîne d’information continue payante, il leur faudra aller voir ailleurs.

Les velléités de Matthieu Pigasse de mettre un pied dans la télévision se manifestent aujourd’hui dans un contexte où le marché de l’audiovisuel est confronté à une baisse des recettes publicitaires (même si l’année 2014 reste stable, après un recule de -3,5 % en 2013, selon l’Irep). De plus, la loi Macron – une fois qu’elle sera promulguée à la fin de l’été – prévoit désormais une taxe de 20 % au lieu de 5 % précédemment en cas de revente d’une fréquence (initialement délivrée gratuitement dans l’audiovisuel en contrepartie d’obligations) dans les cinq ans suivant son attribution (voire 10 % entre cinq et dix ans, 5 % au-delà de dix ans).
En attendant de faire de la télévision, Matthieu Pigasse se console avec la scène. Il est devenu le 5 juillet dernier président de l’association Territoire de musiques, laquelle gère les Eurockéennes – « les Eurocks » pour les habitués. « J’ai accepté par passion absolue pour la musique, le rock et ce festival où je viens depuis huit ans et par tous
les temps », a-t-il déclaré ce jour-là, en indiquant être prêt à « investir dans le milieu musical » et pourquoi pas en créant un label de production commun aux Inrocks et à Radio Nova. Ce festival de musiques actuelles a lieu chaque année à Belfort et a dépassé cette année les 100.000 visiteurs, mais l’homme d’affaires veut aller plus loin pour le développer malgré la crise que traversent les festivals en France (subventions en baisse).

Le rock comme passion
C’est la première fois qu’il prend la présidence d’une association culturelle, étant par ailleurs depuis 2010 vice-président du Théâtre du Châtelet à Paris. Mais superviser un festival n’est pas une nouveauté pour lui, car sa société Les Editions Indépendantes organise le Festival Les Inrocks (du 10 au 17 novembre cette année). « Plutôt que de pleurer en glosant sur l’exception française, mieux vaut être fier de ce que l’on fait,
être forts, et partir à la conquête du monde », a dit dans sa récente interview l’auteur
de « Eloge de l’anormalité » (4) paru l’an dernier. A suivre… @

Charles de Laubier

TDF (40 ans) : les télécoms vont dépasser l’audiovisuel

En fait. Le 2 juin, Olivier Huart, président de TDF, est intervenu en introduction
du XXIe colloque NPALe Figaro consacré aux « piliers de la transformation numérique ». Il a placé TDF au coeur de « l’économie connectée », malgré
une perte de chiffre d’affaires induite par la fin de la diffusion analogique.

Gilles Brégant, DG de l’ANFR : « La bande 700 Mhz sera utilisable dès avril 2016 en Ile-de-France »

Le directeur général de l’Agence nationale des fréquences (ANFR), Gilles Brégant, explique le calendrier prévu pour le transfert de la bande des 700 Mhz
de la TNT vers les mobiles. La télévision aura un tiers de fréquences en moins mais profitera de nouvelles normes pour la haute définition et l’ultra-HD.