Pourquoi M6 tourne le dos à la VOD par abonnement

En fait. Le 26 mars, Nicolas de Tavernost, président du directoire de Métropole Télévision (groupe M6), était l’invité de l’Association des journalistes médias (AJM). Il a exprimé son scepticisme à propos de la vidéo à la demande par abonnement
– ou SVOD – et écarté toute plate-forme commune avec TF1 et Canal+.

Videofutur voit l’avenir de la SVOD en TV connectée

En fait. Le 28 mars, s’est achevée l’offre publique d’achat de Videofutur par
Netgem qui avait été ouverte le 22 février. Le résultat de cette OPA sera connu
le 8 avril. La famille Haddad, qui contrôle Videofutur, s’est engagée à apporter
ses titres : Netgem est assuré de détenir 77,5 % de Videofutur.

La télévidéo

Comme le Livre nous fut donné par la voix descendue du Ciel d’un Dieu tout puissant, nos programmes de télévision nous sont longtemps parvenus par la bonne volonté de mystérieux directeurs des programmes, nouveaux grands prêtres de cette véritable religion cathodique, restés dans l’ombre des vedettes du petit écran. La vidéo, comme le
livre en son temps, aborda la dimension horizontale en se démocratisant par la conquête de tous les réseaux et tous les terminaux. Après des décennies de télévision linéaire associée à une consommation réputée passive, voici qu’une nouvelle forme d’accès
actif aux programmes s’impose. Par la force de la numérisation et de l’« internétisation » des médias et des contenus, nous avons désormais accès à une vidéothèque planétaire. Comme dans une bibliothèque en ligne personnelle extraordinaire, nous pouvons désormais piocher à loisir des vidéos aussi facilement que nos ancêtres choisissaient leurs livres bien rangés sur des rayonnages, au gré de leurs envies.

« Les plates-formes de SVOD non seulement
concurrencent les offres de VOD traditionnelles,
mais aussi rivalisent avec la télévision à péage. »

Le passage d’un système audiovisuel à l’autre – véritable révolution copernicienne nous faisant passer d’un monde centré autour de la télé du salon à un univers sans limite aux multiples étoiles – s’est fait dans une effervescence coutumière des changements de paradigme concurrentiel. Une multitude d’offres et d’acteurs d’horizons très divers se lancèrent à l’assaut de ce nouveau marché, alors même que les chaînes, en position défensive, ne furent pas les premières à se positionner : les opérateurs télécoms (Comcast, Orange), les géants de l’Internet (Amazon, Google), les industriels (Apple, Microsoft), les commerçants (La Fnac, Virgin), les distributeurs de DVD (Netflix, Videofutur), les agrégateurs (CinemaNow, Vodeo) et même les professionnels du
cinéma (Dorcel, UniversCiné). Sans oublier bien sûr la nébuleuse de plates-formes, illégales ou pas, bien installée avec leurs catalogues gratuits et très complets.
Rien qu’en 2010, on comptait plus de 600 services de VOD légaux pour la seule Europe. Cette ébullition bien réelle, n’aura été finalement qu’une phase de transition, longue et essentielle à la recomposition des modes de distribution et de consommation des contenus audiovisuels. Si le paiement à l’acte a pu se développer en raison de sa souplesse, il est clairement en perte de vitesse depuis que se généralisent les offres
de VOD par abonnement (SVOD). Marginal il y a dix ans par rapport à un marché de la VOD de plus de 5 milliards d’euros en 2012, le chiffre d’affaires de la SVOD représente aujourd’hui près de la moitié d’un marché total en forte augmentation, à près de 20 milliards (VOD et SVOD cumulées).
Avec le succès initial rencontré par des services comme Netflix ou Hulu aux Etats-Unis, les plates-formes de SVOD non seulement concurrencent les offres de VOD traditionnelles, mais aussi rivalisent avec la télévision à péage, pourtant première source de revenus du marché de l’audiovisuel. Les opérateurs de la télévision à péage eux-mêmes se sont eux aussi fortement impliqués dans le développement d’offres à la demande pour élargir la gamme des services offerts à leurs abonnés et toucher un
public nouveau. Ces services présentaient l’avantage de proposer un important catalogue et d’être plus facilement accessibles.
Cependant, malgré leur notoriété et la remise en question profonde qu’ils provoquèrent chez les acteurs historiques de la Pay-TV, les services de SVOD ne pèsent encore que faiblement sur le marché total, avec largement moins de 10 % du chiffre d’affaires cumulé Pay-TV et SVOD. Si les prix jouent en leur faveur, leur positionnement dans la chronologie des médias, les modalités d’accès aux contenus et leur capacité à détenir des droits ont longtemps fragilisé ces services à la demande face à la télévision linéaire. Véritable poil à gratter du paysage audiovisuel français, la VOD est moins une menace directe de l’industrie audiovisuelle que le symptôme de la remise en cause profonde d’un secteur déjà bousculé par les nouvelles chaînes de la TNT, sans compter les nouvelles forces que représentent la TV connectée, la Mobile TV ou la Social TV. Ensemble, ils tendent à détrôner les positions dominantes et à rebattre les cartes. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2020 » : Terminaux OTT
* Directeur général adjoint de l’IDATE.
Sur le même thème, l’institut vient de publier son étude
« Pay-TV contre SVoD : Entre complémentarité et
concurrence », par Florence Le Borgne et Alexandre Jolin

CanalPlay Infinity commence à cannibaliser les abonnés de la chaîne cryptée Canal+

Le groupe Canal+ a-t-il eu raison de lancer il y a quinze mois maintenant son service de VOD par abonnement, CanalPlay Infinity, qui dépasse aujourd’hui les 200.000 abonnés ? Ça se discute, surtout si la migration des abonnés de la chaîne cryptée vers ce service devait se confirmer.

Imaginez : la chaîne dominante du marché français de la télévision payante, premier pourvoyeur de fonds du cinéma français, filiale emblématique du conglomérat Vivendi,
la quatrième chaîne du PAF (1) serait menacée par… le groupe Canal+ lui-même !
Ce crime de lèse majesté serait le fait de CanalPlay Infinity, le service de SVOD(2) maison, lancé il y a presque un an et demi (3).
Il serait à l’origine de la baisse du nombre d’abonnés de la chaîne cryptée l’an dernier.
« En France métropolitaine, le portefeuille d’abonnements se situe à 9,68 millions, en léger repli par rapport à 2011 dans un contexte économique et concurrentiel difficile », constate en effet Vivendi dans son rapport annuel 2012 publié le 18 mars dernier.

Canal+ a perdu 80.000 abonnés en 2012
Par rapport aux 9,76 millions d’abonnés de l’année précédente, cela représente une perte de 80.000 abonnés en un an. Autre signe inquiétant : le taux de résiliation de la chaîne cryptée en France augmente sérieusement à 13,6 % en 2012, contre 12,1 % en 2011 et tout juste 11 % en 2010.
Pendant ce temps-là, CanalPlay Infinity fait le plein d’abonnés SVOD. Contacté par
nous pour connaître le nombre précis d’abonnés à CanalPlay Infinity, Patrick Holzman, directeur de CanalPlay, nous a répondu : « En 2013, on a dépassé les 200.000 ». Ce succès ne se fait-il pas au détriment de Canal+ ? « Dans les marchés européens, l’édition de services stand-alone [tels que Now TV de BskyB et CanalPlay Infinity], correspond souvent à une stratégie défensive d’acteurs nationaux anticipant la venue d’acteurs américains tels que Netflix ou Amazon. L’édition de ce type de service implique cependant un risque de cannibalisation de la clientèle des services premium », prévient l’Idate (4) dans son étude publiée en mars et intitulée « Pay-TV versus SVOD. Entre complémentarité et concurrence ».
Si CanalPlay Infinity a contribué à la croissance du nombre total d’abonnés de Canal+
sur l’année 2012, ce troisième service d’abonnement – après Canal+ et CanalSat – a aussi « permis de compenser une légère baisse du nombre d’abonnés aux bouquets Canal+, CanalSat et Canal Overseas », expliquent les auteurs de l’étude, Florence Leborgne et Alexandre Jolin (voir graphique ci-dessous). Reste à savoir s’il s’agit de compensation ou de cannibalisation de la part de CanalPlay Infinity. « Il est pour le moment trop tôt pour définir si le déclin du nombre d’abonnés Canal+ France, constaté
au quatrième trimestre 2012, correspond à un effet de cannibalisation des abonnés aux offres de chaînes linéaires par ce nouveau service », estiment les deux experts de l’Idate. Si cannibalisation il y a, elle devrait s’accélérer au cours de cette année 2013 : l’offensive marketing de CanalPlay Infinity devrait permettre d’atteindre les 300.000 abonnés dès cette année. Depuis le mois de février, est proposée une offre promotionnelle d’« essai gratuit le premier mois sans engagement » d’abonnement, lequel est ensuite de 6,99 euros par mois depuis le début de l’année sur les écrans secondaires (ordinateurs et tablettes) ou de 9,99 euros par mois pour le premier écran (télévision). C’est que CanalPlay Infinity est désormais disponible non seulement sur les box SFR, Free ou Bouygues Telecom mais aussi sur la console de jeux Xbox 360 de Microsoft, ainsi que sur ordinateurs PC et Mac ou encore tablettes iPad. A la clé : ce sont plus de 4.000 films de catalogue et séries de télévision qui sont proposés de façon illimitée, auxquels est venu s’ajouter en début d’année « Disney Movies on Demand » (5). CanalPlay Infinity va en outre arriver sur les TV connectées et les écrans dits OTT (Over-The-Top) avec une simplification de son ergonomie et l’ajout de fonctionnalités comme le « download-togo » (6) ou la recommandation personnalisée par thématiques ou genres. Le service de SVOD devrait ainsi rejoindre le service de VOD à l’acte, CanalPlay, sur les téléviseurs connectés Samsung, LG et Panasonic, voire les lecteurs Blu-ray LG. Il sera aussi proposé sur les décodeurs des abonnés CanalSat. Reste un handicap : la chronologie des médias empêche la SVOD de proposer des films récents et impose d’attendre 36 mois avant de les proposer. Mais la mission Lescure, dont les conclusions sont attendues le 15 avril, devrait y remédier. CanalPlay Infinity se fera alors encore plus menaçant pour Canal+. @

Charles de Laubier

Audience télé : TF1 adopte la « stratégie du rebond »

En fait. Le 18 mars, Nonce Paolini, PDG du groupe TF1, était l’invité de l’Association des journalistes médias (AJM). Face à 2013 qui s’annonce en recul
(- 3 % en chiffre d’affaires), il mise sur une « stratégie du rebond » entre les réseaux sociaux et l’antenne pour maintenir l’audience de la chaîne.