Lescure : « 40 ou 50 films à 2,5 mois après la salle »

En fait. Le 14 janvier, Pierre Lescure (68 ans), ancien PDG de Canal+, a été élu futur président du Festival de Cannes par le conseil d’administration de l’Association Française du Festival International du Film, où siège deux représentants de l’Etat, pour succéder à Gilles Jacob le 1er juillet prochain.

Ce que prévoit Aurélie Filippetti dans sa « grande loi » sur la création attendue avant le printemps

La ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, promet de déposer en conseil des ministres une « grande loi » sur la création « avant les élections municipales » de mars 2014 – faute de pouvoir le faire avant Noël.
Elle intègrera un « deuxième volet » consacré au numérique.

La future loi sur la création, qui sera présentée en conseil des ministres avant le printemps prochain, aura deux volets : l’un sur la création physique (1), l’autre sur la création numérique.
« A l’heure où je défends la neutralité technologique, c’est bien de pouvoir avoir une grande loi création qui embrasse aussi les aspects numériques. Mais il n’y aura pas que la réponse graduée ! », a prévenu Aurélie Filippetti le 17 octobre dernier, invitée par l’Association des journalistes médias (AJM).

Gestion collective et chronologie des médias
Faute d’avoir été intégré dans la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public, le transfert de l’Hadopi au CSA risque de faire de l’ombre aux autres mesures envisagées. « Il faut aussi avancer sur les autres sujets numériques pour montrer que le maintien de la réponse graduée transférée au CSA – j’ai supprimé en juin la coupure de l’Internet qui était disproportionnée – est une réponse parmi d’autres. Il y a aussi la piste sur le domaine public, la sécurisation des nouveaux usages créatifs et les œuvres ‘’transformatives’’, les échanges non-marchands, et la dimension offres légales. Il faut que tous ces aspects-là avancent en même temps pour que l’on puisse avoir un paquet numérique global dans un deuxième volet de la grande loi sur la création », a-t-elle expliqué.
Lorsque le CSA aura récupéré les compétences issues de l’ancienne Hadopi, la ministre compte sur lui pour mettre en place le conventionnement des sites web (2).
« Enrichir le CSA de l’idée de conventionnement est bien l’un des piliers des propositions du rapport Lescure qui a été arbitré favorablement par le gouvernement
– conventionnement au service de l’exception culturelle du numérique. Il ne s’agit pas de régulation punitive, mais incitative, au travers d’une régulation souple », a-t-elle poursuivi.
Le contenu de la loi sur la création dépend ainsi d’accords interprofessionnels préalables : la gestion collective pour la musique et la chronologie des médias pour le cinéma. « Cela marchera si, en parallèle, une offre légale se développe. J’y travaille et on essaie d’avancer sur la gestion collective qui, si la concertation interprofessionnelle ne marche pas, sera une gestion collective obligatoire pour la musique. Ce qui permettra une mise à disposition de contenus plus importante, tout en rémunérant les ayants droits. Pour le cinéma, il y a la question de la chronologie des médias : je veux que l’on avance là-dessus ; les blocages ne sont pas normaux ; il y en a trop. Il faut au moins un compromis sur la SVOD (3) d’ici la fin de l’année, sinon une disposition législative pourrait intervenir », prévientelle. Côté musique, selon nos informations, la SCPP (4) et le Snep (5) n’excluent pas de supprimer la licence légale pour la radio en cas de gestion collective obligatoire. Questionnée sur la mission qu’elle a confiée en septembre à Christian Pheline, lequel doit rendre en novembre ses conclusions sur le partage de la valeur de la musique en ligne (streaming notamment) avec les créateurs, elle a répondu : « La gestion collective, c’est une bonne piste à l’ère du numérique. Il faut avancer dans ce sens-là et je préférerais qu’on le fasse avec un accord de leur part, plutôt que par une forme de contrainte. Il y a déjà une gestion collective dans le livre [loi du 1er mars 2012 sur “l’exploitation numérique des livres indisponibles du XXIe siècle” (6), ndlr] et c’est un bon système. La gestion collective doit être obligatoire car
il faut qu’elle soit appliquée à tous si l’on veut que cela marche. Si les catalogues sont cloisonnés ou fragmentés, ce sera toujours plus facile d’aller pirater que de trouver un titre original en offre légale. Mais je ne veux pas aller plus vite que la musique ! »
Côté films, le rapport Lescure propose de passer la SVOD de 36 à 22 mois après
la sortie d’un film en salle mais il y a encore discussion sur ces 22 mois. « Je ne désespère pas : si on a réussi à trouver un accord sur la convention collective dans
le cinéma, on pourra arriver à un accord sur la chronologie des médias ! », espère la ministre.

Taxe sur les terminaux connectés pour 2014
Et d’ajouter : « Sur la VOD, pour laquelle le rapport Lescure propose des dérogations [pour rendre des films disponibles à 3 mois après leur sortie en salle, ndlr], les syndicats de producteurs de cinéma ne sont déjà pas d’accord entre eux. Le président de la République a luimême exprimé qu’il fallait faciliter l’accès à l’oeuvre par l’amélioration du fonctionnement actuel de la chronologie des médias ». Et concernant la taxe sur les terminaux connectés, « on verra comment elle pourra aboutir l’année prochaine ». Le débat parlementaire sur ce projet de loi sur la création s’annonce houleux. @

Charles de Laubier

Chaînes TV : les survivantes

Pendant des années, les professionnels de l’audiovisuel
ont joué à se faire peur, attendant que se reproduise pour la télévision le même scénario noir qui emporta les majors de la musique. Ce syndrome aurait pu entraîner une décroissance des services linéaires et de leurs services
de rattrapage, de – 4% par an sur plus d’une décennie, faute de services à la demande arrivant à compenser
cette baisse. Un tel scénario aurait été le résultat d’une combinaison de facteurs négatifs : piratage massif impossible à endiguer, succès des programmes gratuits et de Pay-TV à faible prix,
et surtout basculement de la consommation de TV linéaire vers la consommation à
la demande. Et ce, sans augmentation du temps total consacré à la vidéo.

« La TV linéaire a bien baissé de – 1 % par an entre
2013 et 2025, tandis que les services à la demande ont progressé de près de 20 % par an sur la même période. »

La catastrophe annoncée ne s’est finalement pas produite. La mutation du marché
a bien eu lieu, mais à un rythme différent : la croissance des services à la demande s’est globalement ajoutée à celui de la télévision linéaire. Cette dernière a finalement maintenu sa capacité d’attraction comme support publicitaire de masse, à laquelle s’est ajoutée la publicité qualifiée attachée à la VOD. Quant au piratage, il a été contenu grâce à la multiplication des offres légales adoptées progressivement par une génération pourtant habituée des plates-formes illégales. Et les offres à péage à bas coût se sont généralisées, séduisant les foyers jusqu’alors hermétiques aux services premium. Au final, le marché de la TV linéaire a bien connu une baisse régulière, de près de – 1 % par an entre 2013 et 2025, tandis que les services à la demande ont progressé de près de 20 % par an sur la même période. Ainsi, le « marché naturel » des chaînes – la télévision linéaire et son extension en rattrapage (replay) – s’est lentement érodé. Tandis que la croissance du secteur de l’audiovisuel provenait de segments où, par contre, les chaînes étaient soumises à une forte concurrence (VOD, SVOD, plates-formes vidéo financées par la publicité). Si la mort rapide et souvent annoncée de la TV linéaire ne se vérifiera sans doute pas avant les prochaines décennies, la lente érosion de sa position dominante suffit déjà à faire monter la pression qui est devenue insupportable pour le fragile équilibre économique de ces acteurs historiques. Au cours de ces dix dernières années, sur un marché ralenti et
aux ressources disputées, les chaînes ont dû affronter la concurrence directe avec les
« nouveaux entrants » de l’Internet. L’une des premières conséquences a été la concentration des chaînes de télévision, à commencer par les chaînes thématiques aux programmes non exclusifs (musiques, catalogues, séries, …). Les grandes chaînes, elles, sont devenues des portails qui captent l’audience en organisant des événements en direct aux heures de grande écoute, tout en proposant une programmation à la demande mais « re-linéarisables ». Pour survivre, elles ont dû investir dans la production originale leur permettant de se différencier non seulement de leurs concurrents mais aussi de leurs propres fournisseurs souvent américains. Les éditeurs de télévision rescapés ont étendu leur couverture géographique, afin d’optimiser l’exploitation des programmes, tout en soignant leur ancrage local. Pour se distinguer durablement des géants du Net, leur offre repose sur une combinaison de services gratuits et payants, leur survie tenant à leur capacité à intégrer production et gestion des droits. Seule la puissance de leur marque et de leurs exclusivités leur permettent aujourd’hui de garder le contrôle de leur portefeuille d’abonnés et d’être référencés sur tous les terminaux connectés, sans laisser la maîtrise de leur commercialisation à d’autres opérateurs.
En tant que « télénaute » multi-écrans, ma consommation audiovisuelle est majoritairement à la demande. Mes choix reposent sur les recommandations de mes réseaux sociaux. Je m’abonne à des packages de programmes complémentaires personnalisés ou paie pour des événements. La publicité étant intégrée aux programmes, finis les spots liés aux chaînes ! Je garde le direct pour de grands shows interactifs et m’informe en suivant en direct des journalistes sur le terrain (loin des studios obsolètes des JT). Surtout, j’ai une liberté totale : je peux interrompre n’importe quel programme pour le reprendre sur tous mes écrans. @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2025 » : Création collaborative
* Directeur général adjoint de l’IDATE.
Sur le même thème, l’institut vient de publier
son rapport« Future TV 2025 », par Gilles Fontaine.

Amazon et Facebook, invités vedettes du Mipcom

En fait. Le 10 octobre s’est achevé à Cannes le 29e Marché international des programmes audiovisuels (Mipcom), organisé sur quatre jours par l’anglo-néerlando-américain Reed Elsevier : 4.623 acheteurs, dont 1.000 du monde digital, et 13.500 visiteurs s’y sont pressés. Amazon et Facebook ont volé la vedette.

Pourquoi Gaumont pense du bien de la box Videofutur

En fait. Le 1er octobre, Netgem a présenté « La Box Videofutur » en OTT (indépendante des FAI), couplant télé et ciné avec fonctions de time shifting,
pour un forfait sans engagement de 10 euros par mois (+ 2,99 euros pour les
films récents de quatre mois). Parmi les six partenaires cinéma : Gaumont.