Claude Perdriel laisse derrière lui un « Nouvel Obs » exsangue et un « Rue89 » en perdition

Le patriarche de la presse française, Claude Perdriel (90 ans), va céder sa part minoritaire qui lui reste dans le capital de la société Nouvel Observateur du Monde. Il laisse derrière lui un hebdomadaire historique mal en point et un pionnier des médias en ligne devenu l’ombre de lui-même.

C’est en janvier 2014 que Le Nouvel Observateur était passé sous le contrôle du trio « BNP » – constitué par le milliardaire Pierre Bergé, l’industriel Xavier Niel (Free) et le banquier Matthieu Pigasse (Lazard). Ensemble, ils l’avaient acheté
13,4 millions d’euros à son fondateur Claude Perdriel (photo) qui en avait alors conservé 35 % (1). Outre Le Nouvel Obs, rebaptisé depuis L’Obs, l’acquisition incluait aussi le site de presse en ligne Rue89 qui avait été racheté par Claude Perdriel en décembre 2011 – il y a maintenant cinq ans.

Wild Bunch et Filmo TV sont mis en vente par Lazard

En fait. Le 30 novembre, un porte-parole du groupe Wild Bunch à confirmé notre information selon laquelle le groupe franco-allemand de distribution et de production de films, et éditeur de la plateforme Filmo TV de VOD/SVOD, a
confié un mandat à la banque Lazard « pour renforcer [ses] fonds propres ».

En clair. Selon les informations de Edition Multimédi@, le groupe de distribution et de production de films Wild Bunch – également éditeur depuis 2008 de la plateforme de VOD/SVOD Filmo TV – cherche un repreneur. Un mandat de vente a été confié à la banque Lazard, que Pierre Tattevin représente au conseil de surveillance du groupe coté à la Bourse de Francfort. Les comptes 2015 font apparaître un endettement proche de 90 millions d’euros. En début d’année, la société Wild Bunch – fondée en 2002 par d’anciens de StudioCanal que sont Vincent Maraval, Vincent Grimond et Brahim Chioua (1) – a levé 11 millions d’euros pour se restructurer. Contactée, la direction a seulement confirmé le mandat confié à la banque Lazard « pour renforcer nos fonds propres » – mais sans démentir le mandat de vente.
Basée à Berlin, le nouveau groupe Wild Bunch AG est née en 2014 du rapprochement entre la société française Wild Bunch et son homologue allemand Senator Entertainment (ex-filiale de Bertelsmann). Mais les ambitions de sa nouvelle filiale de production-distribution de séries Wild Bunch TV de devenir « un acteur international présent sur tous les canaux de distribution, de la salle jusqu’au numérique » sont dévoreuses de capitaux. Avec un catalogue de plus de 2.200 films, le groupe est aussi présent en Italie, en Espagne et en Autriche. Vincent Maraval, qui a lancé l’an dernier Insiders (2), a dû réfuter toute intention de partir de Wild Bunch.
Quant à la plateforme Filmo TV (filiale Filmoline), elle est à la peine. Pionnière de la SVOD dédiée au cinéma (1.005 films en 2015), elle se heurte aux géants tels que Netflix ou Amazon. « Filmo TV est parti trop tôt et il faut investir 100 millions d’euros pour lancer un service pan-européen de VOD/SVOD », nous a confié une personnalité du 7e Art, rappelant que Vincent Bolloré a reporté son projet de « Netflix européen ». Pour l’heure, selon le CNC (3), Harris Interactive et Vertigo, Filmo TV arrive en 15e position de la VOD en France en 2016 avec 5,6 % des consommateurs de ce type de plateformes – contre 32,2 % pour MyTF1VOD, 27,7 % Orange, et 25,8 % Netflix (voir
p. 11). Wild Bunch critique d’ailleurs la chronologie des médias jugée « anachronique ». Le groupe, qui veut « désacraliser la salle », teste en Europe la simultanéité salles-VOD et pratique le e-cinéma consistant à diffuser un film en VOD sans aller dans les salles. @

Pourquoi le groupe Casino annonce « l’entrée de Cdiscount sur le marché des médias » avec Cstream

Cdiscount avait prévenu : « Cette offre vous surprendra ! ». En lançant le 4 octobre Ctream, une plateforme de contenus en ligne (films, musiques et livres numériques), le groupe Casino (Casino, Franprix, Leader Price, Monoprix et Cdiscount) débarque en effet là où Amazon et… Xandrie ne l’attendaient pas.

Avec une fréquentation e-commerce en France qui talonne celle d’Amazon, à savoir 10,8 millions de visiteurs en moyenne par mois contre 15 millions pour le numéro un mondial (selon Médiamétrie), il aurait été dommage pour Cdiscount de ne pas en profiter. Fondé en 1998 et aujourd’hui filiale de Cnova (filiale de e-commerce du groupe Casino basée au Pays-Bas), Cdiscount rivalise avec Amazon et distance les autres sites de vente à distance en France que sont La Fnac, eBay ou encore Vente-privée, La Redoute, Carrefour et PriceMinister.

En pleine crise de la quarantaine, Apple – la marque à la pomme – lutte contre le blettissement

Fondé en avril 1976 par Steve Jobs dans la maison familiale de Los Altos (Californie), Apple – qui devint une société en janvier 1977 – est en pleine crise
de la quarantaine. La marque à la pomme va devoir mûrir sans devenir… blette, en misant sur les services en ligne pour compenser la chute des ventes d’iPhone.

Apple est en passe d’être déchu du titre de première capitalisation boursière mondiale. Alphabet, alias Google,
a déjà réussi par deux fois depuis le début de l’année de relégué la marque à la pomme en seconde position. Le 26 mai dernier, la valorisation boursière d’Apple était de 550 milliards de dollars (à 100 dollars l’action), contre 505 milliards de dollars (à 736 dollars) pour la maison mère de Google. Le fabricant d’iPhone a quand même perdu pas loin d’un tiers de sa valeur par rapport aux 130 dollars atteints durant l’été 2015 (1). Cette « spirale baissière », comme disent les analystes financiers, risque de se poursuivre.

Le smartphone suscite l’intérêt des producteurs TV

En fait. Du 4 au 7 avril s’est tenu à Cannes le 52e Marché international des programmes de télévision (MipTV), organisé par Reed Elsevier qui parle de
« contenus TV & digitaux ». Le téléphone mobile – le plus répandu des écrans audiovisuels, surtout chez les jeunes – suscite de nouvelles stratégies.

En clair. Vivendi a annoncé durant le MipTV le lancement en septembre prochain de séries créées spécialement pour les smartphones. Cette offre, baptisée Studio+, sera constituée de séries de formats courts et d’une application pour mobiles pour les diffuser. C’est Dominique Delport, qui a remplacé Rodolphe Belmer (ex-DG de Canal+) à la présidence de la filiale Vivendi Contents, qui pilote cette initiative tournée vers la jeune génération. Il a précisé que chaque série sera dotée d’un budget de 1 million d’euros, pour dix épisodes de 10 minutes chacun – d’une qualité d’image qui n’a rien
à envier à celle de la télévision. Ces productions, au nombre de près d’une centaine, seront vendues dans le monde entier, en partenariat avec des opérateurs télécoms. Studio+ a déjà à son catalogue des dizaines de séries courtes telles que « Madame Hollywood », « Urban Jungle », « Kill Skills », « Amnesia » ou encore « Blanca ». Vivendi n’est pas le seul groupe de médias à s’intéresser aux smartphones comme écran de films très courtsmétrages. Le groupe américain Vice Media, qui était présent au MIPDigital Fronts dédié aux productions en ligne et aux MCN (1), veut aussi développer des productions originales notamment pour téléphones mobiles et tablettes très prisés des jeunes. Son fondateur Shane Smith va lancer une douzaine de chaînes « Viceland » en Europe. En France, c’est Matthieu Pigasse, vice-président de la banque Lazard en Europe et propriétaire (2) du magazine Les Inrockuptibles, de Radio Nova et d’un tiers du groupe Le Monde, qui assure son lancement à l’automne prochain sur CanalSat.
Autre groupe américain : Viacom, qui détient les studios hollywoodiens Paramount, est lui aussi en quête de nouveaux programmes numériques où le mobile sera bien pris en compte. C’est l’un des nouveaux objectifs de Philippe Dauman, son PDG franco-américain, pour transformer Viacom.
Selon une étude d’Eurodata TV Worldwide, organisme international créé par Médiamétrie, la télévision se regarde de plus en plus sur les autres écrans et en différé. Le smartphone rivalise avec le téléviseur. En France, le téléphone mobile et la tablette progressent depuis 2014, tandis que le téléviseur et l’ordinateur sont stables. Les Français sont désormais plus nombreux à utiliser quotidiennement le téléphone mobile (61,2 %) que l’ordinateur (59,3 %). @