E-pubs : des éditeurs s’engagent à « limiter la gêne »

En fait. Le 21 mars, les sites web du Monde, du Figaro, du Parisien, de L’Express, de L’Equipe et d’autres encore, membres du Groupement des éditeurs de contenus et de services en ligne (Geste), ont lancé une action pour stopper les adblockers en leur promettrant de rendre l’e-pub moins… « gênante ».

En clair. « Bonjour. Vous utiliser un bloqueur de publicité. C’est votre droit », affiche
par exemple L’Express avec accolé un logo d’une main barrée en guide de « Stop »,
le tout sur un large bandeau rouge vif agressif affiché en plein milieu de la page web consultée. Et Lexpress.fr d’expliquer qu’il est « un site d’information en temps réel, auquel travaillent une centaine de personnes ». Et de tenter de faire comprendre au bloqueur de publicité en ligne les conséquences de son acte : « Chaque mois, nous vous donnons accès à 10 articles gratuits. Ces articles sont payés par la publicité.
Sans cette publicité, qui finance notre équipe mais aussi le développement du site,
son amélioration constante, sur ordinateur comme sur mobile, L’Express ne peut pas vivre ».
Deux options sont alors proposées à l’internaute, lequel hésite entre bienveillance et culpabilité. « Mais si, à la place, vous… choisissiez notre formule 100 % numérique et son affichage publicitaire limité et non intrusif ; … [ou] désactiviez partiellement votre bloqueur de publicité pour naviguer tranquillement sur notre site ». Les autres sites de presse en ligne ont chacun adapter ce panneau d’avertissement en fonction de leur sensibilité. A l’internaute, l’éditeur anti-adblocker propose alors une contrepartie :
« En échange, en relation avec les agences [de publicité] et les annonceurs, L’Express s’engage à limiter au maximum à l’avenir la gêne occasionnée par l’affichage publicitaire ». Le Figaro, lui, bloque sans effort de pédagogie l’accès à son site web. Cette campagne surprise devait se poursuivre jusqu’au 27 mars. La presse française n’est pas la première à faire barrage aux adblockers de plus en plus nombreux (1). Le quotidien allemand Bild, du groupe Axel Springer, est le pionnier en Europe dans ce type de campagne anti-adblockers. D’autant que la société allemande Eyeo est l’éditeur du numéro des logiciels de blocage de publicité, Adblock Plus. A l’issue d’une première expérience en octobre 2015, le DG et président du directoire d’Axel Springer, Mathias Döpfner, avait affirmé que « plus des deux tiers des utilisateurs qui utilisaient un adblocker l’avaient désactivé ». Revers de la médaille : cela démontre que les internautes sont majoritairement favorables à la gratuité de la presse en ligne et qu’ils ne sont pas disposer à payer pour éviter l’e-pub en s’informant. @

Numéros surtaxés : moins de 1 milliard d’€ en 2015

En fait. Depuis le 1er octobre, la tarification des appels à destination des numéros spéciaux commençant par 08 et des numéros courts a évolué pour être « plus simple et plus transparente ». Ces services vocaux « à valeur ajoutée » ont généré plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2014.

En clair. C’est un peu le «Minitel vocal » d’aujourd’hui. Alors que les services vidéotex sur les anciens terminaux de l’ex- France Télécom avaient générés près de 1 milliard d’euros à leur apogée en 1998, les services vocaux à valeur ajoutée (SVA) – ces numéros commençant par « 08 » ou des courts commençant par « 3 » et pour la plupart surtaxés (http://infosva. org) – ont pris le relais et génèrent aujourd’hui encore un peu plus de 1 milliard d’euros (1). Mais l’apogée de ces services vocaux est déjà
loin : plus de 2,07 milliards d’euros en 2006 (hors services de données sur mobile de type Gallery, jeux télé ou encore téléchargement de sonneries).
Le pactole s’érode d’année en année sous les coups de butoir d’Internet et des applis mobiles. La baisse est continue, bien que l’année 2014 affiche une quasi stagnation à un peu plus de 1 milliard d’euros. Va-t-on néanmoins vers l’extinction à long terme de ces numéros spéciaux du kiosque de la « télématique vocale », comme pour le Minitel qui a été arrêté le 30 juin 2012 après 30 ans de bons et loyaux (quoique) services ?
« La baisse du volume de minutes vers les services à valeur ajoutée en 2014 (- 4 %
en un an) est due à l’érosion de ces services au départ des postes fixes (- 6,2 % par rapport à 2013) » (2), constate l’Arcep. En revanche, le volume des minutes au départ des mobiles progresse encore (+ 2,7 %) malgré là aussi une érosion certaine depuis 2006. Résultat, en valeur cette fois : le revenu des services vocaux au départ des clients des opérateurs fixes atteint 515 millions d’euros en 2014, soit une baisse en valeur de – 3,7 % en un an.
Et, selon les dernières données de l’Arcep publiées cet été, cette érosion du chiffre d’affaires s’est poursuivie au premier trimestre de cette année (- 8 %) – toujours
dans les services vocaux « fixe ». Quant au revenu des services vocaux au départ
des mobiles, il progresse l’an dernier de + 6,3 % sur un an à 494 millions d’euros.
Mais cette embellie n’est que passagère car il enregistre déjà un recul de – 6 % au premier trimestre 2015. Au total, les services vocaux totalisent un peu plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2014 (voir graphique p. 10). Avec l’érosion en cours,
le marché des SVA devrait passer cette année sous la barre du milliard d’euros.
Il est peu probable que la réforme tarifaire en vigueur depuis le 1er octobre inverse
la tendance. @