Audience télé : TF1 adopte la « stratégie du rebond »

En fait. Le 18 mars, Nonce Paolini, PDG du groupe TF1, était l’invité de l’Association des journalistes médias (AJM). Face à 2013 qui s’annonce en recul
(- 3 % en chiffre d’affaires), il mise sur une « stratégie du rebond » entre les réseaux sociaux et l’antenne pour maintenir l’audience de la chaîne.

En clair. « Nous nous inscrivons dans la stratégie du rebond, où l’antenne renvoie vers les réseaux sociaux et les réseaux sociaux renvoient vers l’antenne, comme le fait The Voice », a expliqué Nonce Paolini, patron de TF1. Le nouveau show musical de la chaîne, lancé il y a un an (1), constitue pour lui un exemple à suivre en termes de combinaison antenne-digital pour maintenir, voire augmenter, l’audience de l’année. « Il y a désormais un engagement du public avec Twitter ou bien MyTF1 Connect. Par exemple, jouer le coach de The Voice permet ce rebond », a-t-il précisé. Cette fonctionnalité interactive fait partie de MyTF1 Connect, une rubrique en ligne lancée en février dernier pour permettre aux télénautes d’interagir avec l’antenne et l’émission en cours de diffusion. MyTF1 Connect propose ainsi une sélection de tweets en lien avec le programme, des contenus supplémentaires synchronisés avec le live (coulisses, bonus vidéo, jeux, …). La fonctionnalité Instant Replay permet, en outre, de sélectionner une séquence au choix puis de la diffuser sur les réseaux sociaux par un simple clic. « The Voice et le numérique, via les réseaux sociaux, le replay vidéo ou encore le spectacle vivant (2) permettent aussi des revenus complémentaires », s’est félicité Nonce Paolini. Les annonceurs, qui veulent cibler les « femmes de moins de 50 ans responsables des achats » (The Voice ayant 47 % de part d’audience), ont en effet trois possibilités : être présents dans la promotion du jeu, devenir partenaires d’Instant Replay, ou passer par Ad’Connect (publicité synchronisée sur second écran).
La plupart des fonctionnalités de MyTF1 Connect seront généralisées à tous les programmes, dont les divertissements, le sport et l’information. Nonce Paolini espère que cette « stratégie du rebond » profitera, dès 2013, à l’ensemble de la chaîne. L’interactivité accrue avec l’antenne et MyTF1 devrait contribuer encore cette année à la forte croissance du chiffre d’affaires de e-TF1, qui a fait un bond de près de 20 % l’an dernier
à 101,2 millions d’euros pour un résultat opérationnel de 18,3 millions d’euros.
Par ailleurs, interrogé par EM@ en marge de son intervention, Nonce Paolini nous a indiqué qu’« il n’y avait, hélas, pas de discussion avec M6 et Canal+ » sur l’idée d’une plateforme commune de SVOD et de replay, pour contrer l’arrivée prochaine des Amazon et Netflix. @

Télévision de rattrapage : les producteurs de cinéma s’apprêtent à renégocier avec Orange

Les organisations du cinéma français doivent rencontrer avant fin septembre France Télécom pour renégocier leur accord sur la catch-up TV, lequel arrivera
à son terme en novembre prochain – deux ans après sa signature le 10 novembre 2009. Le sort des mobinautes sera au cœur des discussions.

Selon nos informations, c’est fin septembre que les organisations du cinéma français
– le Bloc (1), l’ARP (2) et le Blic (3) – engagent de nouvelles négociations sur la
télévision de rattrapage avec France Télécom. Le premier accord, en vigueur depuis
le 10 novembre 2009, avait été signé pour deux ans, dans le cadre des engagements d’investissement d’Orange Cinéma Séries dans le cinéma français. Bien que les obligations de France Télécom visà- vis du Septième Art aient été signées sur cinq ans (jusqu’en décembre 2013), l’accord sur la télévision de rattrapage avait été limité à deux ans (jusqu’en novembre 2011).

Le marché de la télévision de rattrapage s’organise

En fait. Le 5 juillet, France Télévisions a lancé Pluzz, son service gratuit de télévision de rattrapage commun à l’ensemble des chaînes publiques. Il s’agit
d’un « player » unique. Selon TV-Replay, 64 % des programmes des principales chaînes françaises sont déjà proposés en catch up TV.

En clair. Les télévisions se déchaînent et les téléspectateurs s’affranchissent de la grille. La catch up TV, qui permet de (re)voir une émission, un « JT », un épisode d’une série, un documentaire ou encore un film après qu’ils aient été diffusés à l’antenne, s’impose aux chaînes. Pluzz rejoint ainsi M6 Replay, Canal+ à la demande, Arte+7 et TF1 Player/MyTF1/WatTV sur le marché prometteur de la télévision de rattrapage. D’autant qu’au-delà de quelques jours après l’antenne, sept pour Pluzz, le visionnage devient payant. Sans compter les recettes publicitaires des spots placés en début et milieu de vidéo, dont les tarifs sont jusqu’à dix fois plus chers que de simples bannières. France Télévisions passe ainsi à la vitesse supérieure après avoir fait ses premiers pas avec Orange, dans le cadre d’un accord exclusif de deux ans. Contesté jusque devant l’Autorité de la concurrence (1) (*) (**) et par le rapport Hagelsteen remis au Premier ministre en janvier dernier (EM@5 p. 3), cet accord décrié avait finalement été toléré mais limité dans le temps. L’exclusivité France Télévisions- France Télécom autour d’un service baptisé « 24/24 TV » (ex- Rewind TV) s’est en effet terminée le 21 avril. Mais cela n’empêche pas Xavier Couture, le patron des contenus d’Orange, de continuer à négocier le groupe audiovisuel public, pour proposer Pluzz aux 3 millions d’abonnés télévision via l’ADSL.
« Nous négocions avec France Télévision un accord [non exclusif cette fois, ndlr] de catch up TV, qui pourrait porter sur trois ans », avait-il répondu mi-juin à Edition Multimédi@, lors d’un déjeuner de l’Association des journalistes médias (AJM). Maintenant que Pluzz permet de centraliser les différés des chaînes France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO, France Télévisions est mieux à même de nouer des partenariats tous azimuts. Au-delà des fournisseurs d’accès à Internet, comme Free qui proposera Pluzz dès septembre, des accords peuvent être noués avec des « guides »
de télévision de rattrapage comme TV-Replay (ex- TVàrevoir). Créé en 2007 sur le site web Totalvod, TV-Replay a fait l’objet le 18 juin d’un jugement favorable à la suite d’une plainte de M6 l’accusant de concurrence déloyale et de « parasitisme ». La concurrence rend fébrile. Il y a un an, M6 avait négocié avec TF1 et Canal+ la création d’une plateforme commune de catch up TV pour parer à l’arrivée prochaine en Europe de l’américain Hulu, pionnier en la matière. Les chaînes historiques craignent cette nouvelle concurrence. @