Comment le gouvernement pourrait aider la RNT

En fait. Le 12 juin, le Syndicat interprofessionnel des télévisions et radios indépendantes (Sirti) s’est félicité que le CSA ait reçu 178 candidatures pour
la radio numérique terrestre (RNT) à Paris, Marseille et Nice, malgré le boycott
des grandes radios privées. Aux pouvoirs publics d’agir.

En clair. « Nous avons pris rendez-vous avec le gouvernement pour demander aux pouvoirs publics d’apporter clairement leur soutien au lancement de la RNT. Il faut maintenant un coup de pouce du gouvernement, de la part des ministères de la Culture
et Communication, de l’Economie numérique et du Redressement productif », a indiqué
le président du Sirti, Philippe Gault, qui attend beaucoup du projet de loi audiovisuelle
qui sera débattu avant le printemps 2013. Le syndicat des radios indépendantes a
aussi évoqué plusieurs aides financières possibles qui viendraient consolider le modèle économique de la RNT basé sur la gratuité financée par de la publicité. « L’une des pistes serait de faire basculer vers la RNT tout ou partie des 150 millions d’euros du fonds d’aide au passage au tout numérique de la TNT, somme non utilisée par le GIP France Télé Numérique [sur un total de 326 millions d’euros inscrit au plan initial de juin 2009, ndlr] », explique Mathieu Quétel, vice-président du Sirti. D’autant que ce fonds d’aide n’est plus utilisé depuis le 30 mai 2012. Autre piste : « Le CNM, dont le Sirti est un des signataires, pourrait contribuer à la RNT qui, comme s’en est félicité le Snep (1), va contribuer à la diversité musicale », indique Philippe Gault. Le Sirti souhaite en outre l’instauration d’un crédit d’impôt en faveur des PME que sont souvent les radios indépendantes. Et comme pour la TNT, il souhaite que le gouvernement incite les équipementiers (2) à prévoir des composants « RNT » dans les nouveaux récepteurs radio.
En attendant, le CSA (3) se retrouve entre deux feux. D’un côté, le Bureau de la Radio est opposé à la RNT et défend les intérêts des groupes privés de radios nationales Lagardère (Europe 1, Virgin Radio, RFM), NextRadioTV (BFM, RMC), NRJ (NRJ, Nostalgie, Chérie FM, Riche & Chansons) et RTL (RTL, RTL2, Fun Radio). De l’autre, le Sirti est pour la RNT et représente 153 membres, essentiellement des radios (une quinzaine de télévisions), parmi lesquels des porteurs de nouveaux projets en RNT (Trace Radio, Lounge Radio, Oui FM Collector, Ma Génération, Météo Life, …). Le Bureau de la Radio ne croit pas en l’avenir de la RNT mais à la radio sur IP, notamment sur les réseaux très haut débit (4G et fibre). Le Sirti, lui, considère la radio sur IP comme une simple « vitrine », pas plus, les “webradios” dépourvues de modèle économique viable. @

Onde numérique estime avoir ses chances face à TDF

En fait. Le 29 mai, le président de Onde numérique, Franz Cantarano, explique
à Edition Multimédi@ que son dossier de candidatures pour la distribution de bouquets de radios numériques dans la bande L présente des avantages par rapport au projet concurrent porté par la filiale Mediamobile de TDF.

En clair. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) devra choisir cet été entre la petite société toulousaine Onde numérique et l’ancien monopole public de radiodiffusion TDF. Les deux candidats à la distribution de bouquets de radio numériques dans la bande L, dont les dossiers ont été déclarés recevables en avril dernier, ressemblent au combat entre David et Goliath. Le régulateur de l’audiovisuel, qui devrait prendre sa décision à la rentrée de septembre pour un démarrage des services fin 2013, est face à un dilemme : les deux dossiers de candidatures semblent aussi bien ficelés l’un que l’autre. Faut-il favoriser un nouvel entrant ou miser sur l’opérateur historique ?
Contacté par Edition Multimédi@, le président d’Onde numérique, Franz Cantarano,
a expliqué que « contrairement à TDF, [son] projet fait la part belle à de nouveaux programmes avec la création de plusieurs dizaines de radios thématiques » en plus des stations rediffusées comme Europe 1, celles de Radio France, Ouï FM ou encore Radio classique. Le flux audio de BFM TV (NextRadioTV) sera également diffusé. Tandis qu’un label musical, dont le nom n’est pas divulgué, aura sa propre radio : une première ! Le tout à partir de 6 euros par mois. Son projet ne se limitera pas, à la différence de Mediamobile, à la diffusion sur les véhicules puisque son bouquet sera d’abord disponible à domicile en 3G et WiFi dès 2013 pour dans les voitures en RNT et satellite dès 2013 (1).
De son côté, Mediamobile, qui compte notamment Renault dans son capital, a constitué une association – « La Radio Numérique en Bande L ». Son projet de bouquet inclura jusqu’à 30 radios déjà existantes avec différents services tels que radio de rattrapage, mise en pause d’un programme, recherches thématiques, affichage de données associées (2). « Le bouquet média reposera également sur l’offre ”Lire en conduisant” avec une sélection de la presse écrite et des livres numériques restituée par synthèse vocale », précise Mediamobile. Pour le prix (50 à 100 euros), « les constructeurs automobiles intégreront l’accès au service dans le prix de vente de l’équipement de réception ». Si Mediamobile devait l’emporter, TDF – déjà en position dominante dans
la diffusion audiovisuelle en France – serait ainsi présent à la fois dans la RNT gratuite (bande III) et dans la RNT payante (bande L). Au CSA d’en décider. @

La radio est à la musique ce que la salle est au cinéma

En fait. Le 23 mai, le Snep – qui représente notamment les majors de la musique – a publié les chiffres du marché de la musique enregistrée au premier trimestre 2012 : numérique + 24 % à 32,6 millions d’euros, physique – 13 % à 83,1 millions. Un satisfecit décerné à l’Hadopi. Un blâme adressé aux radios.

En clair. Si les radios restent encore les privilégiées en tant que « première fenêtre » de diffusion des nouveautés musicales produites par la filière, elles ne satisfont pas du tout les producteurs de musique. En dressant l’état du marché français de la musique enregistrée pour le premier trimestre, le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) en a profité pour reprocher aux radios de ne pas suffisamment diffuser de nouveautés francophones. « La situation est alarmiste et nous allons interpeller les pouvoirs publics sur le fait que 7 % des titres envoyés aux radios représentent les trois-quarts de leurs diffusions. Il y a matraquage au détriment de la diversité musicale », déplore David El Sayegh, directeur général du Snep. Pour le syndicat des majors du disque (1), le CSA (2) n’y remédie pas. « Cette absence de diversité nous tue autant que la piraterie. (…) Il faut une modification législative », lance-t-il (3). Quant au président du Snep, Denis Ladegaillerie, par ailleurs directeur général du label Believe Digital, il rappelle que « la radio est le premier média de prescription pour la musique » et que « si un titre est diffusé à la radio, ses ventes augmentent aussi sur Internet ». Est-ce à dire que les producteurs de musique continuent à trop privilégier la radio pour la diffusion de leurs nouveautés au détriment d’autres médias comme le Web ? Autrement dit : la radio est-elle à la musique ce que la salle est au cinéma ? « S’il y a chronologie des médias dans la musique, la durée de diffusion d’un titre à la radio est de plus en plus courte : un mois environ, pas plus », répond David El Sayegh à Edition Multimédi@. Alors que pour les films, la première de diffusion est de quatre mois pour les salles de cinéma. « J’aimerais bien que YouTube lance des titres nouveaux comme le font les radios, mais YouTube veut rester un hébergeur et non pas devenir éditeur [avec les responsabilité plus lourde que cela comporte vis-à-vis du piratage, ndlr] », regrette pour sa part Denis Ladegaillerie. Sur le Net, il n’y a d’ailleurs pas de quotas de diffusion (lire EM@56, p. 3). Le Snep espère en tout cas que la radio numérique terrestre (RNT), pour laquelle il se dit favorable, « ouvrira la voie à la diversité ». Or les grandes radios (4) n’en veulent pas. Décidément, le torchon brûle entre les majors et les grandes stations… @

La RNT est promise pour début 2013 dans 23 villes

En fait. Le 26 avril, est parue au J.O. la décision du CSA de relancer jusqu’au 31 mai prochain l’appel à candidatures de 2008 pour la radio numérique terrestre (RNT) sur les villes de Paris, Marseille et Nice. Et un autre appel à candidatures est prévu mi-mai pour vingt autres grandes agglomérations.

En clair. Les promesses n’engagent que ceux qui les font… Initialement, la RNT était prévue en France pour fin 2008 ! Le gouvernement Sarkozy et l’actuel président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Michel Boyon, l’avaient ensuite promise en
2009 « pour Noël » sur Paris, Marseille et Nice. Le régulateur avait – sur 377 dossiers de candidatures – accordé cette année-là des autorisations RNT à 160 radios dans ces trois villes (55 sur Paris, 41 sur Marseille et 40 sur Nice). Parmi les heureux élus : Lagardère (Europe 1 Sport), RTL (RTLL’Equipe) et TF1 (LCI Radio). Parmi les perdants : NRJ, NextRadioTV et Les Echos. Mais la crise économique et la baisse des recettes publicitaires ont contrarié les ambitions des réseaux de radios vivant de recettes publicitaires. Le Bureau de la radio, regroupant RTL, NRJ (1), Europe 1 et NextRadioTV (RMC et BFM Business), ont demandé ensuite un moratoire de 18 mois. Le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti (2)) et le Syndicat national des radios libres (SNRL), lequel teste la RNT à Nantes de puis deux ans, exigent en revanche le lancement rapide de la RNT. Cette fois, après quatre ans de valses-hésitations, le CSA – pressé devant le Conseil d’Etat par le Sirti – a décidé de relancer la RNT à Paris, Marseille et Nice et même de l’élargir à 20 autres grandes agglomérations. La RNT sera alors à même de couvrir un total de plus de 60 % de la population. Le Bureau de la Radio dénonce « le passage en force » du CSA « dans les villes où l’offre de radio est déjà très large » mais sans « aucune étude d’impact sérieuse (…) sur l’effet de ce lancement sur le marché publicitaire de la radio et les charges d’exploitation des opérateurs ». Et les quatre groupes privés (RTL, NRJ, Europe 1, NextRadioTV) d’ajouter : « La question de la norme est ignorée par le CSA, alors qu’une consultation publique est en cours [jusqu’au 20 mai, ndlr] pour rechercher une alternative au T-DMB » (3). En revanche, le Sirti « salue la décision du CSA » et oppose aux « quatre groupes multimédias retranchés dans un mal nommé ’’Bureau de la Radio’’ » le souhait de 800 autres radios en France de « prendre part au lancement de la RNT ». Le Sirti rappelle en outre être opposé à la RNT payante (4) pour laquelle le CSA doit maintenant choisir entre TDF/Mediamobile (association La Radio numérique) et Onde numérique. @

RNT : cherche norme moins coûteuse désespérément

En fait. Le 6 avril, le ministre de la Culture et de la Communication (DGMIC) et
le ministre chargé de l’Economie numérique (DGCIS) ont lancé une consultation publique – jusqu’au 20 mai – sur les normes de la radio numérique, notamment
sur la norme DAB+ que souhaite ajouter le CSA pour la RNT.

En clair. D’une norme moins coûteuse à déployer dépendra la viabilité économique
de la radio numérique terrestre (RNT). Avant de répondre à la demande du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), lequel lui a demandé en décembre 2011 d’ajouter
le DAB+ comme nouvelle norme pour la radio numérique terrestre (RNT), le gouvernement préfère consulter. Il s’agit de savoir si la norme DAB+ doit être autorisée « en complément ou en substitution du DMB déjà autorisé » par l’arrêté du 3 janvier 2008. « Le DAB+ offre la même qualité audio que la norme DMB déjà autorisée dans les bandes III et L, mais permet, comparativement, d’accroître le nombre de radios par multiplex diffusé et de réduire ainsi le coût de diffusion de chacune d’elles », expliquent en effet la DGMIC (1) et la DGCIS (2). Mais le gouvernement rappelle que l’arrêté de 2008 ne se limite pas la norme DMB (appelée aussi T-DMB) et à la radio numérique par voie hertzienne terrestre. Sont également autorisées : les normes DVB-H et DVB-T pour la diffusion par voie hertzienne terrestre de services de radio numérique à destination des récepteurs de télévision numérique terrestre (bandes de fréquences IV et V) ; la norme DRM par voie hertzienne terrestre de services de radio en ondes longues, moyennes et courtes (fréquences inférieures à 30 MHz) ; les normes DVB-SH (bandes L et S) et ETSI SDR (bande L) pour la diffusion radiophonique par voie hybride satellitaire et terrestre des services de radio. Par exemple, Jean-Paul Baudecroux, le président fondateur du groupe NRJ, a indiqué à Edition Multimédi@ (n°55, p. 3) que la norme DVB-T était appropriée pour lancer la RNT à moindre coût.
Ce débat technique intervient au moment où le CSA s’est engagé le 30 mars dernier devant le Conseil d’Etat – saisi en référé par le Syndicat interprofessionnel des radios
et télévisions indépendantes (Sirti) – à ré-ouvrir l’appel aux candidatures dès avril sur Paris, Marseille et Nice où des radios avaient obtenu des fréquences au printemps
2009 (entre 40 et 50 stations selon les zones). Le CSA sélectionnera les candidats avant l’été et délivrera les autorisations aux radios fin octobre 2012. Les premières émissions de RNT pourraient ainsi démarrer d’ici le début 2013. Le CSA s’est en outre engagé à ce que ces autorisations de RNT gratuite soient délivrées avant celles du bouquet de RNT payant (3). @