Le lancement de Radio France en RNT (radio numérique terrestre) serait déterminant

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) vient, en janvier, de remettre au gouvernement et au parlement son rapport sur la radio numérique terrestre (RNT), laquelle est lancée à Paris, Marseille et Nice depuis l’été dernier. Son avenir serait conforté si Radio France rejoignait les pionniers.

« A défaut d’avoir l’adhésion des grands groupes privés radiophoniques [RTL, Europe1/Lagardère Active, NRJ, BFM/ NextradioTV], le rôle du service public dans le déploiement de la radio numérique apparaît en France, comme en Europe, être un enjeu important », affirme le CSA dans son rapport rendu public le 21 janvier dernier (1). Un projet circulait depuis mi-décembre accompagné de six questions auxquelles les professionnels concernés devaient répondre jusqu’au 9 janvier.

Le groupe RTL trouve « intéressant » Dailymotion…

En fait. Le 25 novembre, Guillaume de Posch, co-directeur général de RTL Group a indiqué à Edition Multimédi@ – en marge d’un déjeuner de l’Association des journalistes médias (AJM) dont il était l’invité – qu’il trouvait « intéressante » la plafeforme Dailymotion avec laquelle son groupe a eu des contacts.

En clair. « Nous avons eu des contacts avec Dailymotion. C’est une plateforme intéressante », nous a confié en aparté Guillaume de Posch, co-directeur général de RTL Group, à la fin du déjeuner de l’AJM, répondant à notre question de savoir si son groupe pourrait être l’investisseur partenaire que recherchent Dailymotion et sa maison mère Orange depuis plus d’un an pour conquérir l’Amérique. D’autant que le groupe luxembourgeois, maison mère de M6 et de RTL en France, est présent aux Etats-Unis (via sa filiale de production audiovisuelle FremantleMedia) et partenaire du network américain CBS – notamment en Asie (1).

Radio sur IP et RNT : deux écosystèmes se font entendre

En fait. Le 13 octobre, se sont tenues les 4e Rencontres Radio 2.0 Paris, organisées autour des webradios à la Maison de la Radio (Paris) – dans le mythique Studio 105 – par ActuOnda et Les Editions de l’Octet. Le même jour, l’Alliance pour la RNT était lancée par le Sirti, le SNRL et WorldDMB.

En clair. Deux conceptions de la radio numérique s’affrontent plus que jamais en France pour savoir quel modèle radiophonique l’emportera et aura les oreilles attentives des auditeurs. La radio sur IP, qui regroupe les webradios, les smart radios et les services en ligne de streaming audio, est-elle complémentaire ou substituable à la
radio par voie hertzienne, laquelle est notamment diffusée sur la bande FM ou plus récemment sur la RNT ? Au moment où le CSA (1) s’apprête, pour cet automne, à rendre au Parlement (avec un an de retard) son rapport sur l’avenir numérique de la radio en général et de la RNT en particulier, deux mondes de la radio se constituent peu à peu. D’un côté, plusieurs milliers de webradios ont opté pour un écosystème de radios sur IP – gratuites et financées par la publicité en ligne ou payant sous la forme d’abonnements (c’est selon). De l’autre, une centaine de radio hertziennes en RNT pour l’instant – elles aussi gratuites et financées par la publicité – se sont lancées dans le numérique hertzien avec meilleure qualité que la FM. D’un côté, les grands groupes privés Lagardère, RTL Group, NRJ Group et NextRadioTV – rejoint par Radio France (hôte des Rencontres Radio 2.0) – préfèrent la radio sur IP à la RNT qu’ils considèrent comme non viable économiquement. De l’autre les radios indépendantes (membres du Sirti ou du SNRL), dont une centaine émettent sur Paris, Marseille et Nice où le lancement de la RNT a eu lieu le 20 juin – en attendant que le CSA lance de nouveaux appels à candidatures sur d’autres agglomérations.
Le 22 septembre dernier, le SNRL dénonçais « le silence assourdissant » du CSA et du gouvernement (2). De leur côté, les quelque 12.000 webradios en France organisent leur foisonnement : l’OJD (3) certifie chaque mois depuis un an l’audience des radios diffusées sur Internet ; Kantar Media établit un baromètre de la Radio 2.0. Mais le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti), le Syndicat national des radios libres (SNRL) et l’organisation professionnelle internationale WorldDMB n’en démordent pas : « La RNT constitue la continuation numérique logique de la radio hertzienne : elle garantit la gratuité, l’anonymat et le caractère illimité de l’écoute du média, offre une nouvelle expérience de la qualité sonore, développe l’interactivité et permet de renforcer le pluralisme des programmes ». @

La RNT attend toujours le soutien des pouvoirs publics

En fait. Le 22 septembre, le Syndicat national des radios libres (SNRL) s’est étonné – trois mois après le lancement historique de la radio numérique terrestre (RNT) à Marseille, Nice et Paris (soit 20 % de la population française couverte) – du « silence assourdissant » du CSA et du gouvernement.

En clair. La RNT semble moribonde en France, alors qu’elle bénéficie des encouragements des pouvoirs publics dans d’autres pays européens, voire ailleurs dans le monde. Le WorldDMB, chargé de promouvoir la technologie DAB à l’international, le démontre dans le suivi des déploiements. Mais en France, ni le groupe public Radio France (donc l’Etat actionnaire), ni les grands groupes privés Lagardère, RTL Group, NRJ Group et NextRadioTV ne participent à son lancement, estimant la RNT non viable économiquement. Ils font bande à part (1). C’est donc à reculons que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) s’est résolu au bout de cinq ans (2) à lancer la première étape sur les villes de Nice, Marseille et Paris, sans que l’on ne sache quand seront lancés les prochains appels d’offres pour les autres villes.

Comment Libération va mettre le web avant le papier

En fait. Le 16 septembre, trois dirigeants du journal Libération – Laurent Joffrin (Directeur de la publication et de la rédaction), François Moulias (président du directoire) et Pierre Fraidenraich (directeur opérationnel) – étaient les invités
de l’Association des journalistes médias (AJM). Déclarations.

En clair. Libération est le premier quotidien français à inverser la vapeur. Désormais, le site web du journal, Liberation.fr, sera désormais « la priorité » éditoriale. « On change complètement la logique : chaque service de la rédaction va animer son propre site avec sa page d’accueil. Dans les contenus que l’on mettra en ligne, il y aura une partie qui sera utilisée pour faire le quotidien [imprimé] », a expliqué Laurent Joffrin, précisant qu’il y aura ainsi « six sous-sites web » et que « les scoops seront gérés au cas par
cas ». C’est donc la fin de la dominance du papier et un recentrage de la production sur le Web, sous la houlette du « numéro un bis » Johan Hufnagel (cofondateur de Slate.fr
et ancien de 20minutes.fr). Il ne s’agit pas, assure-t-il, de faire travailler les journalistes trois fois plus, mais de « tout mettre en ligne » en proposant du gratuit et du payant
« au compteur » (metered paywall).