Patrice Gélinet, membre du CSA : « Sans Radio France et France Médias Monde, la RNT ne peut réussir »

Au sein du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), dont il est membre, Patrice Gélinet préside le groupe « Radios analogiques et numériques ». Pour EM@, il fait le point sur la RNT. Un deuxième appel à candidatures est prévu début juin. Le gouvernement pourrait donner cette fois le feu vert à Radio France.

Jean-Paul Baudecroux vient d’avoir 70 ans et la question de sa succession à la tête du groupe NRJ se pose

Le fondateur et principal actionnaire du groupe NRJ, Jean-Paul Baudecroux,
a eu 70 ans le 11 mars dernier. Trente-cinq ans après avoir lancé sa radio libre,
le PDG du groupe devenu multimédia songe plus que jamais à sa succession. Son mandat d’administrateur s’achève le 19 mai prochain, mais il devrait être renouvelé.

Maryam Salehi va-t-elle succéder à Jean-Paul Baudecroux (photo) à la tête du groupe NRJ ? La question peut paraître abrupte, mais elle se pose plus que jamais maintenant que
le fondateur et président du conseil de surveillance du groupe multimédia vient d’avoir 70 ans. Directrice déléguée
à la direction générale, Maryam Salehi est le bras droit de
ce dernier en tant que vice-présidente du conseil d’administration. D’origine iranienne, cette juriste de formation est le pilier du groupe NRJ qu’elle a contribué à redresser à partir des années 2010. A tel point que le fondateur et principal actionnaire – 69,3 % des actions et 86,8 % des droits de vote – la surnomme depuis « bulldozer » ! La numéro deux semble toute destinée à devenir la numéro un, lorsque Jean-Paul Baudecroux aura décidé de quitter ses fonctions et d’organiser sa succession à la tête du groupe qu’il a fondé il y a maintenant trente-cinq ans. « Monsieur Baudecroux ne souhaite faire aucun commentaire. Sa succession n’est pas à l’ordre du jour », nous a fait-il répondre par son assistante. A 70 ans, depuis le 11 mars dernier, il va terminer le mois prochain son mandat en cours, lequel devrait être renouvelé lors de l’assemblée générale annuel fixée au 19 mai. Comme la limite d’âge avait été reportée il y a six ans à 80 ans, le patron devenu patriarche a encore potentiellement une décennie devant lui – soit jusqu’en mars 2026.

Trois enfants, une compagne et un « bulldozer »
Mais il n’a pas attendu de devenir septuagénaire pour commencer à se préoccuper de sa succession. Lorsqu’il a eu des problèmes de santé au printemps 2014, l’éloignant plusieurs semaines des affaires, il avait alors pris cette année-là des premières mesures personnelles pour parer à toute éventualité. C’est ainsi qu’il a procédé –
par acte notarié signé le 25 juin 2015 – à une donation partage au profit de ses trois enfants portant sur « la nue-propriété de 8.275.863 actions NRJ Group, soit 2.758.621 actions par enfant », à hauteur de 10,5 % du capital du groupe, dont il ne détient plus que 69,3 %. depuis. Mais ces parts ont été attribuées dans le cadre d’un « concert familial » qui cumule, avec les actions de Jean-Paul Baudecroux, 79,9 % des actions
du groupe et 86,8 % des droits de vote. Les trois enfants doivent trouver une position commune avec leur père qui garde néanmoins en tant qu’usufruitier les droits de vote sur les résolutions concernant le résultat financiers du groupe. Cette donation partage avait été déclarée l’AMF (1) en juillet 2014, puisque le groupe NRJ est coté à la Bourse de Paris pour près de 20 % de son capital.

La radio compense les pertes de la télé
Parallèlement, toujours en 2014, Jean-Paul Baudecroux avait signé six pactes
« Dutreil », à savoir des engagements de conservation des actions, avec : sa compagne et mère de ses trois enfants la Suédoise Vibeke Anna Röstrop pour quatre d’entre eux, et son bras droit Maryam Salehi pour les deux autres. Selon le Code général des impôts (article 787 B), « sont exonérées de droits de mutation à titre
gratuit, à concurrence de 75 % de leur valeur, les parts ou les actions d’une société
(…) transmises par décès ou entre vifs si les conditions suivantes sont réunies [conservation d’une durée minimale de deux ans, engagement collectif de conservation sur au moins 20 % des droits financiers et des droits de vote, etc, ndlr]». Bref, Jean-Paul Baudecroux a bien commencé à préparer l’« après-Baudecroux » en posant les jalon d’une transmission d’actions, mais force est de constater que depuis deux ans aucune autre disposition n’a été prise dans ce sens.
Quoi qu’il en soit, le PDG fondateur a dû fêter ses 70 ans quelque peu contrarié par les piètres performances du pôle télévision de son groupe. Le 18 mars dernier, il a estimé que la chaîne NRJ 12 avait eu « un accident industriel » en 2015 à cause d’« erreurs éditoriales » (2). Pire : lancée il y a plus de dix ans maintenant, cette chaîne – qui a toujours perdu de l’argent – ne dépasse pas 1,8 % de part d’audience nationale (7,2 millions de téléspectateurs par jour en moyenne) et a même perdu 0,1 point de part d’audience en un an. Et il n’y a pas vraiment à attendre grand chose de son passage
à la HD le 5 avril dernier, comme les autres chaînes de la TNT.
Le résultat opérationnel du pôle Télévision, accusant un déficit de 37,1 millions d’euros (accru de 50 % en un an) pour un chiffre d’affaires de 83 millions d’euros, a été grevé par le coût élevé des grilles des deux chaînes gratuites, NRJ 12 et Chérie 25. Mais Jean-Paul Baudecroux a pu trouver dans les performances de son groupe en 2015 un motif de consolation : le bénéfice net est reparti à la hausse après quatre ans de baisse à 22,6 millions d’euros, soit un bond de plus de 150% (3). C’est le pôle Radio, premier métier et activité historique du groupe, qui apporte au groupe sa rentabilité avec ses quatre réseaux nationaux – NRJ (6,3 millions d’auditeurs chaque jour, ce qui en fait la première radio de France selon Médiamétrie), Nostalgie (3,1 millions), Chérie FM (2,4 millions) et Rire et Chansons (1,5 million).

NRJ croit aux webradios, pas à la RNT
Quant à l’offre digitale du groupe, elle est forte de 220 webradios qui font de NRJ la numéro un en France des radios sur Internet (selon l’ACPM), 7 applications mobile,
une offre de replay TV sur Internet et sur les téléviseurs connectés, sans parler de 8 sites web. En revanche, NRJ boude la radio numérique terrestre (RNT) à laquelle Jean- Paul Baudecroux ne croit pas du tout (lire ci-dessous). Le groupe NRJ fut pourtant par le passé candidat à la RNT ! Sa filiale de diffusion audiovisuelle Towercast était même partie prenante dès 2007… Mais la première radio de France avait finalement retiré sa candidature en mai 2012 « face aux très importantes incertitudes économiques et techniques entourant le projet ». @

Charles de Laubier

Réforme audiovisuelle à l’heure du Net : la France ne peut passer à côté d’un changement de paradigme

La loi « Liberté de la communication » de 1986 – 30 ans ! – est devenue obsolète depuis la mondialisation de l’audiovisuel induite par Internet. Sa réforme reste timorée. La ligne Maginot du PAF (paysage audiovisuel français) peine à laisser place à un cadre ambitieux pour conquérir le PAM (mondial).

Défaut de consentement préalable des internautes avant tout cookie : la Cnilmet en demeure et va sanctionner

La Cnil multiplie ses contrôles auprès des sites web, régies publicitaires et réseaux sociaux pour épingler ceux – une cinquantaine d’éditeurs à ce jour –
qui déposent des cookies sans en informer les internautes ni recueillir leur consentement préalable. Après les mises en demeure, les sanctions financières vont tomber.

Selon nos informations, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) s’apprête pour la première fois à sanctionner des éditeurs de sites web, de presse en ligne et de réseaux sociaux, ainsi que des régies de publicité sur Internet, pour non respect de la législation sur les cookies. Sa prochaine formation restreinte composée de six membres et seule habilitée à prononcer des sanctions se réunira le 21 avril prochain. Les condamnations financières peuvent atteindre un montant maximum de 150.000 euros, et, en cas de récidive, portées jusqu’à 300.000 euros (1).
Certaines sanctions pourraient être rendues publiques si elles étaient assorties de l’obligation d’insérer la condamnation dans des journaux et sur le site web incriminé
– et ce, aux frais de l’éditeur sanctionné. L’autorité reproche aux éditeurs Internet de
ne pas recueillir le consentement préalable de chaque internaute ou mobinaute avant de déposer sur son ordinateur ou son mobile un cookie ou un traceur. Après plus de 500 contrôles sur place et/ou en ligne menés depuis la fin du troisième trimestre 2014 auprès des éditeurs de services et de presse en ligne, et malgré quelque 50 mises
en demeure notifiées depuis juin 2015, les premières sanctions vont tomber. « Des échanges ont été organisés avec les éditeurs de site de presse et se poursuivent encore actuellement », nous a répondu une porte-parole de la Cnil que préside Isabelle Falque-Pierrotin (photo).

Des « mouchards » déposés à l’insu des internautes
La Cnil estime que ces « récidivistes » sont en infraction au regard de l’ordonnance du 24 août 2011, laquelle avait modifié la loi « Informatique et Libertés » de 1978. Malgré le rappel à la loi par délibération de la Cnil (2) du 5 décembre 2013 (3), il est reproché aux éditeurs en ligne de ne pas informer suffisamment les internautes avant le dépôt de ces petits mouchards électroniques logés dans leurs terminaux (ordinateur, smartphone ou tablette) et surtout de ne pas recueillir leur consentement avant de procéder à leur installation. Lorsque ce n’est pas l’absence d’opt-out permettant au visiteur de s’opposer au dépôt de traceurs chargés d’espionner sa navigation, comme avec le cookie « Datr » de Facebook (mis en demeure par la Cnil), voire à la collecte de données sur son terminal.

Bras de fer entre les éditeurs et la Cnil
Les cookies ou trackers servent aux éditeurs de service, régies publicitaires ou encore réseaux sociaux à analyser la navigation personnelle de chaque internaute ou mobinaute, ses déplacements, ses habitudes de consultation ou de consommation, afin de lui proposer des publicités ciblées ou des services personnalisés. La quasi totalité du marché de la publicité en ligne – 3,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 en France (4) – s’appuie sur l’existence de ces petits traceurs indiscrets. Contacté par Edition Multimédi@, le secrétaire général du Groupement des éditeurs de contenus et de services en ligne (Geste), Emmanuel Parody, indique que « le point délicat concerne l’interprétation de la Cnil sur la notion de consentement au moment du dépôt du cookie de première visite ». Et d’expliquer : « La Cnil souhaite qu’aucun cookie ne soit chargé tant que le visiteur n’a pas donné son consentement préalable. Nous sommes parvenus à faire valoir les exceptions pour certains cookies analytics (mesure d’audience), mais cette mesure est très compliquée à mettre en oeuvre et génère une perte de revenus ». Selon la DG du Geste, Laure de Lataillade, également jointe, les éditeurs ont calculé que l’application d’une telle mesure se traduirait par une baisse pouvant atteindre 20 % de leur chiffre d’affaires publicitaire. « Les éditeurs de sites web ont massivement déployé au cours des derniers mois le bandeau d’information. Ils s’efforcent par ailleurs de mettre en application toutes les autres obligations découlant de la recommandation et travaillent dessus avec leurs équipes et partenaires », plaide-t-elle. Selon nos informations, une douzaine de membres du Geste sont concernés par les mises en demeure de la Cnil et ses menaces de sanctions.
Ce groupement professionnel représente des éditeurs de presse tels que Le Figaro, Le Monde, La Croix, Le Nouvel Observateur, L’Equipe, La Tribune, Valeurs Actuelles, ainsi que TF1, M6, France Télévisions (France 2, France 3, …), Radio France (France Inter, France Info, …), Lagardère Active (Europe 1, Paris Match, JDD, …), Altice Media (Libération, L’Express, Stratégies, …), Mondadori, Prisma Media, Mediapart ou encore Skyrock. Le Geste n’est la seule organisation professionnelle à se rebiffer face aux exigences de la Cnil sur les cookies. Il y a aussi les syndicats de la presse magazine (SEPM), de la presse quotidienne nationale (SPQN), de la presse en région (UPREG), ainsi que le Bureau de la radio (Europe 1, RFM, Virgin Radio, RTL, RTL 2, Fun Radio, NRJ, Chérie FM, Rire & Chansons, Nostalgie, RMC, BFM). Tous ensemble, ils ont cosigné un courrier adressé récemment à la présidente de la Cnil pour dénoncer
l’« exception française » dont l’autorité fait preuve en menaçant de sanctions le fait
de déposer des cookies publicitaires sans le consentement préalable des utilisateurs. Ce qui serait, selon les éditeurs Internet, une application non fondée de la réglementation européenne en la matière. L’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne
ou encore l’Espagne n’ont pas, selon eux, une approche aussi « rigoriste » que celle
de la Cnil. « Dans aucun autre pays européen on ne rencontre cette interprétation extrême de la loi, ce qui crée une distorsion de concurrence dommageable », déplore Emmanuel Parody.
C’est une directive européenne « Service universel et droits des utilisateurs » (2009/136/CE) qui a posé « le principe selon lequel le stockage d’informations sur l’équipement d’un utilisateur ou l’accès à des informations déjà stockés, ne devaient être mises en oeuvre qu’avec le consentement préalable de l’utilisateur » (5). En réponse, Isabelle Falque-Pierrotin a reçu le 25 mars dernier des éditeurs et leurs organisations, auxquels elle a promis d’étudier les pratiques de ses homologues européens.
Selon une source, la Cnil n’exclut pas de fixer un moratoire sur les mises en demeure liées aux dépôts de cookies sans consentement préalable. Ce moratoire devrait être soumis au vote lors d’une prochaine réunion plénière. Quant aux contrôles, ils vont se poursuivre. L’autorité sera notamment inflexible sur la durée de vie – limitée à treize mois – des cookies à partir de leur premier dépôt dans le terminal : toujours pour peu que l’utilisateur ait exprimé son consentement préalablement (6). La Cnil demande en outre aux professionnels de se mettre d’accord sur de bonnes pratiques dans le traitement des données à caractère personnel – quitte à labelliser « Données propres » les services en ligne s’y conformant.

Ne pas tomber sous le coup de la loi
Des outils existent comme ceux proposés par AT Internet, Piwik, Google Analytics, Smart AdServer, Integral AdScience ou encore DFP peuvent en outre aider les éditeurs à paramétrer leurs services en ligne et à être dispensés du recueil du consentement lorsqu’il s’agit de mesurer l’audience (exemption accordée par la Cnil). Quant à l’adresse IP, elle doit être supprimée ou anonymisée une fois la géolocalisation effectuée, afin d’éviter toute autre utilisation de cette donnée personnelle ou tout recoupement avec d’autres informations relevant de la vie privée de l’utilisateur. @

Charles de Laubier

LeGuide.com plombe le digital de Lagardère Active

En fait. Le 8 mars, Lagardère a présenté ses résultats 2015 : bénéfice net de 74 millions d’euros (+80 %), pour un chiffre d’affaires stable (+ 0,3 %) à 7,1 milliards d’euros. Lagardère Active, branche médias du groupe, cherche à améliorer coûte que coûte sa rentabilité. LeGuide.com, lui, a plombé le numérique.