Radio : la Suisse prend de l’avance sur la France dans l’extinction de la FM au profit du DAB+

La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) arrêtera la diffusion de ses radios en FM d’ici la fin de l’année, soit sept ans après le switch-off de la FM en Norvège, premier pays ayant tout basculé vers le DAB+. La France, elle, vise seulement 2033 pour la fin, ou presque, de la FM.

Lors du dernier WorldDAB Summit 2024, qui s’est tenu le 14 novembre à Zagreb en Croatie, la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SRG SSR (1)) a confirmé que l’extinction de la diffusion de la FM (analogique) pour ses radios aura bien lieu d’ici la fin de l’année au profit du DAB+ (numérique). La décision de fixer cette échéance à fin 2024 avait été prise au début de l’été par le conseil d’administration du groupe audiovisuel public suisse. Dans la capitale croate, Adriano Pitteri (photo de gauche), directeur de la diffusion broadcast de la SSR, a détaillé les modalités de ce basculement.

La Norvège, elle, a 7 ans d’avance
« Pourquoi la SSR éteint-elle sa FM d’ici fin 2024 ? Car, après plus de 15 ans de diffusion parallèle [FM et BAB+, ndlr], il est temps pour le remplacement. Les nouveaux investissements dans la technologie FM sont disproportionnés. Et l’utilisation de la radio numérique est bien avancée en Suisse (80 %) ; moins de 10 % en FM uniquement », a justifié Adriano Pitteri lors de sa présentation. Le groupe public helvétique, « la plus grande entreprise média de Suisse », ne sera d’ailleurs pas le seul à basculer dans le tout-DAB+ (Digital Audio Broadcasting). Des radios privées telles que Radio 24, Radio Pilatus ou encore Radio Energy éteindront elles aussi leur FM d’ici fin décembre.
De toute façon, l’Office fédéral de la communication (Ofcom) – qui avait décidé il y a 10 ans d’opérer ce switch-off de 2020 à 2024, avant de reporter cette date butoir à fin 2026 – ne délivrera plus de licences FM dans deux ans maintenant. Et sans attendre cette deadline, l’Office fédéral des routes (Ofrou) désactivera lui aussi d’ici la fin de l’année les installations FM des tunnels autoroutiers au profit du DAB+. « L’entretien et le renouvellement des installations de diffusion FM sont coûteux et désormais disproportionnés. Au vu de la situation financière tendue (suite)

France Médias : numérisation de l’audiovisuel public

En fait. Le 23 mai a été repoussé à fin juin l’examen par l’Assemblée nationale de la proposition de loi contestée de « réforme de l’audiovisuel public et souveraineté audiovisuelle ». Au delà de la future holding France Médias, c’est toute la numérisation de la télé et la radio publiques qui est en marche.

En clair. La fusion de France Télévisions, Radio France et l’Ina (1), voire France Médias Monde (RFI, France 24), chapeautés par la future holding France Médias, fait toujours débat (2). Après l’adoption par le Sénat de la proposition de loi sur la réforme de l’audiovisuel public et la souveraineté audiovisuelle (3), l’examen par l’Assemblée nationale a été repoussé à fin juin. Cette réforme contestée s’accompagnera d’une numérisation à tous les étages de la télé et de la radio publiques. « Il ne s’agit pas de faire des économies de moyens mais de renforcer les synergies entre les entités de l’audiovisuel public, de permettre à celui-ci de déployer une stratégie numérique unifiée et puissante […] », a assuré le 14 mai dernier la députée (Re) Fabienne Colboc, corapporteure de la proposition de loi à l’Assemblée nationale.
Ce regroupement renforcera les synergies numériques. « La création d’une holding vise aussi à investir le champ du numérique, notamment le streaming. L’évolution des usages et l’apparition de nouvelles technologies favorisent l’avènement de médias à 360 degrés », a justifié le député (LR) JeanJacques Gaultier, corapporteur. Deux plateformes montrent la voie : Francetvinfo.fr (englobant télé et radio avec depuis août 2016 l’ancien site Franceinfo.fr) et Ici (nouveau média issu du rapprochement de la télé France 3 et de la radio France Bleu depuis octobre 2023, avec le site commun Francebleu.fr).

Radios publiques et privées dans « le » Cosmos

En fait. Le 23 novembre, six groupes français de radios – Lagardère (dont Europe 1), M6 (dont RTL), NRJ, Radio France (dont France Inter), NextRadioTV (dont RMC) et Les Indés Radios (129 stations) – ont annoncé le lancement au printemps 2021 de la plateforme « Radioplayer France », pilotée par leur société commune : Cosmos.

En clair. Selon nos informations, les six groupes de radio ont constitué une société commune baptisée Cosmos, au capital de laquelle ils sont à parts égales. Elle a été formellement créée en septembre dernier mais ses activités ont démarré dès juillet avec quatre premiers groupes fondateurs : Lagardère News (Europe 1, Virgin Radio, RFM), le groupe M6 (RTL, RTL2, Fun Radio), Radio France (France Inter, France Info, France Bleu, France Musique, Fip), et le groupement d’intérêt économique Les Indés Radios (129 stations indépendantes).
Sont ensuite venus se joindre à Cosmos deux autres groupes : NRJ Group (NRJ, Nostalgie, Chérie, Rire & Chansons) et NextRadioTV, filiale d’Altice Média (RMC, BFM). Cosmos est domiciliée chez le GIE Les Indés Radios, dont le président, Jean-Eric Valli (par ailleurs président de Groupe 1981 aux radios locales et régionales), est aussi président de la nouvelle société par actions simplifiée (SAS). Cela faisait trois ans que cet ancien des radios libres (Vibration, Start), cofondateur en 1992 des Indés Radios (1) et président du groupe 1981 (Oüi FM, Voltage, Forum, Latina, Vibration, …), cherchait à rassembler les radios privées et publiques (réseaux nationaux et indépendants) autour d’un player unique pour « s’imposer face aux géants du Web ». Jean-Eric Valli pressait les éditeurs de radio en France à « s’inspirer rapidement du modèle de Radioplayer au Royaume-Uni ». Les six groupes, ouverts à d’autres, ont finalement adopté la plateforme Radioplayer créée par un transfuge de la BBC (2), Michael Hill, que Edition Multimédi@ a contacté. « UK Radioplayer Ltd est une société à but non lucratif “à responsabilité limitée par garantie”. C’est un format d’association où il n’y a pas d’actionnaires, juste des “membres”. Ce sont la BBC (partenaire à 50 %), Global Radio (28 %), Bauer Media (11 %) et Radiocentre (11 %) », nous explique-t-il. Les radiodiffuseurs partagent leurs flux avec Radioplayer qui ne diffuse rien mais s’assure que ces flux et métadonnées (identité de la station, logo, streams, podcasts, etc.) soient disponibles gratuitement dans les voitures, les récepteurs numérique (3), les enceintes connectées, les assistants vocaux, les applications mobiles et le site web, comme en France Radioplayer.fr. Et chaque station garde la maîtrise de sa diffusion et de ses « géo-restrictions » (4). Radioplayer compte maintenant 14 pays sous licence. @

Derrière la grève record à Radio France, le digital

En fait. Au 11 janvier, la grève historique à Radio France – commencée le 25 novembre dernier par les syndicats du groupe public aux sept radios (France Inter, France Info, France Culture, France Musique, Fip, Mouv’ et France Bleu) – en est à son 40e jour. Le plan d’économie « au nom du numérique » ne passe pas.

(Depuis la publication de cet article dans Edition Multimédi@ n°225, la grève a atteint son 50e jour le 21 janvier)

Les réformes de France Télévisions et Radio France passent par la diffusion numérique moins coûteuse

L’audiovisuel public – France Télévisions et Radio France en tête – n’a plus vocation à être diffusé uniquement sur respectivement la TNT et la FM. L’Etat actionnaire pousse les deux groupes à aller plus sur Internet et les mobiles, pour faire des économies et en même temps conquérir la nouvelle génération.

C’est une priorité fixée par le gouvernement à Delphine Ernotte (photo) et à Sibyle Veil, présidentes respectivement de France Télévisions et de Radio France : que les deux groupes emblématiques de l’audiovisuel public, situés de part et d’autre
de la Seine à Paris, aillent trouver sur Internet les indispensables économies budgétaires, tout en allant à la conquête des jeunes téléspectateurs et auditeurs issus de la génération « Digital Native » ou « Millennials ».