La pression concurrentielle s’accroît sur le groupe NRJ

En fait. Le 5 mai, le groupe NRJ a annoncé la nomination de Kevin Benharrats comme directeur délégué des activités commerciales et du développement numérique. Rattaché à Jean-Paul Baudecroux, PDG fondateur et principal actionnaire du groupe, il revient après un passage de quelques mois chez Lagardère Active.

Jean-Paul BaudecrouxEn clair. L’aller-retour que fait Kevin Benharrats – entre Lagardère Active, où il avait été nommé en début d’année président de Lagardère Digital France et directeur général
du pôle Divertissement, et le groupe NRJ d’où il avait démissionné en septembre dernier de son poste de président de la régie publicitaire NRJ Global – donne l’impression d’un rapatriement en urgence dans le groupe de Jean-Paul Baudecroux (photo).
Cette nomination d’un « directeur délégué des activités commerciales et du développement numérique du groupe » confirme, si besoin était, que NRJ est devenu un groupe de médias global où l’activité digitale est désormais centrale.
Cela montre aussi que le groupe NRJ va devoir redoubler d’efforts face à une pression concurrentielle qui ne cesse de monter sur tous les fronts, hertziens et digitaux.

Joël Ronez, groupe Radio France: « Devenir un média de référence sur smartphone et en radio filmée »

Le directeur des nouveaux médias et du Mouv’ à Radio France, Joël Ronez, explique à EM@ comment les sept stations du groupe public de radiodiffusion s’adaptent aux mutations numériques et à la mobilité des auditeurs. Cela passe par les smartphones, les réseaux sociaux et la radio filmée.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Joël RonezEdition Multimédi@ : Vous avez dit, aux rencontres Radio 2.0 du 15 octobre, que la radio avait une décennie d’écart dans le numérique sur la presse écrite : la radio peut-elle rattraper son retard dans les 3 révolutions digitales (écrit, vidéo et réseaux sociaux) ?
Joël Ronez :
Oui, bien sûr. Il ne s’agit pas d’un retard à proprement parler, mais d’un impact de la révolution numérique qui est plus tardif. Nous sommes aujourd’hui dans le grand mouvement de numérisation des médias broadcast, de la musique, et de l’avènement de l’Internet mobile et des smartphones. C’est pour l’écosystème de la radio un vrai défi, mais cela représente aussi de nombreuses opportunités.

Philippe Levrier, président de la SEPN : « Le projet R+ espère réconcilier les grandes radios avec la RNT »

Ancien membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Philippe Levrier vient de créer la Société d’études et de participations dans le numérique (SEPN) pour son projet de radio numérique en mobilité baptisé R+. Il entend y rallier les grandes radios privées et publiques, maintenant que l’arrêté « DAB+ » a été publié le 28 août.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Vous avez été auditionné par le CSA le 15 juillet pour votre projet de radio numérique R+ : pourquoi pourrait-il réussir là où la RNT peine à convaincre ?
PLPhilippe Levrier :
Le scénario RNT antérieurement adopté par le CSA reposait sur un pari selon lequel il devait être possible de remplacer rapidement la bande FM par la RNT, comme on
a substitué en quelques années la TNT à la télévision analogique. Ce pari est d’ores et déjà perdu.
Entre radio et télévision, les circonstances sont très différentes : en radio l’offre est abondante, le taux de renouvellement des récepteurs est faible, les fréquences éventuellement libérées (la bande II) n’ont pas une grande valeur, le bénéfice pour l’auditeur est faible.
Les grands groupes de radio n’ont donc pas trouvé leur intérêt dans cette démarche risquée et coûteuse. R+ est né de l’interrogation suivante : peut-on construire, dans le contexte français, un modèle de diffusion de la radio numérique qui rencontre l’adhésion des radios nationales privées et publiques ?

Webradios : vers l’extension de la licence légale ?

En fait. Le 16 juillet, l’OJD a publié pour la première fois les audiences de webradios, 6 .261 au total pour mai. Avec 5.980 webradios, le réseau Radionomy arrive en tête en terme d’écoutes actives cumulées : 63,9 millions, contre 45,5 millions pour les 174 du groupe NRJ. Après la mesure, les revendications ?

En clair. Même si le webcasting linéaire y est bien moins développé en France qu’aux Etats-Unis ou en Allemagne, la France franchit un cap important dans la reconnaissance des webradios comme nouveau média à part entière.

Radio numérique : bras de fer entre radio IP et RNT

En fait. Le 13 septembre, le CSA nous indique qu’il sélectionnera bien d’ici la fin
du mois les radios parmi les 176 candidats à la RNT sur les trois premières zones que sont Paris, Marseille et Nice. Vingt autres zones régionales attendent leur tour. Tandis que les pro-radio IP, hostiles à la RNT, sont en embuscade.

En clair. « Ceux qui ont conclu […] à l’enterrement de la RNT sont allés un peu vite
en besogne », a réagi le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (Sirti) après que le gouvernement ait annoncé le 6 septembre sa décision de ne pas demander au CSA (1) l’attribution de fréquences RNT pour Radio France et RFI sur les zones de Paris, Nice et Marseille. Raison invoquée de l’Etat pour se désistement : « Le lancement à grande échelle de la RNT engendrerait des surcoûts significatifs pour les radios publiques » (2). Mais ce surcoût pour le service public, confronté aux réductions budgétaires, ne le vaut-il pas aussi pour les radios privés ou associatives déjà présentes sur la FM et candidates à la RNT ? En tout cas, à défaut de les aider (lire EM@60, p. 3), le gouvernement jette un sérieux trouble sur l’avenir de la radio numérique terrestre en France – même s’il ne l’enterre pas pour autant si l’on en croit l’arrêté prévu « prochainement » en faveur de la norme DAB+, réputée moins coûteuse pour les déploiements (3).
Reste que Radio France semble sur la même longueur d’ondes que les groupes des radios privées NRJ, RTL, Europe 1 et RMC défavorables au lancement de la RNT gratuite. Du coup, le CSA avance à reculons : il devrait sélectionner mi-septembre les radios parmi les 176 candidats à la RNT à Paris, Marseille et Nice ; mais il tarde à lancer les appels à candidatures sur Strasbourg et Mulhouse (qui devaient l’être en
juin dernier), ainsi qu’à Nancy, Metz et Lille (prévus ce mois-ci).
Le régulateur se retrouve à ménager la chèvre (le Bureau de la Radio opposé à la RNT comme les groupes NRJ, RTL, Lagardère et NextRadioTV qu’il représente) et le chou
(le Sirti favorable à la la RNT pour tous et représentant 151 membres et leurs 882 fréquences FM comme celles de Trace Radio, Lounge Radio, Oui FM Collector, Ma Génération, Météo Life, Alouette…). Le Bureau de la Radio ne croit pas en l’avenir de la RNT mais à la radio sur IP, notamment sur les réseaux très haut débit (4G et fibre). Le Sirti, lui, considère la radio sur IP comme une simple « vitrine », pas plus, et les webradios dépouvues de modèle économique viable. Cette querelle d’experts, dont la France a le secret, fait que la RNT n’a toujours pas été lancée – alors qu’elle avait été promise pour fin 2008… « Il faut avancer ! », s’impatiente le Syndicat national des radios libres (SNRL). @