Apple est dans le collimateur « antitrust »

En fait. Le 14 juin, Mitchell Katz, porte-parole de la Federation Trade Commission indique à Edition Multimédi@ que l’autorité américaine chargée de la régulation
du commerce aux Etats-Unis « ne souhaite rien commenter » à propos d’une enquête antitrust qui serait engagée à l’encontre d’Apple.

En clair. Alors que la Commission européenne met l’interopérabilité au cœur de sa stratégie numérique, l’étau se resserre aux Etats-Unis sur la marque à la pomme suspectée de pratiques anticoncurrentielles sur plusieurs marchés américains. Cela pourrait concerner trois secteurs qui sont la publicité sur mobile, la musique en ligne
et le développement d’applications. Mais la Federation Trade Commission (FTC) ne
dit mot, sans démentir, et, serait en train de se concerter avec le Department of Justice (DoJ) pour répartir les rôles. Et c’est à la FTC que serait confiée l’enquête sur le marché de la publicité sur mobile. Le 9 juin dernier, Omar Hamoui, le fondateur de la régie AdMob – tout juste achetée par Google – a accusé, sur son blog, la firme Apple de l’empêcher de développer son service publicitaire sur les iPhone et iPad. La marque à la pomme, qui avait racheté en janvier dernier Quattro Wireless (autre régie pour mobile), prévoit justement de lancer sa plateforme publicitaire pour mobile, baptisée iAd, le 1er juillet prochain. De son côté, le DoJ s’intéresserait déjà, selon le New York Times, au marché de la musique où Apple pourrait abuser de sa position dominante par des pressions sur les maisons de disques pour passer par iTunes Music Store plutôt que par les concurrents comme Amazon (1). Le marché de la musique sur mobile est, quant à lui, à la peine (tout juste 2 % des mobinautes téléchargent de la musique, selon ComScore quui cite Comes With Music de Nokia comme tentative de concurrencer iTunes). En plus des iPod et des iPhone, le groupe de Steve Jobs renforce son emprise musicale avec l’iPad et pourrait renforcer iTunes Music Store avec de la musique en streaming comme le faisait le site Lala racheté par Apple en décembre 2009 et fermé fin mai.
Le marché du développement d’applications pourrait aussi faire l’objet d’une investigation antitrust de la part de la FTC et/ou du DoJ. Le groupe américain Adobe se serait déjà plaint auprès de la première qu’Apple rend plus difficile, voire impossible (2), l’utilisation sur l’iPhone ou l’iPad de son logiciel d’animations multimédias Flash très prisé sur le Web. A la Commission européenne, Neelie Kroes, chargée de l’Agenda numérique, a réaffirmé le 24 juin à « EurActive » qu’elle veillerait à ce que les l’écosystème de l’Internet soit interopérables. @

Pub interactive, acte II

Une nouvelle paire de lunettes. Ce sera mon prochain achat, qui, parce qu’il dévoile un peu de ma personnalité et m’engage pour quelques années, ne peut pas être pris à
la légère. Avant, tout était assez simple. Quelques marques d’opticiens dormaient dans un coin de ma mémoire, images floues accumulées au fil des campagnes média (presse,
radio, télé) et hors média (affiches, prospectus), croisées
au hasard des jours passés. L’étape suivante consistait à programmer une tournée
de quelques magasins afin d’essayer in vivo les modèles disponibles en rayon. Aujourd’hui, les choses sont un peu plus compliquées. Pour tout le monde. Les annonceurs doivent désormais composer avec un univers touffu et d’autant plus complexe que les règles qui le régissent changent rapidement au gré des innovations techniques et de la mesure de leur efficacité.

« La publicité s’adresse à des consommateurs acteurs, actifs à travers le Net, les blogs et les réseaux sociaux »

La France et l’Europe s’interrogent sur Google

En fait. Le 18 février, l’Autorité de la concurrence a été saisie par Christine Lagarde, ministre de l’Economie, des Finances, de l’Industrie et de l’Emploi
sur  « le fonctionnement de la concurrence dans le secteur de la publicité sur Internet » dominé par le moteur de recherche en ligne Google.

En clair. Les sages de la rue de l’Echelle rendront un avis très attendu « autour de l’été » pour savoir s’il faut taxer les revenus publicitaires de Google, tout en analysant la concurrence sur ce marché. Cette expertise avait été demandée par Nicolas Sarkozy à
la ministre Christine Lagarde « pour appréhender fiscalement les activités publicitaires des grands portails et moteurs de recherche internationaux présents en France », en vue d’instaurer une « taxe Google » préconisée par la mission Zelnik (lire EM@5 p. 1 et 2). Mais Bercy ne peut agir seul fiscalement au regard du droit européen. D’autant que la Commission européenne a par ailleurs été saisie de trois plaintes (Foundem, Ejustice et Ciao) le 24 février pour pratiques anticoncurrentielles. De leur côté, les parlementaires français auraient aimé aller plus vite. Les 15 et 16 février, le Sénat a en effet examiné les amendements sur le projet de loi de finances rectificatif pour 2010. A été retiré celui qui fut adopté le 10 février par Philippe Marini, au nom de la commission des finances, et qui devait taxer les revenus de la publicité sur Internet. Philippe Marini avait qualifié son texte d’« amendement d’appel », c’est-à-dire destiné à être retiré lors de l’examen en séance publique du projet de loi de finances rectificatif – ce qui fut fait – et à presser le gouvernement. L’amendement propose que ce prélèvement obligatoire soit à un taux de 1 %. Car, comme l’explique le sénateur Philippe Marini, « la taxe prendrait pour assiette les revenus publicitaires en ligne (achats d’espace, liens sponsorisés) des sociétés établies dans l’Union européenne, engendrés par l’utilisation de leurs sites Internet depuis la France ». Ces sociétés du Web (1) sont fiscalisées à l’étranger ; l’opération publicitaire est réalisée sur le territoire français, « provoquant ainsi une captation de marché dont l’enjeu est d’en mesurer l’importance ». Dans son rapport, la mission Zelnik avait suggéré que l’Etat français s’inspire des règles de territorialité qui s’appliquent à la taxe sur les conventions d’assurance couvrant un risque localisé en France. La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) s’était félicitée de cet amendement (2). Quant à l’Association des services Internet communautaires, qui n’avait dit mot depuis le rapport Zelnik (EM@6 p. 5), elle a dénoncé cette taxe « unique au monde ». @

Contenus numériques : risque de cannibalisation des offres traditionnelles

 l’occasion de la 31e édition des journées internationales de l’Idate, « Digiworld Summit » des 18 et 19 novembre à Montpellier, son directeur général adjoint,
Gilles Fontaine, 
explique à Edition Multimédi@ les effets de la migration des contenus vers Internet.

La bataille des contenus numériques est engagée. Mais comment évolue réellement aujourd’hui le marché mondial des contenus numériques et des médias par rapport aux tuyaux qui régentaient quasiment seuls Internet ces dernières années ? C’est ce que nous avons demandé à Gille Fontaine, le directeur général adjoint de l’Idate (1). « Il n’est pas certain que le poids relatif des contenus dans le marché global de la communication électronique doive progresser », répond-t-il. Pour l’heure, le marché des contenus – de l’ordre de 200 milliards d’euros au niveau mondial – représente 70 % de celui des services télécoms. « Moins de 6 % de ce marché provient de la distribution sur Internet, avec des écarts très significatifs selon les segments : 15 % pour la musique ou moins de 1% pour le livre », précise-t-il.