La « taxe Google » est morte, vive la eTVA en Europe ?

En fait. Le 22 juin, le Sénat a renoncé à la taxe sur la publicité sur Internet, ou
« taxe Google » de 1 %, qu’il avait pourtant introduite sept mois plus tôt (1) dans le « PLFR » 2011 ! Elle devait s’appliquer à partir du 1er juillet. L’Assemblée nationale avait aussi voté sa suppression le 10 juin.

En clair. Le Parlement a volé in extremis au secours des plateformes du Web vivant
de la publicité en ligne, en supprimant la taxe Google lors des débats sur le projet de
loi de finances rectificatif (PLFR) de 2011. L’Asic (2), le Spiil (3) et le CNN (4) s’en sont aussitôt « réjoui ». C’est la sénatrice Catherine Morin- Desailly (Union centriste) qui a réussi à obtenir de Philippe Marini (UMP) la suppression définitive. Dix jours plus tôt, pas moins de sept députés – dont six UMP (Laure de La Raudière, Olivier Carré, Louis Giscard d’Estaing, Patrice Martin-Lalande, Lionel Tardy, Bernard Gérard) et un Nouveau centre (Philippe Vigier) – ont été les auteurs de l’amendement « n°1 » qui a été introduit dans la soirée du 10 juin à l’Assemblée nationale. Considérant cette taxe d’« erreur » commise par les sénateurs, ils ont ainsi supprimé la « taxe Google » en abrogeant l’article 302 bis KI du code général des impôts qui avait été adopté par le Parlement – en commission mixte paritaire (CMP) – le 13 décembre 2010. « Cette taxe est une fausse bonne idée. (…) Il s’agit non seulement d’un mauvais signal donné aux acteurs du numérique – secteur qui est source de 25 % de la croissance en France (…) – mais surtout d’un mauvais calcul financier car au final, les pertes seront rapidement plus importantes que les recettes. En effet, cette taxe abusivement baptisée “Taxe Google”, alors qu’elle ne taxera jamais Google, est due par tout preneur de services
de publicité en ligne, assujetti à la taxe sur la valeur ajoutée et établi en France », expliquaient les députés rejoints par les sénateurs. « Aussi, poursuivent-ils, il est évident que bon nombre de preneurs exerceront l’acte d’achat de services de publicité en ligne depuis l’étranger, afin de ne pas avoir à payer cette taxe. Cette délocalisation d’achat/vente entraînera inévitablement la perte de la perception de la TVA pour l’État français, et donc la perte de recettes [estimée à 49 millions d’euros en 2011, ndlr] plus importantes que ce que va rapporter [25 millions d’euros, ndlr] la taxe sur la publicité en ligne ». Lors de la séance du 10 juin, la député Laure de La Raudière a expliqué qu’il fallait la supprimer et étudier à la place « une fiscalité sur les lieux de consommation ». Elle a convaincu le ministre du Budget François Baroin de s’en remettre aux travaux du Conseil national du numérique (CNN) sur cette question. Le gouvernement s’est engagé au Sénat à définir « une norme européenne » en matière fiscale. @

Les smartphones, plus forts que les ordinateurs

En fait. Les 8 et 9 juin se tiendra à Paris (Espace Cardin) la seconde édition de Buzzness Mobile, salon et conférences autour du marketing mobile, du paiement mobile et des solutions mobiles. Quelque 4.000 visiteurs y sont attendus. Reed Business décernera les « Mobile Awards » avec SFR Régie.

En clair. Le mobinautes font plus que jamais l’objet de toutes les convoitises. Les smartphones, longtemps inaccessibles par leurs prix, sont en train de se généraliser
et deviennent la cible publicitaire et marketing des annonceurs (1). Et ce, malgré la perspective de la contestée taxe Google de 1% prévue le 1er juillet sur la publicité en ligne. Selon une étude publiée le 19 mai par l’Association française du multimédia mobile (AFMM), les services mobiles en France ont généré plus de 1,2 milliard d’euros en 2010 – dont 800 millions dans la distribution de contenus ou de services via les téléphones portables et 430 millions dans la relation client, le marketing et la publicité mobile. Grâce aux smartphones et aux « applis », le Syndicat des régies Internet (SRI) a indiqué que la « m-pub » a fait un bond de 23 % en 2010, à 27 millions d’euros sur
le marché français (2) où l’on compte 63 millions d’abonnés mobile – dont près de 30 millions « multimédias ». Selon le cabinet d’études britannique Enders Analysis, les dépenses moyennes pour une campagne de publicité mobile vont de 11.500 à 15.500 euros au Royaume-Uni, contre 7.500 euros et 11.500 euros en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Aux Etats-Unis, ces dépenses moyennes atteignent 75.000 euros et au-delà en Asie. C’est dire le potentiel de croissance. Au niveau mondial, l’Idate prévoit que la m-pub représentera 14 % de la publicité en ligne en 2014 – soit
12 milliards d’euros. La publicité vidéo « in-stream » sur mobile prend de l’ampleur : d’après la régie publicitaire AdVideum qui publie un baromètre, plusieurs campagnes vidéo sur ce mois d’avril ont été accompagnées d’une campagne mobile. Et selon
une étude de Nielsen, les annonces sur iAd (plateforme de publicité mobile d’Apple) s’avèrent deux fois plus efficaces que celles diffusées à la télévision. Il en irait de
même sur AdMob de Google. Le salon Buzzness Mobile va ainsi démontrer que le smartphone – bien plus que les ordinateurs ou les tablettes – est, grâce à la géolocalisation, le média permettant de cibler, d’informer, de fidéliser ou de faire payer l’internaute là où il se trouve. Et selon nos informations, Médiamétrie va d’ailleurs intégrer pour fin juin les audiences mobiles – aux côtés de celle de l’Internet, de la télévision, de la radio, de l’affichage et de la presse – dans son étude annuelle cross media. Et en fin d’année, Médiamétrie prendra en compte le WiFi dans l’audience mobile. @

Skyrock : cible publicitaire antenne-web en question

En fait. Le 30 avril, devait se tenir le concert « gratuit » organisé par le PDG-fondateur de Skyrock, Pierre Bellanger, pour mobiliser les auditeurs de la radio contre son éviction de la direction par l’actionnaire majoritaire, Axa Private Equity. Mais l’événement « Skyrock Liberté » est reporté au 28 mai.

En clair. Pour les 25 ans de Skyrock, qui a démarré ses émissions le 21 mars 1986 précisément, l’anniversaire ressemble plutôt à une guerre de tranchée. Le fonds d’investissement qui détient 70 % du capital de la société Nakama, la holding contrôlant
le groupe Skyrock depuis 2006, ne trouve pas la radio libre suffisamment rentable. Pourtant, l’audience de la station leader des moins de 25 ans caracole : selon Médiamétrie pour la période de janvier à mars 2011, Skyrock se maintient en 6e position avec 7,9 % d’audience cumulée (1) chaque semaine – correspondant à plus de 4,1 millions d’auditeurs. Skyrock a en outre cofondé en 2009 l’association Les Réseaux des Indépendants pour faire face aux groupes de radio privés réunis, eux, au sein du Bureau de la Radio (2). Quant au site web Skyrock.com, créé en 1998 et suivi en 2002 par le lancement de Skyblog.com, il affiche plus de 72,9 millions de visites durant le mois de mars 2011. La radio sur IP (3) profite de la fréquentation générée par plus de 33,6 millions de blogs (en témoigne les 4,5 milliards de commentaires accumulés !)
et par 24,8 millions de profils. Sans parler de plus de 1 million d’applications Skyrock téléchargées. Malgré cette aura, le chiffre d’affaires du groupe n’a pas dépassé les
32,7 millions d’euros en 2010 – soit une chute de 24 % sur un an – pour une perte nette qui s’élèverait à 5,6 millions (contre un léger bénéfice en 2009). C’est insatisfaisant pour un fonds d’investissement qui espère depuis cinq ans réaliser une confortable plus-value. Axa Private Equity, qui a nommé Marc Laufer (ex-NextRadioTV et ex-NRJ) nouveau directeur général, a donc mis en vente le groupe depuis le 13 avril. Mais il entend en tirer un bon prix en le rendant plus « présentable ». « L’actionnaire veut que Skyrock soit plus rentable. Donc avec moins de rap, plus de R’n’B [rhythm and blues], et un public moins jeune, de 25 à 49 ans. Une cible plus commerciale pour attirer les annonceurs », s’est inquiété Pierre Bellanger dans une interview au « Parisien » le
19 avril (4). Le lendemain, le Crédit Agricole annonçait le rachat de 30 % du capital de Skyrock à Axa Private Equity pour les apporter dans une nouvelle holding créée avec
le fondateur, déjà actionnaire de 30 % de «sa» radio. Axa est poussé vers la sortie. Et selon « La Tribune » du 26 avril, le Fonds stratégique d’investissement (FSI) et France Télécom prendraient une participation dans l’activité Skyblog. @

Les ambitions mondiales de la régie Hi-media

En fait. Le 23 mars, le groupe Hi-media a publié ses résultats annuels 2010 : perte nette de 59,2 millions d’euros en raison de dépréciation d’actifs. Mais son chiffre d’affaires est en hausse de près de 30 %, à 222 millions d’euros grâce à la publicité en ligne (48,6 %) et à l’activité de paiement en ligne.

En clair. Un vent de reprise économique souffle sur l’Internet et son marché publicitaire
en ligne, alors que l’Irep (1) et France Pub ont indiqué, le 15 mars, que les bannières et
les spots publicitaires (« display ») s’affichant sur le Web ont généré sur l’Hexagone
540 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010, en hausse de 12 %. Après une année 2009 calamiteuse qui s’est soldée par une baisse de – 6,5 %. Hi-media, quatrième régie de l’Internet français derrière celles de Google, Microsoft et Orange, profite de cette embellie après une période difficile de restructuration. Il y a deux ans, en septembre 2009, le groupe dirigé par Cyril Zimmermann avait fait l’acquisition de la régie online allemande AdLink Media, désormais intégrée. Mais non sans mal. Des dépréciations d’actifs ont été enregistrés à hauteur de 65,9 millions d’euros, a cause principalement du réseau social Fotolog en Espagne et Amérique latine. Présent dans neuf pays européens (dont l’Italie, les Pays-bas, l’Allemagne, …), ainsi qu’aux Etats-Unis et au Brésil, le groupe Hi-media emploie plus de 500 personnes. Créé en 1996,
il est coté depuis dix ans à la Bourse de Paris. Depuis fin 2010, Hi-media cherche à céder ou à nouer un accord sur son autre activité, en croissance à deux chiffres : le paiement en ligne, avec sa plate-forme Allopass et son porte-monnaie électronique Hipay. Près de 300.000 sites web utilisent Allopass et génèrent près de 10 millions de transactions par mois, via téléphones mobiles, cartes de crédit, serveur vocal, facture d’accès Internet, cartes prépayées etc. C’est NIBC Bank qui est en charge d’étudier
la cession ou des partenariats (2). Une décision devait être prise à la fin de ce premier trimestre mais elle est reportée à juin. Cette cession permettrait à Hi-media de se renforcer dans la régie Internet – notamment en Europe. En France, le réseau publicitaire de Hi-media, ou « AdNetwork » (3), a enregistré sur le mois d’octobre 2010 (derniers chiffres « display » publiés par Médiamétrie) quelque 27 millions de visiteurs uniques. Ce qui correspond à 67,3 % de couverture, par rapport à la population active. Parmi ses clients, Himedia compte par exemple RTL Net qui édite les sites web
de RTL, RTL2 et Fun Radio. Rappelons, par ailleurs, que le groupe Hi-media avait été candidat, fin 2009, à la reprise de 70 % de France Télévisions Publicité en partenariat avec Orange, jusqu’à ce que Lov Group et Publicis n’entrent en négociation exclusive, interrompue en septembre dernier. @

Pub sur le Net : vers 2,5 milliards d’euros en 2010

En fait. Le 9 juillet, le Syndicat des régies Internet (SRI) et Capgemini Consulting ont publié – avec l’Union des entreprises de conseil et d’achat médias (Udecam) –
la 4e édition de leur Observatoire de l’e-pub en France : la croissance a été de
8 % au premier semestre 2010, à 1,14 milliard d’euros net.

En clair. Derrière la croissance, la fragmentation de l’audience. Selon les calculs de Edition Multimédi@ sur la base d’une prévision de croissance de 8% sur l’ensemble
de l’année, le marché français de la publicité en ligne pourrait atteindre les 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires net. Ce cumul, qui prend en compte la “déduplication” des différents canaux de communication publicitaire pour éviter de compter plusieurs fois
des revenus, porte sur les liens sponsorisés (search), les publicités graphiques (display), les annuaires/services locaux, les affiliations (publicités relayées par des réseaux de sites web), les comparateurs de prix, l’e-mailing, et enfin le mobile. En 2009, le marché français affichait 2,11 milliards d’euros net. Et pour le premier semestre 2010, il atteint déjà 1,14 milliard d’euros. « Les investissements sur Internet devraient continuer à croître de 7 à 8% sur l’année 2010 [contre 6 % en 2009 et 23 % en 2008], si le contexte macro-économique reste stable », prédisent le Syndicat des régies Internet (SRI), Capgemini Consulting et l’Union des entreprises de conseil et d’achat médias (Udecam). La plus forte croissance semestrielle revient à la publicité sur mobile : + 30 %, bien que le chiffre d’affaires reste encore modeste à 13 millions d’euros sur les six premiers mois de l’année. Mais ce segment publicitaire dynamique sur les smartphones pourrait – toujours selon nos calculs – atteindre cette année les 30 millions d’euros. Les liens sponsorisés via des mots-clés sur les moteurs de recherche – où Google se taille la part du lion – reste encore le premier canal publicitaire en valeur avec 430 millions au premier semestre et la perspective d’atteindre en fin d’année 1 milliard d’euros de recettes. Viennent ensuite les autres canaux publicitaires en ligne (affichages web, annuaires, affiliations, e-mailings, etc). Avec l’Internet mobile et son lot de smartphones et tablettes, la montée en charge de l’e-pub s’accompagne de la fragmentation de l’audience. Cette dispersion des internautes, mobinautes, lecteurs, auditeurs et spectateurs – sur fond de surabondance des sites web et mobiles – complique la tâche non seulement des éditeurs en ligne (le coût d’acquisition-client augmente) mais aussi des annonceurs publicitaires (la mesure d’audience multicanal s’impose). Du coup, les éditeurs en ligne s’interrogent sur l’efficacité des publicités pléthoriques online (phénomène « sapin de Noël » !). Leur volume augmente mais leur valeur diminue (1). Inquiétant. @