Vidéo et mobile dynamisent la mesure d’audience

En fait. Le 15 décembre, Médiamétrie a publié la première mesure d’audience de la vidéo sur ordinateur. Et le 8 décembre, lors des 5e Assises de la convergence des médias, Laurent Battais, l’un de ses dirigeants, a confirmé la mensualisation de la mesure d’audience de l’Internet mobile avec WiFi.

En clair. La vidéo visionnée sur ordinateur est enfin mesurée en France, grâce à Médiametrie//NetRatings – la société commune de Médiamétrie et de Nielsen. Les premiers résultats portent sur le mois de septembre et comportent deux classements :
l’un par « player » (lecteur vidéo d’un diffuseur) et l’autre par « site-support » (pages avec vidéo sur un même site). Ces résultats mensuels de la mesure de la vidéo sur ordinateur (visiteurs uniques, vidéos vues et temps passé) prennent en compte le streaming vidéo vidéo sur sites web, plates-formes de partage vidéo (Dailymotion, YouTube, …), TV de rattrapage (1). C’est la première fois que la catch up TV, pratiquée par 14,5 millions d’adeptes sur ordinateur (19 %), est prise en compte. Cependant, selon nos informations, il faudra attendre 2012 pour qu’elle soit par ailleurs intégrée dans le différé sur 7 jours de
la mesure d’audience des chaînes (2) La vidéo à la demande (VOD), elle, n’est pas concernée par cette nouvelle mesure vidéo « hybride » (panel d’internautes et résultats des sites web ou site-centric). « Les éditeurs de sites vidéos peuvent désormais encore mieux intégrer la vidéo à leur offres publicitaires et les agences aux plans médias des annonceurs », explique Estelle Duval, directrice de Médiametrie//NetRatings. Pour les vidéos vues à partir de smartphones, elles sont incluses dans une autre mesure, celle
de l’Internet mobile lancée il y a un an (fin octobre 2010) par Médiametrie//NetRatings
et l’Association française du multimédia mobile (AFMM). « Cependant, à l’inverse de la nouvelle mesure mise en place sur le fixe, elle n’intègre pas la durée de consultation
en streaming ni la mesure du contenu consommé », précise Laurent Battais, directeur exécutif « Performance et Cross Média » de Médiamétrie, à Edition Multimédi@.
Et à partir de décembre, la périodicité de la mesure Internet mobile passe de trimestrielle à mensuelle, tout en intégrant les connexions via le WiFi (résultats publiés fin janvier 2012). « Les éditeurs et les publicitaires vont pouvoir comparer l’audience du web fixe avec celle des mobiles. L’Internet mobile est en outre déjà intégré dans l’étude annuelle Cross Média, dont la prochaine édition sera publiée en juin 2012 », indique Laurent Battais. Les tablettes, iPad d’abord, auront aussi leur mesure, disponible également en janvier 2012. @

Le sort de Yahoo est lié à celui du chinois Alibaba

En fait. Le 30 septembre, Jack Ma, le président du groupe chinois de e-commerce Alibaba a déclaré qu’il était très intéressé [pour racheter] la totalité de Yahoo, lequel détient 40 % du capital d’Alibaba. Tandis que le 5 octobre, une rumeur – aussitôt démentie – disait Microsoft aussi sur les rangs.

En clair. Six ans après avoir investi 1 milliard de dollars pour devenir le plus gros actionnaire du géant chinois du e-commerce Alibaba (1), Yahoo sera-t-il racheté par
ce dernier ? Malgré les relations tendues entre les deux groupes, depuis le transfert du système de paiement en ligne Alipay dans une société contrôlée par Jack Ma, le chinois se rajoute à la liste des prétendants au rachat de Yahoo. Mais de tous les candidats, Alibaba est le plus incontournable : tout acheteur devra discuter des 40 % que Yahoo détient dans Alibaba, c’està- dire avec le président du groupe chinois de e-commerce, Jack Ma, lequel pourrait jouer un rôle important dans le futur Yahoo. A moins que, d’après l’agence Bloomberg, Alibaba ne rachète avant les 40 % que Yahoo détient dans son capital. Déjà leader en Chine, Alibaba viserait les Etats-Unis à travers Yahoo. Mais d’autres acquéreurs, notamment des fonds, sont sur les rangs : Silver Lake, DST Global, Andreessen Horowitz (Marc Andreeseen étant le co-créateur de Netscape), Providence Equity Partners, Allen&Co (prônant un rapprochement avec AOL) ou encore Masayoshi Son (PDG fondateur de SoftBank Capital). Début octobre, une rumeur a rajouté Microsoft à la liste déjà longue. Alors que Yahoo va publier le 18 octobre ses résultats du troisième trimestre, son avenir n’a jamais été aussi incertain – surtout depuis l’éviction de sa directrice générale Carol Bartz en septembre sur fond de perte de parts de marché face
à Google et Facebook. Les cofondateurs de Yahoo – Jerry Yang et David Filo (2) – sont
à la manœuvre avec le président contesté Roy Bostock et le DG par intérim Tim Morse pour revoir la stratégie de l’icône du Web et la redresser. Pour beaucoup, Jerry Yang reste celui qui a fait échouer en 2008 les négociations avec Microsoft qui était prêt à racheter Yahoo 44,6 milliards de dollars – bien plus que les 17 milliards de valorisation actuelle ! Microsoft a dû se contenter d’un partenariat conclu durant l’été 2009. Et mi-septembre, Microsoft, Yahoo et AOL ont présenté à des publicitaires – dont Publicis – une offre de couplage publicitaire prévue pour fin 2011. Car malgré ses 680 millions d’utilisateurs dans le monde, Yahoo ne monétise pas suffisamment cette audience. Dépassé par Facebook, la « digital media company » multiplie aussi les partenariats éditoriaux ou de « brand content » pour accroître son audience. @

Les webradios sont décidées à se faire entendre

En fait. Le 19 octobre auront lieu les premières Rencontres Radio 2.0 Paris, organisées aux Jardins de l’Innovation (Orange Labs, Issy-les-Moulineaux)
par Xavier Filliol et Nicolas Moulard. EM@ fait le point sur les webradios
avec Olivier Riou, président du Syndicat des radios on-line (Syrol).

En clair. Le rapport Création musicale et diversité à l’heure du numérique (1), qui a été remis le 3 octobre à Frédéric Mitterrand et à Nicolas Sarkozy, prévoit aussi une aide des webradios via le Centre national de la musique (CNM) à créer (lire p. 3). « La prise en compte de nos demandes est une bonne nouvelle pour les entrepreneurs du web
et la diversité culturelle. Si le principe semble acquis, tout reste à faire pour sa mise
en place, notamment au niveau de sa gouvernance et de ses missions qui font débat », explique Olivier Riou, président du Syrol, à Edition Multimédi@.
Pour l’heure, il déplore que le Fond de soutien à l’expression radiophonique (FSER)
– créé il y a trente ans et relevant aujourd’hui de la DGMIC (2) du ministère de la Culture – ne prévoit pas de dispositif d’aides aux webradios. « Pourtant, ce secteur
– à l’instar des services de musique en ligne – a besoin d’être soutenu pour innover afin de se développer », plaide-t-il. Les webradios demandent en outre à bénéficier d’une extension de la licence légale (4 % à 7% des revenus) appliquée aux seules radios hertziennes.
« C’est une vraie question d’équité qui aujourd’hui n’est pas respectée », regrette-t-il.
Le rapport « Création & Internet » (Zelnik) de janvier 2010 préconisait pourtant l’extension au webcasting de ce régime de rémunération équitable dont bénéficient les radios hertziennes. Soumises à des quotas de musiques françaises depuis le décret daté du 27 avril 2010, les webradios se sentent toujours discriminées. Xavier Filliol, directeur des éditions de l’Octet – co-organisateur des Rencontres Radio 2.0 – et président de la commission « Musique en ligne » du Geste (3), nous avait indiqué en décembre 2010 qu’un recours auprès de la DGCCRF n’était pas exclu si rien n’avançait (EM@26, p. 4). Mais les échéances électorales pourraient changer la donne. C’est du moins ce qu’espère Olivier Riou. Selon le Syrol, la France compte plusieurs milliers de webradios. Sans parler des smartradios, complémentaires, diffusant les flux de playlists. L’audience de ces radios sur Internet est générée par un internaute sur trois par mois, soit 14 millions de visiteurs unique (4) en juin 2011 par exemple. Toutes les conditions sont réunies pour que le marché publicitaire des webradios – « encore balbutiant », indique le président du Syrol – séduise agences et annonceurs. @

Pages Jaunes : des allures de médias face à Google

En fait. Le 4 juillet, le groupe Pages Jaunes – qui doit publier le 27 juillet ses résultats semestriels – a lancé un « profit warning » sur ses résultats 2011.
Ses objectifs annuels (stabilité des revenus et de la marge brute) ne seront
pas atteints, en raison d’une grève contre le projet « Jump ».

En clair. Le projet « Jump 2012 », lancé l’an dernier pour accompagner la mutation du groupe Pages Jaunes de l’annuaire imprimé vers la version numérique, laquelle génère déjà 60 % de ses revenus, a du mal à passer auprès d’une partie des forces vives (2.100 commerciaux et VRP sur plus de 4.700 personnes). Malgré l’alerte sur ses objectifs 2011, qui ne seront pas tenus, « les Pages Jaunes » dominent le marché de
la publicité locale face à l’omniprésent Google. Selon le Syndicat des régies Internet (SRI), ce marché de proximité – que se partagent Pages Jaunes et le géant du Net – est estimé à 870 millions d’euros en 2010. Le français et l’américain, parfois partenaires, sont d’ailleurs dans le collimateur de l’Autorité de la concurrence en raison de leur position dominante respective (quasi-monopoles). L’ancienne filiale de France Télécom, rachetée en 2006 par Médiannuaire, elle-même filiale du fonds d’investissement KKR (1), pourrait inspirer la presse en ligne. En effet, cet éditeur de «médias locaux » a réussi à se diversifier sur le Net, où il génère aujourd’hui près des deux tiers de son chiffre d’affaires (sur un total de 1,125 milliard d’euros en 2010). Il y a deux ans, c’était l’inverse ! Les recettes des annuaires numériques font ainsi plus que de « compenser » le déclin des annuaires papier. Alors que la presse sur Internet, elle, gagne à peine de l’argent avec ses sites web. D’autant que les petites annonces (PA) ont déserté les journaux, contrairement à Pages Jaunes où les PA locales ont toujours constitué le fond de commerce. Le groupe dirigé par Jean-Pierre Rémy prend de plus en plus des allures de média en ligne : il vient de créer avec l’agence Relaxnews une coentreprise baptisée Relaxevents pour l’actualité culturel locale. Rien que sur le mois de mai 2011, selon l’OJD, son site web affiche plus de 81 millions d’internautes visiteurs et arrive en troisième position derrière Le Bon Coin et L’Equipe (2) ; son appli mobile a reçu, elle, 7,5millions de visiteurs et arrive quatrième, derrière Le Monde, La Chaîne Météo (du Figaro), L’Equipe et Le Parisien (3). Les services géolocalisés, dont Mappy.fr, en font un fournisseur majeur de l’information locale pour smartphones. L’annuaire devient média : Pages Jaunes poursuit « l’enrichissement permanent des contenus ». Car, au-delà des nouveaux supports publicitaires comme la vidéo, des partenariats sont noués avec notamment Allociné, Michelin ou AutoPlus. Les utilisateurs peuvent donner leur avis et contribuer aux contenus. Annuaire, média mais aussi réseau social. @

L’e-pub plus chère avec eStat’Cible de Médiamétrie

En fait. Le 28 juin, l’entreprise de mesure d’audience Médiamétrie a présenté un nouvel outil permettant de calculer, au jour le jour, le profil des internautes sur chaque page web (ou URL) et flux streaming (audio ou vidéo). eStat’Cible va concurrencer, dès le 1er septembre, Digital Analytix de ComScore.

En clair. La publicité sur Internet pourra être commercialisée plus chère par les éditeurs de sites web, à partir du moment où ces derniers seront capables de proposer à leurs annonceurs ou aux agences les profils des internautes de chaque partie éditoriale visitée ou de chaque flux consulté. La nouvelle mesure de Médiamétrie, eStat’Cible, calcule à l’aide d’un algorithme neuf cibles d’analyses pour chaque contenu considéré : homme ou femme pour le sexe, quatre tranches d’âge (- de 25 ans, 25 à 34 ans, 35
à 49 ans, + de 50 ans), trois niveaux d’activité (CSP+, CSP-, Inactifs). « Il s’agit d’un produit à très forte valeur ajoutée qui permet non seulement de piloter quotidiennement les contenus web, audio ou vidéo avec le profit en plus, mais aussi de mieux monétiser les publicités en ligne du site en les vendant plus cher au regard d’un taux de clic plus élevé », explique Franck Si- Hassen, directeur délégué de Médiamétrie-eStat. Connaître le profil des internautes au moment où ils consultent le Web devrait permettre aux éditeurs d’accroître leur chiffre d’affaires dans la epub, laquelle est encore loin de compenser les pertes de la publicité sur papier (pour ceux qui en ont).
A partir du 1er septembre, eStat’Cible sera vendu aux éditeurs de services en ligne entre 400 et 4.000 euros par mois, en fonction de la fréquentation du (ou des) site(s) mesuré(s). Plusieurs clients éditeurs sur un potentiel de 500, comme Pages Jaunes
et France 2, testent gratuitement du 1er juillet jusqu’à fin août la version bêta de eStat’Cible. C’est la concrétisation de la mesure hybride de l’audience sur Internet (site-centric+user-centric) sur laquelle Médiamétrie travaille depuis deux ans (1). Prochaine étape : proposer en 2012 une offre aux agences dites « serveurs de publicité » (Ad Server) de type de « profilage » des internautes. « C’est la première fois qu’une mesure d’audience permet de cibler le profil des internautes, grâce au rapprochement de la mesure de fréquentation du site web et du panel des utilisateurs », se félicite Benoît Cassaigne, directeur exécutif de Médiamétrie. A ceci près que la société américaine ComScore propose depuis mars dernier, au niveau mondial, son outil hybride Digital Analytix, issu du rachat en septembre 2010 (pour 36,7 millions de dollars) du fournisseur de solutions d’analyse en ligne Nedstat. Parmi les premiers clients de sa mesure dite « unifiée numérique », ComScore compte GDF Suez, Eurosport ou encore le PMU. De son côté, Google Analytics est uniquement «web-centric » et ne dispose donc pas de panel. @