Lesechos.fr ne sont pas rentables avec la pub seule

En fait. Le 8 avril, l’OJD – l’Office de justification de la diffusion, qui fête ses 50 ans cette année – a publié sa treizième newsletter professionnelle avec une interview de Francis Morel, PDG du groupe Les Echos, lequel est entré au comité de direction de l’OJD en remplacement de Nicolas Beytout.

En clair. « Les journaux doivent apprendre à dépendre moins de la publicité et plus de la diffusion payante. La crise actuelle aura au moins cette vertu de le rappeler. Ce qui a une valeur se paie et c’est dans cet esprit que nous avons développé le paywall [partie à péage lancée sur lesechos.fr en novembre 2012] et augmenté le prix de vente [de l’édition papier passé de 1,70 à 1,90 euro en janvier 2013] », explique Francis Morel,
à la tête des Echos depuis octobre 2011. Mais pour le successeur de Nicolas Beytout,
« le vrai prix des Echos devrait être 2 euros » et n’exclut pas une nouvelle hausse tarifaire à partir de 2014. Les Echos sont déjà le quotidien le plus cher de la presse française, ce que justifie Francis Morel par le fait que ce n’est pas un quotidien généraliste. Celui qui est par ailleurs vice-président de l’Association IPG (information
de politique générale), signataire de l’accord avec Google, confirme ainsi implicitement la fin des velléités du journal à devenir un quotidien d’information politique général. Comme avait tenté de le transformer Nicolas Beytout, lequel lancera « mi-mai » son quotidien bimédia web-papier d’« actualité politique, économique et internationale » : L’Opinion (1). « Partout dans le monde, les quotidiens économiques et financiers sont vendus plus cher que les quotidiens généralistes », souligne Francis Morel.
En mettant un terme au presque tout-gratuit sur lesechos.fr (2), le quotidien du groupe LVMH est passé au presque tout-payant en novembre dernier. Avec le risque de voir la presse à péage faire baisser son audience. « Nous avions quelques interrogations sur les conséquences du paywall sur l’audience. Finalement, l’audience globale du site a continué à progresser et les abonnement payants sont en hausse », affirme Francis Morel. Paywall rime d’ailleurs avec freemium : au-delà de quinze articles par mois,
voire cinq supplémentaires après enregistrement, Lesechos.fr deviennent payants moyennant 20 euros par mois (soit 240 euros par an). « Le poids du numérique est actuellement de l’ordre de 13 %. Le plan stratégique prévoit de dépasser les 20-25 % dans trois ans », précise-t-il. Mais le développement des abonnements présente un
« handicap » : celui de la TVA à 19,6 %, contre 2,10 % pour l’édition papier. « C’est une telle absurdité que le dossier évoluera sûrement. Quand, je l’ignore ». @

Audience télé : TF1 adopte la « stratégie du rebond »

En fait. Le 18 mars, Nonce Paolini, PDG du groupe TF1, était l’invité de l’Association des journalistes médias (AJM). Face à 2013 qui s’annonce en recul
(- 3 % en chiffre d’affaires), il mise sur une « stratégie du rebond » entre les réseaux sociaux et l’antenne pour maintenir l’audience de la chaîne.

En clair. « Nous nous inscrivons dans la stratégie du rebond, où l’antenne renvoie vers les réseaux sociaux et les réseaux sociaux renvoient vers l’antenne, comme le fait The Voice », a expliqué Nonce Paolini, patron de TF1. Le nouveau show musical de la chaîne, lancé il y a un an (1), constitue pour lui un exemple à suivre en termes de combinaison antenne-digital pour maintenir, voire augmenter, l’audience de l’année. « Il y a désormais un engagement du public avec Twitter ou bien MyTF1 Connect. Par exemple, jouer le coach de The Voice permet ce rebond », a-t-il précisé. Cette fonctionnalité interactive fait partie de MyTF1 Connect, une rubrique en ligne lancée en février dernier pour permettre aux télénautes d’interagir avec l’antenne et l’émission en cours de diffusion. MyTF1 Connect propose ainsi une sélection de tweets en lien avec le programme, des contenus supplémentaires synchronisés avec le live (coulisses, bonus vidéo, jeux, …). La fonctionnalité Instant Replay permet, en outre, de sélectionner une séquence au choix puis de la diffuser sur les réseaux sociaux par un simple clic. « The Voice et le numérique, via les réseaux sociaux, le replay vidéo ou encore le spectacle vivant (2) permettent aussi des revenus complémentaires », s’est félicité Nonce Paolini. Les annonceurs, qui veulent cibler les « femmes de moins de 50 ans responsables des achats » (The Voice ayant 47 % de part d’audience), ont en effet trois possibilités : être présents dans la promotion du jeu, devenir partenaires d’Instant Replay, ou passer par Ad’Connect (publicité synchronisée sur second écran).
La plupart des fonctionnalités de MyTF1 Connect seront généralisées à tous les programmes, dont les divertissements, le sport et l’information. Nonce Paolini espère que cette « stratégie du rebond » profitera, dès 2013, à l’ensemble de la chaîne. L’interactivité accrue avec l’antenne et MyTF1 devrait contribuer encore cette année à la forte croissance du chiffre d’affaires de e-TF1, qui a fait un bond de près de 20 % l’an dernier
à 101,2 millions d’euros pour un résultat opérationnel de 18,3 millions d’euros.
Par ailleurs, interrogé par EM@ en marge de son intervention, Nonce Paolini nous a indiqué qu’« il n’y avait, hélas, pas de discussion avec M6 et Canal+ » sur l’idée d’une plateforme commune de SVOD et de replay, pour contrer l’arrivée prochaine des Amazon et Netflix. @

SFR Régie : près de 25 millions d’euros en 2012

En fait. Le 15 mars, la régie publicitaire de SFR – dédiée aux mobiles (smartphones et tablettes), le web étant sous-traité à Lagardère – a présenté son 4e Observatoire de l’Internet mobile étendu cette année aux écrans connectés : 17 % des personnes ont trois écrans en 2012, elles seront 25 % en 2013.

En clair. La « duplication d’usage entre les écrans » est une nouvelle tendance qui va s’accentuer cette année : d’ici à fin 2013, un quart des utilisateurs vont en effet jongler avec leurs trois écrans que sont l’ordinateur, le smartphone et la tablette. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée en décembre (1) par SFR Régie (Vivendi) et GroupM Interaction (WPP). Cet usage « multi-screen » va bousculer le monde de la publicité jusqu’alors organisé en silos. « Les marques ne pourront plus communiquer comme avant. Il faut revoir les médiaplannings et les organisations pour articuler les différents écrans. En agences ou chez les annonceurs, il va falloir travailler dans les mêmes bureaux, partager les mêmes budgets, se mettre autour de la même table », prévient Patricia Lévy, directrice générale de la régie publicitaire de SFR. En marge de sa présentation, elle n’a par ailleurs pas exclu que la publicité des sites web et portails de SFR – confiée en exclusivité à Lagardère Publicité depuis le 1er janvier 2011 – ne soit
« à l’avenir » rapatriée en interne pour jouer la complémentarité entre les écrans. Car pour l’heure, SFR Régie est dédié à la publicité sur mobile – smartphones et tablettes. « Nous ne sommes pas loin des 25 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012 », nous a confié Patricia Lévy. Afin de « maximiser les rebonds », éditeurs et annonceurs vont devoir être présents sur tous les écrans. « C’est la fin de l’écran unique, et l’utilisation d’un ‘’second écran’’ devant la télévision est un phénomène massif. C’est en effet le cas pour 60 % des ‘’multiscreeners’’ », explique Raphaël Pivert, directeur de recherche chez GroupM Interaction. Cela suppose synchronisation, watermarking ou encore capture d’image.
Les indicateurs-clés de performance, que les professionnels de la publicité appellent KPI (Key Performance Indicators), vont eux aussi devoir changer. Ainsi, le monde de la publicité en ligne doit passer d’une logique d’« audience » à une logique d’« attention ». En attendant de mesurer les intentions d’achat, la satisfaction ou l’intérêt pour les marques, Médiamétrie va accompagner cette « transversalité des écrans » avec l’« Internet global » (2) : dès ce mois-ci vont apparaîtrent les premiers résultats consolidés de l’audience Internet sur ordinateurs et smartphones puis, dans un second temps, sur tablettes voire à terme sur TV connectées. @

A sept ans, Twitter a-t-il atteint l’âge de raison ?

En fait. Le 21 mars 2006, Jack Dorsey, le PDG cofondateur de Twitter, envoyait le tout premier tweet. Sept ans après ce « gazouillis », le réseau social de microblogs – aux messages limités à 140 caractères maximums – a dépassé les 200 millions d’utilisateurs actifs, sur plus de 500 millions de comptes créés.

En clair. La success story de Twitter à travers le monde est remarquable, mais la maturité de son modèle économique reste encore à démontrer. A l’âge de sept ans, le réseau social de microblogs – dont les « microposts » ne doivent pas dépasser les 140 caractères – n’est pas à l’origine de l’entrée pour la première fois de Jack Dorsey dans
la liste des milliardaires établie par magazine américain Forbes. Loin s’en faut. Et pour cause, selon eMarketer, la start-up californienne ne dépasserait pas les 300 millions de dollars de recettes publicitaires en 2012.
Or, si le cofondateur de Twitter apparaît dans le classement de Forbes publié en mars, avec un patrimoine personnel de 1,1 milliard de dollars, c’est plutôt grâce aux 25 % qu’il détient dans le capital de Square. Cette autre start-up, dont il est aussi cofondateur en 2009 et directeur général, est spécialisée dans le paiement mobile. Bien que son chiffre d’affaires ne soit pas rendu public, Square est valorisé 3,2 milliards de dollars (1). Résultat : Jack Dorsey est le 1.268 e milliardaire au monde et arrive en 392e position aux Etats-Unis. Pourtant, Twitter est bien mieux valorisé que Square : 9 milliards de dollars depuis que le fonds Blackrock a une participation au capital en janvier dernier. Mais la monétisation des 200 millions de « twittos » actifs chaque mois, reste le plus grand défi. Cela passe par l’augmentation de la publicité en ligne et l’expansion internationale de la société, basée à San Francisco. L’ouverture de ses locaux parisiens – prévue au printemps, comme ce fut évoqué avec le maire de Paris, Bertrand Delanoë – illustre bien la volonté de Twitter d’aller chercher sa croissance au-delà des Etats-Unis. En France,
où il compte 5,5 millions d’utilisateurs selon ComScore, le réseau social de micro-messages est en quête d’accords avec des médias locaux, tels que les chaînes de télévision (2), radios ou journaux. L’année 2013 sera aussi celle des vidéos (suite à l’acquisition de Vine) et des photos (après le remplacement d’Instagram) publiées par tweets. Et même de la musique, avec Twitter Music, comme l’affirme Cnet.com le 13 mars. Les tweets multimédias et promotionnels, dynamisés par la publicité sur mobile, permettraient ainsi à l’entreprise de Jack Dorsey de voir son chiffre d’affaires enregistrer une croissance exponentielle face à son rival « social » Facebook. @

TF1 : « Monétisation croissante de la vidéo en ligne »

En fait. Le 19 février, le conseil d’administration du groupe TF1 s’est réuni sous la présidence de Nonce Paolini (1) pour arrêter les comptes de l’année 2012 : le chiffre d’affaires est stable à 2,6 milliards d’euros, pour un résultat net en recul de 25,6 %
à 136 millions d’euros. Plus de payant en 2013.

En clair. La crise économique va continuer à peser sur les recettes publicitaires de TF1, qui prévoit une baisse de 3 % de son chiffre d’affaires cette année (2). Dans son rapport financier annuel 2012 publié le 19 février, la filiale de Bouygues dit vouloir « consolider
son offre gratuite » (quatre chaînes gratuites que sont TF1, TMC, NT1, et HD1) mais aussi « renforcer son offre payante » (Eurosport/Discovery, LCI, TV Breizh, TF6, Série Club, Histoire, Ushuaïa TV ou encore Stylia). Le rapport annuel indique notamment que
« la monétisation croissante de la vidéo en ligne » contribue – avec par ailleurs la hausse de la publicité sur les chaînes de la TNT et Eurosport – « à compenser le recul de la publicité sur la chaîne TF1 ». Mais le rapport ne dit mot sur l’offre de SVOD que prépare TF1 pour 2013 afin de contrer l’arrivée d’Amazon et de Netflix, voire de Hulu. « Nous y travaillons et nous rediscutons avec M6 et Canal » (3), nous avait indiqué Régis Ravanas, directeur général adjoint de TF1, en marge de la présentation de MyTF1 Connect le
17 janvier dernier.
Pour l’heure, le chiffre d’affaires vidéo de TF1 affiche une croissance des revenus de
7,4 % à 84,1 millions d’euros – notamment grâce à « la progression des ventes de VOD ». Le résultat opérationnel courant de TF1 Vidéo est légèrement positif à 300.000 euros
en 2012, après une perte de 11,7 millions d’euros l’année précédente. Quant à l’activité
e- TF1, elle enregistre une forte croissance de son chiffre d’affaires à 101,3 millions d’euros (+ 19,2 %) et un doublement de son résultat opérationnel à 18,3 millions d’euros. Et ce, grâce notamment à MyTF1 qui totalise sur l’an dernier sur son site web 658 millions de vidéos vues en replay (télévision de rattrapage), soit une hausse de 20,3 %. Depuis son lancement en janvier 2011, le succès de l’application MyTF1 se poursuit avec plus
de 4,5 millions de téléchargements à fin décembre 2012. Le site MyTF1.fr enregistre une hausse de sa fréquentation : 8 millions de visiteurs uniques en décembre 2012, soit une progression de 1,3 % par rapport à décembre 2011. « Ce succès tant en termes d’audience, de chiffre d’affaires que de rentabilité démontre à nouveau la pertinence de
la stratégie digitale de TF1. (…) Le groupe allie désormais l’efficacité du média de masse
à la proximité des médias numérique », se félicite le groupe dans son rapport financier. @