Facebook en Bourse : vers l’éclatement de la 2e bulle ?

En fait. Le 18 mai, la start-up Facebook (créée en 2004) est entrée en Bourse
– signe « FB » – après deux semaines d’un road show de son jeune fondateur Mark Zuckerberg (né en 1984) pour tenter de lever 16 milliards de dollars (valorisant le réseau social 104 milliards !). Mais plus dure est la chute…

En clair. Douze ans après l’éclatement de la première bulle Internet, l’économie numérique mondiale est à nouveau dans une nouvelle bulle spéculative. Facebook, valorisé un temps plus de 100 milliards de dollars après seulement huit ans d’existence, s’annonçait être la plus grosse introduction en Bourse jamais réalisées dans ce secteur. Le numéro 1 des réseaux sociaux, qui devrait dépasser en fin d’année 1 milliard d’utilisateurs sur la planète (1), espèrait lever plus de 15 milliards de dollars. En ayant levé en Bourse moins de 2 milliards de dollars en août 2004, Google fait figure de petit joueur – bien que la valorisation du premier moteur de recherche atteigne aujourd’hui plus de 156 milliards de dollars, la plus importante valorisation du Net (2). Des investisseurs jugent le prix de l’action – 38 euros dollars – trop élevé. Les premiers jours de cotation, l’action s’effondrant d’environ 10 % sous son seuil d’introduction, leur ont donné raison. Reste à savoir si Mark Zuckerberg (tout juste 28 ans en mai) a survendu son entreprise, laquelle accusait un fléchissement de son dernier chiffre d’affaires trimestriel (3). Le cas Facebook pourrait préfigurer la fin d’un « bulle Internet II » qui pourrait exploser sous l’effet de la crise financière et économique. Facebook a affiché en 2011 un chiffre d’affaires de 3,7 milliards de dollars, certes en croissance sur un an de 88 % mais cela reste très peu par rapport à la valorisation de plus de 100 milliards qu’on lui prête : plus de 25 fois ses revenus ! La start-up de Menlo Park (Californie) a bien affiché l’an dernier, pour la première fois, un bénéfice net de 1 milliard de dollars, en croissance de 65 %. Or c’est justement ce que le jeune groupe (déjà plus 3.500 salariés dans le monde) doit débourser pour racheter Instagram, le réseau social d’échange de photos qui aurait pu lui faire de l’ombre, ainsi que la start-up Glancee spécialisée dans l’Internet mobile. Autre doute : 85 % des revenus de Facebook dépendent du marché hyper concurrentiel de la publicité sur Internet, elle aussi sensible à la crise. Facebook, qui ne détient que 5 % du marché mondial de l’e-pub, vient de lancer tardivement sa boutique d’applications « App Center » pour concurrencer Apple, Google et Samsung. Facebook en Bourse pourrait être la grosse goutte qui pourrait faire déborder le vase… D’autant que les plaintes s’accumulent. @

Streaming illicite : aux intermédiaires de lutter ?

En fait. Le 16 avril, l’Hadopi publie un rapport de l’Idate intitulé « Etude du modèle économique de sites ou services de streaming et de téléchargement direct de contenus illicites ». Ils génèreraient en France de 51 à 72,5 millions d’euros sur
un an – l’équivalent d’un tiers du marché légal.

En clair. La Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et protection des droits sur Internet (Hadopi) est-elle en train de préparer les esprits à ce que les intermédiaires
du Web luttent contre les sites de streaming et de téléchargement direct illégaux ? Contrairement à la lutte contre le piratage sur les réseaux peer-to-peer (P2P), la surveillance « TMG » et l’identification des adresse IP ne sont techniquement pas possibles pour le streaming et le direct download – sauf à instaurer un filtrage généralisé du Net en vue de bloquer les contenus illicites. L’Europe n’en veut pas (1), l’Hadopi non plus. A lirele rapport de l’Idate pour l’Hadopi, il apparaît clairement que
les moteurs de recherche, les annuaires de liens, les systèmes de paiement, les plateformes d’affiliation ou encore les régies publicitaires vont être appelés par la justice à coopérer dans lutter contre le piratage d’œuvres (films, musiques, …) sur les flux directs. « La disparition [en janvier 2012] de la “galaxie Allo” (2) (dont faisait partie le site Alloshowtv très populaire en France) fait suite à une action en justice engagée par des ayants droit des industries du cinéma et de l’audiovisuel [plainte de l’APC, de la FNDF et du SEVN en décembre 2011, ndlr] appelant les moteurs de recherche à cesser le référencement de ces sites (…). Si cet événement reste pour le moment un cas isolé, il pourrait cependant faire figure d’exemple et préfigurer du type d’actions qui pourraient dorénavant être intentées contre des référenceurs », explique le rapport de l’Idate. Par exemple, en février 2012, les sites de certains services de contenus – comme PureVid et Uploaded.to. – ne sont plus référencés par les principaux moteurs de recherche dont Google et Bing. Le déréférencement n’est cependant par la seule arme fatale. Couper les flux financiers (publicité en ligne, systèmes de paiement, ….) peut aussi être fatal. « L’industrie du partage de fichiers pourrait également être directement menacée par un désengagement des intermédiaires indispensables à l’activité des services de contenu tels que les services de paiement en ligne et les régies publicitaires ». Ainsi, Paypal (groupe eBay) a fermé le 27 février 2012 et sans préavis le compte du site de référencement RapidGator. Les géants du Web pourraient devenir aussi des géants mondiaux dans la lutte contre le piratage en ligne. @

Moteurs de recherches et référencement commercial sur Internet : état des lieux

Si les contentieux liés au référencement commercial sur le Web ont abouti à des décisions mettant hors de cause les moteurs de recherches au regard du droit des marques, le marché de la publicité en ligne et la position dominante de Google préoccupent les autorités de concurrence.

Par Christophe Clarenc, associé (photo), Howard Tempier et Céline Bonfils, avocats, August & Debouzy

Le référencement commercial constitue depuis quelques années un véritable enjeu, tant pour les annonceurs que pour les moteurs de recherches. En effet, les moteurs de recherches, et plus particulièrement Google, constituent plus que jamais le centre névralgique de l’information sur Internet. Le référencement est ainsi devenu un véritable enjeu pour l’ensemble des annonceurs et une véritable source de pouvoir de marché pour les moteurs de recherches.

Le Web en France : 4 Mds d’euros pour un oligopole

En fait. Le 15 mars, Xerfi-Precepta a présenté – en partenariat avec le Geste (1) – son étude intitulée « Les stratégies des portails Internet grand public (contenus
et services) ». En France, le chiffre d’affaires pour 2011 aurait franchi la barre des
4 milliards d’euros, dont 60 % provenant de l’e-pub.

En clair. Hors e-commerce, le Web en France aurait franchi la barre des 4 milliards d’euros si l’on applique la nouvelle fourchette haute des prévisions de croissance avancées par le cabinet d’études économiques Xerfi-Precepta. « Au vu des premiers résultats actuellement publiés au titre de l’année fiscale 2011, la prévision de croissance des revenus sur un an devrait être supérieure aux 10 % que nous avions déjà projetés,
en l’occurrence entre 10 % et 15 % », a précisé David Targy, directeur d’études chez Precepta. Elles sont plus de 1.500 entreprises (2) à éditer des portails ou des sites Internet de services et de contenus. Ensemble, elles dégagent près de 1 milliard d’euros d’excédent brut d’exploitation. « C’est 2 fois plus élevé que pour toute la presse réunie et 2,5 fois plus que pour l’ensemble des entreprises françaises », souligne David Targy. Mais derrière ces performances se cache un marché oligopolistique. « On se représente le Web comme un parangon de concurrence pure et parfaite. Or, aussi surprenant que cela puisse paraître, il s’agit plutôt d’un oligopole. Au lieu de se répartir entre la multitude des acteurs, l’activité se concentre fortement sur des acteurs dominants », analyse-t-il. Au-delà de l’explication (effets de réseau, dominance de la publicité, différenciation insuffisante), l’étude montre que « la concentration du chiffre d’affaires et des marges est très élevée » : en France, Google (3) accapare à lui seul 23 % du chiffre d’affaires total (près de 900 millions d’euros) et 34 % de la marge brute total (plus de 300 millions). Rien que le Top
10 des acteurs établi pour 2010 (Google, Pages Jaunes, Meetic, M6 Web, Microsoft, Seloger.com, eTF1, Spir, Yahoo, Figaro Classified) pèse à lui seul 73 % des revenus et
61 % de la marge brute ! « Seulement 11 acteurs du Web en France sont au-dessus de
la barre des 50 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Leur nombre est de 27 au-dessus de 20 millions. Entre Google et Dailymotion, par exemple, il y a un écart de revenu de 1 à 50″, indique David Targy qui parle d’ »oligopole à frange concurrentiel ». Dailymotion (4) est d’ailleurs l’un des rares à être resté français, Aufeminin et Seloger (Axel Springer), Meetic (Interactive Corp), Leboncoin (Schibsted) ou encore Allociné (Tiger Global) sont passés dans le giron de groupes étrangers. @

Après le différé, la catch up va booster l’audience TV

En fait. Le 1er mars, M6 fête ses 25 ans. « La petite chaîne qui monte » est devenue
la troisième avec 10,8 % de parts d’audience en 2011, derrière TF1 (23,7 %) et France 2 (14,9 %). Elle est la seule chaîne historique à afficher, en 2011, une croissance de l’audience sur un an. Grâce au « différé ».

En clair. Si M6 a gagné l’an dernier 0,4 point de part d’audience, là où les autres chaînes historiques gratuites (TF1, France 2, France 3, Arte) en perdaient, c’est grâce au « différé » que Médiamétrie ajoute à l’audience classique (au moment de la diffusion à l’antenne) depuis le 3 janvier 2011. Cela a représenté l’an dernier en moyenne – sur l’ensemble des chaînes – 3 minutes 39 secondes de durée d’audience par jour et par personne supplémentaires. En effet, depuis plus d’un an maintenant, l’institut de mesure d’audience prend en compte le visionnage de programmes en différé jusqu’à sept jours après la diffusion initiale à l’antenne. Or, pour l’instant, cela ne concerne que l’enregistrement personnel sur magnétoscope numérique (1), DVD ou équipement à disque dur, voire le système de pause des box (time shifting). Quant à la télévision de rattrapage (catch up TV), elle n’est pas encore comptabilisée dans l’audience des chaînes. Mais, selon nos informations, c’est cette année que Médiamétrie va intégrer la catch up TV à sept jours sur téléviseur dans les mesures d’audience des chaînes (2). De quoi compenser un peu plus l’érosion de l’audience live à l’antenne, en raison de la délinéarisation et de l’affranchissement de la grille des programmes. Selon Médiamétrie, 14,5 millions de personnes ont utilisé la télévision de rattrapage en 2011, soit 3,4 millions de plus qu’en 2010. En février, après la fermeture de Megaupload, le patron de M6, Nicolas de Tavernost, avait constaté une forte augmentation du trafic sur ces services de rattrapage M6 Replay et W9 Replay. Si la catch-up TV se pratique d’abord sur ordinateur, elle est de plus en plus utilisée sur le téléviseur grâce aux portails proposés sur les box IPTV des fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Les smartphones et les tablettes deviennent des écrans de la TV délinéarisable. « L’année 2012 sera celle de la mesure de la catch up qui est une des dimensions clés de la TV connectée », a estimé Julien Rosanvallon, directeur du département Télévision de Médiamétrie. Mais à force de rajouter à l’audience initiale des chaînes du « différé », lequel peut permettre de contourner les publicités ou de les supprimer, les annonceurs ne risquent-ils pas de s’interroger sur l’audience qu’on leur « vend » ? Au-delà de l’antenne live, est-ce que l’on peut encore parler de télévision ? La VOD gagne du terrain. @