Le Parisien et L’Equipe projettent du “100 % tablette”

En fait. Le 8 juillet, la direction du Parisien/Aujourd’hui en France a présenté
un projet de développement nécessitant 30 millions d’euros d’investissement.
Sont notamment prévus : de « nouvelles offres numériques », du e-commerce
et réduction des effectifs jusqu’à 50 postes (sur 600) et nouvelle réorganisation

En clair. D’ici à fin 2012, le groupe dirigé par Marie-Odile Amaury va accélérer son développement dans de « nouvelles offres numériques, en particulier pour les tablettes interactive ». Selon nos informations, Jean Hornain, DG du « Parisien », et Philippe Carli, DG du groupe Amaury, devraient présenter leurs projets éditoriaux dès la rentrée. Au-delà d’une nouvelle formule du « Parisien » et d’un magazine pour le week-end, l’accent sera mis sur les nouveaux médias. Même si l’idée n’est pas évoquée explicitement, la création d’un ou plusieurs journaux 100 % tablette est étudiée actuellement par une équipe commune au Parisien et à L’Equipe pour lancer d’ici à 2012. « Il y a effectivement des projets sur tablette en cours d’étude avec une offre
plus complète et plus “moderne”.
La tablette est un nouveau support d’information », répond une porte-parole du
« Parisien/Aujourd’hui en France » à Edition Multimédi@. Le quotidien du groupe News Corp, spécialement conçu pour l’iPad, « The Daily », et lancé en février moyennant
99 cents par semaine, a créé un précédent. Mais « Le Parisien » pourrait aussi s’en
tenir à des « suppléments magazine » en s’inspirant du mensuel « The Project » lancé
à l’automne 2010 par Richard Branson. Dans l’une de ses rares interventions en public,
le 24 mars dernier (1), Marie-Odile Amaury – propriétaire du groupe éponyme – avait lancé : « Hier, nous étions éditeurs de journaux, Aujourd’hui, nous sommes producteurs de marques médias sur de nombreux supports, print et digital, ATAWAD (2). (…) Les smartphones, les tablettes et la TV connectée constituent nos nouvelles frontières ».
Le Parisien/Aujourd’hui n’est plus seulement un quotidien papier (460.000 exemplaires vendus chaque jour en semaine et 300.000 le dimanche). Il se décline déjà sur plusieurs supports : le web avec 23,9 millions de visites dans le mois (en juin selon l’OJD), pour 5,4 millions de visiteurs unique par mois en moyenne (selon Médiamétrie), et le mobile avec 8 millions de visite dans le mois (en mai selon l’OJD), pour 860.000 visiteurs uniques par mois. « Le quotidien le plus lu en France » fait face à la fragmentation de son lectorat, comme c’est le cas aujourd’hui de la totalité des journaux. « La presse vit une période paradoxale où l’audience augmente mais la diffusion baisse. (…) Internet constitue une machine à “désintermédier” », analyse Marie-Odile Amaury, qui se demande « comment créer de la valeur dans un monde mis à mal par la culture du Web où la propriété intellectuelle n’est pas toujours valoriser »… @

Les éditeurs de services en ligne restent insatisfaits malgrés les assouplissements d’Apple

Le 9 juin, Apple a annoncé aux éditeurs de contenus un assouplissement de certaines règles à partir du 30 juin. En France, le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) reste « insatisfait » et s’interroge sur l’envoie d’un courrier de griefs qu’il prévoyait d’adresser au PDG d’Apple, Steve Jobs.

Les éditeurs de services en ligne et le géant mondial Apple, qui leur impose sa loi, vont-
ils enterrer la hâche de guerre ? Liberté tarfaire sur iPhone, iPad ou iPod, et possibilité
de vendre leurs contenus en dehors d’App Store : telles sont les principales mesures concédées aux médias. Suffisant ? Selon nos informations, le président du Geste (1), Philippe Jannet, devait envoyer ces jours-ci un courrier à Steve Jobs – avec copie à
la direction de la filiale française – pour lui signifier le mécontentement généralisé des éditeurs, presse online en tête.

Le CFC s’apprête à lancer sa plateforme numérique

En fait. Le 7 juin, le Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) a présenté aux éditeurs de presse son bilan 2010 : la barre des 10 millions d’euros
de perception de droits numérique d’articles est dépassée, soit une hausse de
33 % sur un an. Sa plateforme numérique « NLA » sera lancée fin juin.

En clair. Selon nos informations, la plateforme numérique du CFC – unique société
de gestion collective agréée par le ministère de la Culture et de la Communication pour leur reproduction de la presse, du livre et des sites web – devrait être lancée fin juin
(1) pour être véritablement opérationnelle à partir de septembre 2011. Elle vise à standardiser et distribuer les contenus numérisés des journaux ou des sites d’information auprès des entreprises, des administrations et des sociétés spécialisées dans la veille de presse ou de press clippings (Kantar Media, Argus de la presse, Press Index, Up2News, …).
Leur exploitation dans les panoramas de presse représente 91,7 % des reproductions
et des rediffusions. Le CFC assure ainsi la gestion des droits numériques de plus de 1.800 publications et sites Internet français, soit environ 300 éditeurs. S’appuyant sur
la solution développée par l’agence britannique NLA (Newspaper Licensing Agency) qui l’utilise déjà pour sa plateforme numérique eClips (2), le CFC espère accélérer ses ventes numériques. D’autant que les clients – plus friands de revues de presse moins coûteuses que de multiples abonnements – abandonnent progressivement la reproduction papier d’articles de presse au profit de copies numériques. Résultat :
le papier, en recul de 15% sur un an, génère désormais moins d’un quart des redevances perçues par le CFC en 2010, soit seulement 3,22 millions d’euros sur le total de 13,29 millions d’euros. Depuis 2007, le numérique a dépassé le papier pour dépasser l’an dernier la barre des 10 millions d’euros de chiffre d’affaires (10,07 millions précisément). Au titre de l’année 2010, le CFC a reversé aux éditeurs sous mandat 8,9 millions d’euros – somme en hausse de 36 % sur un an – après avoir prélevé 11,01 % de frais de gestion. La plateforme du CFC, qui donnera aussi la possibilité pour les éditeurs de gérer en ligne leurs archives et de les partager au format standard de description de document XML (3) ou en PDF, est testée depuis quelques mois par plusieurs éditeurs (Le Monde, Le Figaro, L’Express, Les Echos, Groupe Moniteur, Aujourd’hui en France, …) et des prestataires comme Kantar Media et Explore. Le
CFC devrait présenter la plateforme au Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste), dont bon nombre de membres sont éditeurs de presse. L’agrément du CFC par le ministère de la Culture et Communication, qui arrive à échéance le 13 juillet prochain, devrait être renouvelé. @

Pourquoi la presse mise sur l’intégration web-papier

En fait. Le 5 mai, Le Nouvel Observateur a mis en ligne la nouvelle version de
son site web et a publié une nouvelle formule de son édition papier. Désormais,
le sort de l’hebdomadaire est lié à celui du Nouvelobs.com. Le bimédia se généralise dans la presse (Le Monde, Le Figaro, La Croix, Les Echos, …).

En clair. Il n’est pas une rédaction de quotidien, d’hebdomadaire ou de magazine
qui ne deviendra à terme bimédia, si cela n’est pas déjà fait. Conséquence de cette intégration web-papier : les différentes périodicités (quotidien, hebdo, mensuel, …) vont plus ou moins s’estomper avec la diffusion en continu et en temps réel de l’information sur le Web, les mobiles et les tablettes. Internet devient ainsi le dénominateur commun des médias, une sorte de fil d’Ariane. Mais celui-ci permettra-t-il à la presse, dont l’édition papier est en perte de vitesse et les recettes publicitaires en recul, de retrouver dans ce labyrinthe numérique une rentabilité économique ? En général, l’activité numérique est déficitaire et ne suffit pas encore à compenser le déclin de l’édition imprimée. Le canard est boiteux…
Il s’agit de retrouver l’équilibre, en accroissant l’audience et les revenus. « L’avenir, c’est le Web. C’est comme cela que nous nous en sortirons. Mais je pense que l’on
ne peut pas gagner de l’argent sur Internet avec de l’info pure », a mis en garde
Claude Perdriel, le fondateur et propriétaire du groupe Nouvel Observateur, lors de la présentation de la formule bimédia. Le site Nouvelobs, qui compte une quinzaine de journalistes, affiche une perte de 1,7 million d’euros en 2010 mais bénéficiera d’un budget de 2,5 millions d’euros cette année. La formule bimédia s’appuie sur l’ensemble des 165 journalistes placés depuis le 1er mars sous la houlette de Laurent Joffrin. Des projets pourraient être aussi lancés avec Libération (1). Gratuit, le Nouvelobs développe depuis un an des zones payantes. Quelques jours avant, le 28 avril, La Croix a aussi lancé sa formule bimédia.
Le quotidien du groupe Bayard (détenu par les Augustins de l’Assomption) parle de
« faire un seul journal avec deux supports » (90 journalistes). La-croix.com mise sur
le payant avec quelques articles gratuits. Investissement : environ 600.000 euros.
Du côté du Figaro, qui a présenté le 2 mai son projet bimédia, les 250 journalistes
du quotidien de Serge Dassault vont devoir collaborer au site web où se trouvent
déjà 50 journalistes. C’est ce que tentent de faire depuis un an Les Echos et son site
« freemium » (lire EM@ 25). Le Monde et son site gratuit s’y préparent aussi sous l’égide d’Erik Izraelewicz rejoint – à partir de juin – par Serge Michel. Ces intégrations passent par l’innovation : sites thématiques, espaces participatifs, déclinaisons sur réseaux sociaux. A moins que la presse ne prépare la disparition du papier « à partir
de 2017 » (2) comme La Tribune. @

Les internautes sont appelés à financer la presse

En fait. Le 28 mars, le New York Times a lancé son édition payante au-delà
de 20 articles gratuits par mois après l’avoir d’abord testée quelques jours
au Canada. Le même jour, en France, Jaimelinfo.fr lance sa plateforme de financement de la presse en ligne – après avoir testé une version bêta depuis novembre.

En clair. Qu’il s’agisse de journaux imprimés, comme le New York Times, décidés à
faire payer leurs articles mis en ligne, ou des sites web d’information, comme Rue89
ou Mediapart, faisant appel aux dons des lecteurs, la presse sur Internet tente de tourner la page du tout gratuit. Dans un cas (les journaux historiques) comme de
l’autre (les nouveaux pure players), l’objectif est de trouver de « nouvelles sources
de revenus » pour « financer l’information ». Le journalisme a un coût que la gratuité financée par la publicité en ligne se suffit pas à couvrir. Mais le dilemme est draconien : en faisant payer les articles, l’éditeur fait un trait sur une audience élevée et renonce de ce fait aux recettes publicitaires correspondantes. C’est le passage du mass media au média ciblé. Le New York Times n’a pas opté pour le tout-payant comme c’est le cas du Times et du Sunday Times du groupe News Corp. (Murdoch), mais pour une formule
« freemium » : à partir de 20 articles gratuits par mois, trois formules d’abonnement numériques sont proposés – de 15 à 35 dollars par mois (1). Cette formule hybride permet de ménager la chèvre (l’abonnement) et le chou (la publicité). Le spectre d’un effondrement de l’audience du site web existe, comme ce fut le cas du Times et du Sunday Times qui ont perdu près de 90 % de leur lectorat d’internautes après être devenus payant comme le Wall Street Journal (également propriété de Rupert Murdoch) et du Financial Times (groupe Pearson). Passer de quelques millions de connexions par mois à quelques dizaines de milliers a de quoi bousculer le modèle économique des journaux bien établis. Pour les autres, les nouveaux entrants nés sur le Web, il n’y a rien à perdre. Il y a même tout à gagner, comme le montrent Spot.us aux Etats-Unis ou Jaimelinfo.fr en France. Ce dernier réunit à ce stade 78 sites web ou de blogs d’informations, qui trouvent là une source de revenus supplémentaires allant de 5 à 50 euros ou plus par donation. J’aimelinfo prélève 10 % sur chaque transaction effectuée. « Nous ne visons pas tant à faire appel à la générosité des lecteurs qu’à les associer à la construction de l’information et au financement de nouveaux projets. Il s’inscrit dans la mouvance du “crowdfunding“ (2) », explique Laurent Mauriac, président de Jaimelinfo, dont le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil) est membre fondateur. La plateforme Jaimelinfo a été développée par Rue89, dont Laurent Mauriac est cofondateur. @