OCS (ex-Orange Cinéma Séries) fête ses 10 ans et renégocie avec le cinéma

En fait. C’est le 17 novembre 2008, il y a dix ans jour pour jour, que l’ex-France Télécom a lancé « Orange Cinéma Séries » dans la foulée d’une convention signée le 7 novembre avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Aujourd’hui, OCS s’apprête à signer son troisième accord (1) avec le cinéma français.

En clair. Selon nos informations, OCS – la chaîne payante détenue à 66,67 % par Orange et à 33,33 % par Canal+ – est entrée en négociation avec les trois organisations du cinéma français que sont le Bureau de liaison des organisations du cinéma (Bloc), le Bureau de liaisons des industries du cinéma (Blic) et la société civile des Auteurs, Réalisateurs, Producteurs (L’ARP). Alors que l’accord quinquennal (2014-2018) actuellement en vigueur entre OCS et le 7e Art français arrive à échéance le 31 décembre prochain, l’entité Orange Content – laquelle regroupe depuis juillet 2017 non seulement OCS mais aussi la direction des contenus et les Orange Studio et Orange Prestations TV – a envoyé à ces trois organisations cinématographiques sa proposition de revalorisation pour parvenir à un nouvel accord censé prendre le relais le 1er janvier 2019.

Comment Arnaud Lagardère purge son activité « médias » et se recentre sur la production audiovisuelle et le digital

Le morcellement de Lagardère Active, l’une des quatre branches d’activité du groupe d’Arnaud Lagardère, laisse craindre pour ses quelque 3.200 salariés une vente de la presse à la découpe. Pour son président Denis Olivennes, il s’agit de tourner la page (exceptés Paris Match et le JDD) pour miser sur l’audiovisuel et
le digital.

Par Charles de Laubier

Les actionnaires du groupe Lagardère SCA – société en commandite par actions, dont Arnaud Lagardère (photo) est le gérant (1) – sont convoqués à la prochaine assemblée générale annuelle qui se tiendra le 3 mai au Carrousel du Louvre à Paris. Il s’agira notamment pour eux d’approuver les comptes consolidés de l’exercice 2017, lequel affiche un bénéfice net
de 178,8 millions d’euros, en hausse de 1,8 % sur un an, pour un chiffre d’affaires en baisse, lui, de 4,4 % à un peu plus de
7 milliards d’euros. Lors de cette grand-messe de ce groupe diversifié et de médias coté en Bourse, il sera proposé de leur verser un dividende unitaire de 1,30 euro par action, un niveau identique à celui de l’année précédente,
soit un montant global maximum pour 2017 d’environ 170,4 millions d’euros sur la base du nombre d’actions composant le capital social à ce jour. C’est toujours bon à prendre, étant donné le contexte incertain dans lequel évolue le groupe d’Arnaud Lagardère.

Médias et audiovisuel : plus que 12,3 % des revenus du groupe en 2017
Depuis la publication, le 8 mars dernier, de ses résultats annuels qui ont quelque peu déçu en termes de rentabilité et de trésorerie, le titre « MMB » – de l’ancien nom de société devenue Lagardère SCA en 1987 – a du mal à se redresser en Bourse après avoir chuté de plus de 7,7 %. Et depuis le pic du 5 mai 2017, l’action a perdu près de
20 %. Pas de quoi pavoiser. Des quatre branches d’activité du groupe – par ordre décroissant de revenus en 2017 : Lagardère Travel Retail (3,4 milliards d’euros), Lagardère Publishing/Hachette Livre (2,2 milliards), Lagardère Active (872 millions), Lagardère Sports et Entertainment (496 millions) –, c’est la troisième qui suscite le
plus d’interrogations et d’inquiétudes. Bien que cette branche historique « médias, numérique et production audiovisuelle » ne pèse plus que 12,3 % du chiffre d’affaires
en 2017 du groupe et ne contribue plus qu’à hauteur de 17,3 % de son résultat opérationnel, Lagardère Active provoque à elle seule un climat anxiogène sur l’ensemble de l’entreprise et une méfiance de la part des investisseurs. En interne d’abord, l’inquiétude est à son comble depuis que le groupe d’Arnaud Lagardère
a lancé une procédure dite d’information-consultation du comité d’entreprise sur
la réorganisation de son activité « médias ».

Arnaud Lagardère préside le pôle « News »
Lagardère Active chapeaute différentes entités telles que Hachette Filipacchi Associés (Journal du Dimanche, Paris Match, Télé 7 Jours, Télé 7 Jeux, France Dimanche, Ici Paris), Lagardère Digital France, Lagardère Publicité Hachette Disney Presse ou encore Plurimédia. Lors d’un comité d’entreprise qui s’est tenu le 20 mars, Denis Olivennes – président de Lagardère Active – a exposé aux représentants des salariés ce qu’il avait déjà présenté le 15 mars aux délégués syndicaux. A savoir : la création de neuf entités indépendantes, dont un pôle « News » présidé par Arnaud Lagardère lui-même et constitué de la radio généraliste Europe 1, des radios musicales RFM et Virgin Radio, ainsi que des hebdomadaires JDD (Journal du dimanche) et Paris Match. Tous les autres titres de presse sont en vente, y compris le magazine hebdomadaire féminin Elle, jusque-là préservé, qui rejoint ainsi – avec ses déclinaisons « décoration » et « à table » – Télé 7 Jours, Télé 7 jeux, France Dimanche, Ici Paris, Public et Webuzz au sein d’un pôle « Presse » en sursis. Les trois autres pôles sont « Télévision » (Gulli, TiJi, MCM, Mezzo, …), dont les chaînes sont aussi à vendre, Lagardère Studios (production et distribution audiovisuelles), et « Pur numérique et BtoB » (Doctissimo.fr, MonDocteur.fr, Doctipharma.fr, Boursier.com, BilletReduc.com, etc.). Ce morcellement de Lagardère Active, qui se recentre ainsi sur la production audiovisuelle et le numérique, n’est pas du goût des salariés. Ils ont voté – « à l’unanimité » de 600 d’entre eux réunis le 16 mars dernier – une motion de défiance à la fois contre la direction de Lagardère Active et contre la direction du groupe Lagardère, et leur projet censé être mené au pas de charge en trois mois.
Choqués et inquiets pour leur avenir, les salariés dénoncent « la brutalité de cet “habillage de la mariée” » et « le montage financier qui doit être réalisé en trois mois afin de pouvoir trouver preneur de l’ensemble de ces nouvelles sociétés (sauf le pôle News) dans le même laps de temps ». Les quelque 3.200 salariés de Lagardère
Active – dont 77 % situés en France – sont échaudés par les plans sociaux successifs. Denis Olivennes a engagé fin 2011 cette mue « médiatique » dans le cadre du projet
« Réinventer Lagardère Active », qui a vu le groupe sortie de la presse magazine à l’international (plus de 100 titres vendus à Hearst) – tout en vendant par ailleurs en 2013 ses participations dans Canal+ et dans le groupe Amaury. Les effectifs de Lagardère Active ont été réduits de 1.000 personnes, auxquels se sont ajoutés plus
de 220 départs volontaires en 2017 chez Télé 7 Jours, Ici Paris et France Dimanche. Auparavant, en avril 2014, Lagardère Active avait déjà cédé dix de ses magazines,
dont huit au français de presse en ligne Reworld Media éditeur de Marie-France (Be, Maison & Travaux, Le Journal de la Maison, Campagne Décoration, Mon Jardin Ma Maison, Auto Moto, Pariscope, Union) et deux au groupe belge Rossel éditeur du Soir (Psychologies Magazine, Première). Le patron de Reworld Media, Pascal Chevalier,
a fait savoir mi-mars (2) qu’il était intéressé à la reprise de titres non seulement de Lagardère mais aussi du groupe italien Mondadori en France (Sciences et Vie, Biba, Grazia, Top Santé). A bon entendeur…
Ces dernières semaines, Lagardère, Mondadori et le groupe Marie Claire (GMC) ont été en discussion en vue d’un éventuel mariage à trois. Mais Arnaud de Contades, directeur général de GMC et arrière-petit-fils de Jean Prouvost, lequel avait créé le magazine Marie Claire en 1937, a fait savoir le 22 mars que son groupe ne participait plus aux discussions avec Lagardère et Mondadori. Et ce, indépendamment du fait que Lagardère détient 42 % de GMC (racheté en 2001 à l’époque à L’Oréal), sans y être impliqué opérationnellement.
Quoi qu’il advienne dans les semaines et mois à venir, les salariés de Lagardère Active ont décidé de se réunir cette année tous les quinze jours en assemblée générale afin d’être tenus au courant des avancées des négociations de ventes ou de fusions. La dernière AG a eu lieu le 27 mars. « L’une des conséquences de cet éclatement est l’éparpillement des élus ; certaines sociétés compteront moins de 50 salariés, sans aucun représentant syndiqué pour les représenter. Une autre conséquence : la dénonciation des accords d’entreprise ; il restera aux élus de réclamer la constitution d’une représentation en unité économique et sociale (UES) », indique le syndicat de journalistes CFDT.

Devenir un leader européen de l’audiovisuel
En purgeant son activité historique dans la presse, héritée de son père Jean-Luc et démarrée avec Hachette Filipacchi (Paris Match, Elle, …) via Matra, Arnaud Lagardère entend se renforcer dans l’audiovisuel (production et distribution), où il compte
« transformer le champion français en leader européen » (dixit Olivennes), ainsi que dans le numérique et la data (3). Après avoir racheté Boomerang TV en Espagne (mai 2015) et de Aito Media en Finlande (octobre 2017), Lagardère Active a annoncé le 12 mars la prise de contrôle de Skyhigh TV aux Pays-Bas. @

Charles de Laubier

Chronologie des médias : reprise des discussions le 1er juillet

En fait. Le 1er juillet, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) réunira les professionnels du cinéma, de la télévision et du numérique pour reprendre les discussions – qui avaient été interrompues en décembre – pour tenter de faire évoluer la chronologie des médias inchangée depuis 2009.

Christophe TardieuEn clair. Selon nos informations, Christophe Tardieu (photo), directeur général délégué du CNC, a envoyé le 5 juin dernier aux professionnels concernés par le réaménagement de la chronologie des médias une invitation à la réunion de reprise des discutions prévue le 1er juillet prochain – « en vue de la conclusion d’un nouvel accord ». Il a joint « pour mémoire » à son message « le projet d’avenant global issu de nos réunions précédentes qui servira de base au redémarrage de nos discussions ».
Ce projet confidentiel est en fait strictement identique au projet « définitif » que le CNC avait déjà envoyé près de six mois plus tôt, le 27 janvier dernier. C’est qu’aucune avancée n’a été faite depuis l’interruption des négociations par Canal+ à l’automne dernier et malgré une précédente réunion du CNC le 18 décembre.

La chronologie des médias suspendue à l’accord Canal+

En fait. Le 18 décembre prochain, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) se réunira – sous la houlette de son DG délégué Christophe Tardieu – pour tenter de sortir de l’impasse les négociations sur la chronologie des médias, censées aboutir d’ici la fin de l’année. Mais Canal+ bloque.

Christophe Tardieu

Christophe Tardieu, DG délégué du CNC

En clair. Selon nos informations, c’est le 13 novembre dernier que les organisations professionnelles du cinéma français ont adressé à Rodolphe Belmer, directeur général de Canal+, un courrier pour lui proposer de proroger de six mois, soit jusqu’au 30 juin 2015, leur accord 2010-2014 qui arrive à échéance le 31 décembre prochain.
Cet accord quinquennal, signé le 18 décembre 2009 avec la chaîne cryptée par les représentants du cinéma français (1),
ainsi que par le Syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN), fixe les obligations d’investissement et de préfinancement du groupe Canal+ dans des films français.

David Kessler devra aider le groupe Orange à clarifier sa stratégie dans les médias et les contenus

C’est l’ancien conseiller pour la culture et la communication du président de la République : David Kessler prend le 1er décembre ses fonctions à la fois de DG d’Orange Studio et surtout de « conseiller de la direction générale sur la stratégie médias et contenus » du groupe Orange. Vers un nouveau revirement stratégique ?

Par Charles de Laubier

David KesslerLa stratégie de partenariats dans les contenus, adoptée par Stéphane Richard il y a quatre ans avec son plan « Conquêtes 2015 », était-elle la bonne ? C’est la question à laquelle devra répondre David Kessler (photo), le nouveau « Monsieur médias et contenus » du groupe Orange, également nommé directeur général de la filiale de coproduction de films Orange Studio – laquelle est présidée par Christine Albanel, qui fut elle aussi conseiller à l’Elysée, pour la Culture et l’Education.
Face aux offensives des géants du Net – les « GAFAN », si l’on y ajoute Netflix – dans les contenus, l’ex-France Télécom s’interroge au moment où les revenus de ses réseaux fixe et mobile décroissent.