Musique : face au streaming, le téléchargement mise sur la qualité sonore, mais avec des tarifs peu lisibles

L’année 2014 aura été celle du « délitement du téléchargement » dans la musique en ligne. Mais la meilleure qualité sonore des fichiers est devenu un nouvel enjeu pour les plateformes. Mais pour l’Observatoire de la musique, cela s’accompagne d’une stratégie commerciale et tarifaire « peu lisible ».

« Le second semestre 2014 confirme le changement de paradigme définitif de l’économie musicale. En effet, semestre après semestre, nous assistons à un délitement du téléchargement. Constaté dès septembre 2013, le recul du téléchargement s’est aggravé au cours de l’année 2014 qui n’a connu en termes de chiffre d’affaires aucune période mensuelle de croissance », constate le rapport semestriel (1) de l’Observatoire de la musique, réalisé avec la collaboration de Xavier Filliol (photo), expert indépendant et par ailleurs trésorier du Syndicat des éditeurs
de services de musique en ligne (ESML), lequel est membre du Geste dont il est coprésident de la commission Musique & Radio.

Le Geste met en place une bourse de partage vidéos

En fait. Le 9 avril prochain, le groupe de travail « Médias et vidéo » nouvellement créé par le Groupement des éditeurs de contenus et de services en ligne (Geste) va se réunir pour la seconde fois en vue d’aboutir à la mise en place d’une
« bourse commune de partage de vidéos » entre les médias intéressés.

En clair. Selon nos informations, cette réunion du 9 avril fait suite à une première qui s’était tenue en février, au cours de laquelle une dizaine d’éditeurs membres du Geste (1) ont décidé de mettre en place une « bourse commune de partage de vidéos ». Il s’agit pour cette seconde réunion de « définir la suite du plan d’action ». L’objectif de cette plateforme B2B est de mettre en contact et de permettre à tous les éditeurs de services en ligne qui le souhaitent de référencer et de mutualiser leurs contenus vidéo entre eux, selon la logique de l’offre et de la demande. Les éditeurs pourront ainsi diffuser plus largement leurs propres productions audiovisuelles – reportages, documentaires, tutoriels, interviews, fictions, animations, … – et, inversement, identifier de contenus tiers susceptibles d’intéresser leur audience en ligne. « Les médias ont
un besoin croissant en contenus vidéo et il devient crucial de se différencier et de personnaliser l’expérience vidéo », explique le Geste, qui compte à ce jour 119 membres – parmi lesquels TF1, France Télévisions, Google, Lagardère Active, Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur, L’Express, La Tribune, Orange, Prisma Media, Mondadori, AFP, CCM Benchmark, etc. Le groupe de travail « Médias et vidéo » travaille sur des problématiques communes telles que le sourcing (recherche de fournisseurs), l’acquisition, la production, le budget, la monétisation, les techniques d’exploitation et de mise en ligne des vidéos ou encore la relation avec l’audience. Ce besoin de créer une plateforme de partage vidéo avait été identifié lors de la réunion
de la commission « TV/Vidéo » du Geste en décembre 2014, notamment par Claire Leproust, fondatrice de FabLabChannel (et ex-directrice des développements numériques chez Capa TV Presse).

Internet devrait tourner à la guerre des plateformes

En fait. Le 19 novembre, l’Idate a présenté – lors du DigiWorld Summit qu’il organisait à Montpellier – ses quatre scénarios pour le futur d’Internet d’ici à 2025. Son auteur, Vincent Bonneau, directeur Internet de l’institut, a indiqué
celle qui était « la plus probable : la guerre des plateformes ».

En clair. « La guerre des plateformes est déjà engagée mais pourrait être exacerbée », prévoit Vincent Bonneau, directeur des études Internet à l’Idate. Dans ce scénario « le plus probable », la guerre des plateformes n’aura pas lieu uniquement avec les acteurs du Net que l’on connaît – Google, Facebook, Amazon, … – mais aussi avec de nouveaux entrants dans le numérique tels que des géants de la distribution comme l’américain Walmart, le britannique Tesco ou encore le français Carrefour. « Ces grands retailers sont par exemple déjà les numéros deux ou trois de la VOD sur leur marché respectif, et ont commencé à faire des acquisitions dans le cloud ou la publicité en ligne ciblée », a-t-il souligné. Mais ce scénario de guerre entre les plateformes se déroule actuellement dans un monde très contrôlé : « On était parti sur un Internet assez ouvert, puis on a refermé beaucoup de chose grâce aux OS (Operating Systems) des mobiles. Avec les smartphones et les tablettes, on est revenu à un monde un peu comme “AOL” d’il y a quinze-vingt ans, avec des solutions et des écosystèmes relativement contrôlés », a fait remarquer Vincent Bonneau. Les trois autres scénarios sont : « l’innovation ouverte » (le mieux disant en terme de croissance), « les îles low-cost» (concentrés sur les services les plus disruptifs) et « la confiance contre paiement » (présenté comme un scénario de « début de chaos numérique » avec des solutions ultra-sécurisées payantes). @

La presse et la radio se lancent à l’assaut de la télé

En fait. « Le 14 mai à 18h00, vous trouverez à cette adresse [Lopinion.fr] un nouveau média : L’Opinion », a annoncé Nicolas Beytout sur son site web avant
le lancement… vers 20 heures. A l’instar de la presse et de la radio, l’ancien patron des Echos mise sur la vidéo pour être plus visible et attirer la publicité.

En clair. La presse et la radio misent de plus en plus sur la vidéo, laquelle ne relève pourtant pas de leur savoir-faire historique. C’est une tendance de fond qui devrait brouiller à terme les frontières qui préexistaient avant l’ère numérique. L’écrit et l’audio
se mettent ainsi à marcher sur les platesbandes de la télévision. Nicolas Beytout parle
de « chaîne vidéo » et de « journal télévisé » (JT) sur L’Opinion, ce qui lui permet de s’immiscer à nouveau dans le PAF (1).
Il faut dire que l’ex-PDG du groupe Les Echos a toujours été attiré par la télévision, non seulement lorsqu’il était directeur de la rédaction du quotidien économique et financier Les Echos (doté de son propre studio télé) mais aussi lorsqu’il avait des vues sur la direction de l’information de TF1 (en 2007), en passant par ses différentes collaborations télévisées (LCI, iTélé, …).
Avec L’Opinion, présenté initialement comme un « bimédia » (web-papier), Nicolas Beytout renoue avec l’audiovisuel. Quelque 40 minutes de vidéo seront proposées chaque jour sur le site web du quotidien pluri-média, dont deux flashes d’information vidéo diffusés à 12 heures et à 21 heures, ainsi qu’un JT à 18 heures. « L’information vidéo aura la même ligne que le journal, c’est à dire libérale, européenne et probusiness », a tenu à préciser le directeur de la rédaction lors d’une conférence de presse le 13 mai dernier. Et contrairement à la majeure partie de L’Opinion qui est payante, la vidéo sera proposée gratuitement.
Cela se comprend aisément : la publicité sur vidéo en ligne (dite in-stream, c’est-à-dire intégrée dans le flux vidéo en streaming) affiche le plus fort dynamisme (+ 50 % à 90 millions d’euros en 2012) du marché français des recettes de la e-pub (2). Les autres médias traditionnels, comme Le Figaro côté presse et RTL côté radio, ne s’y sont pas trompés. Fin mars, le quotidien de Serge Dassault lançait un portail Figaro TV d’actualités vidéo (video.lefigaro.fr). De plus, le quotidien papier propose la fonction Figaro Play pour les détenteurs de smartphone qui souhaitent prolonger en vidéo un article imprimé. Fin avril, RTL commençait à diffuser sur Internet et en direct vidéo de ses studios la tranche 7h-12h30. Mi-mai, Europe 1 faisait de même sur la tranche 6h30-13h. Le journal vidéo et la radio filmée vont bousculer un peu plus la manière de regarder la télé. @

La télévidéo

Comme le Livre nous fut donné par la voix descendue du Ciel d’un Dieu tout puissant, nos programmes de télévision nous sont longtemps parvenus par la bonne volonté de mystérieux directeurs des programmes, nouveaux grands prêtres de cette véritable religion cathodique, restés dans l’ombre des vedettes du petit écran. La vidéo, comme le
livre en son temps, aborda la dimension horizontale en se démocratisant par la conquête de tous les réseaux et tous les terminaux. Après des décennies de télévision linéaire associée à une consommation réputée passive, voici qu’une nouvelle forme d’accès
actif aux programmes s’impose. Par la force de la numérisation et de l’« internétisation » des médias et des contenus, nous avons désormais accès à une vidéothèque planétaire. Comme dans une bibliothèque en ligne personnelle extraordinaire, nous pouvons désormais piocher à loisir des vidéos aussi facilement que nos ancêtres choisissaient leurs livres bien rangés sur des rayonnages, au gré de leurs envies.

« Les plates-formes de SVOD non seulement
concurrencent les offres de VOD traditionnelles,
mais aussi rivalisent avec la télévision à péage. »