En fait. Le 29 novembre, une source interne à France Télécom indique à EM@ qu’un département baptisé Orange Digital va être créé pour regrouper – sur un seul site géographique – les activités contenus et audiences liés à Internet, jusqu’alors identifiées sous le sigle NAC (Nouvelles activités de croissance).
Le CSA propose une « exception culturelle » à la neutralité du Net
Pour le CSA et l’Arcep, leur rapprochement – si ce n’est leur fusion – faciliterait
la régulation de tous les acteurs, dont les OTT (Over-The-Top). Le principe de
« fréquences contre obligations » ne s’appliquant pas à tous les opérateurs,
le CSA prône une régulation « culturelle » des réseaux.
Par Winston Maxwell, avocat associé Hogan Lovells LLP
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes ont remis au gouvernement leurs recommandations quant à l’avenir de la régulation de l’audiovisuel et des communications électroniques. En filigrane,
est posée la question de leur éventuelle fusion. L’avis du CSA est
une occasion de rappeler l’incroyable complexité du dispositif réglementaire pour l’audiovisuel en France.
Cris de guerre au DigiWorld Summit : «ATAWADAC ! »
En fait. Les 14 et 15 novembre s’est déroulée la 34e édition du DigiWorld Summit 2012, organisé par l’Idate (1) à Montpellier, sur le thème cette année de « Game Changers: Mobile, Cloud, Big Data ». Pour les internautes et mobinautes, cela
se traduit par « Any Time, Any Where, Any Device, Any Content ».
En clair. L’époque des usagers des anciens monopoles publics de télécommunications et des téléspectateurs des grilles de programmes des chaînes historiques de télévision est bel et bien révolue : les utilisateurs – qu’ils soient internautes, mobinautes, téléspectateurs auditeurs, mélomanes et même producteurs de contenus, voire tout cela à la fois – dictent virtuellement leur loi aux industries des télécoms, des médias et de la culture. Leur cri de guerre « ATAWADAC ! » commence à terrifier les opérateurs télécoms confrontés à la baisse de leurs revenus traditionnels et les groupes de télévision remis en question par la délinéarisation, ainsi que les industries culturelles bousculées jusque dans leurs modèles économiques.
Côté télécoms : « Le modèle européen s’épuise et les années de récession se sont installées, tandis que les revenus fixes des opérateurs télécoms baissent et la croissance du mobile ralentit », observe Yves Gassot, le DG de l’Idate. Côté télévision : « Bien que la part de marché des chaînes et des distributeurs reste élevée (…), on observe pour la première fois en 2012 une baisse d’audience de 3 minutes de la TV linéaire et une baisse des abonnés au câble », constate Gilles Fontaine, DGA de l’Idate (2). Résultat : l’écart se creuse entre les Etats-Unis dynamisés par ses « GAFA » (3), d’une part, et l’Europe dépourvue de champions sur un marché unique incertain et vampirisé par les OTT (Over- The-Top), d’autre part. Intervenant à Montpellier, la viceprésident de Netflix, Kelly Merryman, en charge des contenus, ou Ryan Shuttleworth, évangéliste technologique d’Amazon Web Services, voire Barak Regev, responsable de la plateforme Cloud chez Google, faisaient figures de nouveaux entrants – voire d’« intrus » – à la fois dans le monde des télécoms et dans le paysage audiovisuel. Même Rémi Tereszkiewicz, directeur général adjoint de Videofutur intervenant lors du séminaire consacré aux contenus dans les nuages informatique, démontrait que les OTT ne sont pas seulement américain. «Le passage dans le cloud menace de faire voler en éclats l’organisation actuelle », prévient l’Idate. Les détenteurs de droits, eux, peuvent envisager l’auto-distribution et se passer de partenariats avec les opérateurs télécoms, les fabricants de terminaux et les acteurs OTT. A Montpellier, dé-linéarisation a rimé avec « désintermédiation ». @
« Les OTT pourraient tuer les Telcos », prédit l’Idate
En fait. Le 17 octobre, l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate) a présenté une analyse de l’économie numérique en prévision du DigiWorld Summit qu’il organise à Montpellier les 14 et 15 novembre prochains
sur « le mobile, le cloud et le Big Data qui changent la donne ».
En clair. Pour François Barrault, le président de l’Idate, la chose est entendue : « Il y a d’un côté les OTT [Over-The-Top] qui en profitent et de l’autre les Telcos [opérateurs télécoms] qui souffrent ». Autrement dit, les OTT que sont Google, Apple, Facebook
ou autres Amazon seraient les seuls à tirer leur épingle du jeu dans un contexte de changements de paradigmes économiques induits par l’Internet. Tandis que les opérateurs télécoms –opérateurs historiques en tête – seraient les seuls à être à la
peine en raison de la chute de leurs recettes téléphoniques, d’une part, et des efforts d’investissements nécessaires à faire dans leurs infrastructures réseaux, d’autre part. Pire : « Le maillon faible [les OTT] pourrait tuer le maillon fort [les Telcos] », met en
garde François Barrault. Est-ce à dire que l’Idate, en tant qu’institut d’études, a décidé
de défendre les intérêts des opérateurs télécoms contre les ambitions des acteurs d’Internet ? Son président s’en défend : « Nous ne prenons pas parti. Nous disons
que la répartition de la valeur est très mal faite entre des sociétés comme Google, essentiellement américaines, et les opérateurs de réseaux qui font partie des faibles,
alors qu’il s’agit là d’une agrégation de noeuds interdépendants où tout est lié. Tout le système risque de se planter avec les OTT si l’on n’en prend pas conscience ». Le directeur général de l’Idate, Yves Gassot, s’inquiète quant à lui du revenu moyen par abonné (ARPU) « inférieur à 30 euros par mois » en Europe, lorsqu’il est de « 55 dollars, voire 60 dollars par mois » aux Etats-Unis. « Il faut que les opérateurs télécoms sortent
de la trappe que constitue le forfait [flat rates, triple play] et redonnent de la valeur à l’accès avec différents niveaux de services et de tarifs pour les abonnés », conseille-t-il. Autrement dit, selon Yves Gassot, « avec l’infrastructure IP, l’intelligence sort du réseau et remonte au niveau des OTT de type Google, Apple ou encore les réseaux sociaux » (1).
Or les opérateurs ne sont pas satisfaits des interconnexions avec leurs réseaux : « Il y a des passagers clandestins ! », dit-il. L’Idate prône donc des tarifs différenciés mais écarte l’idée de « terminaison data » (payée par les OTT aux opérateurs de réseaux) car, indique Yves Gassot à Edition Multimédi@, « elle ne rapporterait au mieux en France que 100 millions d’euros ». @
La bataille entre “jardins clos” et “mondes ouverts”
En fait. Les 16 et 17 novembre, à Montpellier, a eu lieu le 33e DigiWorld Summit
de l’Idate sur le thème interrogatif : « Les terminaux seront-ils les rois ? »
(Will the device be king?). Les foyers multiplient les écrans connectés
(ordinateur, smartphone, console, téléviseur, …) et les usages multimédias.
En clair. C’est le consommateur qui est « roi » ! Mais en multipliant ses équipements connectés et en exigeant plus de contenus, il a déclenché sans le savoir – surtout
en France où le triple play ADSL est dominant – une guerre de tranchée entre deux écosystèmes. D’un côté, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) qui opèrent des réseaux dits « managés » comme l’IPTV (1) via une « box », et, de l’autre, les fournisseurs de services et de contenus qui proposent leurs offres vidéo dans un environnement ouvert sur Internet sans être opérateur télécoms. Ces derniers, appelés OTT, pour Over- The-Top, sont en général de nouveaux entrants venant du Web, des terminaux interactifs ou encore de la VOD. Mais, à Montpellier, les FAI de l’IPTV ou les câblo-opérateurs ont tenté de défendre leur position face à la pression qu’exerce un peu plus la TV connectée sur leur « walled garden ». « La moitié des foyers français ont déjà la TV connectée puisqu’ils sont 11 millions à être équipés d’une box qui leur offre une qualité de service », a expliqué Jérémie Manigne, vice-président chez SFR. Le marché français est donc à ses yeux « spécifique » avec ses boxes « subventionnées » par les FAI et ses offres audiovisuelles variées (TV, catch up TV, VOD, SVOD, …). Il ne veut
pas pour autant être fermé aux OTT. « Entre FAI locaux et acteurs plus globaux, nous sommes pour la “coopétition” comme nous le faisons avec Picasa [Google, ndlr], Dailymotion ou d’autres », a poursuivi Jérémie Manigne, tout en craignant une « distorsion de concurrence réglementaire et fiscal » avec les OTT implantés ailleurs. Intervenant à ses côtés, Terry Denson, vice-président chez Verizon, a lui aussi défendu le modèle de l’IPTV comme étant « le cœur de la consommation multi-service et multi-plateforme », ainsi que la coopétition. « C’est le combat de l’intelligence des réseaux qu’il nous faut mener pour ne pas être réduits à un dump pipe [réseau passif, ndlr]. Cela passe par
une stratégie offensive sur le marché de l’OTT, quitte à nouer des accords de partenariat avec d’anciens concurrents ! », a-t-il dit.
Quant à Alun Webber, directeur général chez BSkyB, il est allé plus loin en vantant les mérites de « la box hybride IP qui permet d’offrir au client davantage de choix OTT ».
Mais à trop vouloir ouvrir la box, n’est-ce pas pour les FAI prendre le risque d’ouvrir
« la boîte de Pandore » (2) ? @