La BD au pays du numérique

En tant que lecteur de bande dessinée, nourri depuis mon plus jeune âge par les aventures de ces héros de papier, je n’ai pas à me plaindre de la nouvelle ère qui s’ouvre devant ce Neuvième Art qui mit du temps à se voir reconnaître
ce statut prestigieux. Mais le propre de la BD est de régulièrement échapper aux cases dans lesquelles certains tentent de la faire entrer, car la voilà qui déjà s’engouffre dans la révolution numérique, aux avant-postes de l’édition qui l’aborda avec frilosité. Sans remonter aux fresques médiévales ou aux premiers albums du père fondateur, le Suisse Rodolphe Töpffer dès 1830, on peut se souvenir de Little Nemo de Winsor McCay. Ces merveilleuses planches en couleur parurent à partir de 1905. Après un âge d’or commencé dès les années 30 et un accès à l’âge adulte dans les années 60, la BD a abordé les années 2000 avec une santé insolente : l‘univers de la création en image semblait sans limites et tous les styles étaient représentés, de la bande en quatre images au roman graphique, jusqu’aux classiques de la littérature, de Marcel Proust à Karl Marx, qui connurent alors un nouveau succès à l’occasion de leur adaptation en bande dessinée.

« La chaîne de valeur a été bien bousculée, imposant une redistribution des recettes entre les acteurs traditionnels de l’édition et les nouveaux venus. »

Après le basculement, de la VOD sur la TNT en vue

En fait. Le 8 mars, les 11,5 millions de Franciliens ont basculé dans la télé numérique avec l’extinction de la diffusion analogique : sont concernés
3,3 millions de foyers recevant la TNT via leur antenne (pas par ADSL,
fibre ou satellite). Prochaine étape : des services interactifs en plus sur la TNT.

En clair. La télévision numérique terrestre (TNT) est maintenant à huit mois d’achever
sa mue, avec l’extinction totale le 30 novembre prochain de la diffusion analogique des
19 chaînes gratuites, des 11 chaînes payantes et de plusieurs dizaines de télévisions locales (au nombre de 7 en Ile-de-France). Au-delà du fait que le tout-numérique libère
des fréquences pour de nouvelles chaînes de télévision et des accès haut débit à l’Internet mobile, la bataille entre les accès à la télévision va maintenant vraiment pouvoir commencer. Face à l’ADSL, au câble, à la fibre et au satellite, qui permettent aussi la réception numérique audiovisuelle, la TNT n’a pas encore dit son dernier mot avec la norme HbbTV (pour Hybrid Broadcast Broadband TV). Autrement dit, les chaînes de la TNT reçues par les antennes sur les toits vont pouvoir proposer d’ici la fin de l’année des services interactifs, de la vidéo à la demande (VOD), de la télévision de rattrapage ou encore des informations en tout genre. Bref, la TNT va prendre des petits airs de FAI ! Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) supervise actuellement des expérimentations de services supplémentaires sur les fréquences de la TNT. Ainsi, il
a prolongé les tests HbbTV de Normandie TV jusqu’à fin juin. Son service interactif T-Seniority (du nom d’un programme européen) propose de la catch up TV, des sites d’information comme WikiManche, voire des alertes météo ou événementielles. L’expérience est menée en partenariat avec notamment les prestataires techniques HTTV et Hyperpanel, membres de l’Afdesi (1). Cette association, qui va organiser le
6 juin les 6e Assises de la TV interactive à Paris, va elle aussi expérimenter avant la
fin du semestre un service HbbTV baptisé « Mes Services TV », dont le dossier est examiné par le CSA. Selon nos informations, le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) y mettra son flux RSS « Alertinfo », lequel renvoie vers les contenus de ses éditeurs membres. L’Afdesi cherche ainsi à fédérer des éditeurs indépendants autour d’un bouquet de services interactifs et à lancer son portail au second semestre 2011. De son côté, Télédiffusion de France (TDF) prévoit aussi de lancer à la fin de l’année pour lancer des services de « push VOD » et de catch up TV sur le signal de la TNT en fonction de la ressource spectrale disponible (2). TDF a expérimenté avec succès ce type de service non linéaire avec TF1, France Télévisions, Arte et NRJ 12, notamment à Rouen. @

Le haut débit mobile concurrentiel pour tous est-il pour demain ?

Il y a dix ans, la France attribuait ses premières licences 3G. Après quatre procédures d’octroi, dont deux infructueuses et deux baisses des redevances,
les opérateurs mobiles ont ensuite eu du mal à respecter leurs obligations de couverture. La 4G devra faire mieux.

Par Katia Duhamel, avocat, cabinet Bird & Bird

Après les nouvelles applications permises par les smartphones et l’Internet mobile, les usages numériques
vont franchir un nouveau cap avec l’arrivée de la quatrième génération de téléphonie mobile (4G) basée sur le protocole
LTE (Long Term Evolution), qui se veut en effet beaucoup plus efficace que la 3G. La 4G devrait offrir des débits pouvant aller de 100 Mbits/s à 1Gbits/s pour télécharger et envoyer des données 50 à 500 fois plus rapidement qu’aujourd’hui et d’accéder à de nouveaux services utilisant du streaming pour visionner films et séries, directement depuis son téléphone portable.

A quoi va servir un Conseil national du numérique

En fait. Le 10 février s’est achevée la consultation publique de Pierre Kosciusko-Morizet – président de l’Acsel (association de l’économie numérique) et PDG-fondateur de PriceMinister – sur la création du Conseil national du numérique (CNN). Il rendra ses propositions le 15 février à Eric Besson.

En clair. Eric Besson en a rêvé, Eric Besson va le faire. Le ministre en charge de l’Economie numérique avait prôné il y a plus de deux ans la création d’un Conseil national du numérique (CNN) dans son rapport « France numérique 2012 » publié
en octobre 2008. L’idée a bien fait son chemin depuis une certaine réunion interministérielle du Premier ministre en novembre 2009 où la question était de savoir
si le CNN est une évolution du Forum des droits de l’Internet (FDI) créé il y a dix ans ou
« la création d’une association ex nihilo, suivie du transfert des actifs et du personnel
du FDI » (1). Depuis, fin 2010, le FDI abandonné par le gouvernement a mis la clé sous la porte. Pourtant sa présidente, Isabelle Falque-Perrotin n’a eu de cesse de tenter
de convaincre de la légitimité de son organisation pour devenir ce fameux CNN car, affirmait-elle,« la convergence suppose l’articulation de l’action des régulateurs » (2). En vain. Mais le CNN, lui, sera bien créé au printemps prochain – à la demande de Nicolas Sarkozy – pour être au service des pouvoirs publics « sur l’ensemble des textes législatifs et réglementaires, ainsi que sur l’ensemble des politiques publiques touchant à la société de l’information ». Autrement dit, il s’agit de faire en sorte que le CNN
« interagisse » avec non seulement le gouvernement, le parlement et les organisations professionnelles ou associations consommateurs, mais aussi avec les multiples régulateurs que sont le CSA, l’Arcep, l’Hadopi, la Cnil, l’ANFR ou encore l’Arjel. Dans son rapport de 2008, Eric Besson pointait déjà du doigt « une multiplication et une dispersion progressive des structures de concertation et d’autorégulation, sans que la gouvernance d’ensemble ne soit véritablement renforcée et la convergence facilitée entre les acteurs du contenu, de l’Internet, des médias et des réseaux ». Le 10 janvier dernier, le ministre de l’Economie numérique a évoqué un « rapprochement » entre le CSA, l’Arcep et l’ANFR pour mieux coopérer dans la gestion des fréquences qui constitue les défis de l’Internet mobile de ces prochaines années. L’Ascel présidée par Pierre Kosciusko-Morizet (le frère de NKM, l’ancienne secrétaire d’Etat à l’Economie numérique) et la Fédération française des télécoms (FFT) réorganisée sous la bénédiction d’Eric Besson (3), devraient jouer un rôle central au sein du CNN (4).
Et les sujets de politique et de lobbying ne manquent pas : TVA, Cosip, taxe « France Télévisions », Hadopi, taxe « copie privée », fibre optique, 4G, etc. @

Culturethèque

En poussant la porte de ma “culturethèque” de quartier ce samedi matin, c’est également une fenêtre qui s’entrouvre sur toutes ces bibliothèques grâce auxquelles, au fil du temps, j’ai aimé découvrir, au détour de linéaires souvent poussiéreux, des trésors endormis. Ce n’est pourtant plus des livres que je viens consulter, même si quelques étagères accueillent encore des ouvrages à côté d’une sélection de musique, de films et de journaux. Comme moi, les citoyens n’ont pas déserté ces lieux de diffusion des savoirs qui ont dû et su s’adapter tout au long de ces dernières années. Certains avaient en effet annoncé la disparition des médiathèques à l’heure de la numérisation accélérée des livres et de la diffusion effrénée des fichiers musicaux et vidéo. Mais, au rebours de ce sombre pronostic, ces lieux privilégiés de partage populaire, au nombre de plus de 3.000 en France, remplissent toujours ce rôle qu’ils ont, peu à peu, conquis par la volonté de quelques précurseurs. Comme l’étonnant Alexandre Vattemare au XIXe siècle, qui fut le premier promoteur des bibliothèques publiques, ou comme l’Américain Melvil Dewey et du Français Eugène Morel au XXe siècle.

« Nos bonnes vieilles médiathèques proposent des prêts numériques de fichiers de livres ou de musiques “chrono-dégradables” ».