RNT : les grandes radios face aux opérateurs mobile

En fait. Le 15 mars s’est tenue une réunion du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour faire la synthèse des travaux sur la radio numérique terrestre (RNT). TDF en a profité pour rendre publique, juste avant, son étude sur « l’évolution numérique du média radio » sur les réseaux mobile 3G et LTE.

En clair. La RNT pourra-t-elle enfin être allumée à cet été ou à l’automne, du moins à Paris, Marseille et Nice ? Réponse : le 8 avril lors de la prochaine assemblée plénière du collège du CSA qui doit « discuter sur la délivrance ou non des autorisations en
RNT ». Les grandes stations restent toujours réticentes à financer un « réseau dédié » pour la radio numérique terrestre qu’elles jugent trop coûteux et dépourvu – selon elles – de modèle économique. Faut-il alors se contenter des réseaux mobiles des opérateurs 3G et bientôt 4G/LTE (Long Term Evolution) ? Télédiffusion de France (TDF) a publié, juste avant la réunion du 15 mars, une étude déjà dévoilée par Jacques Donat-Bouillud, directeur de la division radio de TDF, lors d’un colloque sur l’avenir de la radio au  Sénat mi-janvier. Elle conclut à la nécessité de développer « un réseau dédié à la  radio numérique ».
Les réseaux des opérateurs mobiles sont juste vus comme un « complément » ou un
« support d’accompagnement » à la RNT. Motif : la 3G ou la 4G/LTE reviendrait chère pour les grandes radios : « Le coût envisagé pour une station majeure serait de 3,7 millions d’euros par an pour l’ensemble des réseaux des [opérateurs de réseaux mobile] », avance l’étude, un opérateur mobile investissant en moyenne 34 millions d’euros par an pour supporter le transport de la radio numérique (1). Résultat : pour la vingtaine de stations et les quatre groupes (Radio France, RTL Group, NRJ Group et Lagardère/Europe 1), qui cumulent 80 % de l’écoute en France, la facture totale annuelle atteindrait 74 millions d’euros. C’est coûteux pour une audience de 22 % attendue sur les réseaux 3G/LTE d’ici à 2018 et « qui reste faible » car elle représenterait seulement 12 % de l’audience totale d’une radio. L’étude relève surtout les préoccupations des éditeurs, qui « souhaitent conserver la maîtrise de leur réseau principal de diffusion (couverture, qualité des services,…) sur le futur réseau de radio numérique ; et aussi d’éviter tout risque de perte de la valeur créée par l’auditeur, au travers de la création d’un lien direct entre l’auditeur et l’opérateur mobile ». Autrement dit, les grands groupes de radio ne souhaiteront pas être dépendants des opérateurs mobiles, notamment en termes de débits alloués et de monétisation de l’audience :
« Les opérateurs mobiles, pourraient venir capter une partie de la valeur crée par la radio ». @

Presse en ligne versus kiosques à journaux

En fait. Le 15 mars, la directrice générale de « La Tribune », Valérie Descamps,
a indiqué à l’AFP que le quotidien économique racheté en février 2008 par Alain Weill à Bernard Arnault (devenu propriétaire des « Echos ») pourrait ne plus être distribué en kiosque « d’ici la fin de l’année ».

En clair. Internet aura-t-il raison des kiosques ? Les 30.000 vendeurs de journaux, indépendants pour la plupart, rémunérés à moins de 20 % du prix de vente, seront-ils les premiers à faire les frais de la destruction créatrice numérique qui touche aussi de plein fouet la presse écrite ? « Nos ventes en kiosque représentent environ 4.000 exemplaires et, compte-tenu des coûts liés à leur diffusion, ce n’est guère intéressant », a expliqué Valérie Descamps, directrice générale de La Tribune, tout en faisant état d’une disparition possible du quotidien des kiosques « d’ici la fin de l’année » pour privilégier l’abonnement papier et la version numérique.
Bien que la direction ait ensuite « exclu de disparaître des kiosques d’ici à la fin de
l’année », cette hypothèse a marqué les esprits. Ironie de l’histoire, France-Soir a lancé
le 17 mars sa nouvelle formule de la dernière chance avec… 500.000 exemplaires mis
en kiosques. Qu’à cela ne tienne: tous les grands quotidiens nationaux, dont la diffusion payée en France a chuté en moyenne de près de 4 % en 2009 selon l’OJD, sont ou seront amenés à se poser la question de leurs ventes en kiosque au regard de la montée en puissance de leur site web à de coûts de diffusion numérique inférieurs
d’au moins 35 % par rapport au support papier. La chute des recettes publicitaires
sur l’édition imprimée (d’environ 20 % pour les quotidiens nationaux), condamne les éditeurs à plus d’économies. Le kiosque des NMPP – rebaptisées en décembre dernier Presstalis (1) – est le symbole du malaise de la presse française. De plus, à l’heure du profiling en ligne et de la publicité ciblée, voire personnalisée sur le Web, le kiosque ayant pignon sur rue ne permet pas de connaître le client-lecteur. Or les annonceurs sont de plus en plus exigeants vis-à-vis des éditeurs de journaux, notamment en matière de segmentation de clientèle et de retour sur investissement publicitaire.
Au moment où Bruno Mettling (inspecteur des Finances) rend (le 30 mars) son rapport au Premier ministre sur la réforme des NMPP, la décision d’Alain Weill, propriétaire de La Tribune et PDG du groupe NextRadioTV, est un signal négatif pour les kiosquiers. Le concurrent des Echos a déjà supprimé son édition papier du samedi pour la vendre uniquement sur le Web. Depuis le début de l’année, Alain Weill table sur le potentiel offert par l’iPhone . En attendant, l’arrivée de l’iPad en avril… @

Orange se met en quatre face à Bouygues Telecom

En fait. Le 1er mars, Stéphane Richard est devenu directeur général de France Télécom et a notamment annoncé qu’Orange allait lancer, « avant l’été », une offre couplée Internet-télévision-téléphonie fixemobile. Le 2 mars, Martin Bouygues confirmait le « succès » de son offre « quadruple play » Ideo.

En clair. Quad contre Ideo. La bataille du « quadruple play » est engagée. Internet-télévision-téléphonie fixe-mobile : cela semble constituer le quarté gagnant. Lorsque Bouygues Telecom lance le 25 mai 2009 son offre tout-enun, six mois après s’être engagé sur le marché de l’ADSL avec sa Bbox « triple play », le troisième opérateur mobile français la présente comme une « première mondiale » et une « innovation »
qui bouscule le marché français dominé par les Orange, SFR et autres Free. Bien que Bouygues Telecom ne communique pas sur le nombre d’abonnés « quadruple play », cette offre combinée télécom-audiovisuel- mobile a été présentée par Martin Bouygues – lors de la présentation des résultats annuels du 3 mars dernier (1) – comme un
« succès » qui lui a permis de faire un « très bon démarrage dans l’activité fixe ».
Au quatrième trimestre 2009, Bouygues Telecom a même plus recruté de clients ADSL qu’Orange et Free. Grâce à Ideo, la filiale télécoms du groupe de BTP et de communication se paie le luxe de franchir deux seuils : celui des 10 millions de clients mobile (10,352 millions clients mobile, dont 7,926 millions au forfait) et celui des 300.000 clients fixes avec la Bbox (précisément à 311 000 unités fin 2009). Au lieu de payer environ 60 euros s’ils avaient le triple play et le mobile séparé, les clients Ideo règlent 44,90 euros par mois. Bouygues Telecom, qui a noué une alliance avec Numericable, prépare en outre le lancement du très haut débit pour l’été prochain. Egalement partenaire en fibre optique de Numericable et en mobile de SFR, Auchan Télécom a lancé en février une offre « quintuple play » (téléphonie fixe, Internet mobile, Internet fixe, télévision et téléphonie fixe). France Télécom ne peut donc rester à l’écart de cette convergence fixe-mobile-audiovisuelle, que prépare lui aussi pour 2012 le groupe Iliad avec la Freebox et Free Mobile. Le Quad d’Orange ciblera, selon Stéphane Richard, « les familles et les communautés, et différents segments de clientèles, grâce à une formule attractive ». Après le succès de l’iPhone (1 million d’abonnés sur ses 26,3 millions de clients mobiles), l’opérateur historique – qui a enregistré en 2009 une baisse de sa rentabilité (2) – espère aussi mieux recuter dans l’ADSL (8,9 millions de clients haut débit). De son côté, SFR songe au quadruple play. @

La Grand-messe du mobile a sonné le glas de la 3G

En fait. Du 15 au 18 février s’est tenu à Barcelone le 15e congrès annuel mondial de la téléphonie mobile, le Mobile World Congress, organisé par la puissante GSM Association. Il fut le théâtre d’une âpre bataille des smartphones. Mais avec la 3G, l’Internet mobile ronge son frein.

En clair. Entre le premier 3GSM World Congress de 1995 à Madrid et le Mobile World Congress à Barcelone de 2010, quoi de commun à part l’immuable fonction téléphone des mobiles ? Il aura fallu seulement quinze ans pour que les réseaux mobiles franchissent cette année la barre des 5 milliards d’abonnés dans le monde, dont 1 milliard ayant accès à l’Internet mobile (1). A ce rythme, dans cinq ans, les personnes qui accèderont au Web avec un terminal mobile (smartphone ou notebook) seront plus nombreuses que celles s’y connectant à partir d’un ordinateur de bureau ! Or, avec l’explosion de l’Internet mobile, les réseaux mobiles de seconde et troisième génération (2G et 3G) n’arrivent plus à supporter les flux de données et commencent à saturer.
Car la voix ne joue plus la soliste dans les téléphones mobiles, les données prennent
le dessus. Signe des temps : pour la première fois, le plus grand congrès mondial du mobile a dédié un hall baptisé App’planet aux applications : vidéos, jeux, musiques, films, réseaux sociaux, moteurs de recherche, télévision, géolocalisation, utilitaires, gadgets, etc. Les créateurs de contenus multimédias s’en sont donnés à coeur joie. Comme d’habitude, Apple était absent mais son iPhone partout. Tandis que le nouveau venu Nexus One de Google (fabriqué par HTC) défiait ses aînés. Les fabricants historiques de « portables », Nokia et Samsung en tête, redoutent ces concurrents venus d’ailleurs. La bataille des systèmes d’exploitation, multifonctions, a aussi battu son plein : Après l’iPhone d’Apple, l’Android de Google bouscule Symbian de Nokia, Blackberry de RIM, Bada de Samsung ou encore Windows Mobile de Microsoft. Face
à cette explosion des usages, et de la publicité omniprésente, les équipementiers télécoms (Alcatel-Lucent, Nokia Siemens, Ericsson, …) poussent les opérateurs mobile
à passer de la 3G haut débit à la 4G très haut débit (ou LTE pour Long Term Evolution). Mais pour désengorger les réseaux et passer à la vitesse supérieure (de quelques mégabits par seconde à plusieurs dizaines), un opérateur national aura à débourser entre 1 et 2 milliards d’euros. Qui va payer ? En France, la télévision mobile personnelle (TMP) tarde à être lancée sur la 3G faute d’entente entre les opérateurs mobile et les éditeurs de services audiovisuels. Cela laisse imaginer les débats à venir sur le modèle économique de la 4G… @

La TV par ADSL et le multimédia 3G s’imposent

En fait. Le 2 février, l’Autorité de régulation des communications électroniques
et des postes (Arcep) publie son observatoire des marché des services télécoms portant sur le troisième trimestre 2009. La télévision sur ADSL et le multimédia mobile via la 3G prennent de l’ampleur.

En clair. Près de la moitié des abonnés à un accès ADSL – lesquels représentent 94 % des abonnements haut débit en France – ont la possibilité de recevoir par leur ligne de cuivre téléphonique des chaînes de télévision. Pour la première fois, le seuil des 45 % des abonnements ADSL ayant la télévision a en effet été franchi au 30 septembre 2009
(à 45,1 % précisément). Autrement dit : sur les 18 millions d’abonnés à un service triple play par le réseau téléphonique, ils sont maintenant un peu plus de 8 millions à être
« éligibles » pour pouvoir recevoir la télévision. Cela représente une augmentation de
44,1 % sur un an, soit 2,5 millions d’abonnements supplémentaires. A ce rythme les 50 % ont dû être atteints à la fin de l’an dernier. Mais il faudra attendre jusqu’au 4 mai prochain pour en avoir la confirmation auprès de l’Arcep. Pour l’heure, son observatoire des marchés des services télécoms nous apprend aussi que le seuil des 20 millions de clients mobiles (abonnés ou prépayés) utilisant des services multimédias mobiles a été franchi pour la première fois là aussi (à 20,755 millions précisément). C’est-à-dire que 35 % de l’ensemble des clients des opérateurs mobiles en France – Orange, SFR, Bouygues Telecom et les MVNO (1) – sont des mobinautes actifs, dans le sens où ils ont utilisé « au moins une fois sur le dernier mois » un service multimédia de type Wap, i-Mode, MMS (mais pas SMS) ou encore e-mail. Cependant, tous ne sont pas dotés de la 3G. Cette technologie mobile de troisième génération – dont les services ont été lancés en premier par SFR en novembre 2004 – dépasse quand même après cinq ans d’existence les 15 millions de clients grâce à une croissance sur un an de 65 % (à 15,4 millions exactement, soit seulement un quart des clients mobiles). Grâce à la 3G, ceux-là ont pu accéder « au cours des trois derniers mois » à des services aussi bien voix que visiophonie, télévision sur mobile ou encore transfert de données. Quant aux cartes
« SIM (2) Internet », entendez les cartes « PCMCIA » ou clés « USB » 3G ou 3G+ insérées dans des ordinateurs portables ou mini-PC pour se connecter au réseau et surfer sur le Web (3), elles sont en plein boom puisqu’elles continuent de doubler au troisième trimestre : + 114 % à 1,756 millions d’unités. L’Internet mobile est en marche. @