M-Monnaie pour M-Wallet

Pendant un instant, j’ai eu un sentiment de vide. Vous savez, cette impression fugace qui vous saisit au moment de passer une porte et qui vous pousse à tapoter vos poches. D’abord mécaniquement, puis frénétiquement, au fur et à mesure que la certitude s’installe, la certitude de la perte irrémédiable
d’un portefeuille, laissant une poche vide, lestée du poids de l’habitude. Mais, cette fois-ci, ma poche est pleine. Bien à sa place, il y a mon mobile. Rassuré, je continue ma route. J’ai abandonné le portefeuille depuis quelques années ; il ne me manque pas. Il était toujours trop lourd et mal rangé, même si j’ai encore la nostalgie du premier jour : quand on découvre ces différents recoins lors du transfert du contenu de l’ancien vers le nouveau, l’occasion d’un tri drastique, jamais renouvelé. Aujourd’hui, mon smartphone a fait le vide et pris la place des pièces de monnaies, des billets, de ma carte bancaire, de nombreuses cartes de fidélité, d’un bloc-notes, de ma carte d’identité, de mon permis de conduire, des tickets de tram ou de péage, d’un plan de métro, de mes clés de voiture … De plus, ce nouveau portefeuille m’alerte sur l’état de mon compte et me rend mille autres petits services.

« Notre portefeuille fut au cœur d’une révolution monétaire, symbolisée par l’abandon progressif de la carte bancaire au profit du mobile »

Fracture universelle ?

Il en va des fractures dans le monde numérique comme
de la tectonique des plaques dans le monde réel : on sait qu’elles existent et qu’elles dessinent des structures profondes, mais qu’elles sont difficiles à identifier avec précision ; elles sont sans cesse mouvantes et peuvent
se réactiver après de longues périodes de silence. Une première fracture, analogique celle-ci, fut réduite afin de permettre à la plus grande partie de la population de bénéficier sur tout le territoire
de services de téléphonie et de télévision. Dans la France des années 70, les investissements massifs dans les réseaux mis en oeuvre par des services publics offensifs ont marqué profondément cette grande période de démocratisation des moyens de communication. Depuis la libéralisation des médias audiovisuels en 1982
et des lignes téléphoniques en 1998, on s’était habitué à ces nouvelles facilités d’accès en oubliant les efforts consentis pour les obtenir. Mais, au tournant des années 2000, s’est fait jour une nouvelle fracture, numérique celle-ci.

« L’Europe a réussi, tant bien que mal, à définir une notion commune de service universel de l’accès haut débit fixe et mobile ».

Virgin Mobile France franchit les 2 millions de clients

En fait. Le 14 juin, le groupe britannique Carphone Warehouse a annoncé que Virgin Mobile France – dont il détient 47,5 % aux côtés de Virgin (47,5 %) et de
la société Financom (5 %) appartenant à Geoffroy Roux de Bézieux (président
de Virgin Mobile France) – est pour la première fois bénéficiaire.

En clair. Selon nos calculs, c’est au cours du premier trimestre de son nouvel exercice 2011/2012 – à savoir celui se terminant le 30 juin prochain – que Virgin Mobile France (alias Omea Telecom) va atteindre son objectif des 2 millions de clients (1). Au terme de son exercice fiscal 2010/2011 clos le 31 mars dernier, ils étaient exactement 1.917.000
si l’on additionne ceux de Virgin Mobile à proprement parler, ainsi que ceux de Tele2Mobile acquis en décembre 2009, de Casino Mobile et de Breizh Mobile. A l’occasion de la publication de ses résultats annuels, le groupe Carphone Warehouse s’est félicité de voir Virgin Mobile France générer pour la première fois des bénéfices : plus de 23 millions d’euros sur le dernier exercice, contre une perte de plus 25 millions l’année précédente (et autant l’année d’avant).
Après six années de pertes consécutives, le quatrième opérateur mobile français se
sent pousser des ailes. Premier opérateur MVNO en France, il détient ainsi 36,2 % de parts de marché dans cette catégorie d’acteurs « sans réseau », lesquels totalisent ensemble 5.294.000 de clients précisément (au 31 mars, selon l’Arcep). Bien que le poids de la quinzaine de MVNO actifs en France ne dépasse pas les 8,4 % de parts de marché du mobile sur la Métropole (laquelle compte 63 millions de clients mobile), ces opérateurs mobile alternatifs réussissent à eux seuls à compenser la diminution des clients chez les trois opérateurs de réseaux mobile historiques (2). A ce rythme, les MVNO pourraient atteindre les 10 % de parts de marché avant la fin de cette année. Virgin Mobile est en tête de cette montée en puissance de ce qui constitue une réelle concurrence qui n’a de virtuel que le nom… Alors que le quatrième opérateur de réseau mobile, Free Mobile, est attendu pour 2012, l’actuel quatrième opérateur mobile entend bien le rester grâce à son accord annoncé début juin pour utiliser les réseaux mobile et fixe de SFR – en plus de son contrat d’itinérance antérieur avec Orange. Un quatrième opérateur mobile l’an prochain pourrait donc en cacher un autre. D’autant que, contrairement à « l’autre quatrième », Omea Telecom n’aura pas à investir des centaines de millions d’euros dans des infrastructures réseaux ou dans l’acquisition d’une coûteuse licence 4G. En devenant « Full MVNO », Virgin Mobile joue le dégroupage sur les deux tableaux (3G et ADSL) pour être en mesure de lancer début 2012 une offre quadruple play s’appuyant sur sa future Virgin Box. @

Stéphane Bodier, président de l’OJD : « Nous pourrions aboutir fin 2011 à une mesure hybride avec trois instituts »

En tant que seul organisme de contrôle de la fréquentation sur Internet en France, le président de l’OJD – reconduit pour deux ans – explique à EM@ comment il se prépare à la mesure hybride (quantitative et qualitative), ainsi
qu’à la diffusion de « super procès verbaux » prenant en compte tous les supports d’une marque.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Cela fait dix ans cette année que l’OJD certifie l’audience des sites web : quel bilan faites-vous ?
Stéphane Bodier :
Nous approchons en effet les 10 ans
de certification Internet. En novembre 2001 était diffusé le premier communiqué comportant les quatre premiers sites web (1) contrôlés et certifiés sur le mois précédent. Nous sommes aujourd’hui à plus de 250 sites web majeurs certifiés tous les mois et nous continuons d’enregistrer de nouvelles adhésions. Ces dix dernières années nous ont enseigné qu’il n’est pas toujours facile de proposer à un marché jeune et en croissance de se faire contrôler par un tiers, afin de lui permettre de se professionnaliser. L’OJD a pu passer et passe encore, aux yeux de certains éditeurs, pour l’empêcheur de tourner en rond et surtout celui qui pourrait divulguer au marché les vrais chiffres de fréquentation de leurs sites web. « Je suis OJD, je n’ai rien à cacher », titrait un quotidien national en 1978. Ce slogan est toujours d’actualité et peut s’appliquer à ces nouveaux médias.

Neutralité du Net : le plus dur sera de « fixer les exigences minimales de qualité »

Afin de « prévenir la dégradation du service, le blocage des accès et le ralentissement du trafic sur les réseaux », la directive européenne « Service universel et droits des utilisateurs » prévoit que les régulateurs nationaux fixent une « qualité de service minimale ». Mais quand ?

Par Winston Maxwell*, avocat associé, Hogan Lovells

Il n’existe pas de qualité de service garantie de bout en bout sur l’Internet. Le « réseau des réseaux » fonctionne selon un mode de
« meilleurs efforts », best effort disent les Anglo-saxons. Si un point d’interconnexion est saturé, des paquets peuvent être ralentis voire supprimés. Cette perte de paquets n’est pas problématique car les paquets trouvent un autre chemin pour arriver à destination. Ce mode « meilleurs efforts » fonctionne plutôt bien dans la plupart des situations, mais la qualité de service peut cependant souffrir en cas de forte demande pour un contenu en ligne spécifique telle qu’une vidéo très populaire.