Le kiosque E-Presse ne sera ouvert qu’en avril

En fait. Le 9 mars, la société miLibris – partenaire technologique d’Orange pour
sa solution de lecture en ligne Read and Go – indique à Edition Multimédi@ que
le kiosque E-Presse du GIE de titres de journaux ne sera pas ouvert en mars,
mais en avril. Il vient de nouer un partenariat avec Microsoft.

En clair. Cinq quotidiens – Le Parisien, Libération, Le Figaro, L’Equipe, Les Echos –
et trois hebdomadaires – Le Nouvel Observateur, Le Point et L’Express – avaient
prévu d’ouvrir avant fin mars leur kiosque numérique dans lequel ils ont investi via
un groupement d’intérêt économique : le GIE E-Presse. Mais selon nos informations, l’ouverture est décalée à avril et ne proposera dans un premier que la vente à l’acte
de numéros ou d’articles. Pour s’abonner à un titre, il faudra patienter. Une première présentation a été faite aux éditeurs de services en ligne à l’occasion de la réunion du conseil d’administration du Geste (1) le 20 janvier dernier. Xavier Spender, le président
du GIE et par ailleurs PDG de L’Equipe du groupe Amaury (2), a notamment indiqué
que le GIE est hébergé par Les Echos. Grand absent : Le Monde, dont les nouveaux actionnaires Bergé-Niel-Pigasse ne veulent pas en faire partie. « On a peur de rien.
(…) On n’est pas obligé d’ériger des forteresses ou des forts Chabrol ! », avait ironisé Matthieu Pigasse devant l’Association des journalistes médias (AJM) en janvier dernier (3). Avant même d’ouvrir ce kiosque numérique, son directeur général Frédéric Filloux a noué un partenariat « local » avec Microsoft France autour de son moteur de recherche Bing qui a été lancé le 1er mars en France. Pour mieux se poser comme alternative face aux plateformes de presse en ligne concurrente de Google, Apple et Yahoo, le GIE E-Presse s’est ainsi rallié à Microsoft qui offre aux éditeurs une rupture par rapport aux autres géants du Net. Malgré ses efforts en faveur de la presse avec le lancement le 16 février de Google Pass Média pour tenter de faire oublier les griefs des éditeurs contre Google News (4), le numéro un mondial des moteurs de recherche semble avoir perdu la confiance de la presse. Là où Google News est accusé de ne pas partager les fruits de la e-pub avec les journaux, Microsoft joue la proximité locale en prévoyant un partage des recettes publicitaires avec les fournisseurs de contenus. L’algorithme de recherche ne fait plus la loi : Bing offre une amélioration de la « pertinence » en faveur de ses partenaires (5), ainsi qu’une fenêtre de recherche directement sur le site web
du journal. Mais le président de Microsoft France, Eric Boustouller, n’a pas révélé les reversements consentis aux éditeurs. Chez Apple, c’est 70 % voire 61 % (si TVA luxembourgeoise non récupérée). La régie de Google, elle, reverse 51 % ou 68 %
des recettes publicitaires à ses partenaires. @

Les médias sont de plus en plus attirés par Apple…

En fait. Le 15 février, Apple donne la possibilité aux les éditeurs présents sur iTunes Store – accessible via App Store pour les iPhone, iPod Touch et iPad –
de proposer désormais des abonnements. Comme pour les ventes à l’acte, seules proposées jusqu’alors, ils percevront 70 % du prix de vente.

En clair. Les relations ambiguës entre la presse et la marque à la pomme vont s’intensifier. Les éditeurs de journaux admirent et craignent à la fois le géant Apple et
son iTunes Store. Cette boutique en ligne, lancée en 2003 sur le marché de la musique
en ligne où elle est aujourd’hui en position dominante, est accessible non seulement à partir d’un ordinateur (PC et Mac) mais surtout – depuis juillet 2008 – via l’App Store par 160 millions de terminaux portables à ce jour dans monde dotés du système d’exploitation fermé iOS (1). En proposant ce qu’Amazon a déjà pour son Kindle Store, à savoir l’abonnement payant, Apple veut rendre encore plus attractif son écosystème pour les éditeurs (presse, musique, vidéo, jeux, gadgets, …). Par exemple, en France, Le Point est parmi les premiers à adopter l’abonnement iPad. Le partage de la valeur reste inchangé : 30 % du prix de vente pour Apple et 70 % reversé à l’éditeur. Mais comme Apple Europe basé au Luxembourg paie 9 % de TVA réduite non récupérable, l’éditeur ne touche en fin de compte que 61 %… A moins que l’éditeur ne recrute l’abonné à la même « appli » directement sur site web où il peut proposer l’abonnement « au même prix ou moins » et avec le mode de paiement de son choix. Auquel cas, Apple ne touche rien. Sinon sur App Store, payer par iTunes est obligatoire. En janvier, le Groupement des éditeurs de services en ligne (Geste) s’était inquiété du « danger » de voir Apple imposer son système de paiement iTunes et une grille tarifaire d’abonnements. Finalement, l’éditeur aura le choix du prix et de la durée de souscription. Tandis que l’abonné recruté sur App Store aura l’option de donner ses coordonnées à l’éditeur, ce qui n’est pas le cas à l’acte où Apple garde la mainmise sur le client. « Notre philosophie est simple », a affirmé le 15 février Steve Jobs le PDG de la firme de Cupertino (2), en proposant ce compromis que l’autorité de la concurrence aux Etats- Unis – la FTC – étudie néanmois (3). Pour autant, les transactions dans l’appli (« In-App Purchases ») restent facturées par Apple. Et pour les ventes à l’unité, la grille tarifaire et le paiement par iTunes demeurent imposés. App Store compte déjà 350.000 « apps », dont 60.000 dédiées à la tablette multifonction. Presque tous les journaux sont sur l’iPad, perçu comme une « planche de salut » pour faire payer leurs articles que les internautes et les mobinautes trouvent souvent gratuitement sur le Web. Mais qui trop embrasse, mal étreint. @

Un an après AOL-Time Warner, vers AOL-Yahoo ?

En fait. Le 9 décembre a marqué le premier anniversaire du spin-off entre Time Warner et sa filiale Internet AOL. Le 6 décembre, Reuters a révélé que AOL pourrait être démantelé et les activités contenues dans son portail web fusionnées avec Yahoo, lequel licencie 600 personnes (4 % de ses effectifs).

En clair. Près de dix ans après la méga fusion initiée en 2001 entre Time Warner et AOL pour plus de 100 milliards de dollars, ébranlée par l’éclatement de la bulle Internet, American On Line (AOL) n’en finit pas de s’interroger sur son avenir. Non pas que l’ex-filiale de feu AOL Time Warner perde de l’argent (la nouvelle entitée cotée en Bourse est rentable), ni qu’elle soit endettée (elle ne l’est pas et dispose même de 600 millions de dollars de cash disponible), mais elle recherche un second souffle. Cela fait maintenant plus de deux ans que les dirigeants du fournisseur d’accès à Internet et distributeur de contenu web s’interrogent sur un éventuel démentellement de l’ex-filiale de feu AOL Time Warner : d’un côté l’activité historique d’accès à Internet, qui pourrait être cédée à United Online, et de l’autre le portail de contenus et de publicités, qui serait absorbé par Yahoo (1). AOL devrait réaliser cette année un chiffre d’affaires total de 2,4 milliards de dollars, dont 40% dans l’accès (en déclin à 4 millions de clients) et 60 % dans les contenus (en croissance). C’est cette dernière activité, avec les revenus de la publicité en ligne, qui pourrait intéresser Yahoo pour mieux rivaliser avec son concurrent Google. D’autant que AOL a réduit ses coûts par 2.500 suppressions d’emploi, fermeture de bureaux à l’international (2) et des sessions d’actifs en perte.
Ce démentellement interviendrait après la moins-value enregistrée avant l’été lors de
la revente pour seulement 10 millions de dollars du site communautaire Bebo que
AOL avait acheté en 2008 pour 850 millions de dollars. Auparavant, était cédée la messagerie instantanée ICQ pour 187 millions de dollars. Maintenant, le PDG, Tim Armstrong, y voit plus clair dans sa stratégie : faire d’AOL une « entreprise d’information ». Après avoir lancé Seed.com destiné à publier des articles de contributeurs rémunérés, il a annoncé coup sur coup en septembre dernier le rachat du site web d’actualités hight-tech TechCrunch, la plateforme de VOD « 5min Media » et de Things Lab avec son programme Brizzly pour réseaux sociaux. En janvier, AOL avait fait l’acquisition de StudioNew, société spécialisée dans la création et la diffusion de vidéos sur Internet. Avec son cash disponible, AOL privilégie les acquisitions plutôt que la rémunération de ses actionnaires. Et ce, afin de se rencenter sur les contenus et la publicité en ligne. Avec ou sans Yahoo. @

Apple parle beaucoup de ses produits, mais reste discret sur sa stratégie

Alors qu’Apple vient d’achever son exercice annuel le 26 septembre, jamais le groupe de Steve Jobs n’a été autant adulé par les médias. Pourtant, la marque
à la pomme n’est pas un exemple d’ ouverture et parle plus volontiers de ses produits que de sa stratégie controversée.

Apple, Apple, Apple, … iPod, iPhone, iPad, … Le groupe du mythique Steve Jobs ne cesse de défrayer la chronique, tant les médias ont croqué la pomme. Selon une étude publiée le 27 septembre par l’institut américain Pew Research Center, c’est l’entreprise
de la high-tech bénéficiant du plus grand nombre d’articles dans les médias : 15 % (1).
Le géant américain s’offrerait ainsi gratuitement une campagne de publicité planétaire, avec plus de 40 % des articles élogieux pour ses produits (2).

L’achronie des médias

Enfant, il fut un temps où nous avions à composer avec
une certaine forme de rareté, qui, si elle était à l’origine d’une sourde frustration, aiguisait en même temps notre désir et nourrissait nos rêves. Le dernier Disney n’était alors visible qu’à Noël au cinéma et, le reste de l’année, par de courts extraits sur nos écrans de télévision. Il nous fallut attendre l’âge adulte pour voir et revoir enfin ces films, qui perdirent en même temps une part de leur mystère. Il fallait également qu’une nouvelle économie des droits de diffusion télé puis vidéo crée une chaîne d’exploitation cohérente et très rentable. C’est en effet avec la télévision que l’idée d’une chronologie des médias s’est peu à peu mise en place. Avec l’équipement massif des ménages en postes de télé durant les années 60 et la baisse concomitante et régulière de la fréquentation des salles, les chaînes ont accepté l’usage d’un long délai après la sortie des films en salle.

« Ce n’est plus la chronologie qui structure le paysage audiovisuel mais les modes de réception. Quand un film sort, il doit être disponible partout, très vite, afin de bénéficier d’une visibilité maximale sur tous les écrans »