Après la presse et la radio, Matthieu Pigasse veut investir la télévision et la musique

Le directeur général délégué de la banque Lazard (vice-président Europe), Matthieu Pigasse, est propriétaire du magazine Les Inrockuptibles depuis 2009, co-actionnaire du groupe Le Monde depuis 2010, du Nouvel Observateur depuis 2014, et acquéreur de Radio Nova en mai 2015. Et après : musique et télévision.

Par Charles de Laubier

Matthieu PigasseSa holding personnelle s’appelle « Les Nouvelles Editions indépendantes » (LNEI) et a été constituée il y aura six ans le
31 juillet. Après des négociations exclusives, qui ont été annoncées le 21 mai, elle est en passe de racheter le groupe Nova Press, propriétaire de Radio Nova, de Nova Records ou encore de Nova Production.
C’est la dernière acquisition en date de Matthieu Pigasse (photo), banquier et homme d’affaire, fils de Jean-Daniel Pigasse, lequel fut journaliste à La Manche Libre, et neveux de Jean-Paul Pigasse, ancien directeur général adjoint du groupe Les Echos (1) et de la rédaction de L’Express dans les années 1980. Matthieu Pigasse (47 ans) a hérité de la fibre média.
Avec Radio Nova, il enrichit son portefeuille média déjà constitué du magazine culturel Les Inrockuptibles qu’il a acquis en juin 2009, du groupe Le Monde dont il est co-actionnaire depuis juin 2010 en tant que « P » du trio « BNP » (aux côtés de Pierre Bergé
et Xavier Niel), lequel trio est aussi propriétaire – via la holding « Le Monde Libre » – du Nouvel Observateur depuis juin 2014.

Comment Endemol France veut fédérer les talents jusque sur YouTube et Dailymotion

Pendant que sa maison mère devient Endemol Shine Group après son alliance avec la société 21st Century Fox (Rupert Murdoch), Endemol France ne change pas de nom et poursuit sa diversification dans le numérique qui génère aujourd’hui 6 % de ses revenus. Son président, Nicolas Coppermann, se constitue un réseau multi-chaînes.

Par Charles de Laubier

Nicolas Coppermann« Nous faisons actuellement 6 % de notre chiffre d’affaires dans le numérique », nous a indiqué Nicolas Coppermann (photo), président d’Endemol France (1), en marge d’un dîner du Club audiovisuel de Paris (CAVP) le 20 avril dernier, tout en confirmant vouloir atteindre 10 % à 15 % dans les cinq ans à venir. La filiale du groupe Endemol, lequel fut cofondé en 1994 par le Néerlandais John de Mol, ne divulgue pas de résultats par pays mais son chiffre d’affaires en France serait inférieur à 150 millions d’euros.
L’inventeur de la téléréalité – avec des émissions comme « Big Brother » (alias « Loft Story » en France), « Star Academy » et « Secret Story » – s’est diversifié dans les programmes de télévision dits de « flux » que sont les magazines audiovisuels, les émissions de divertissement, ou encore les jeux tels que « Money Drop » (2).

Radio France : le mal vient aussi du retard numérique

En fait. Le 16 avril fut le 29e et dernier jour de la grève historique de Radio France. Son PDG contesté Mathieu Gallet a présenté le 8 avril aux salariés son plan stratégique pour la Maison ronde. Le numérique peine à être au cœur de
ses ambitions, malgré les critiques de la Cour des comptes le 1er avril.

En clair. « Radio France n’a pas achevé sa mue numérique. Si une forte impulsion a été donnée dans ce domaine en 2011, de lourds investissements et l’intégration du numérique dans la définition des métiers restent à réaliser ». C’est en ces termes que
la Cour des comptes a notamment présenté le 1er avril dernier son rapport (1) très critique sur le « retard inquiétant » de la radio publique dans son développement digital. Le plan stratégique de Mathieu Gallet, qui préfigure le prochain contrat d’objectifs et de moyens sur cinq ans (COM 2015-2019), censé être signé par l’Etat, doit rectifier le tir. Entre 2011 et 2013, seulement 17,4 millions d’euros avaient été consacrés par la Maison ronde au numérique. L’ancien directeur des nouveaux médias et du Mouv’ à Radio France, Joël Ronez, avait expliqué à EM@ en octobre 2013 qu’environ 6,5 millions d’euros par an était consacrés à la direction des nouveaux médias, laquelle
fut créée en juillet 2011. Cela lui a permis de mettre à niveau les services en ligne de Radio France, de lancer les plateformes musicales novatrices RF8 et NouvOson, et
de se préparer à la radio filmée (2). Mais ce fut insuffisant. Des lacunes numériques
de la radio publiques demeurent.

Deux ans après son recentrage sur les médias et les contenus, la stratégie de Vivendi reste floue

Devenir « un groupe mondial, champion français des médias et des contenus ».
Tel est le leitmotiv de Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi. Après avoir cédé en 2014 ses actifs télécoms, le groupe désendetté dispose d’une trésorerie de 15 milliards d’euros. Après Dailymotion, quelles autres acquisitions ?

(Depuis la parution de cet article dans EM@ le lundi 20 avril, des rumeurs circulent sur l’intérêt supposé de Vivendi pour EuropaCorp en France et Mediaset en Italie)

Le Geste met en place une bourse de partage vidéos

En fait. Le 9 avril prochain, le groupe de travail « Médias et vidéo » nouvellement créé par le Groupement des éditeurs de contenus et de services en ligne (Geste) va se réunir pour la seconde fois en vue d’aboutir à la mise en place d’une
« bourse commune de partage de vidéos » entre les médias intéressés.

En clair. Selon nos informations, cette réunion du 9 avril fait suite à une première qui s’était tenue en février, au cours de laquelle une dizaine d’éditeurs membres du Geste (1) ont décidé de mettre en place une « bourse commune de partage de vidéos ». Il s’agit pour cette seconde réunion de « définir la suite du plan d’action ». L’objectif de cette plateforme B2B est de mettre en contact et de permettre à tous les éditeurs de services en ligne qui le souhaitent de référencer et de mutualiser leurs contenus vidéo entre eux, selon la logique de l’offre et de la demande. Les éditeurs pourront ainsi diffuser plus largement leurs propres productions audiovisuelles – reportages, documentaires, tutoriels, interviews, fictions, animations, … – et, inversement, identifier de contenus tiers susceptibles d’intéresser leur audience en ligne. « Les médias ont
un besoin croissant en contenus vidéo et il devient crucial de se différencier et de personnaliser l’expérience vidéo », explique le Geste, qui compte à ce jour 119 membres – parmi lesquels TF1, France Télévisions, Google, Lagardère Active, Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur, L’Express, La Tribune, Orange, Prisma Media, Mondadori, AFP, CCM Benchmark, etc. Le groupe de travail « Médias et vidéo » travaille sur des problématiques communes telles que le sourcing (recherche de fournisseurs), l’acquisition, la production, le budget, la monétisation, les techniques d’exploitation et de mise en ligne des vidéos ou encore la relation avec l’audience. Ce besoin de créer une plateforme de partage vidéo avait été identifié lors de la réunion
de la commission « TV/Vidéo » du Geste en décembre 2014, notamment par Claire Leproust, fondatrice de FabLabChannel (et ex-directrice des développements numériques chez Capa TV Presse).