A quoi va servir un Conseil national du numérique

En fait. Le 10 février s’est achevée la consultation publique de Pierre Kosciusko-Morizet – président de l’Acsel (association de l’économie numérique) et PDG-fondateur de PriceMinister – sur la création du Conseil national du numérique (CNN). Il rendra ses propositions le 15 février à Eric Besson.

En clair. Eric Besson en a rêvé, Eric Besson va le faire. Le ministre en charge de l’Economie numérique avait prôné il y a plus de deux ans la création d’un Conseil national du numérique (CNN) dans son rapport « France numérique 2012 » publié
en octobre 2008. L’idée a bien fait son chemin depuis une certaine réunion interministérielle du Premier ministre en novembre 2009 où la question était de savoir
si le CNN est une évolution du Forum des droits de l’Internet (FDI) créé il y a dix ans ou
« la création d’une association ex nihilo, suivie du transfert des actifs et du personnel
du FDI » (1). Depuis, fin 2010, le FDI abandonné par le gouvernement a mis la clé sous la porte. Pourtant sa présidente, Isabelle Falque-Perrotin n’a eu de cesse de tenter
de convaincre de la légitimité de son organisation pour devenir ce fameux CNN car, affirmait-elle,« la convergence suppose l’articulation de l’action des régulateurs » (2). En vain. Mais le CNN, lui, sera bien créé au printemps prochain – à la demande de Nicolas Sarkozy – pour être au service des pouvoirs publics « sur l’ensemble des textes législatifs et réglementaires, ainsi que sur l’ensemble des politiques publiques touchant à la société de l’information ». Autrement dit, il s’agit de faire en sorte que le CNN
« interagisse » avec non seulement le gouvernement, le parlement et les organisations professionnelles ou associations consommateurs, mais aussi avec les multiples régulateurs que sont le CSA, l’Arcep, l’Hadopi, la Cnil, l’ANFR ou encore l’Arjel. Dans son rapport de 2008, Eric Besson pointait déjà du doigt « une multiplication et une dispersion progressive des structures de concertation et d’autorégulation, sans que la gouvernance d’ensemble ne soit véritablement renforcée et la convergence facilitée entre les acteurs du contenu, de l’Internet, des médias et des réseaux ». Le 10 janvier dernier, le ministre de l’Economie numérique a évoqué un « rapprochement » entre le CSA, l’Arcep et l’ANFR pour mieux coopérer dans la gestion des fréquences qui constitue les défis de l’Internet mobile de ces prochaines années. L’Ascel présidée par Pierre Kosciusko-Morizet (le frère de NKM, l’ancienne secrétaire d’Etat à l’Economie numérique) et la Fédération française des télécoms (FFT) réorganisée sous la bénédiction d’Eric Besson (3), devraient jouer un rôle central au sein du CNN (4).
Et les sujets de politique et de lobbying ne manquent pas : TVA, Cosip, taxe « France Télévisions », Hadopi, taxe « copie privée », fibre optique, 4G, etc. @

Croissance de l’e-pub : vidéo et mobile en tête

En fait. Le 12 janvier, le Syndicat des régies Internet (SRI) – qui réunit plus d’une vingtaine de membres en France – a publié pour la cinquième année consécutive son Observatoire de la publicité sur Internet, sur la base d’une étude de CapGemini Consulting et de l’Udecam (agences médias).

En clair. C’est reparti ! La centaine de régies publicitaires et la dizaine d’agences médias que compte le marché français se sentent repousser des ailes.
« Spectaculaires », si l’on en croit l’Union des entreprises de conseil et achat média (Udecam), sont les chiffres d’affaires nets (1) réalisés sur l’année 2010 : au total 2,31 milliards d’euros, soit une croissance de 9% sur un an. C’est une accélération par rapport à la crise publicitaire de 2009 où la croissance était retombée à 6 % (contre
23 % en 2008). Et cette année, la croissance sera à deux chiffres : 12 %, à 2,57 milliards d’euros. Pour l’an dernier, les dépenses pour des liens sponsorisés sur les moteurs de recherche – Google en tête (2) – dominent encore (voir ci-dessous), suivies de l’affichage (« display ») revigoré par la publicité vidéo. Cette dernière engrange 30 millions d’euros, soit 150 % de hausse grâce aux nouveaux services de VOD, de catch up TV ou encore des vidéos sur la presse et la radio online. Quant à la publicité sur téléphone portable, elle fait un bond de 23 %, à 27 millions d’euros, grâce aux smartphones et aux « applis ». @

Le streaming perçu comme relais de croissance

En fait. Le 25 octobre, la Cité de la musique a publié le volet numérique de son Observatoire de la musique pour le premier semestre 2010. Cette sixième étude semestrielle montre une concentration du marché de la musique en ligne,
une croissance « chaotique » de celui-ci et un mouvement vers le streaming.

En clair. « L’attractivité et la généralisation du streaming, le développement des applications pour les smartphones et demain la télévision connectée, pourraient être
la clef première d’une stabilisation du modèle économique de la diffusion en ligne », avance l’Observatoire de la Cité de la musique (1) dirigé par André Nicolas. Son analyse est faite à partir d’une centaine de sites web en France, dont 19 de streaming : Musiline, Meemix, Musicovery, Lastfm, Pandora, Finetune, Deezer, Ilike, Tommy TV, Hulu, Faitilizer, MOG, Spotify, Mix DJ, Sevenload, MaestroFM, Qloud, Vuze et Jiwa repris par la société Digiteka. « Face au problématique ralentissement de l’économie musicale numérique, l’écoute en streaming constitue un espoir de relais de croissance sous une forme premium : cela traduirait un profond changement de comportement
de consommation en ligne du public vis-à-vis de la possession des fichiers, devenue accessoire par ses contraintes », explique-t-il. Le streaming musical à la demande augmente car il investit d’autres types de sites web comme les boutiques généralistes (Fnacmusic, Virginmega, AmazonMP3, Beezik, …).« L’accessibilité des contenus en streaming gratuit, payés par la publicité ou payant par abonnement à des offres premium, génèrent des actes d’achat en téléchargement à l’issue d’accords quadripartites, en BtoB, entre les labels, leurs distributeurs et/ou agrégateurs, les sites marchands et les éditeurs en ligne », analyse l’étude. En publiant en septembre les chiffres semestriels du marché français de la musique vu par les producteurs, le Snep (2) avait indiqué que les revenus provenant des abonnements et du streaming payant avait progressé de 16 % au premier semestre à 11,5 millions d’euros (soit près d’un tiers des revenus de la musique numérique).
« Le streaming audio a l’avantage de rendre obsolète le téléchargement illégal : à quoi
sert de remplir sur disque dur des fichiers piratés, alors que le streaming offre un accès instantané et mobile », ont expliqué les dirigeants du Snep (3). L’Observatoire de la musique explique que « si aux USA le niveau actuel des abonnements au streaming payant est très faible (1,5 million d’abonnés), en Europe, Spotify, avec sa version mobile, annonce 600.000 abonnés et un objectif de 30 % supplémentaires en 2011
sur les six marchés européens pénétrés ». Seul problème : « Spotify manque de fonds propres et qu’une alliance éventuelle de cette jeune société avec un des concurrents d’Apple comme Amazon annoncerait une vive compétition ». @

Apple parle beaucoup de ses produits, mais reste discret sur sa stratégie

Alors qu’Apple vient d’achever son exercice annuel le 26 septembre, jamais le groupe de Steve Jobs n’a été autant adulé par les médias. Pourtant, la marque
à la pomme n’est pas un exemple d’ ouverture et parle plus volontiers de ses produits que de sa stratégie controversée.

Apple, Apple, Apple, … iPod, iPhone, iPad, … Le groupe du mythique Steve Jobs ne cesse de défrayer la chronique, tant les médias ont croqué la pomme. Selon une étude publiée le 27 septembre par l’institut américain Pew Research Center, c’est l’entreprise
de la high-tech bénéficiant du plus grand nombre d’articles dans les médias : 15 % (1).
Le géant américain s’offrerait ainsi gratuitement une campagne de publicité planétaire, avec plus de 40 % des articles élogieux pour ses produits (2).

La rentrée s’annonce (très) chargée pour l’Arcep

En fait. Le 10 septembre, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) a fait le point sur les principaux dossiers
de la rentrée tels que très haut débit, 3G/4G, neutralité du Net, Paquet télécom, qualité de services, relations entre opérateurs et consommateurs, …

En clair. Mine de rien, la rentrée 2010-2011 s’annonce être l’une des plus chargées
pour l’Arcep, tant les chamboulements concurrentiels et réglementaires à venir vont
faire passer le marché des télécoms, des mobiles et de l’accès à Internet à la vitesse supérieure. Entre le déploiement de la fibre optique, d’une part, et la mise en place du très haut débit mobile, d’autre part, et en attendant l’arrivée du quatrième opérateur mobile en 2012 (Free), le paysage français des télécoms entame une profonde mutation de ses infrastructures et de leurs contenus. C’est dans le mobile, avec la quatrième génération de mobile (4G), que le rythme va s’accélérer : l’Arcep a reçu jusqu’au 13 septembre dernier les ultimes commentaires des acteurs intéressés et s’apprête à transmettre au gouvernement « au début de l’automne » ses propositions pour que soient publiés « courant décembre » le cadre de l’appel à candidature pour l’attribution des fréquences 2,6 Ghz et 800 Mhz, puis que soient lancées « d’ici fin
2010 » les procédures d’appel à candidatures (1). Les fréquences de 2,6 Ghz seront attribuées « en premier fin mars » et celles de 800 Mhz du dividende numérique « en juillet », selon les indications de Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep. A ce rythme, la 4G pourrait être disponible « avant la fibre optique dans certains territoires ». Car la fibre est peut-être rapide en débit mais… plutôt lente en déploiement.
« A l’automne », l’Arcep va lancer une consultation publique sur « un modèle technico-économique » du déploiement de la fibre optique sur tout l’Hexagone avec financement public-privé, dont elle évaluera le coût global « d’ici à la fin de l’année » (2). Ces nouvelles infrastructures soulèvent en outre avec plus d’acuité la question de la neutralité du Net. L’Arcep publiera ses propositions « fin septembre » pour compléter
le rapport du gouvernement au Parlement (lire EM@19, p .4), lequel aura
à transposer à l’automne le Paquet télécom européen. « Il faut sortir d’une double hypocrisie » (des tenants d’un Internet sans but lucratif devant rester neutre versus
des marchands de l’Internet commercial rejetant tout intervention). La transparence, l’information et la non discrimination du consommateur seront au coeur de la future loi. C’est justement « fin novembre » que l’Arcep émettra des recommandations en faveur
du consommateur. @