La start-up californienne World Labs livre un aperçu de l’avenir de l’IA générative en 3D

Le 2 décembre, la start-up World Labs — devenue en septembre une licorne avec sa levée de fonds de 230 millions de dollars — a présenté en ligne les premiers résultats de son IA générative capable de générer des mondes en 3D, où les utilisateurs peuvent interagir directement.

Imaginez : vous soumettez une de vos photos ou images à une IA générative et celle-ci va créer pour vous un monde en trois dimensions (3D) où vous pourrez évoluer à partir du navigateur de votre ordinateur ou de votre smartphone. Bienvenus dans l’« intelligence spatiale ». C’est cet exploit technologique de génération d’une géométrie en 3D que promet de généraliser prochainement la jeune pousse cofondée en janvier 2024 par la chercheuse et professeure Fei-Fei Li (photo), sa PDG, Ben Mildenhall (ex-Google), Justin Johnson (ex-Meta) et Christoph Lassner (ex-Meta).

Films, jeux, … révolution « GenAI 3D »
Pour l’instant, des aperçus navigables par tous ont été mis en ligne depuis le 2 décembre (1), tandis que seulement « quelques créateurs » peuvent expérimenter l’IA générative 3D. Les autres doivent s’inscrire sur une liste d’attente (2), en prévision du prochain lancement. « Nous travaillons dur pour mettre cette technologie entre les mains des utilisateurs dès que possible ! », a assuré World Labs dans sa présentation du 2 décembre. « A partir d’une image d’entrée, notre système estime la géométrie 3D, remplit les parties invisibles de la scène, invente de nouveaux contenus pour que vous puissiez vous retourner, et génère une grande variété de types de scènes et de styles artistiques », explique-t-elle. Et de préciser : « Nos scènes 3D peuvent être rendues en temps réel dans le navigateur avec un contrôle total de la caméra. Cela signifie que vous pouvez les explorer avec une caméra en mouvement libre comme dans un jeu vidéo, ou même simuler des effets de caméra 3D comme une faible profondeur de champ ou un zoom chariot » (3). Une fois dans son navigateur, l’utilisateur évolue en temps réel dans le nouveau monde 3D, comme avec une caméra virtuelle, à l’aide de ses touches « WASD » sur un clavier Qwerty, ou avec les touches « ZQSD » pour un clavier Azerty à la française : Z pour avancer, Q pour aller à gauche, S pour reculer, D pour aller à droite. Avec la souris, il suffit de cliquer et de faire glisser pour regarder autour. (suite)

La position dominante de Nvidia sur le marché mondial des puces IA soulève des questions « antitrust »

Le géant mondial Nvidia, fabricant américain de microprocesseurs pour l’intelligence artificielle, est non seulement le premier à alimenter la « bulle IA » mais aussi en position dominante sur ce marché colossal. Les autorités antitrust veulent agir avant qu’il ne soit trop tard pour la concurrence.

Après avoir été la première capitalisation boursière mondiale, le groupe Nvidia est redevenu la seconde à 3.314 milliards de dollars au 29 novembre 2024 (au moment où nous bouclons ce numéro de Edition Multimédi@), derrière Apple (3.551 milliards de dollars), Microsoft (3.144 milliards), Amazon (2.163 milliards) ou encore Alphabet/ Google (2.080 milliards), d’après CompaniesMarketCap (1).
C’est en juin (2) que la firme californienne de Santa Clara – où elle a son siège social depuis sa création le 5 avril 1993 par l’AméricanoTaïwanais (3) Jensen Huang (photo), son actuel PDG – est arrivée pour la première fois en tête de toutes les entreprises cotées dans le monde. Depuis le lancement par OpenAI fin novembre 2022 de l’IA générative ChatGPT qui carbure aux puces pour l’intelligence artificiel, dont Nvidia est devenu le numéro un mondial des fabricants, le cours de l’action « NVDA » a été multipliée par plus de huit. Microsoft, Google ou encore Amazon font aussi partie des nombreuses Big Tech qui se fournissent auprès de Nvidia. Samedi dernier, 23 novembre, Jensen Huang s’est vu décerner un doctorat honorifique en ingénierie (4) de l’Université des sciences et technologies de Hong Kong (Hkust). Détenteur d’environ 3 % du capital de l’entreprise Nvidia, cotée au Nasdaq à New-York depuis janvier 1999, il est devenu à 61 ans la onzième plus grande fortune mondiale, après avoir vu son patrimoine professionnel bondir de 250 % entre 2023 et 2024, à 118,2 milliards de dollars (5).

Prévision de résultats annuels records
En plus d’être devenu le plus grand fabricant de processeurs graphiques, appelés GPU (Graphics Processing Unit), qui excellent notamment pour les jeux vidéo sur ordinateur, Nvidia a aussi étendu sa position dominante dans l’intelligence artificielle qui exige également d’immenses puissances de calcul. Lors de la présentation le 20 novembre de ses résultats financiers pour son troisième trimestre qui s’est achevé fin octobre (le groupe ayant la particularité d’avoir son année fiscale décalée d’un mois par rapport à l’année calendaire), Nvidia a estimé qu’il terminera son exercice 2024/2025 (clos le 26 janvier) avec un chiffre d’affaires annuel record d’environ 128,6 milliards de dollars. Ce record correspond à un peu plus du double (+ 111,19 %) du chiffre d’affaires de l’année précédente (60,9 milliards de dollars à fin janvier 2024) et presque un quintuplement sur deux ans (26,9 milliards de dollars à fin janvier 2023). Cela dépendra de son quatrième trimestre (novembre 2024-janvier 2025) qui est attendu à « 37,5 milliards de dollars, plus ou moins 2 % », contre 35 milliards de dollars au troisième trimestre (août-octobre 2024).

Quasi-monopole de puces GPU et IA
« L’ère de l’IA est à plein régime, ce qui entraîne une évolution mondiale vers les technologies informatiques de Nvidia. La demande pour [la puce] Hopper et l’anticipation pour [sa successeure] Blackwell – en pleine production – sont incroyables », s’est félicité le 20 novembre Jensen Huang. (suite)

Livre numérique : le marché mondial des liseuses vise les 10 milliards de dollars d’ici 2030

La croissance discrète des liseuses (e-readers), dont la particularité de l’écran est de ne pas produire de lumière grâce à son encre électronique (e-ink) reposante, devrait amener ce marché mondial vers les 10 milliards de dollars d’ici la fin de la décennie. Amazon et Rakuten Kobo sont en tête.

(Michael Tamblyn, PDG de Rakuten Kobo, nous a confié ses doutes sur l’actualisation de l’étude à laquelle cet article de EM@ n°331 fait référence)

Elles ont des tailles d’écran variables, dont la diagonale va de moins de 6 pouces (un peu plus de 15 centimètres) à plus de 8 pouces (plus de 20 cm), en passant par 6 à 8 pouces (d’un peu plus de 15 cm jusqu’à un peu plus de 20 cm). Elles sont fines et légères, et offrent une prise en main confortable. Elles permettent une lecture d’une multitude de livres numériques (ebooks) sans fatigue, grâce à leur écran sans lumière grâce à leur encre électronique (e-ink). Ce sont les liseuses électroniques (e-readers).

Amazon et Rakuten Kobo en tête
Le marché mondial des liseuses pourrait atteindre les 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’ici la fin de la décennie, contre 7,36 milliards de dollars attendus pour cette année 2024. C’est du moins ce que prévoit Mordor Intelligence, à la faveur d’une croissance annuelle moyenne de 6,31 %. « Le marché mondial des liseuses est modérément consolidé avec la présence de plusieurs acteurs comme Amazon., Barnes & Noble, Rakuten Kobo, Hanvon Technology, Onyx International, etc. », indique ce cabinet d’études indien. Selon lui, l’Asie-Pacifique (dont la Chine) affiche la croissance la plus rapide mais l’Amérique du Nord reste encore pour l’instant le plus grand marché pour les liseuses (1). Bien que les tablettes soient beaucoup plus vendues en nombre dans le monde et bien que restées d’usage secondaire par rapport aux smartphones (2), les liseuses continuent, elles, de maintenir une niche solide grâce à leurs avantages spécifiques pour la lecture.

Rentrée scolaire 2024-2025 : l’Education nationale conjugue numérique et intelligence artificielle

Démissionnaire depuis le 16 juillet 2024 de sa fonction de ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, tout comme le gouvernement Attal, Nicole Belloubet a tout de même présenté la « rentrée scolaire 2024-2025 ». Le numérique et l’intelligence artificielle sont dans les rangs.

Dans les « affaires courantes » qu’a gérées la ministre démissionnaire de l’Education nationale et de la Jeunesse, Nicole Belloubet (photo), il y avait la présentation le 27 août des grandes orientations de la « rentrée scolaire 2024-2025 ». Parmi les mesures prises afin que tout puisse se passer au mieux pour les près de 12 millions d’élèves qui, en France, ont repris le chemin de l’école, certaines portent sur les usages du numérique, avec l’instauration cette année de la « pause numérique », ainsi que l’apport de l’intelligence artificielle (IA) pour que les enfants et les enseignants puissent l’utiliser à des fins pédagogiques.

De la loi de 2018 à la circulaire de 2024
La mesure-phare est sans doute l’expérimentation de la « pause numérique » dans les collèges. Il s’agit de ni plus ni moins d’interdire les smartphones dans les 6.980 collèges que compte la France. Du moins, cette mesure radicale se fera en deux temps : une première expérimentation a commencé pour cette année scolaire 2024-2025 dans quelque 200 établissements qui se sont portés « volontaires » pour priver plus de 50.000 collégiens de leur téléphone portable. La ministre démissionnaire a précisé que la généralisation de cette mesure devrait intervenir au 1er janvier 2025 et l’avait justifiée dans une circulaire datée du 26 juin 2024 : « Au collège, une “pause numérique” sera expérimentée au sein de collèges volontaires dans chaque département, de telle sorte que l’interdiction de l’usage du portable prévue par la loi [du 3 août 2018, ndlr] soit effective et totale sur l’intégralité du temps scolaire, y compris les espaces interstitiels à risques que sont les changements de classe, les récréations et la pause méridienne ».
Cette circulaire a été publiée au Bulletin officiel de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports (1), lequel est adressé aux recteurs et rectrices d’académie, aux inspecteurs et inspectrices de l’éducation nationale, aux cheffes et chefs d’établissement, aux directeurs et directrices des écoles ; aux professeures et professeurs, ainsi qu’aux personnels administratifs, sociaux et de santé, et aux accompagnantes et accompagnants d’élèves en situation de handicap. Elle fait référence à la loi du 3 août 2018 intitulée « encadrement de l’utilisation du téléphone portable dans les établissements d’enseignement scolaire », laquelle prévoit déjà que « l’utilisation d’un téléphone mobile ou de tout autre équipement terminal de communications électroniques par un élève est interdite dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges et pendant toute activité liée à l’enseignement qui se déroule à l’extérieur de leur enceinte, à l’exception des circonstances, notamment les usages pédagogiques, et des lieux dans lesquels le règlement intérieur l’autorise expressément » (2).

Claude, le concurrent de ChatGPT, a franchipour la première fois 1 million de dollars de revenu

Claude d’Anthropic sera-t-elle l’IA générative qui pourra détrôner ChatGPT d’OpenAI ? L’avenir dira si la fable du lièvre et de la tortue s’appliquera à ces deux concurrents directs. Pour l’heure, la tortue Claude fait son chemin aux côtés d’Amazon qui va l’utiliser pour son assistant Alexa.

Claude d’Anthropic sera-t-elle l’IA générative qui pourra détrôner ChatGPT d’OpenAI ? L’avenir dira si la fable du lièvre et de la tortue s’appliquera à ces deux concurrents Alors que ChatGPT d’OpenAI a été lancé le 30 novembre 2022 avec le succès médiatique planétaire que l’on connaît (1), son concurrent Claude d’Anthropic n’a pas dit son dernier mot depuis son lancement le 14 mars 2023 dans une relative indifférence générale (2). Mais c’était sans compter sur Amazon qui a annoncé le 25 septembre 2023 injecter 4 milliards de dollars dans la start-up cofondée par Dario Amodei (photo de gauche)et sa sœur Daniela Amodei (photo de droite), respectivement directeur général et présidente (3). Dans la course mondiale aux IA génératives, Claude fait figure de tortue par rapport au lièvre ChatGPT. Ce qui laisse un espoir pour Anthropic, la start-up qui développe le premier, de rattraper son retard par rapport à OpenAI, à l’origine du second.. Pour l’heure, la tortue Claude fait son chemin aux côtés d’Amazon qui va l’utiliser pour son assistant Alexa.

Anthropic veut rattraper OpenAI
Mais l’issue de la fable ne s’appliquera pas forcément à la réalité. En attendant, Claude vient de franchir une étape symbolique dans son expansion en dépassant 1 million de dollars de chiffre d’affaires cumulé depuis son lancement il y a près d’un an et demi. C’est ce qu’a relevé fin août Ariel Michaeli, PDG cofondateur de la société d’analyses Appfigures, à partir des boutiques d’applications mobiles App Store et Google Play. Mais atteindre 1 million de dollars en seize semaines n’est pas un record pour autant, loin de là, puisque ChatGPT avait atteint ce mondant en trois semaines et ChatOn en onze semaines. ChatOn ? Il s’agit d’un wrapper de ChatGPT, c’est-à-dire une sorte de clone qui tente d’apporter des améliorations conviviales et de nouvelles facilités. Développé par la société AIby basée à Miami, ChatOn rencontre un certain succès aux Etats-Unis. Mais Claude a la satisfaction d’avoir atteint le million plus rapidement que Copilot de Microsoft, lequel, pourtant, a investi plus de 13 milliards de dollars dans son partenaire OpenAI (4) et a une base de plusieurs millions d’utilisateurs de son navigateur Edge intégrant Copilot. Claude a aussi franchi le million bien avant les vingt-deux semaines qu’il a fallu à Perplexity pour l’atteindre (voir graphique ci-dessous). La start-up californienne Perplexity AI, cofondée en août 2022, a lancé un moteur conversationnel intelligent (chat-search) présenté comme « une alternative aux moteurs de recherche traditionnels » (5).

Anthropic a donc plus que jamais une carte à jouer dans la bataille des IA génératives, comme le croit Ariel Michaeli : « Nous estimons que Claude a jusqu’à présent 25.000 abonnés payants. Cela semble beaucoup, mais ChatGPT a ajouté 291.000 nouveaux abonnés payants en juillet [l’IA générative d’OpenAI revendiquant en août plus de 200 millions d’utilisateurs actifs, ndlr]. Pour que Claude ait une chance, il doit apprendre des wrappers et ne pas copier ChatGPT. Si Claude augmente son interface de chat avec des fonctionnalités plus grand public, et s’il promeut son application mobile, alors il pourrait avoir une chance » (6). La monétisation actuelle de Claude sur mobile provient à 48,4 % des Etats-Unis, 6,7 % du Japon, 4,3 % de l’Allemagne, à égalité avec le Royaume-Uni, ou encore de 2,8 % de la Corée du Sud.