Dette et covid-19 : menaces sur Altice Europe (SFR)

En fait. Le 20 avril, Altice Europe – maison mère de SFR – annonce la création au Portugal de Fastfiber, issu d’Altice Portugal FTTH dont elle a vendu en décembre dernier 49,99 % du capital à Morgan Stanley pour 2,3 milliards. Cela servira à diminuer la dette, actuellement de 30,5 milliards d’euros, rattrapée par le virus.

En clair. Le coronavirus va-t-il déstabiliser l’empire de Patrick Drahi, au point de le faire s’effondrer Altice Europe comme un château de cartes, en raison de ses 30,5 milliards de dette ? L’Etat français – le contribuable – devra-t-il porter secours à Altice France et sa filiale SFR (deuxième opérateur télécoms français), à l’instar du premier prêt garanti par l’Etat octroyé à Fnac-Darty dans le cadre de la pandémie du covid-19 ? Le milliardaire Patrick Drahi a construit son groupe à coup de méga-LBO (1) et de surendettements bancaires, grâce à de l’argent « facile » disponible à des taux faibles au cours de ces dernières années.
Bien qu’Altice ait réussi à ramener en deux ans sa dette, de plus de 50 milliards d’euros à 30,5 milliards d’euros au 31 décembre 2029, elle n’en reste pas moins toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête de son patron fondateur franco-israélien. La grande récession économique en cours pourrait compromettre le remboursement de la dette d’Altice, les prochaines grandes échéances étant en 2025. L’objectif d’Altice Europe d’atteindre un ratio « dette/bénéfices » de 4,25 d’ici fin 2020, contre 6 à fin 2019, risque d’être compromis. Après les années noires de 2017 et 2018 durant lesquelles les investisseurs avaient sanctionné le titre Altice en Bourse en raison de leurs doutes sur la capacité d’Altice à rembourser sa dette colossale et sur les déboires commerciaux de sa filiale SFR, Patrick Drahi les avait rassurés. Cette fois, l’heure est grave. « Il est question de sauver des entreprises, par exemple Air France que Bruno Le Maire est prêt à nationaliser (…). Peut-être que d’autres grandes entreprises pourraient être nationalisées. Et puis, l’on pourrait laisser faire faillite des entreprises comme celle de Patrick Drahi ou d’autres », a expliqué David Cayla, maître de conférences à l’université d’Angers, chercheur au Granem (2) et membre des Economistes atterrés, interrogé le 15 avril dernier par Le Média (3). Dans son discours du 12 mars, Emmanuel Macron a promis que « tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte ». SFR a, dans la foulée, demandé à bénéficier du chômage partiel pour 40 % de ses effectifs, soit 5.000 de ses salariés qui toucheront 70 % de leur salaire brut cofinancé par l’Etat et l’Unédic. La CFDT, elle, a dénoncé « un effet d’aubaine ». @

L’extinction du réseau de cuivre a déjà commencé, bien avant le calendrier 2023-2030 fixé par Orange

Depuis qu’Orange a annoncé le 4 décembre le « décommissionnement » du réseau téléphonique de cuivre à partir de 2023 et son extinction totale d’ici la fin de la décennie, le doute s’installe quant à la faisabilité d’une telle décision sur tout le territoire. L’ADSL convient encore à la majorité des Français.

Facile à dire, difficile à faire. L’extinction du cuivre sur huit ans maximum, de 2023 à 2030, est un ultimatum qui se le dispute à une gageure. L’objectif est inscrit dans le nouveau plan stratégique de l’opérateur historique Orange que le PDG Stéphane Richard (photo) a présenté début décembre. « La décision d’Orange d’arrêter le cuivre en 2030 est une décision de l’opérateur. L’Arcep a pour rôle d’encadrer cette fermeture qui a un impact sur les concurrents », indique le gendarme des télécoms à Edition Multimédi@.

Avec Covage racheté par SFR et Koscmenacé, la concurrence dans les télécoms s’amenuise

Va-t-on vers la fin des opérateurs télécoms alternatifs en France au profit d’un oligopole constitué par quatre opérateurs intégrés que sont Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ? La question se pose, alors que le marché des réseaux de fibre optique et des télécoms d’entreprise se concentre.

Ce sont des opérateurs télécoms quasiment inconnus du grand public. Et pour cause Altitude, Covage et Axione (1) sont des opérateurs d’infrastructure de réseaux – de fibre optique le plus souvent – prospérant auprès des collectivités locales et à l’ombre des grands opérateurs nationaux que sont Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, sans parler de TDF. Altitude et Covage sont des opérateurs alternatifs indépendants et neutres, garant d’une concurrence dans les territoires.

Fibre sans fil : avec la 5G fixe, la concurrence des « box » dans le très haut débit pourrait être relancée

La 4G fixe est une alternative marginale dans l’accès haut débit. La 5G fixe, elle, pourrait se substituer à plus grande échelle aux « box » fixes de la fibre à domicile. Le Fixed Wireless Access (FWA) n’aura alors plus rien à envier au Fiber-To-The-Home (FTTH). Et sera bien moins coûteux à déployer.

Si la fibre optique jusqu’à l’abonné n’a pas à craindre la concurrence de la 4G fixe dans certains territoires, il devrait en être tout autrement avec la future 5G fixe. Car l’avènement à partir de 2020 du très haut débit sans fil pourrait changer la donne dans les foyers, notamment sur le marché assez figé des « box » en France. La box 5G pourrait rebattre les cartes de l’accès à Internet, à l’IPTV (1) et à la VOD (2). Imaginez YouTube ou Netflix sur box « fibre sans fil » !

Au-delà de l’affaire « Altice-Free », le poids des box

En fait. Le 28 août, Alain Weill, le PDG d’Altice France, a considéré comme « une forme de provocation » le fait que Free puisse proposer ses chaînes gratuites – dont BFMTV – en option payante sur la Freebox après les avoir interrompues faute d’accord. Cette affaire souligne le pouvoir des « box » en France.

En clair. Avec leurs « box » ADSL (cuivre) et FTTH (fibre) aux allures d’infrastructure essentielle, les quatre fournisseurs d’accès à Internet (FAI) – Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free – contrôlent la quasi-totalité des accès (très) haut débit. Au 31 mars (derniers chiffres en date de l’Arcep), les quatre opérateurs télécoms détiennent presque la totalité des 29.266.000 abonnements haut débit et très haut débit de l’Hexagone. Cette emprise des Livebox, SFR Box, Bbox et Freebox sur le marché français fait de ces boîtiers triple play (Internet-téléphone-Télévision) un passage obligé pour les foyers français qui doivent s’acquitter d’un abonnement de plus de 30 euros par mois. En France, Free sera le premier FAI à lancer une offre « TV ADSL » – en septembre 2002. Dix-sept ans après, à l’heure où 70 % des abonnements ADSL (90 % en FTTH) incluent la télévision, ce même FAI fondé par Xavier Niel a opposé une fin de non-recevoir à Altice qui souhaite être désormais rémunéré pour ses chaînes de télévision distribuées sur la Freebox. Le TGI de Paris a estimé le 26 juillet que « Free n’a pas le droit de diffuser sans autorisation BFMTV, RMC Découverte et RMC Story sur ses réseaux » et lui a ordonné « de cesser cette diffusion, sous astreinte de 100.000 euros par jour de retard et par chaîne à compter du 27 août ». Ce jour-là, l’opérateur de la Freebox a donc cessé de diffuser les trois chaînes gratuites d’Altice (1), mais en prévoyant de les proposer en option payante. « C’est plutôt une forme de provocation de Free », a fait savoir le PDG d’Altice France, Alain Weill (2). Saisi dès avril dernier (3), le CSA a considéré début août que Free n’avait aucune obligation de diffuser les chaînes pour lesquelles Altice est néanmoins en droit de se faire rémunérer. Le groupe de Patrick Drahi va aussi renégocier avec Orange son accord qui arrive bientôt à échéance. « Il est envisageable de couper également le signal s’il n’y a pas d’accord », a prévenu le 29 août sur France 2 Stéphane Richard, PDG de l’opérateur historique. Entre 2017 et 2018, TF1 – suivi par M6 – a eu du mal à se faire rémunérer par les FAI qui ne veulent payer que pour des « services associés ». Les royalties dues aux chaînes sont indexées sur le nombre d’abonnés : Orange en compte 13,2 millions, Free 6,4 millions, SFR 6,3 millions et Bouygues Telecom 3,4 millions. @