Le flou artistique persiste sur le nombre exact du peu d’abonnés FTTH en France

Sont-ils 540.000 abonnés en France à la fibre optique jusqu’à domicile ? Ou bien 520.000 ? A moins qu’ils ne soient en-deçà des 500.000… Alors que François Hollande a promis le très haut débit sur 100 % du territoire d’ici à 2022, le nombre exact d’abonnés FTTH demeure inconnu à ce jour !

Par Charles de Laubier

JLSC’est le 28 mai prochain que l’Arcep publiera les premiers chiffres de l’année de son Observatoire du haut et très haut débit. Et comme d’habitude, le régulateur ne fera pas – sauf surprise – la différenciation entre les abonnés FTTH ou Fiber-
To-The- Home (autrement dit, les particuliers ayant la fibre à
leur domicile) et les abonnés FTTO ou Fiber-To-The-Office (comprenez, les entreprises ayant la fibre jusqu’à leurs bureaux).
Et une nouvelle fois, par simplification, par confusion ou par omission (ou les trois), le chiffre de ces abonnés à la fibre optique de bout en bout sera considéré comme étant du seul FTTH.

Numericable peine à recruter de nouveaux abonnés

En fait. Le 12 mars, Numericable – coté en Bourse depuis près de quatre mois –
a publié ses résultats 2013 : son chiffre d’affaires stagne (+ 0,9 %) à 1,3 milliard d’euros, tandis que son bénéfice net chute (- 32,3 %) à 65 millions d’euros. Malgré son marketing et ses contenus, les abonnés augmentent peu.

En clair. Numericable a beau avoir près de 10 millions de foyers « desservis » en France, c’est-à-dire qui peuvent être connectés au réseau du câblo-opérateur, seuls 17,2 % d’entre eux sont en réalité abonnés – soit 1,7 million au 31 décembre 2013.
Et ce ratio stagne puisqu’il était quasiment le même un an plus tôt, avec 1,6 million d’abonnés. Il était également identique trois ans auparavant, en 2009.
C’est qu’avec ses 1.709.000 abonnés individuels précisément, Numericable a conquis
en un an seulement 4,9 % de nouveaux abonnés – soit 81.000 de plus. « Ce rythme de croissance annuel est en ligne avec l’objectif du groupe d’augmenter sa base de clients
de 200.000 à 250.000 sur la période 2014-2016 », tient à rassurer le câblo-opérateur. Cependant, pour la première fois, la base d’abonnés dite « multiple play » dépasse le cap du million d’abonnés – à 1.041.000 abonnés précisément, grâce à une croissance de 7 %. Mais tous ne sont pas triple play (Internet-TV-téléphonie), beaucoup étant dual play (Internet-téléphonie, TV-téléphonie ou TV-Internet). Tandis que l’ARPU (1), elle, grimpe à 41,5 euros en moyenne par abonné et par mois – en hausse de 2 % sur un an.

Cinéma Paradiso

Bien enfoncés dans nos fauteuils, le temps d’aller chercher un pot de pop-corns, nous voici réunis pour savourer un grand moment de cinéma. Nous ne sommes que cinq,
même si la salle est pleine, pour assister à la première diffusion mondiale du dernier opus de l’inépuisable saga Star Wars. En sortie simultanée, comme c’est désormais la règle, dans toutes les grandes salles de cinéma de la planète, comme dans tous les foyers.
C’est, en effet, bien installé chez moi que nous attendons que raisonne l’hymne du fameux générique. Le lancement est digne de la diffusion d’un match de coupe du monde de football, mais il est désormais nécessaire. Pour les producteurs, il s’agit de trouver les moyens de financer ces blockbusters toujours plus chers à produire à l’heure de la 3D sans lunette et des effets spéciaux toujours plus réalistes et immersifs. Avec la banalisation massive de la diffusion vidéo, il était en effet plus que jamais nécessaire de trouver de nouveaux vecteurs de valorisation des nouveaux films. Et, de ce point de vue, la multiplication des lancements simultanés sur tous les écrans, publics et privés, permet de maintenir les revenus tirés de l’exploitation des films – voire de les augmenter.

« En sortie simultanée, comme c’est désormais
la règle, dans toutes les grandes salles de cinéma
de la planète, comme dans tous les foyers. »

Au final, cette évolution n’a fait que renforcer la tendance de fond d’un cinéma à domicile, toujours plus spectaculaire : la fusion de deux marchés différents, la télévision pour tous et le home cinema de quelques-uns. Ces salles de projection privées – qui
en ont fait rêver plus d’un, avec leurs fauteuils de ciné, leurs écrans muraux et leurs catalogues de films longtemps difficiles d’accès – sont désormais devenues grand public. Bien sûr, des équipements de pointe équipent toujours pour quelques-uns les home cinema d’aujourd’hui, toujours aussi surprenants avec leurs fauteuils sur vérin
et leurs systèmes 4D, qui explorent une quatrième dimension en reproduisant les sensations comme le vent dans les cheveux, les températures extérieures ou les odeurs des lieux traversés. Mais, pour le plus grand nombre, l’expérience du cinéma à domicile a vraiment progressé, à tous les niveaux. Sur le plan technique, des écrans toujours  plus fins, plus grands et plus courbes permettent de recevoir des images en ultra HD.
En 4K, dans la plupart des cas, mais aussi, de plus en plus souvent, en 8K, introduite
à l’occasion des jeux Olympiques de 2020 au Japon.
Une qualité d’image époustouflante d’une résolution de 8.000 pixels, quand la HD encore courante en 2015, ne proposait que des résolutions de 720 et 1080 pixels. Pour soutenir une telle évolution technique, les réseaux de distribution ont dû se mettre à niveau en optimisant l’ensemble des moyens disponibles du FTTH, de la 4G et de la
5G émergeante, ainsi que les solutions hybrides tirant le meilleur du fixe et du satellite.
Une évolution indispensable, dans la mesure où les programmes en ultra HD ont rapidement déferlé sur les réseaux sous la pression des grandes plates-formes internationales, comme Netflix ou Google, lesquelles proposèrent très tôt des films et
des séries originales en 4K, pour marquer toujours plus leur différence. Ce nouvel âge d’or du cinéma se caractérise également par une redistribution des cartes, dont les principaux atouts sont tenus par des majors, soit des studios historiques toujours plus puissants, soit ceux créés par des géants du Net, seuls capables de soutenir les investissements colossaux qu’exigent les nouvelles productions. Le système original français a forcément dû se réinventer en favorisant les grandes productions, de plus en plus souvent financées par des consortiums européens, tout en tirant parti du fabuleux potentiel de création des nouvelles technologies. Des pépinières de jeunes talents sont à l’origine d’œuvres originales, certaines réalisées dans les ateliers créés, dès 2014,
à Aubervilliers par Michel Gondry pour faciliter le développement de projets à petits budgets. Cette renaissance du Septième Art illustre parfaitement la prophétie de Martin Scorsese, qui écrivait à sa fille en janvier de la même année : « Pourquoi le futur du cinéma est-il si lumineux ? Parce que, pour la première fois, les films peuvent être faits avec très peu d’argent ». @

Jean-Dominique Séval*
Prochaine chronique « 2025 » : La radio.
* Directeur général adjoint de l’IDATE,
auteur du livre « Vous êtes déjà en 2025 »
(http://lc.cx/b2025).

Jean-Marc Ayrault devrait faire de l’éducation au numérique la « grande cause nationale » de 2014

Près d’un an après avoir fixé la « feuille de route numérique », le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, pourrait accélérer la cadence en faisant de l’éducation au numérique la « grande cause nationale » de cette année. Ce serait le meilleur moyen de préparer la France au « choc de la numérisation ».

(Depuis la publication de cet article dans Edition Multimédi@ n°94, c’est l’engagement associatif qui a finalement été retenu comme « grande cause nationale » 2014)

Par Charles de Laubier

Jean-Marc AyraultC’est début février que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault (photo), devrait annoncer quelle sera la « grande cause nationale » pour cette année. Ce label décerné chaque année, depuis 1977, que se dispute aujourd’hui une demi-douzaine
de collectifs, permettra à l’heureux gagnant de bénéficier du soutien des pouvoirs publics et d’avoir droit à une campagne de communication gratuite, sur les radios ou télévisions publiques.
Parmi les « grandes causes » prétendantes cette année (1),
il y en a une qui concerne « l’éducation au numérique ».
Elle est à l’initiative de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), présidée par Isabelle Falque-Pierrotin, qui a su fédérer, depuis novembre 2012, un collectif comprenant aujourd’hui une cinquantaine d’organisations (Cnam, Inria,
Institut Mines-Télécom, Caisse des Dépôts, France Télévisions, Isoc France, UFC
Que-Choisir, FFTélécoms, Geste, Syntec Numérique, …).

Un collectif de 50 organisations emmenés par la Cnil
Cette grande cause « Education au numérique » a également le soutien de deux membres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault : Fleur Pellerin, ministre déléguée
en charge de l’Economie numérique et Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication.
Gare à l’exclusion numérique et au retard de la France « il est essentiel et urgent que chaque citoyen devienne un acteur du numérique audacieux et responsable, aussi bien
en termes d’usages que de maîtrise des outils. (…) Notre pays (…) accuse un retard important dans le développement des infrastructures technologiques et dans la prise
en compte du numérique, comme levier de croissance », a plaidé le collectif dans son dossier de candidature de 15 pages, qu’il a remis le 7 janvier à Jean-Marc Ayrault (2)
et que Edition Multimédi@ s’est procuré. « Le numérique est également le lieu de nouvelles exclusions et de nouveaux risques, souvent liés à sa méconnaissance »,
a prévenu le collectif. Le collectif « Education au numérique » a prévu de lancer un concours national, dès le 11 février, le jour du Safer Internet Day, afin de récompenser les meilleures actions en faveur de l’éducation au numérique. Le prix sera décerné lors d’un colloque organisé sur ce thème en juin prochain.

Moins de 500.000 abonnés FTTH
Un « portail de référence » sera, en outre, lancé sur Internet et des mini-séries seront diffusées par France Télévisions. Pour les jeunes, deux kits pédagogiques de sensibilisation au numérique leur seront proposés. Pour les entreprises, un outil d’auto-évaluation leur permettra de mesurer leur degré de maturité numérique.
Le Premier ministre serait donc bien inspiré de faire de l’éducation au numérique la grande cause nationale de 2014. D’autant qu’il y a près d’un an, maintenant, le 28 février 2013, Jean-Marc Ayrault présentait la « feuille de route numérique » de son gouvernement, dictée par l’objectif ambitieux du président de la République, de
« couvrir 100 % de la France en très haut débit d’ici à 2022 » et « très majoritairement » en fibre optique jusqu’à domicile (FTTH). Mais le très haut débit pour tous de François Hollande a du plomb dans l’aile. Malgré un peu plus de 2,7 millions de foyers en France éligibles à la fibre jusqu’à domicile, soit tout juste 10 % des 27 millions de foyers français, seuls 465.000 abonnés répondent à l’appel. Il ne reste plus que huit ans pour atteindre les 100 %. Le temps presse, mais la France tarde, et la fracture numérique se le dispute à la fracture sociale, sur fond de crise économique historique. Pire : la note du FTTH devrait être plus salée que prévue, soit de 40 à 45 milliards d’euros (encadré ci-dessous). Les 3,3 milliards que l’Etat a prévus pour les collectivités, dans le cadre du plan national pour le très haut débit, semblent insuffisants et les 900 millions d’euros d’aides, d’ici à 2017, du Fonds pour la société numérique (FSN), dérisoires au regard des enjeux. La mission « France Très haut débit », confiée il a plus d’un an à Antoine Darodes de Tailly (ex- Arcep), doit justement dresser un premier bilan à Bercy, le 6 février. Or, près d’un département sur deux n’a pas déposé de projet à ce jour (3).
Un an après la feuille de route numérique, Jean-Marc Ayrault doit se rendre à l’évidence : « Les acteurs privés et publics n’ont toujours pas pris la mesure de ces bouleversements, et ne sont pas préparés à affronter ce choc de la numérisation »,
dixit trois ministres de son gouvernement, le 16 janvier, à l’occasion du lancement
d’une énième mission pour, cette fois, « préparer la transformation numérique de
notre économie ». Pierre Moscovici (Economie et Finances), Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Fleur Pellerin (Economie numérique) ont, en effet, demandé à Philippe Lemoine de leur remettre un rapport dans ce sens, d’ici le mois
de juillet.
De son côté, le Syntec Numérique (représentant 1.200 entreprises du secteur) a interpellé, le 15 janvier, le gouvernement pour que soit lancé « un plan national de formation » aux métiers du numérique, « afin d’accélérer la diffusion des compétences
du numérique, dès le plus jeune âge ». Cette organisation professionnelle, qui fait partie des 51 du collectif « Education au numérique », chiffre à 36.000 le nombre de créations d’emplois nets possible en France, à horizon 2018. Les déplacements de la ministre Fleur Pellerin et du « patron des patrons » Pierre Gattaz au Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas, début janvier, illustrent aussi que le numérique devient bien la
« grande cause nationale ». @

Charles de Laubier

ZOOM

Extinction de l’ADSL d’ici à 2025 : est-ce bien raisonnable ?
Le président de la République en a rêvé ; son Premier ministre va-t-il le faire ? François Hollande a fixé, en 2012, l’objectif ambitieux de « couvrir 100 % de la France en très haut débit d’ici à 2022 » – moyennant 20 milliards d’euros d’investissement, comme l’avait précisé le 28 février 2013 Jean-Marc Ayrault, qui présidait un séminaire gouvernemental sur le numérique, durant lequel a été présentée la « feuille de route
du numérique ».
« C’est un chantier national qui coûtera entre 25 et 30 milliards d’euros », avait même estimé la ministre de l’Economie numérique, Fleur Pellerin, devant le 95eCongrès des maires de France. Pour favoriser le FTTH, le gouvernement a prévu d’organiser, d’ici à 2025, « l’extinction du cuivre », autrement dit la fin de l’ADSL qui fait pourtant le succès
du haut débit en France (4).
Mais, pour sacrifier le haut débit sur l’autel du très haut débit, il faudra en plus indemniser Orange à hauteur de 15 milliards d’euros pour le dédommager de cette extinction programmée de son réseau de cuivre historique – encore source majeure
de revenus fixes et revigoré au VDSL2 par endroits. Ce surcoût lié à la valorisation de la boucle locale actuelle est évoqué par les sénateurs Yves Rome et Pierre Hérisson, dans leur rapport de février 2013 sur l’action numérique des collectivités locales.
Selon nos calculs, le déploiement national du FTTH au détriment de l’ADSL pourrait ainsi atteindre 40 à 45 milliards d’euros (5). Et, comme l’a souligné le 4 décembre dernier Paul Champsaur qui, selon nos informations, rend ces jours-ci à Fleur Pellerin son pré-rapport sur l’extinction de l’ADSL « les revenus issus du cuivre constituent pour une large part la source des investissements dans les réseaux de demain » et « il faudra mener un travail préalable de grande ampleur (…) de migration de l’ensemble
de ces usages (6), et cette migration aura un coût ». @

L’Arcep ne comprend pas du tout le coup de blues des opérateurs télécoms européens

A grand renfort d’études (ADL, Greenwich, Roland Berger, Idate, …), les opérateurs télécoms ne cessent de se plaindre sur leur sort en Europe : déclin des revenus, moindre marge, sur-fiscalité, surréglementation face aux géants du Net ou sur-concurrence. Mais nouveauté : l’Arcep les contredit.

Par Charles de Laubier

JLSLa Fédération française des télécoms (FFTélécoms), qui représente la plupart des opérateurs de l’Hexagone hormis Free et Numericable, a de nouveau dénoncé le 28 novembre dernier « de très fortes pressions » auxquelles sont soumis ses membres – Orange, SFR et Bouygues Telecom en tête – en s’appuyant sur une troisième étude d’Arthur D. Little (ADL) sur l’économie
du secteur. Leur message est amplifié auprès de la Commission européenne en pleine révision du « Paquet télécom » (1).

Investissement record et historique
Mais lors du DigiWorld Summit à Montpellier, en réponse à Yves Gassot, directeur général de l’Idate sur « les difficultés que rencontrent les opérateurs télécoms en Europe », le président de l’Arcep, Jean-Ludovic Silicani (photo), avait déjà pris le contre-pied de ce discours dominant : « Je vais peut-être vous étonner mais le secteur des télécoms en Europe, en tout cas en France, est en très forte croissance de 6 % par an en volume. C’est le secteur économique qui croît le plus vite, et de très très loin. Il n’y a aucun secteur économique ayant une telle croissance – en volume ».
C’est le secteur économique qui croît le plus vite, et de très très loin. Il n’y a aucun secteur économique ayant une telle croissance – en volume ». En valeur cette fois, le chiffre d’affaires des opérateurs télécoms baisse effectivement dans toute l’Europe (2), mais le régulateur estime que c’est parce que les prix baissent plus vite que les volumes ne s’accroissent. « Mais ce n’est pas une récession car il n’y a pas de baisse de volume. (…) Si les marges ont aussi baissé, elles demeurent quand même importantes. Il y a beaucoup de secteurs dans l’économie qui seraient heureux d’avoir autour de 30 % de marge brut comme pour le secteur des télécoms », a relativisé Jean- Ludovic Silicani,
en rappelant que l’Arcep s’assure que le niveau de marge des opérateurs télécoms leur permettent d’investir pour moderniser les réseaux existants et pour déployer le très haut débit fixe et mobile. « Or, contrairement à ce l’on peut entendre ou lire, le niveau de l’investissement n’a pas baissé en France, mais augmenté pour atteindre un niveau historique record en 2012 de 8 milliards d’euros d’investissements physiques (3). C’est le niveau le plus élevé jamais atteint depuis toujours. C’est historique ! Et au 1er semestre 2013, l’investissement se maintient à un niveau record (4)», a-t-il souligné comme pour tordre le cou aux idées reçues. Face à la sinistrose et aux lamentos des opérateurs télécoms, l’Arcep appelle au contraire à se réjouir de leurs investissements. « Cela veut dire qu’ils ont confiance dans l’avenir. Car ils n’investissent pas pour faire plaisir au gouvernement ou au régulateur ! », a ironisé Jean-Ludovic Silicani.

Amené par Yves Gassot sur « le gap relativement significatif entre le taux d’investissement des grands opérateurs mobile nord-américains et celui constaté en Europe », là aussi le président de l’Arcep a contredit son interlocuteur : « Si l’on fait
la comparaison entre les Etats-Unis et l’Europe, il faut la faire mais bien. Il y avait aux Etats-Unis un retard dans la 3G, qui n’a pas eu le succès qu’elle a eu en Europe, et dans les réseaux haut débit fixe aussi. La situation des Etats-Unis a été de rattraper pour finalement sauter en quelque sorte l’étape de la 3G pour passer de la 2G à la 4G. Cette étape de rattrapage a forcément impliqué un investissement extrêmement important.
Mais si l’on regarde non pas sur deux ou trois ans mais sur dix ans, le niveau global des investissements aux Etats-Unis est strictement identique en France et aux Etats-Unis », at- il nuancé. L’Arcep s’est félicité au passage d’avoir « lâché un lièvre » (dixit) dans la 4G – à savoir Bouygues Telecom (5). Et pour le haut débit fixe d’ajouter : « Est-ce que l’on a envie en Europe d’avoir une offre triple play non plus à 35 euros mais à 70 ou 80 euros ? Est-ce que nous avons envie d’avoir des offres mobile une fois et demie ou deux fois plus chères à qualité égale, faute d’une concurrence suffisante ? Je ne suis pas sûr que cela soit le vœu ni des utilisateurs ni des pouvoirs publics… ». Aux Etats-Unis, la forte concentration du marché télécoms a conduit à détruire plus de 600.000 emplois en dix ans. En Europe, l’Arcep estime qu’il peut y avoir un juste milieu en matière de concurrence des opérateurs télécoms mais en réfutant l’idée qu’il puisse y avoir « un nombre d’or ».

Télécoms : l’Europe a déjà ses « champions »
« Et quand on dit et on répète que l’on aurait des opérateurs nains en Europe et des opérateurs géants aux Etats-Unis, les faits sont faux. A l’heure où nous parlons, les quatre principaux opérateurs européens – Vodafone, Orange, Telefonica et Deutsche Telekom – ont à eux quatre 65 % du marché en Europe. C’est seulement 10 % de moins que les quatre principaux opérateurs télécoms américains. Et Vodafone et Orange ont plus d’abonnés que AT&T et Verizon ! », a-t-il conclu. L’Europe des télécoms a déjà ses
« champions ». @

Charles de Laubier