Mobile Film Festival : à Cannes pour sa 10e edition ?

En fait. Le 11 février, la 9e édition du Mobile Film Festival – organisé par Mobilevent – s’est achevée par l’attribution de 5 Prix par un jury présidé par le réalisateur de films Jean-Pierre Jeunet pour soutenir des réalisateurs de films ultra courts sur
le principe de « 1 Mobile, 1 Minute, 1 Film ».

En clair. Le Septième Art connaissait les longs-métrages et les courts-métrages.
Il lui faudra désormais compter avec les films ultra-courts qui rencontrent un succès grandissant auprès d’un large public. La généralisation de la 4G devrait confirmer cet engouement, d’autant que Bruno Smadja, organisateur du Mobile Film Festival, nous indique que la limitation des fichiers à 100 Mo a été levée cette année. Quatre opérateurs – Orange, SFR, Bouygues Telecom et le MVNO La Poste Mobile (détenu SFR à 49 %) – ont chacun atteint en janvier 1 million d’abonnés à la 4G. Mais la dernière fois qu’un opérateur mobile, en l’occurrence SFR, a soutenu la création sur mobile, cela remonte
à 2010, dernière année où s’est produit un autre événement similaire, le Festival Pocket Films, organisé durant six ans par la mairie de Paris via Le Forum des images et le CNC. Dommage aussi que les fabricants de smartphones n’encouragent pas cette initiative.

Canal pactise avec YouTube et Orange critique Google

En fait. Le 3 décembre, lors du 2e colloque organisé par Le Film Français sur
le thème « Le digital au cœur du cinéma », Canal+ et Orange ont formulé des critiques à l’encontre de YouTube et de Netflix sur, respectivement, la question
du financement de films et le prix cassé de la VOD par abonnement.

En clair. Canal+ et Orange, liés dans le cinéma avec OCS (1), font bloc face à YouTube et avant l’arrivée de Netflix en France. « YouTube est un concurrent, déjà aujourd’hui et potentiellement encore plus demain, pour tout l’écosystème de l’audiovisuel. Cette concurrence se fait en amont (production de contenus) et en aval (leur distribution) »,
a déclaré Grégoire Castaing, directeur financier de Canal+. Mais la crainte de YouTube s’arrête là où commence l’accord passé par la chaîne cryptée pour lancer, en décembre, une vingtaine de chaînes gratuites (2) sur la plate-forme vidéo de Google.
De son côté, Orange voit aussi YouTube comme un concurrent qu’il dit ne pas chercher à « contrer ». Il s’agit plus, selon Serge Laroye, directeur des contenus d’Orange, de « faire évoluer les usager afin de développer l’ARPU (3) ». Et face à l’explosion exponentielle de la vidéo en ligne, « il s’agit de trouver un équilibre et raisonner en terme de partage de la valeur au titre des réseaux ». Selon lui, « oui, il y a un déséquilibre sur le partage de la valeur sur les réseaux ». Et d’ajouter : « A un moment donné, il faudra bien avoir un peu de barrière douanière à l’entrée ou un poste de péage »… Quand au financement de la création : « Je n’ai pas de chiffres à opposer à YouTube sur le nombre de millions de vidéos vues mais, de l’autre côté, je sais qu’Orange paie plus d’un demi-milliard d’euros au titre du financement de la création », a expliqué Serge Laroye.

Pourquoi Gaumont pense du bien de la box Videofutur

En fait. Le 1er octobre, Netgem a présenté « La Box Videofutur » en OTT (indépendante des FAI), couplant télé et ciné avec fonctions de time shifting,
pour un forfait sans engagement de 10 euros par mois (+ 2,99 euros pour les
films récents de quatre mois). Parmi les six partenaires cinéma : Gaumont.

JSEn clair. Que pense Jérôme Soulet (photo) – directeur vidéo, télévision et nouveaux médias du groupe Gaumont – de la box de Videofutur sur laquelle sont accessibles les films de son catalogue ?
Gaumont fait partie des six studios de cinéma partenaires (1)
de Netgem. « Venant d’un ancien univers des télécoms [Jérôme Soulet fut directeur des relations institutionnelles à la division contenus du groupe France Télécom jusqu’en mai 2007, après avoir lancé le service de VOD d’Orange, ndlr], je considère que c’est catastrophique la vidéo dans les box ».

4G et FTTH : les opérateurs ignorent les contenus

En fait. Le 27 août, SFR a lancé sa 4G sur la capitale qui sera totalement couverte en fin d’année comme 54 autres agglomérations. La 4G d’Orange couvrira tout Paris fin 2013 et 50 villes. Bouygues Telecom se lancera le 1er octobre. Free Mobile plus tard. Mais comme le FTTH, les offres 4G ignorent les contenus.

En clair. Comme pour l’ADSL et la 3G vis-à-vis des contenus, les offres FTTH et 4G vantent à leur tour les débits bien supérieurs, les téléchargements plus rapides de vidéos, le streaming en haute définition, les gigaoctets recevables par mois pour les smartphones et tablettes, ou encore les accès illimités aux services de cloud comme le stockage. Grâce à ces performances accrues, le très haut débit est l’occasion inespérée pour les opérateurs et FAI de faire exploser le plafond des 30 euros par mois qui était jusqu’alors
la règle.
Or malgré des prix d’accès à la hausse (sans subvention de smartphone pour la 4G
très haut débit, par exemple), aucune offre de très haut débit n’inclut dans le forfait des contenus comme de la musique ou des films, même en promotions. Dans la musique,
les partenariats entre Orange et Deezer en France, d’une part, et entre Spotify et KPN
au Pays-Bas, d’autre part, sont des exceptions traitées à part. En Grande- Bretagne, Vodafone a bien lancé le 29 août dernier son offre 4G intégrant notamment l’accès à de la musique sur Spotify Premium. Mais cette approche exemplaire reste un cas isolé. Quant à la VOD, elle est toujours aux abonnés absents. C’est comme si les « tuyaux » et les contenus continuaient de s’ignorer. L’absence de contenus dans les forfaits explique peut-être le peu d’engouement pour très haut débit, comme l’illustre le FTTH qui compte – cinq ans après avoir été lancé en France – seulement 365.000 abonnés… La 4G fera-t-elle mieux ? Le haut débit (ADSL et 3G) ignorait déjà les contenus : il n’était en effet pas dans ses habitudes d’intégrer dans le prix de ses forfaits à 29,99 euros par mois l’accès à des contenus. Pourtant, les oeuvres produites par les industries culturelles ont, sans conteste, joué un rôle de « produits d’appel » et contribué au succès du haut débit en France.
Tout juste les opérateurs télécoms et fournisseurs d’accès à Internet (FAI) ont-il dû mentionner sur leurs offres haut débit ADSL et 3G que « le piratage nuit à la création artistique » (1). C’est à se demander si à force de ne pas inclure des contenus dans les offres d’accès, cela n’a pas favorisé le développement du piratage sur Internet. En payant leur accès haut débit tous les mois, les internautes et les mobinautes n’ont-ils pas eu le sentiment d’avoir droit d’accéder ensuite gratuitement à tous les contenus ? @

Lescure : amende « très lourde » en cas de récidive

En fait. Le 19 août, le quotidien La Montagne publiait une interview de Pierre Lescure qui revient sur l’amende de 60 euros proposée en mai par la mission
« Acte II de l’exception culturelle » qu’il a présidée. Toujours sans avancer de montant en cas de récidive, il veut en revanche celle-ci « très lourde ».

En clair. « L’amende de 60 euros que nous proposons n’est pas symbolique. Et nous suggérons qu’elle soit très lourde pour la récidive », précise Pierre Lescure à La Montagne. Depuis la publication du rapport de la mission « Acte II de l’exception culturelle » en mai dernier, son discours se durcit donc concernant l’amende pour les récidivistes. D’une amende « éventuellement majorée » ou « aggravée » que suggère le rapport en
cas de récidive, il est question maintenant d’amende « très lourde » pour les récidivistes. Ce durcissement de la dialectique intervient quelques semaines après la publication au Journal Officiel du décret du 8 juillet supprimant la coupure d’Internet (1). Mais seule « la contravention de 5e classe » de 1.500 euros pourra désormais être prononcée pour l’infraction dite de « négligence caractérisée » prévue dans la réponse graduée de l’Hadopi. C’est cette sanction pécuniaire que le rapport Lescure a proposé de ramener à une somme forfaitaire de 60 euros pour rester dissuasive. Autrement dit, même si la peine complémentaire d’un mois de suspension de l’accès à Internet disparaît, le tribunal d’instance – en attendant que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ne prenne le relais de l’Hadopi – pourrait toujours aujourd’hui prononcer une amende de 1.500 euros d’amende. Est-ce à ce montant « très lourd » que pense Pierre Lescure en cas de récidive après une première amende de 60 euros ? Pour y voir plus clair, il faudra attendre le prochain débat parlementaire. En attendant, le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) s’est inquiété en juillet dernier de « la reprise de la consommation illicite de musique en ligne » (sur la base des résultats
de la troisième vague du baromètre Ifop/Hadopi) et a appelé les pouvoirs publics à
« maintenir un cadre juridique protecteur des droits de propriété intellectuelle sur Internet, assortie d’amendes suffisamment dissuasives ».
Lors de la publication du rapport Lescure, le Snep avait estimé que « le faible montant proposé pour cette amende (60 euros) décrédibilise sérieusement la pertinence de l’ensemble de l’édifice » (2). Est-ce pour répondre à la critique du syndicat des majors de la musique (Universal Music, Warner Music, Sony Music) que Pierre Lescure se voudrait désormais encore plus sévère envers les récidivistes ? @