Avec sa télé, Allociné vise la TNT pour ses 20 ans

En fait. Le 20 septembre, Allociné – première plateforme d’information en ligne consacrée au Septième Art – a présenté sa chaîne de télévision diffusées sur
les box (Free, Bouygues, Orange et SFR), le câble (Numericable) et le satellite (CanalSat). Soit un potentiel de 35 millions de téléspectateurs.

En clair. La chaîne Allociné TV, gratuite, a vocation à être distribuée par tous les
moyens, y compris par voie hertzienne via la télévision numérique terrestre (TNT).
Alain Le Diberder – directeur général adjoint TV, VOD et nouveaux médias d’Allociné –
l’a précisé à EM@ mais à un horizon de deux ans : « Nous seront présent sur la TNT, mais pas avant 2013 si l’on se réfère au rapport Boyon. L’avenir de la TNT avec de nouvelles normes de diffusion est un sujet très politique. Pour l’heure, avec l’ADSL,
le câble et le satellite, nous atteignons un potentiel de 35 millions de téléspectateurs. S’il faut investir 4 millions d’euros dans une nouvelle chaîne sur la TNT pour gagner
1 million de personnes supplémentaires, c’est cher payer ». Le rapport sur le futur de
la TNT du président du CSA, Michel Boyon, préconise au gouvernement d’imposer la norme de diffusion DVB-T2 aux nouvelles chaînes de la TNT, ce qui renvoie à 2013 d’éventuels lancement le temps que les équipements soient disponibles (1). Avec la télé, qui a nécessité 6 à 8 millions d’euros d’investissement, il s’agit d’« aller vers une diffusion totale ». Grégoire Lassalle, président d’Allociné (2), prévoit que « la chaîne sera à l’équilibre dans trois ans ». En attendant Allociné TV sur la TNT en DVB-T2, voire en haute définition (HD) avec la norme de compression Mpeg4, Alain Le Diberder reste très satisfait de l’audience potentielle que lui offrent l’IPTV (3), le câble et le satellite.
« La diffusion sur les box est forte et le sera de plus en plus, tandis que la TNT deviendra un mode de diffusion d’appoint », prévoit-il. L’ADSL en France compte plus de 11,3 millions d’abonnés regardant la télévision via une offre triple play (4). Et leur nombre progresse de plus de 20 % par an !
Seul bémol, Allociné TV ne sera pas en HD sur les box. Explication : « Il n’y aura pas
de HD à court terme car les opérateurs [les fournisseurs d’accès à Internet, ndlr] nous
ont dissuadé de le faire. Ils nous ont dit que cela n’était pas une priorité si l’on voulait toucher un public large ». Créé en 1993 par Jean-David Blanc et Patrick Holzmann (5), Allociné dépasse aujourd’hui sur le Web les 8 millions de visiteurs uniques par mois
et les 2,5 millions d’applications mobiles. @

TV payante et VOD : comment Canal+ a pénalisé les FAI

En fait. Le 21 septembre, l’Autorité de la concurrence « constate que le groupe Canal+ n’a pas respecté plusieurs engagements pris lors du rachat [en 2006] de TPS » et « retire la décision d’autorisation de l’opération » que Vivendi devra re-soumettre. Canal+ devra en outre payer 30 millions d’euros.

Par Charles de Laubier

En clair. Les abus de position dominante de Canal+ sur le marché français de la télévision payante vont coûter très cher à la maison mère Vivendi. La lettre du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie datée 30 août 2006 (1), qui autorise l’opération de concentration sur le marché de la télévision payante au profit de Canal+ et de sa maison mère Vivendi, était pourtant claire. En substance, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) devaient pouvoir se développer en ayant « accès à un contenu attractif » et « se fournir en chaînes et droits attractifs ». Canal+ s’engageait ainsi à mettre à disposition ses sept chaînes et celles de TPS « à tous les distributeurs (satellite, ADSL, câble, TNT) dans des conditions transparentes, objectives et non discriminatoires ». Or, comme le relève l’Autorité de la concurrence et le CSA (2), les chaînes en question ont été proposées sur le nouveau CanalSat – issu de la fusion de CanalSatellite et de TPS – avant même que les FAI (Orange, Free, SFR, …) aient pu les distribuer. Résultat : cette discrimination a favorisé la migration des abonnés au bouquet TPS vers CanalSat. Selon France Télécom, 90.000 abonnés sont ainsi passés de TPS vers CanalSat au cours du premier semestre 2007. Les sages de la rue de l’Echelle ont rejeté l’argument de Canal+ invoquant le développement des offres TV
des FAI. « [Cette progression]est principalement due, non à l’attractivité des offres de télévision comprises dans les forfaits de base des FAI, mais au couplage des offres
de télévision avec des offres d’accès à Internet haut débit (forfaits triple play) et au développement du dégroupage, et par conséquent à l’éligibilité croissante des foyers à l’ADSL (haut débit) », contredisent-ils. De son côté, l’Arcep (3) avait prévenu que « toute forme de discrimination entre les différents acteurs de la distribution de la télévision payante (notamment entre les FAI historiquement présents sur le DSL et câblo-opérateurs) est susceptible de perturber sensiblement le jeu de la concurrence sur
les marchés du haut et très haut débit ». Au moment où les opérateurs télécoms commencent à déployer la fibre optique jusqu’à l’abonné (FTTH), la sanction de l’Autorité de la concurrence tombe à point.

Réponse graduée : les Etats-Unis lancent une version privée de l’Hadopi

Le 7 juillet 2011, les principaux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) américains (1) ont annoncé un accord avec des associations d’auteurs et de producteurs
de musique (RIAA et A2IM) et de programmes audiovisuels et de cinéma (MPAA
et IFTA) pour lutter contre le piratage en ligne.

Par Winston Maxwell et Pauline Le Bousse, avocats, Hogan Lovells

Ce Memorandum of Understanding (2) a pour objet la mise en place d’un système de réponse graduée (3) similaire à celui mis en oeuvre par l’Hadopi en France. L’accord américain se distingue cependant du système français sur deux points : d’abord, la procédure américaine est totalement privée, le gouvernement américain n’ayant aucun rôle dans la mise en oeuvre du système ; ensuite,
la réponse graduée américaine n’aboutit pas à une suspension de l’abonnement, mais plutôt à d’autres « mesures de limitation » (4) telles que la réduction de la bande passante ou l’obligation pour l’internaute de suivre une formation en ligne sur le droit d’auteur.

Netgem se prépare à l’ ”explosion” du modèle “box”

En fait. Le 12 juillet, le fabricant français de « box » Netgem affiche une chute de son chiffre d’affaires de 42 % au premier semestre 2011 suite à la renégociation
de son contrat avec SFR pour trois ans. Et en attendant que l’accord avec Virgin Mobile porte ses fruits. Résultats prévus le 29 août.

En clair. SFR souhaite depuis 2009 être moins dépendant d’un seul fournisseur pour sa Neufbox, en l’occurrence de Netgem, lequel a réalisé 70 % de son chiffre d’affaires avec SFR en 2010 (contre 87 % en 2009). Résultat : Netgem vend moins de « settop- box » (décodeurs IPTV) à la filiale télécoms de Vivendi et s’en tient de plus en plus à assurer la maintenance matérielle et logicielle du parc de quelque 2,5 millions de terminaux actifs. Après un appel d’offres en 2009 pour sa future Neufbox Evolution, commercialisée depuis novembre 2010, SFR avait retenu Cisco et Sagemcom au détriment de Netgem. Le volume des « box » ancienne génération vendues à SFR devrait encore diminuer après l’échéance du contrat en cours (1) fixée au 31 décembre 2011. Mais derrière cette relation client-fournisseur se joue en fait une « évolution » plus profonde au niveau des fournisseurs d’accès à Internet (FAI). « Le modèle de la “box IPTV” va exploser », avait lancé Christophe Aulnette, DG de Netgem, lors du 10e Forum des télécoms et du Net des Echos le 16 juin dernier. « Il va falloir faire évoluer cette “box” vers un “media center”.
Et la TV connectée est un client potentiel de ce media center. (…) Il y a une vraie guerre en perspective pour conquérir ce client qu’est l’abonné. (…) Avoir des “walled garden” est une tentation [pour les FAI et les chaînes de télévision, ndlr]. Mais dire
que l’on ne veut pas mélanger Internet avec le signal TV ne doit pas empêcher les évolutions et l’enrichissement de l’offre », a-t-il expliqué. Netgem se retrouve ainsi au milieu du champ de bataille : entre les chaînes nationales sur la défensive et les acteurs mondialisés du Net. « Il faut maintenant un mixte entre global et local. Les opérateurs [FAI] sont bien positionnés », a estimé Christophe Aulnette. En creux, Netgem en appel aux FAI pour ouvrir leur écosystème au Web – ce qu’ils se refusent à faire jusqu’à maintenant avec l’IPTV (2). Mais la TV connectée et tous les écrans de la « maison connectée » – dont la tablette que Netgem considère comme « le premier téléviseur connecté sans fil » – devraient faire voler en éclat ces « mondes clos ». Netgem s’y prépare avec une offre de « cloud familial » pour transformer les « boîtes fermées »
en media center ouvert. « ATAWAD » – AnyTime, AnyWhere, AnyDevice – va devenir plus que jamais le cri de guerre dont le salon va devenir le théâtre. Et les industries culturelles pourraient saisir l’occasion pour entrer dans le « nuage informatique » (3) afin d’y défendre leurs droits. @

Les FAI appelés à financer la création TV et Web

En fait. Le 27 juin s’est tenue la 8e Journée de la création TV, organisée par l’Association pour la promotion de l’audiovisuel (APA). Le financement de la création audiovisuelle française et européenne par les FAI et les promesses
d’aides du « Web Cosip » géré par CNC, étaient au cœur des débats.

En clair. Qu’ils le veuillent ou non, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) vont plus que jamais devoir mettre les mains à la poche pour financer – via le Cosip et le nouveau «Web Cosip » – des créations audiovisuelles et télévisées (séries, fictions, documentaires, films d’animation, web docs, web fictions, transmédias, …). Et gare à ceux – à l’instar de Free – qui seraient tentés d’échapper à leurs obligations vis-à-vis des contenus qu’ils distribuent. Lors de la première table ronde consacrée justement aux financements de la création TV, Eric Garandeau, le président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a mis en garde les récalcitrants. « Prenant à parti Maxime Lombardini, directeur général de Free, qui aurait trouvé un subterfuge pour ne pas payer la taxe sur les FAI, il a annoncé la création prochaine d’un système pérenne et incontestable de participation de tous les acteurs de la diffusion au financement de
la création », rapporte l’Association pour la promotion de l’audiovisuel (APA). En début d’année, Free a en effet rendu optionnelle son offre TV pour 1,99 euro par mois – portion congrue pour le calcul du Compte de soutien à l’industrie des programmes (Cosip) géré par le CNC. L’Association des producteurs de cinéma (APC) s’en était offusquée (1). Malgré deux tentatives du gouvernement (via François Baroin, ministre de l’Economie), la première à l’Assemblée nationale le 10 juin et la seconde au Sénat
le 22 juin (2), la nouvelle taxe Cosip « anti-fraude fiscale » n’a pu être adoptée immédiatement. Mais le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, a profité de cette huitième journée, pour « confirmer que la contribution des FAI pour la création serait redéfinie à l’automne avec le souci de lutter contre toute tentative de contournement de la taxe ».
Cette redéfinition de la base de la taxation des abonnements des FAI se fera dans le cadre du projet de loi de finances 2012. « Il est prévu à la fois de maintenir un niveau de financement du CNC comparable à celui de l’année dernière, tout en assurant annuellement sa progression raisonnable, et d’ajuster en conséquence le taux d’imposition des opérateurs de télécommunication », a expliqué Frédéric Mitterrand
en clôture de l’événement. Cette contribution des « tuyaux » aux contenus est aussi élargie à la production audiovisuelle pour l’Internet, grâce au décret «Web Cosip » d’avril 2011. Il vient compléter celui mis en place par le décret de novembre 2010
sur les obligations des services de médias audiovisuels à la demande (SMAd). @