Joseph Haddad, président de Netgem et de Videofutur : « La box des FAI ne doit plus être un bundle forcé Internet-TV »

Président fondateur de Netgem, Joseph Haddad nous explique pourquoi son entreprise a lancé sur Videofutur – dont il est aussi président du conseil d’administration – une OPA qui s’est achevée le 23 avril. En outre, pour lui,
l’offre liée Internet-TV des box n’est plus tenable à l’heure de la TV connectée.

Propos recueillis par charles de laubier

JH

Videofutur voit l’avenir de la SVOD en TV connectée

En fait. Le 28 mars, s’est achevée l’offre publique d’achat de Videofutur par
Netgem qui avait été ouverte le 22 février. Le résultat de cette OPA sera connu
le 8 avril. La famille Haddad, qui contrôle Videofutur, s’est engagée à apporter
ses titres : Netgem est assuré de détenir 77,5 % de Videofutur.

En clair. Le Netflix français va pourvoir conquérir le monde grâce à sa future maison-mère et partenaire de longue date. C’est en effet « dès 2014 » que la plateforme de services cloud développée par Videofutur pour la distribution multi-écrans de SVOD (1) sera intégrée dans l’offre internationale de Netgem. L’objectif est donc non seulement d’accélérer le déploiement commercial des services de télévision connectée en France, mais aussi, « dans un second temps », à l’international où se développe Netgem depuis 2010.
Le groupe fondé et présidé Joseph Haddad est en effet présent aujourd’hui dans une quinzaine de pays avec plus de 4 millions de foyers actifs dans le monde utilisant les box ou décodeurs TV qu’il a fabriqués pour des opérateurs télécoms et fournisseurs d’accès à Internet (FAI). En France, par exemple, Netgem fut jusqu’en 2010 le principal fournisseur de la Neufbox de SFR et l’est depuis 2011 pour la box de Virgin Mobile.
En jetant son dévolu sur Videofutur, Netgem montre qu’il veut se diversifier au-delà
des seules box pour conquérir le marché prometteur de la TV connectée qui préfigure
« l’explosion du modèle de la ‘’box IPTV’’ » (2). En juillet 2011, Netgem a justement lancé N-Cloud pour « passer de la TV connectée à la maison connectée et au multi-écrans ». Ayant opéré une transformation radicale de son modèle économique, passant de l’activité DVD aux services pour la TV connectée, Videofutur est devenu en réalité un OTT (Over-The-Top), son offre passant outre les « box » des FAI et de leurs platesformes IPTV. Le Pass Duo de l’opérateur français de SVOD à 6,99 euros par mois, combinant VOD, Blu-ray ou DVD et donnant accès à plus de 20 000 films de façon illimitée (3), est proposé soit directement sur ordinateurs à partir de son site Internet, soit sur TV connectée, soit sur des terminaux mobiles, via son cloud. Déjà présent sur les tablettes et téléviseurs Samsung, Videofutur l’est également sur la Smart TV Philips depuis janvier.
Mais pour l’heure, Videofutur est essentiellement cantonné au marché français,
où il a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires proche de 7,4 millions d’euros pour
50.000 abonnés. Ce qui, d’après Harris Interactive pour le CNC, le place ce dernier
en neuvième position sur le marché de la VOD en France, derrière VOD Orange, CanalPlay ou encore Club Vidéo (SFR). @

Free : les abonnés mobile dépassent les abonnés fixe

En fait. Le 19 mars, Iliad (Free, Alice) a publié ses résultats 2012 : bond de 50 %
du chiffre díaffaires à 3,1 milliards d’euros, pour un bénéfice net de 187 millions d’euros en chute de 26 %, avec 5 205 000 abonnés mobiles et 5 364 000 abonnés haut débit au 31 décembre 2012. Cette année, le mobile va dépasser le fixe.

En clair. Au rythme spectaculaire auquel progresse Free Mobile depuis son lancement, il y a un an, Edition Multimédi@ estime qu’au cours de ce premier trimestre 2013 le nombre d’abonnés au mobile a dépassé, pour la première fois chez Iliad, le nombre d’abonnés au fixe. C’est un basculement sans précédent pour un opérateur télécoms jusqu’alors 100 % ADSL. Mais la rançon de la gloire, c’est que le groupe fondé et dirigé par Xavier Niel est devenu moins rentable en raison de cette nouvelle activité mobile. Selon nos calculs, l’ARPU (1) mobile n’est que de 13,5 par mois (162 euros par an). C’est près de trois fois moins que l’ARPU fixe, lequel s’établit à 36 euros par mois (432 euros par an). Free Mobile est donc d’autant moins rentable que le quatrième opérateur mobile a non seulement nécessité d’importants investissements, grevant le résultat opérationnel (-17 % par rapport à 2011), mais aussi parce qu’un abonné mobile rapporte moins. En effet,
pour l’année 2012, les revenus générés par les 5,2 millions d’abonnés au mobile (2) ne s’élèvent qu’à 843,9 millions d’euros (3) – soit près de trois fois moins que 2.321 millions d’euros rapportés par les 5,3 millions d’abonnés fixe (4).
Cet écart entre les recettes provenant du haut débit (fixe) et celles du mobile ne devrait pas se résorber, le groupe Iliad prévoyant cette année une croissance de plus de 5 % de son chiffre d’affaires dans son métier historique lié à l’ADSL. L’an dernier, l’ARPU de la Freebox a augmenté de 0,50 euro sur un an. Tandis que dans le mobile, Xavier Niel est toujours dans sa logique de « diviser par deux la facture mensuelle » des Français. Avec des offres mobile « généreuses » (comprenez à des tarifs low cost allant de zéro ou 2 euros par mois à 15,99 ou 19,99 euros par mois), Free Mobile n’est pas au bout de ses peines pour devenir à (long ?) terme, profitable. La « pression » devrait s’intensifier sur ses obligations de couverture mobile (75 % de la population en janvier 2015) que l’Autorité de la concurrence a demandé à l’Arcep de surveiller sans tarder : quitte à recourir à des mises en demeure en cas de non respect, et avec l’objectif de mettre un terme, en 2018,
à l’accord d’itinérance avec Orange. Pour 2013, Iliad a prévu d’investir un montant
« du même ordre de grandeur » que les 950 millions d’euros dépensés l’an dernier et
de le « répartir entre l’ADSL, la fibre optique et le mobile ». @

Le CNC veut aussi aider les offres VOD des « box »

En fait. Le 2 avril prochain sera la quatrième échéance de l’année 2013 pour
le dépôt des dossiers auprès du Réseau pour la recherche et l’innovation en audiovisuel et multimédia (RIAM), commun au CNC et à Oséo. L’appel à projets
« outils innovants » pour la VOD, lancé le 4 mars, entre dans ce cadre.

En clair. L’année 2013 du RIAM est placée sous le signe de la VOD, d’autant que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) s’apprête à élargir – d’ici juin – les appels à projets aux grands opérateurs télécoms, fournisseurs d’accès à Internet (FAI), groupes audiovisuels ou fabricants de terminaux. Objectif : accroître le nombre de projets « VOD » au sein du RIAM, jusqu’alors peu nombreux (sur 54 projets financés de 2007
à 2010, seulement 13 dans la catégorie « faire circuler les oeuvres et promouvoir l’offre légale »). Un décret est, en effet, sur le point d’être publié dans ce sens. Il concernera tous les appels d’offres du RIAM, dont celui en faveur des « outils innovants sur le marché de la vidéo à la demande » (1). Jusqu’à maintenant limité aux PME de moins de 2.000 salariés, le RIAM va ainsi accueillir des projets émanant de grands acteurs désireux de valoriser l’utilisation de la VOD. C’est le cas des FAI qui distribuent sur leur « box » des services gérés dits IPTV – bouquet de chaînes de télévision, catch up TV et VOD – grâce au protocole Internet. Des groupes audiovisuels de grande taille, tels que TF1, M6 ou Canal+, entreront également dans le nouveau périmètre du RIAM. Les PME, qui pouvaient cependant être en partenariat avec de « grands comptes », ne seront donc plus les seules bénéficiaires de ces aides financières. « Ce type de projet peut notamment permettre de soutenir via le présent appel à projets des outils développés pour des services édités par des grands comptes, qu’il s’agisse par exemple de filiales de groupes audiovisuels ou de FAI. Il est essentiel que cette part du marché de la [VOD] soit couverte par le présent dispositif, dans la mesure où l’IPTV représente aujourd’hui le mode majoritaire de consommation des oeuvres en [VOD] », expliquent le CNC et Oséo dans
le document détaillant l’appel à projets. Les outils innovants peuvent être destinés à différents environnements : Internet, IPTV, TV connectée, tablettes ou encore mobiles. Autant dire que la R&D orientée VOD des grands fabricants de terminaux, qu’il s’agisse de smartphones, de tablettes ou encore de téléviseurs connectés, ainsi que des acteurs du Net dits OTT (Over-The-Top) seront aussi éligibles. Alors que le périmètre des candidatures s’élargit, le budget du RIAM reste, en revanche, limité à 12,6 millions
d’euros (2) pour la période 2012-2013. @

Jean-Paul Cottet, France Télécom : « Désormais, le digital est notre principal levier de création de valeur »

Directeur des nouvelles activités de croissance (NAC) d’Orange depuis un an,
Jean-Paul Cottet – directeur exécutif, marketing et innovation de France Télécom – explique en exclusivité à EM@ comment les activités de contenus, « réunies sous
le même management », participent à la croissance de l’opérateur de réseau.

Propos recueillis par Charles de Laubier

JPCEdition Multimédi@ : Cela fait un an (au 1er février) que vous avez pris en charge les Nouvelles activités de croissance (NAC) de France Télécom-Orange. Que recouvrent précisément ces activités et pour quelle croissance en 2012 ?
Jean-Paul Cottet :
Les Nouvelles activités de croissance rassemblent nos activités dans le domaine du divertissement et
de l’audience. Elles comprennent la télévision, la vidéo, la musique, les jeux, les portails Internet et les régies publicitaires. Nous ne communiquons pas de chiffre d’affaires sur ces activités. Elles sont en croissance,
et même forte pour certaines. Par exemple, notre nombre d’abonnés TV d’Orange en France et à l’international est passé de 4,8 millions en septembre 2011 à 5,7 millions en septembre 2012. Notre nombre d’abonnés à OCS [nouveau nom d’Orange Cinéma Séries depuis septembre, ndlr] a quant à lui plus que doublé, de 400.000 à plus de 800.000 entre fin 2011 et fin 2012.