Malgré la loi anti-Amazon, Amazon s’impose au livre

En fait. Le 26 juin, le Syndicat national de l’édition (SNE) a – pour une fois –
tenu son AG annuelle dans l’hôtel particulier de Massa, lequel fut donné à l’Etat en 1928 à condition d’héberger la Société des gens de lettres (SGDL)…
Le Syndicat de la librairie française (SLF) y est aussi. Pas encore Amazon !

En clair. Les éditeurs, les auteurs et les libraires se serrent les coudes face à la
vague du numérique qui s’apprête à déferler en France tel un tsunami sur le monde
de l’édition de livre. Le Parlement était de la partie : le matin même de l’assemblée générale du SNE, les sénateurs adoptaient – après les députés en février – la loi pour
« encadrer les conditions de la vente à distance des livres », loi surnommée « anti-Amazon ». Ce texte, modifiant la loi de 1981 sur le prix unique du livre, interdit désormais le géant du e-commerce – mais aussi les sites web des libraires – de vendre des livres imprimés avec à la fois la réduction de 5 % sur le prix unique et la gratuité des frais de port. Le SLF et le SNE s’en sont félicités. Pour Amazon, qui perd un avantage concurrentiel, c’est un coup dur. Pas sûr que cela améliore ses relations
avec le monde traditionnel de l’édition. La firme de Seattle a déjà maille à partir avec Hachette Livre (Lagardère) sur, cette fois, les prix des livres numériques. Au point que la Commission européenne se penche sur ce différend (1).

Le marché de l’occasion numérique reste à inventer

En fait. Le 9 juin, l’avocate Josée-Anne Bénazéraf nous a indiqué qu’elle ne savait pas quand la commission spécialisée du CSPLA sur « l’apparition éventuelle d’un marché secondaire des biens culturels numériques » achèvera ses travaux.
Elle et la professeure Joëlle Farchy sont censées les terminer en juillet.

Josée-Anne-BénazérafEn clair. La lettre de mission de Josée-Anne Bénazéraf (photo) et de Joëlle Farchy, chargées il y a près d’un an de mener à bien les travaux d’une « commission spécialisée sur les enjeux aussi bien juridiques qu’économiques de l’apparition éventuelle d’un marché secondaire des biens culturels numériques », fixe bien une échéance à juillet 2014.
Mais l’incertitude apparaît quant au respect de la période de remise au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) du rapport, lequel est supervisé par Alexandre Segretain, conseiller au tribunal administratif de Paris.

Streaming et abonnement vont révolutionner la lecture

En fait. Le 24 mars, le 34e Salon du livre de Paris a fermé ses portes après avoir été visité par 198.000 personnes sur quatre jours (1.200 exposants et 500 conférences). Si le marché français des ebooks peine à décoller, la révolution pourrait venir du modèle économique : l’abonnement appliqué aux livres.

En clair. Si l’abonnement s’est imposé dans la musique en ligne et, dans une moindre mesure, dans la vidéo à la demande, il pourrait faire une percée dans le livre numérique. Ce serait une vraie révolution pour les maisons d’éditions attachées – et confortées par la loi de 1985 – au prix unique du livre. « L’abonnement va dans le sens des jeunes générations et des nouveaux pratiquants même si ce n’est pas encore rentré dans les mœurs », relève l’Observatoire du livre et de l’écrit en Ile-de- France (Motif) dans son étude « Pratique d’éditeurs : 50 nuances de numérique » publié au Salon du livre de Paris (1).
Des plates-formes comme Izneo (regroupement d’éditeurs de BD, propriété de Média Participations) ou encore (Youboox, startup se revendiquant comme premier site de lecture d’ebooks en streaming) ne parlent pas d’acheter un livre, et d’en être le propriétaire comme pour un ouvrage imprimé, mais d’« accès » ou de « location ».
« Ce qui compte, c’est la valeur d’usage et non plus la valeur de propriété », disent ces pure players du livre numérique. Pour ces acteurs qui ne pratiquent que l’ebook, près d’un tiers des éditeurs offrent l’accès à leurs contenus via le streaming. Mais le Motif constate que « si le streaming signifie souvent abonnement, le modèle de l’abonnement en retour n’est pas réservé qu’au streaming : certains acteurs proposent l’abonnement même pour accéder à du téléchargement ».

Livre numérique : la croissance va ralentir en France

En fait. Le 21 mars, le 34e Salon du livre de Paris a ouvert ses portes pour quatre jours. L’édition est encore la première des industries culturelles (3,9 Mds €), devant les loisirs interactifs (1,8 Md €), la vidéo (1,2 Md €) et la musique (0,7 Md €). Mais elle reste la lanterre rouge dans le numérique.

En clair. Le marché français du livre numérique reste encore embryonnaire, mais en forte croissance. C’est ce qui ressort des chiffres des ventes 2013 fournis par l’institut d’études GfK : 44 millions de chiffre d’affaires, en croissance de près de 110 % sur un an, avec plus de 5 millions de téléchargements payants.
Malgré cette envolée, cela représente seulement 1,1 % du total du marché français du livre qui pèse 3,9 milliards d’euros l’an dernier (1). Mais selon nos calculs, si le marché des ventes d’ebooks en France a plus que doublé en 2013 par rapport à 2012, la croissance des quatre prochaines années – 2014 comprise – va ralentir (voir graphique ci-dessous). Cette croissance restera cependant à deux chiffres pour franchir, selon GfK, la barre des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires courant 2015 et atteindre les 180 millions en 2017. Autant dire que le seuil des 200 millions sera franchi l’année suivante. @

Ventes d’ebooks : vers 400 millions d’euros en 2017

En fait. Le 7 février, Xerfi a publié une étude intitulée « La distribution de livres face aux enjeux du numérique. Prévisions et perspectives à l’horizon 2017 ». Les ventes d’ebooks en France devraient progresser de près de 20 % par an en moyenne d’ici là, après avoir généré 190 millions d’euros en 2013.

En clair. Après avoir été embryonnaire, le marché français du livre numérique va enfin décoller, si l’on en croit le cabinet d’étude Xerfi. L’an dernier, le chiffre d’affaires des ventes de ebooks en France a atteint 190 millions d’euros pour représenter 4,5 % du marché global du livre. Et la croissance à deux chiffres devrait se poursuivre d’ici à 2017, à raison de 20 % en moyenne chaque année. Dans trois ans, le poids du livre numérique dans l’Hexagone devrait être proche de 400 millions d’euros. Ce décollage s’explique par le fait que les Français adoptent de plus en plus la lecture numérique et s’équipent en liseuses et tablettes.
Les maisons d’édition, qui ont numérisé leurs catalogues au cours des deux dernières années, publient désormais les nouveautés quasi systématiquement en format imprimé
et en numérique. A cet élargissement de l’offre de ebooks, s’ajoute le fait que les éditeurs pratiquent des « décotes » sur les prix des livres digitaux par rapport aux livres-papier,
ce qui favorise les ventes de livres numériques.