Alain Weill, PDG de NextRadioTV, n’exclut pas « des collaborations » avec son deuxième actionnaire Fimalac

La holding du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, déjà à la tête de la société de médias numériques Webedia constituée en un an, monte discrètement en puissance depuis 2012 au capital de NextRadioTV. Alain Weill nous dit qu’ « il est tout à fait envisageable de développer des collaborations entre les deux groupes ».

Pourquoi Rupert Murdoch a cassé en deux son groupe News Corp, sur fond d’échecs numériques

Depuis le 1er juillet, est cotée en Bourse chacune des deux nouvelles sociétés issues de la scission intervenue le 28 juin de l’empire News Corp de Rupert Murdoch : d’un côté les activités de presse et d’édition (nouveau News Corp),
de l’autre celles de télévision et de cinéma (21st Century Fox).

Par Charles de Laubier

RMLe magnat américano-australien des médias Rupert Murdoch (photo), 82 ans, divise pour… mieux régner encore un peu. Alors que son conglomérat News Corp, constitué au cours
des 60 dernières années, vient de terminer pour la dernière
fois une année fiscale « intégrée » au 30 juin 2013, le divorce
est désormais consommé entre les deux branches.
Fini le géant des médias aux actifs valorisés 68 milliards de dollars et au méga chiffre d’affaires annuel de 35 milliards de dollars. Désormais, il faudra compter avec deux entités présidées par le patriarche milliardaire : le nouveau News Corp réunissant les activités presse et édition (Dow Jones/The Wall Street Journal, The New York Post, The Times, The Sunday Times, The Sun, The Australian, The Daily Telegraph, HarperCollins Publishers, Amplify, …), et 21st Century Fox regroupant les activités télévision et cinéma (Fox, FX cable networks. Fox broadcasting, 20th Century Fox, BSkyB, Sky Italia, Sky Deutschland, …).

Deux nouveaux exercices commencés depuis le 1er juillet
Signe que Rupert Murdoch est contraint de tourner plus vite la page de la presse qui l’a le plus passionné : il devient président et directeur général de 21st Century Fox, mais il est seulement président du nouveau News Corp, Robert Thomson en étant le directeur général.
Le magnat de la presse a dû céder et opérer ce méga spin off sous la pression des investisseurs.  Pour chacune des deux nouvelles sociétés cotées séparément, le nouvel exercice fiscal a débuté le 1er juillet. La nouvelle société de presse et d’édition pourrait voir son chiffre d’affaires reculer de 4 % à 7,7 milliards de dollars.
Tandis que la nouvelle société de télévision et de cinéma verrait le sien gagner près de
10 % à 30,2 milliards (1). Le cours de Bourse de chacune des deux entités – symbolisées respectivement par NWSA et FOXA – pourrait être volatil durant juillet (2), le temps que les investisseurs et les actionnaires arbitrent sur les deux titres : vont-ils se débarrasser du nouveau News Corp pour ne garder que 21st Century Fox ? Garderont-ils les deux ? Abandonneront-ils tout ce qui se réfère à Murdoch ? Avant la séparation, les sociétés 21st Century Fox et nouveau News Corp étaient valorisées respectivement à environ 65 milliards et 9 milliards de dollars.

Télé-ciné plus rentable que presse-édition
Le nouveau News Corp, qui gagnerait à être rebaptisé, va tenter de redorer une image quelque peu écornée. La chute des recettes publicitaires « papier » au profit du digital, les difficultés à s’adapter au numérique, les pertes enregistrées par cette activité déclinante (3) et le scandale en 2011 des écoutes illégales au News of the World (fermé il y a deux ans) ont eu raison du « papivore » et devraient se solder par une réduction drastique des coûts. Si aujourd’hui encore ce groupe de presse – qui détient en outre depuis octobre 2012 la moitié du capital de l’opérateur de télévision payante australien Foxtel, l’opérateur télécoms Telstra détenant l’autre moitié) – est crédité de la première capitalisation boursière aux Etats-Unis (4), qu’en sera-t-il vraiment demain ?
Le groupe a déjà annoncé que l’activité presse-édition sera dépréciée de 1,4 milliard
de dollars en raison d’un flux de trésorerie en baisse dans ses journaux américains
et australiens. Mais une partie des 2,6 milliards de dollars de trésorerie mis à la disposition du nouveau News Corp – dépourvu de dette – laissent présager des acquisitions : le Los Angeles Times du groupe américain Tribune serait une cible tout comme le développement dans la presse sur Internet, l’éducation numérique ou encore l’immobilier en ligne. En Europe, News Corp pourrait entrer dans le capital du groupe de presse italien RCS Mediagroup (Corriera della Sera) à côté de Fiat, dont le président, John Elkann, est depuis mai membre du conseil d’administration de News Corp.
Quant à la nouvelle société 21st Century Fox, elle hérite des actifs audiovisuels plus rentables. La télévision à péage Sky Deutschland contrôlé à 54,5 % depuis le début
de l’année, l’est désormais par 21st Century Fox et consolidé dans les comptes. Selon
le journal allemand Manager Magazin du 21 juin, le fils, James Murdoch, deviendrait président du conseil de surveillance de Sky Deutschland d’ici la fin de l’année. A noter, par ailleurs, que Delphine Arnault, fille aînée du PDG de LVMH, entre au conseil d’administration de 21st Century Fox.
La saga médiatique de Rupert Murdoch n’a pas été non plus couronnée de succès sur
le front numérique : il n’a pas eu de chance avec Internet qu’il a eu du mal à adopter. Il a fallu que son plus jeune fils, James Murdoch, entré dans le groupe en 1997, insiste pour l’intéresser enfin au Web… juste avant l’éclatement de la bulle Internet. Mais plus de dix ans après, l’octogénaire a essuyé les plâtres : MySpace, le réseau social qu’il a acquis près de 600 millions de dollars en 2005 (c’était alors très cher pour deux ans d’existence), a été laminé par Facebook. Face à la baisse de la publicité sur le pionnier des réseaux sociaux, dont la fréquentation a diminué faute d’avoir su convaincre les fans de musique, il a fallu déprécier, supprimer la moitié des effectifs et restructurer. Même la femme du PDG, Wendi Murdoch, fut appelée à la rescousse en mai 2010
pour développer MySpace en Chine. Cela n’a pas suffit. Malgré ses 100 millions d’utilisateurs à l’époque, MySpace a finalement été vendu en juin 2011 pour environ… 30 millions de dollars, soit vingt fois moins que le prix d’achat ! Rupert Murdoch reconnaîtra plus tard que MySpace avait été « très mal géré ».
Entre temps en février 2011, il s’engage dans une autre aventure numérique avec le lancement de « The Daily », un quotidien payant créé dans un premier temps pour l’iPad. Investissement de départ : 30 millions de dollars et une centaine de personnes recrutées. Mais, devenu un militant de la presse on line payante après avoir racheté en 2007 le Wall Street Journal, Murdoch mise ainsi sur le payant en ligne. Mais le monde fermé d’Apple ne lui portera pas chance (5). Il y a sept mois, le 15 décembre dernier, News Corp, arrête la publication de The Daily qui n’a pas dépassé les 100.000 abonnés. Résultat, le directeur en charge des activités numériques, Jonathan Miller, est remplacé par Paul Cheesbrough. Il faut dire que la publication des résultats annuels de l’ancien groupe News Corp, arrêtés au 30 juin 2012 et publiés durant l’été, font l’effet d’une douche froide : chute de 57 % du bénéfice net à 1,18 milliard de dollars pour un chiffre d’affaires de 33,71 milliards en presque stagnation (+ 1 %).
A ces déboires numériques, s’ajoutent les démêlés de la filiale édition du groupe, HarperCollins, la Commission européenne la soupçonnant d’entente illicite avec Apple et d’autres éditeurs (dont Hachette Livre/Lagardère) sur le prix des e-books. Cette affaire a été soldée à l’amiable par les cinq éditeurs incriminés, qui ont dû verser 170 millions de dollars d’amendes et de dédommagements, alors que la procédure judiciaire contre Apple se poursuit.

De l’échec MySpace à la vente de Hulu
Par ailleurs, News Corp cherche à se désengager de Hulu, la plate-forme pionnière du streaming VOD cocréée en 2007 avec Walt Disney, NBC Universal et General Electric. Malgré ses 4 millions d’utilisateurs et un chiffre d’affaires de 700 millions de dollars réalisé en 2012, Hulu s’est fait largement distancé par son redoutable concurrent Netflix (lequel pèse 3,6 milliards de dollars de revenus en 2012 et 36 millions d’abonnés). Les actionnaires de Hulu cherchent à vendre (6) – soit à l’un d’entre eux, soit à un tiers (7). Yahoo est sur les rangs, après avoir échoué à s’emparer de Dailymotion, tout comme… l’ancien président de News Corp, Peter Chernin (8), à l’origine de la création de Hulu.
A suivre. @

Charles de Laubier

Neelie Kroes, Commission européenne : « Avec la convergence, l’audiovisuel n’a plus besoin d’autant de régulation »

La vice-présidente de la Commission européenne, en charge de l’Agenda numérique, nous explique la raison d’un nouveau livre vert sur l’audiovisuel
et la télévision connectée, et dit ce qu’elle attend de la consultation publique.
Des décisions seront prises dès 2014 pour prendre en compte la convergence.

L’année 2013 s’annonce à risque pour Jean-René Fourtou, président de Vivendi

J-107 avant l’assemblée générale de Vivendi qui se tiendra le 30 avril prochain. Jean-René Fourtou va jouer son va-tout en prenant le risque démanteler le groupe de médias et de télécoms pour le recentrer sur les contenus. Ce qui déclenchera une restructuration du secteur des télécoms en France.

JRFQuinze ans après avoir adopté le nom de Vivendi, le groupe issu de la Compagnie Générale des Eaux s’apprête à changer radicalement de stratégie sous la houlette de son président du conseil de surveillance Jean- René Fourtou (notre photo). Ce polytechnicien, qui aura 74 ans à la fin du printemps prochain, semble vouloir reproduire avec Vivendi ce qu’il a réussi à faire avec Rhône Poulenc. Il y a quinze ans, il filialisait l’activité chimie sous le nom de Rhodia et fusionnait Rhône Poulenc avec Hoechst pour donner naissance au géant des laboratoires pharmaceutiques, Aventis, racheté par la suite par Sanofi.
Mais après avoir séparé la chimie (confrontée alors à la crise du textile) et la pharmacie est-ce un gage de réussite en voulant aujourd’hui céder les télécoms (confrontées à la crise des réseaux) pour miser sur les médias ? Il ne reste plus à Jean-René Fourtou qu’une centaine de jours de réflexion, avant l’AG du 30 avril où il devra mettre cartes sur table, pour arrêter sa nouvelle stratégie et en mesurer les conséquences pour son groupe coté et l’ensemble du marché français des télécoms. Près d’un an après le lancement de cette réflexion stratégique et plus de six mois après l’éviction de Jean-Bernard Lévy, alors président du directoire de Vivendi (lequel était opposé à la scission ou au démantèlement du groupe), Jean-René Fourtou n’a toujours pas présenté son nouveau plan stratégique.
Il faudra attendre cette AG pour enfin voir se dessiner le vrai visage du futur Vivendi.

Télécoms en France : restructuration en vue
« Faut-il vendre des activités ou séparer le groupe en deux, voire trois ? Cette question n’est pas taboue », avait écrit le président du conseil de surveillance dans une lettre aux actionnaires datée du 27 mars 2012, quelques jours avant l’AG de l’an dernier. L’idée de scission – réseaux d’un côté (SFR fixe et mobile, Maroc Télécom, GVT) et contenus de l’autre (Canal+, Universal Music, Activision Blizzard) – a été abandonnée (1) au profit de la vente des filiales télécoms (2). En France, si ce n’est pas avec Free ou Bouygues Telecom, SFR pourrait fusionner avec Numericable si l’Autorité de la concurrence le permet (au risque de renforcer un marché déjà oligopolistique). A moins que Vodafone ne s’empare de SFR, dont il fut longtemps co-actionnaire (3)… Alors que Vivendi entre le 21 janvier dans la quiet period précédant la publication de ses résultats annuels prévue le 26 février, ce silence va accroître l’impatience, le doute et l’inquiétude des actionnaires, des investisseurs et des quelque 58.000 salariés de la multinationale – dont les 16.000 des filiales françaises.

La Bourse comme unique boussole
Les syndicats, eux, craignent que la suppression d’emplois chez SFR (près d’un millier de départs) ne préfigure sur l’ensemble de Vivendi une année sociale 2013 mouvementées. Quant aux agences de notation, elles s’interrogent sur la perspective financière du groupe : Standard & Poor’s a placé sous perspective négative la note BBB. « La révision de la stratégie de Vivendi peut affaiblir [le groupe] à l’avenir, en particulier parce qu’il pourrait réduire sa diversification », a-t-elle prévenu fin octobre. Moody’s et Fitch ont également mis sous surveillance le groupe, dont la dette dépasse les 14 milliards d’euros. De plus, la possible dépréciation de SFR – valorisé au mieux 20 milliards d’euros, au pire 10 milliards – pourrait peser sur les comptes de Vivendi. Mais en ce début d’année 2013 et moins de trois ans avant la fin de son mandat qu’il s’est dit prêt à écourter, Jean- René Fourtou va devoir passer aux actes. Donnant pour l’instant l’impression d’avoir la Bourse comme unique boussole (4),
ce capitaine d’industrie tarde à donner le cap. En fait, l’abandon des activités réseaux de Vivendi au profit des médias et des contenus a été décidé l’été dernier. La conséquence immédiate fut le départ pour « divergence stratégique » de Jean-Bernard Lévy, de formation X-Télécom. Frank Esser a-t-il, lui, senti le vent tourner pour démissionner fin mars 2012 de son poste de PDG de SFR, la filiale télécoms de Vivendi qu’il dirigeait depuis dix ans ? Lui faire porter le chapeau des 200.000 abonnés perdus
« faute d’avoir anticipé » le lancement de Free Mobile il y a un an était-il un prétexte ?
Quoi qu’il en soit, c’est une petite phrase glissée en fin d’un bref communiqué daté du 21 septembre qui esquisse la nouvelle stratégie : « Vivendi renforce ainsi sa position dans les contenus de manière significative » (5). Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre : exit les télécoms… Cette propension à s’afficher plus dans les « contenus » que dans les « tuyaux » est aussi apparue discrètement dans les « A propos de Vivendi » qui terminent tous les communiqués : dès 2011, on passe de « groupe français leader mondial de la communication » à « Vivendi est au cœur des univers des contenus, des plates-formes et des réseaux interactifs ». Les réseaux ne sont alors plus en odeur de sainteté au sein du groupe… Au-delà de l’échec dans la recherche de synergies entre réseaux et contenus, sur fond de convergence numérique (6), Vivendi s’est retrouvé avec des actifs télécoms soumis à la pression de l’Etat et de l’Arcep (fiscalité, obligations d’investir dans le très haut débit, régulation pro-concurrentielle, financement de la création, …). C’est du moins ce qu’affirment ses dirigeants pour justifier leur désamour avec les les télécoms, lesquelles, en réalité, n’assurent plus une rente suffisante. La concurrence fait le bonheur des uns (les consommateurs) mais le malheur des autres (les actionnaires)… C’est donc le cours de Bourse de Vivendi qui préoccupe au plus haut point Jean-René Fourtou : l’action – tirée vers le bas depuis la crise financière de 2008 – a perdu plus de 44 % de sa valeur en 5 ans, malgré un rebond de plus de 15 % depuis six mois, à moins de 17 euros (7), soit au même niveau que le cours hérité il y a dix ans de l’ère Jean-Marie Messier ! « C’est la décote de holding, la différence entre la valeur de Vivendi et la somme de celle de ses activités, qui paraît excessive », déplore la présidence du groupe.
Mais les paroles sibyllines ne font pas une stratégie. La distillation de quelques propos dans la presse tente de rassurer. Ainsi Jean-François Dubos, président du directoire jusqu’au 30 avril, a voulu clarifier : « Notre première certitude, c’est que nous avons
tous les atouts pour nous affirmer comme un leader européen, voire mondial, dans les contenus et les médias. (…) L’avenir de Vivendi est dans les contenus et leur distribu-
tion », a déclaré mi-décembre ce dernier (8). Le conseil de surveillance, qui compte
13 membres après avoir accueilli mi-décembre Vincent Bolloré (devenu premier actionnaire de Vivendi avec 5 % du capital (9)) et Pascal Cagni (ancien dirigeant européen d’Apple), s’est mis en ordre de bataille dans les contenus face à Google, Apple, Facebook ou encore Amazon. Afin de permettre la cooptation du premier, Jean-Yves Charlier, le « Monsieur télécoms » du conseil de surveillance et alors président de son comité stratégique, a dû démissionner.

Meheut dirigera-t-il le nouveau Vivendi ?
Le recentrage « médias » du groupe est déjà en marche. Certes, Jean-Yves Charlier est devenu en octobre DG des activités télécoms. Mais c’est à Bertrand Meheut, président du groupe Canal+, que le conseil de surveillance a confié dans le même temps « une mission de réflexion pour le développement des médias et des contenus ». Et il est probable que Bertrand Meheut soit nommé au printemps prochain président du directoire de Vivendi. Pour succéder à Jean-René Fourtou dans les trois ans ? @

Charles de Laubier

Le CSA propose une « exception culturelle » à la neutralité du Net

Pour le CSA et l’Arcep, leur rapprochement – si ce n’est leur fusion – faciliterait
la régulation de tous les acteurs, dont les OTT (Over-The-Top). Le principe de « fréquences contre obligations » ne s’appliquant pas à tous les opérateurs, le CSA prône une régulation « culturelle » des réseaux.