Contenus dans les nuages

Depuis la nuit des temps, il n’est pas de fête qui se respecte sans musique. Vérité immuable, alors même que les moyens techniques permettant à nos ados d’animer leurs soirées n’en finissent pas de muter : du vinyle et son pick-up des années 1960 à la K7 et son Walkman, en passant par le CD et son lecteur, jusqu’aux fichiers MP3 téléchargés sur PC qui permettaient, au tournant des années 2000, de faire défiler des playlists tout au long de la nuit. En 2010, il suffisait d’un quelconque terminal mobile pour « streamer » – par la magie du Cloud – un choix de musiques apparemment infini. Pourtant, l’informatique en nuage est sans doute presque aussi ancienne que l’Internet, puisque la virtualisation à la base du « cloud computing » remonte aux années 1960. Elle consiste à mutualiser sur un même serveur des applications tournant sur des machines différentes. Les hébergeurs et les fournisseurs de services d’applications (ou Application Service Providers) nous ont peu à peu accoutumés à ce nouvel âge de la révolution numérique, en commençant tout d’abord par quelques applicationsphares comme les services de messagerie. Si nous avions encore l’habitude d’archiver sur nos PC des contenus téléchargés auprès de pionniers comme Kazaa, Napster ou encore eMule, les usages précurseurs étaient pourtant déjà là : pourquoi continuer à stocker des fichiers sur son disque dur quand on pouvait y accéder rapidement, à tout moment et d’un seul clic ?

« Le Cloud permet de rechercher dans de larges catalogues, de stocker à distance et d’écouter en streaming : où que l’on soit, sur le terminal de son choix ».

Réseaux très haut débit : financement innovant, PPP et neutralité du Net

coTreize ans après l’abolition des monopoles d’Etats du téléphone en Europe,
les pouvoirs publics sont appelés à la rescousse pour cofinancer les très coûteux réseaux de fibre optique. Les géants du Web aussi. Entre partenariat public-privé et terminaison d’appel data.

Par Rémy Fekete (photo), avocat associé, Gide Loyrette Nouel.

Lorsque la ville de Pau décidait il y a plus d’une décennie de déployer un réseau de fibre optique jusqu’au domicile de ses habitants, les industriels du secteur saluaient la prouesse tout en s’interrogeant sur la nature des besoins devant être satisfaits par tant de capacités. Le remplacement récent et à grande échelle
des terminaux de téléphonie mobiles par des smartphones aboutit désormais à une popularisation sans précédent de l’accès à Internet et à une recrudescence du besoin en bande passante.

Apple parle beaucoup de ses produits, mais reste discret sur sa stratégie

Alors qu’Apple vient d’achever son exercice annuel le 26 septembre, jamais le groupe de Steve Jobs n’a été autant adulé par les médias. Pourtant, la marque
à la pomme n’est pas un exemple d’ ouverture et parle plus volontiers de ses produits que de sa stratégie controversée.

Apple, Apple, Apple, … iPod, iPhone, iPad, … Le groupe du mythique Steve Jobs ne cesse de défrayer la chronique, tant les médias ont croqué la pomme. Selon une étude publiée le 27 septembre par l’institut américain Pew Research Center, c’est l’entreprise
de la high-tech bénéficiant du plus grand nombre d’articles dans les médias : 15 % (1).
Le géant américain s’offrerait ainsi gratuitement une campagne de publicité planétaire, avec plus de 40 % des articles élogieux pour ses produits (2).

Contenus : 2,25 milliards « sur trois ou quatre ans »

En fait. Le 22 septembre, Frédéric Mitterrand (Culture) et Nathalie Kosciusko-Morizet (Economie numérique) ont dressé un point d’étape sur les premiers
« usages, services et contenus innovants », qui mobilisent déjà 100 millions d’euros sur les 2,25 milliards alloués sur le grand emprunt lancé par l’Etat.

En clair. Le chemin sera long avant que ne soient investis les 2,25 milliards que l’Etat français a prévu d’investir dans les contenus et services numériques usages, dans le cadre du grand emprunt. En marge du point d’étape présenté au ministère de la Culture
et de la Communication, Frédéric Mitterrand a indiqué à Edition Multimédi@ « qu’il faudra entre trois et quatre ans pour que soient investis les 2,25 milliards d’euros ».
Et d’ajouter : « Cela prendra du temps ; nous nous incrivons sur le long terme ». Côté calendrier, NKM a précisé « qu’un appel à manifestations d’intérêt sera lancé d’ici fin décembre ».
Depuis les arbitrages du président de la République en décembre 2009 sur le grand emprunt, il est d’ores et déjà acquis que 750 millions iront à la « numérisation des contenus culturels, éducatifs et scientifiques », via le développement d’une offre légale, des services innovants et la valorisation du patrimoine culturel ou de contenus éditoriaux. Pour l’heure, « NKM » et lui ont présenté « quatre grands chantiers » qui
ont avancé avec le Commissariat général à l’investissement (CGI), nécessitant dans l’immédiat « 100 millions d’euros » d’investissements.
« L’Etat, qui interviendra à travers des subventions, des prises de participation via la
CDC (1) ou des prêts financiers, attend 1 à 2 euros d’investissement privé pour 1 euro d’aide publique », explique Benoît Loutrel, « directeur Economie numérique » du CGI (2). La ventilation de cette première enveloppe est en discussion. Pour le cinéma, il s’agit de la « création d’une plateforme de plus de 3.000 longs métrages en format VOD [vidéo à la demande] ». Pour le livre, un autre projet consiste à « numériser les livres indisponibles du XXe siècle sous droits, à partir d’un consortium ». Ce dernier associera la BNF (3), les auteurs et les éditeurs, afin de numériser à terme 400.000 livres. En vidéo, il est prévu avec l’INA (4) la création d’un portail d’offre de VOD audiovisuelle et cinématographique. Cette plateforme va « répertorier l’offre gratuite et payante – télévision de rattrapage, VOD » et « ne sera pas un concurrent des offres existantes ». La presse écrite, elle, aura son kiosque numérique que vont créer plusieurs éditeurs nationaux (de quotidiens ou de magazines) réunis dans un groupement d’intérêt économique (GIE) baptisé E-presse Premium. Plus de 40 sites web de journaux sont concernés. @

Viktor Arvidsson, Ericsson : « Les consommateurs doivent pouvoir accéder aux contenus légaux de leur choix »

Le directeur de la stratégie et des affaires réglementaires chez Ericsson France, filiale du numéro un mondial des réseaux mobiles, répond aux questions d’Edition Multimédi@ sur l’émergence d’un nouvel écosystème à l’heure de la convergence entre télécoms et audiovisuel.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Comment Ericsson perçoit-il
le souhait de l’industrie du cinéma français que les fabricants de terminaux interactifs puissent être obligés comme les fournisseurs d’accès à Internet d’investir dans des films? Viktor Arvidsson (photo) :
Il nous
semble que cette approche, qui consisterait à obliger les équipementiers télécoms à investir dans les contenus, n’est pas nécessairement la meilleure. A notre sens, les différents acteurs de l’écosystème contribuent conjointement au développement du marché. S’il n’y avait pas de vidéo à la demande, il y aurait moins de terminaux interactifs et inversement. Il faut donc être extrêmement prudent avant d’attribuer un succès – que l’on serait tenté de considérer comme un peu « parasitaire » – à un des acteurs d’un écosystème. Dans ce contexte, le réflexe qui consiste à « punir » les acteurs qui réussissent est plutôt contre-productif. Cette approche nous semble également assez inédite et l’on voit mal, par exemple, l’industrie de l’automobile financer les constructeurs d’autoroutes ! S’il y a des problèmes conjoncturels ou structurels dans une industrie, il faut les traiter en tant que tels. Il ne nous semble donc pas légitime et efficace de taxer ainsi les équipements télécoms.