Xiaomi fête ses 10 ans d’existence en devenant 3e fabricant mondial de smartphones, devant Huawei !

Le « X » de BATX – désignant les géants chinois du Net, rivaux des GAFA – se sentait pousser des ailes, jusqu’aux turbulences planétaires du coronavirus. Xiaomi, cofondé le 6 avril 2010 par Jun Lei, a profité ces derniers mois des déboires de son compatriote Huawei. Au point de lui disputer sa place de numéro trois mondial des smartphones.

Xiaomi devant Huawei… C’est le site web chinois Sina qui l’a révélé le 19 mars dernier, chiffres inédits du cabinet d’études américain Strategy Analytics à l’appui. Ils montrent que Xiaomi est devenu, pour la première fois, le numéro trois mondial des ventes de smartphones sur le mois février. Son compatriote chinois Huawei, victime d’ostracisme de la part des Etats-Unis et d’autres pays « alignés » sur des prétextes de « sécurité nationale », s’est vu relégué à la quatrième place – après que la firme de Shenzhen ait caracolé sur l’année 2019 en deuxième position mondiale, derrière Samsung et… devant Apple. Ainsi, sous l’effet conjugué de la campagne anti-Huawei et de la pandémie du covid-19, Xiaomi a pu gagner une place en vendant sur le seul mois de février 6 millions de ses smartphones (reculant tout de même de 40 % en volume par rapport au mois précédent), contre seulement 5,5 millions pour Huawei (chutant, lui, de 55 % sur la même période). Devant Xiaomi, et toujours d’un mois à l’autre, Apple a fait 36 % de ventes en moins à 10,2 millions d’iPhone en février et Samsung 9 % en résistant le mieux en tant que numéro un mondial incontesté des smartphones (voir ici le tableau).

Xiaomi se retrouve juste derrière… Apple
Contacté par Edition Multimédi@, Neil Mawston, directeur exécutif chez Strategy Analytics, nous confirme que les chiffres révélés par Sina proviennent bien de sa dernière étude de marché, mais que celle-ci n’a jamais été rendue publique. Seule une vue globale a été divulguée, qui fait état de l’effondrement spectaculaire des ventes mondiales de mobiles en février, de 38 % sur un an, « la plus grande chute de l’histoire du marché mondial des smartphones ». Au regard de la volatilité du marché, il se veut néanmoins prudent : « La concurrence pour les cinq premières places dans les ventes mondiales de smartphones reste féroce. Les marques de smartphones peuvent souvent changer de position d’un mois à l’autre, ou d’un trimestre à l’autre. Le classement des smartphones ne reste jamais immobile ! ». La publication du Top 5 mondial des téléphones mobiles n’a donc jamais été aussi sensible, tant les rivalités entre les marques-monde s’exacerbent, sur fond de guerre des prix et de promotions à tout-va.

Chute brutale des ventes de smartphones
Deux autres cabinets d’études américains, IDC et Gartner, constatent eux-aussi ce coup de frein brutal, sans précédent dans les smartphones, conséquence directe du repli massif de la demande en Asie, notamment en Chine où le coronavirus a commencé à se propager à grande échelle et obligé les consommateurs au confinement et à la quarantaine. Février fut aussi marqué par l’annulation de la grand-messe internationale du mobile à Barcelone (4). A la fin du mois de mars, le nombre de personnes dans ce cas sur la planète a même dépassé la barre des 3 milliards (au moment où l’on déplorait 28.000 morts dans le monde, les 40.000 morts ayant été dépassés au 31-03-20). Pas besoin d’être grand clerc pour s’attendre à ce que les mois de mars et d’avril soient aussi désastreux, voire pires, pour non seulement les fabricants de téléphones mobiles mais aussi bien d’autres secteurs de l’économie partout dans le monde.
L’année 2020 – frappée par cette crise sanitaire historique – pourrait rebattre les parts de marché du mobile, et pourquoi pas au profit de « l’Apple chinois », Xiaomi, qui fête le 6 avril son dixième anniversaire. C’est en effet ce jour-là précisément que sept Chinois (5) ont cofondé cette start-up à Pékin, parmi lesquels son PDG Jun Lei (photo). Aujourd’hui, le groupe au « millet » ou « petit riz » (signification chinoise de Xiaomi, également composé de « Xiao » voulant dire grain de riz prometteur dans le Bouddhisme et de « Mi » pour Internet mobile), est coté depuis juillet 2018 à la Bourse de Hong Kong où il est valorisé 249,5 milliards de dollars hongkongais – 32,3 milliards d’euros (au 02-04-20). Ses résultats 2019, publiés le 31 mars, font état d’un chiffre d’affaires en yuans équivalent à 26,6 milliards d’euros (+ 17 % sur un an) pour un résultat net de 1,3 milliard d’euros (-25 %). Xiaomi, qui est présent dans plus de 90 pays et régions du monde avec 16.700 employés, a réalisé l’an dernier près de la moitié de ses revenus à l’international et écoulé 124,8 millions de smartphones. Le groupe chinois, présent dans plus de 90 pays et régions du monde avec 16.700 employés, a prévenu que son année 2020 sera impactée par le virus.
Et faute de pouvoir célébrer ses dix ans en invitant dans différents lieux tous ses « fans » (son slogan commercial étant « Juste pour les fans »), la firme pékinoise – basée dans le district de Haidian – est contrainte d’organiser ses festivités en ligne. « Au vu de la situation actuelle, nous avons dû annuler tous les événements physiques ; on le fait sur le Web à partir du 7 avril », nous confirme Yan Liu, directeur général France de Xiaomi, filiale basée à Boulogne-Billancourt depuis un an. Le « Mi Fan Festival » se tiendra en ligne, tout en restant fidèle à ses traditionnelles promotions auxquelles s’ajoutent 50 euros reversés à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) pour chaque smartphone Mi 10 acheté, et des milliers de masques offerts, en plus de ceux destinés à l’Institut Pasteur. Cette date d’anniversaire donnera aussi le coup d’envoi commercial des nouveaux modèles de la gamme de smartphone Mi (Mi 10 Pro, Mi 10 et Mi 10 Lite 5G), chacun d’eux étant « automatiquement compatible avec la 5G ». Cerise sur le gâteau, « Xiaomi offre également un remplacement d’écran gratuit pendant deux ans (à compter de la date d’achat) ». L’écosystème Mi comprend aussi des routeurs Wifi avec antenne dite AIoT (pour Artificial Intelligence of Things), des écouteurs sans fil, des purificateurs d’air et même des écrans TV de home cinema. Xiaomi se revendique comme étant « la plus grande plateforme IoT grand public mondiale, avec plus de 213 millions d’objets intelligents (à l’exclusion des smartphones et ordinateurs portables) connectés à celle-ci ».

Un écosystème Mi et des objets connectés
Le groupe de Jun Lei vend aussi des trottinettes électriques Mi, des bracelets connectés, des casques de réalité virtuelle, des mini box multimédias, des enceintes connectées avec écran, et même des balances pour se peser intelligemment et des brosses à dents connectées. En France, plus de 1 million de smartphones se sont vendus l’an dernier (Mi, Mi Note et Redmi Note) via le e-commerce, sur Mi.com, chez des distributeurs (Fnac, Darty, Cdiscount, Boulanger, …), des opérateurs mobile (SFR, Bouygues Telecom, …) et dans sept Mi Stores en Ile-de-France. @

Charles de Laubier

Les opérateurs mobile virtuels (MVNO) ont 15 ans mais demeurent sous les 12 % de parts de marché

En France, les MVNO ont vraiment décollé en 2005 dans le sillage de trois pionniers – Transatel, Debitel et Omer Télécom. NRJ Mobile fut le premier à se déclarer en tant qu’opérateur auprès du régulateur. Depuis 15 ans, leur part de marché reste limitée, et Free n’en accueille toujours aucun.

Les derniers chiffres en date fournis par l’Arcep le montrent encore, 15 ans après leur apparition en tant qu’opérateur télécoms déclarés : les MVNO (1) peinent à s’acheminer vers les 12 % de parts de marché en France. A fin décembre 2019, les vingt-sept opérateurs mobile virtuels déclarés à ce jour auprès du régulateur des télécoms totalisent ensemble à peine plus de 8,4 millions de clients (2) sur un total de 74,5 millions d’abonnés (3) en France métropolitaine, soit actuellement une part de marché de 11,3 % seulement. La progression a été limitée à 0,4 points sur un an.

Condamnés à des marchés de niche
« Toutefois, malgré un nombre élevé de MVNO sur le marché, l’ensemble des opérateurs virtuels actuels compte tout de même moins d’abonnés que chacun des quatre opérateurs principaux », fait remarquer le courtier en télécoms Ariase. En effet, Orange compte 19,3 millions d’abonnés mobile, SFR 13,5 millions, Free Mobile 13,3 millions et Bouygues Telecom 10 millions. Les MVNO restent cantonnés à des marchés de niche, que cela soit auprès du grand public ou au service des entreprises. Au meilleur de leur forme, en 2014, la cinquantaine de MVNO d’alors affichaient 8,9 millions de clients, soit à l’époque 13 % du marché de la téléphonie mobile. Mais la montée en charge de Free Mobile lancée deux ans auparavant leur a coupé l’herbe sous le pied. Les trois opérateurs mobile historiques, eux, ont répliqué au « trublion des télécoms » en lançant leurs propres marques low-cost : Sosh d’Orange, B&You de Bouygues Telecom et Red de SFR.
Depuis les MVNO sont entre le marteau (les opérateurs de réseau mobile) et l’enclume (leurs marques low cost). D’une cinquantaine, les MVNO en France sont passés à une trentaine, en perdant au passage plus de 1 million de clients et deux points de part de marché. Il faut dire que les 2 millions de clients de Virgin Mobile (Omea Telecom, ex-Omer Télécom) ont été absorbés fin 2014 par SFR pour 325 millions d’euros, mettant un terme à l’aventure du premier MVNO français en taille (4). Carrefour a jeté l’éponge en 2012 en cédant ses clients à Orange (ralliés à Sosh) « Ceux qui réussissent à rivaliser avec les opérateurs historiques ou leurs marques low-cost se comptent sur les doigts d’une main. Tous les autres sont condamnés à la confidentialité, avec une clientèle très ciblée », constate François Le Gall, chef de produit chez Ariase. Au-delà du pionnier Transatel, que son président Jacques Bonifay (photo de gauche) a cofondé il y a 20 ans et qui est devenu il y a un an une filiale de l’opérateur télécom japonais NTT (voir encadré page suivante), d’autres MVNO se sont fait une place à l’ombre des quatre opérateurs mobile dominants. Il y a d’abord NRJ Mobile, CIC Mobile, Crédit Mutuel Mobile, Auchan Telecom (cédé par Auchan) et Cdiscount Mobile, tous faisant partie du groupe Euro-Information Telecom (EIT), filiale du Crédit Mutuel, qui a passé le cap des 2 millions de clients à l’automne dernier. Né en 2005 avec la marque NRJ Mobile, EIT s’appuie sur les réseaux d’antennes d’Orange, de Bouygues Telecom et de SFR ainsi que sur le maillage de distribution 4.455 points de vente des réseaux bancaires Crédit Mutuel et CIC, mais aussi sur du digital et de la grande distribution (enseignes Auchan et magasins indépendants), avec un service client de plus de 550 personnes.
De son côté, La Poste Mobile dispose aussi d’un réseau de distribution physique conséquent : 8.145 bureaux de poste. Ce qui lui a permis d’atteindre un parc total de plus de 1,5 million de clients. Si La Poste est majoritaire à 51 % au capital de la société La Poste Télécom, qui opère depuis ce MVNO public-privé, son unique opérateur de réseau hôte est SFR qui détient les 49 % restants. Le groupe postal avait créé cette coentreprise en 2011 avec SFR (devenu par la suite filiale d’Altice), en reprenant les actifs de Simplicime hérité d’un pionnier des MVNO français, Debitel (marque qui a disparu en 2008). Autre pionnier des opérateurs mobile virtuels : Coriolis Télécom, opérateur lancé en 1999 par Pierre Bontemps (photo de droite) qui avait créé Vodafone SA dix ans plus tôt, et MVNO à partir de 2006 en utilisant les réseaux hôtes d’Orange et de SFR. En 2014, au moment de lancer son offre 4G, Coriolis revendiquait 400.000 clients mobile, mais aucun chiffre n’est donné depuis. Il y a aussi Lycamobile, Prixtel, Kertel (IC Telecom), Budget Mobile (Sisteer), Afone, Nordnet ou encore Syma.

Free n’est l’hôte d’aucun MVNO
Près d’une trentaine d’opérateurs mobile virtuels (5) prospèrent tant bien que mal sur le marché français de la téléphonie mobile hyper compétitif. Le positionnement des MVNO sur le marché concurrentiel des télécoms est pour le moins inconfortable, puisqu’ils ne peuvent attaquer frontalement les opérateurs mobile qui les accueillent sur leurs réseaux, ni procéder à de la publicité comparative avec ces derniers. De plus, ces réseaux « hôtes » sont limités à trois puisque, contrairement à Orange, SFR et Bouygues Telecom, le quatrième opérateur mobile – Free – ne leur a pas ouvert son réseau. « Pour obtenir sa licence mobile, Free avait promis en 2008 à l’ART [l’Arcep de l’époque, ndlr] d’accueillir des MVNO. Mais lorsque nous l’avons contacté à la suite de son lancement en 2012, Free n’avait aucune envie d’accepter des MVNO sur son réseau et, d’ailleurs, ses prix d’accès à son réseau étaient prohibitifs. L’Arcep ne pouvait pas nous soutenir et nous avons dû renoncer », raconte Jacques Bonifay, le patron de Transatel, à Edition Multimédi@.

Orange, le réseau le plus accueillant
Le groupe EIT est le seul à recourir aux trois réseaux « hôtes » disponibles. Quatre MVNO – Coriolis Telecom, Netcom, Prixtel et SCT Telecom – se contentent de deux « hôtes », Orange et SFR. Cela ne veut pas dire que le client final peut choisir le meilleur réseau mobile dans son même forfait mobile (pas de multi-réseau), car son MVNO doit s’en tenir à un seul réseau lors de la souscription. « Seul Prixtel permet à ses abonnés de choisir gratuitement le réseau mobile Orange ou SFR qui sera utilisé sur leur ligne mobile Prixtel, au moment de la souscription », indique François Le Gall sur le blog d’Ariase (6). En dehors de ces partenariats multiples, une sorte d’exclusivité est de mise : ils sont douze à n’être que sur le réseau d’Orange (Cellhire, CTExcelbiz du groupe China Telecom, Cubic, Keyyo, Legos, Nordnet, Paritel, Sewan Communications, Syma Mobile, Transatel et Truphone), sept ne sont que sur SFR (ACN/JOI Telecom d’ACN Communications, Afone Mobile/Reglo Mobile du groupe Afone, Alphalink, Budget Mobile/Zero forfait Sim+ du groupe Sisteer, Kertel d’IC Telecom, La Poste Mobile et Vectone de Mundio), et uniquement deux sur Bouygues Telecom seul (Lebara et Lycamobile).
Parmi tous ces « telcos virtuels », très peu sont en réalité Full-MVNO, c’est-à-dire ayant accès au cœur du réseau « hôte » avec possibilité de fournir leurs propres cartes SIM. Le groupe EIT, Transatel et Coriolis sont dans ce cas, comme l’était Virgin Mobile aujourd’hui disparu. En général, les MVNO proposent des offres et des forfaits à des prix souvent plus attractifs que leur(s) réseau(x) hôte(s). Mais disposentils de la même qualité de couverture que l’opérateur du réseau utilisé ? « Il est tout à fait possible que le débit maximal d’un MVNO soit moins rapide par rapport à un opérateur de réseau si le contrat ne prévoit que de la fourniture de 4G sans agrégation de fréquences (4G+) », prévient le courtier Ariase (7). Quant aux accords de licence de marque, signés entre un opérateur télécoms et une entreprise tierce, ils permettent au premier de commercialiser une offre ou une gamme d’offres en exploitant la marque de l’entreprise partenaire et en proposant même des services en rapport avec l’activité de l’entreprise partenaire tels que l’accès à de la musique en ligne ou à des services bancaires. Dans tous les cas, l’opérateur de réseau reste responsable vis-à-vis des clients de la fourniture des services mobiles. Alors qu’en janvier dernier, Jacques Bonifay a été réélu en janvier président de l’organisation MVNO Europe basée à Bruxelles et que Pierre Bontemps (Coriolis) a pris la présidence de l’association Alternative Télécom à Paris, les opérateurs mobile virtuels espèrent beaucoup de l’avènement prochain de la cinquième génération de mobile. « Le développement et le déploiement de 5G transformeront sans aucun doute le secteur, affectant tous les acteurs du monde des télécoms. Les MVNO viseront à avoir accès à ces technologies afin de continuer à développer des applications innovantes adaptées aux besoins des utilisateurs finaux », a prévenu MVNO Europe.
Jacques Bonifay estime en tout cas que les MVNO en France sont mieux lotis qu’outre-Rhin, où 1&1 Drillische (United Internet) est l’un des rares MVNO. « En Allemagne, les trois opérateurs télécoms [Deutsche Telekom, Vodafone et Telefónica Deutschland/O2, ndlr] rechignent à accueillir des MVNO. J’œuvre pour que cela change, mais cela montre que le régulateur en France fait mieux son travail qu’en Allemagne », nous assure le président de MVNO Europe. En France, alors que l’échéance des candidatures à la 5G (fréquences 3,4-3,8 Ghz) est le 25 février, l’Arcep a prévu que « les engagements portent sur l’accueil des MVNO en 5G sur les réseaux des opérateurs, afin notamment d’encourager l’innovation » (8). La 5G annonce-t-elle le rebond des opérateurs mobile virtuels ? @

Charles de Laubier

Les plateformes numériques sont-elles parties pour un grand chelem de sanctions ?

Les géants du Net sont pris entre deux feux principaux : le droit de la concurrence, d’une part, et la protection des données, d’autre part. Mais ces deux référentiels juridiques s’entremêlent de plus en plus et se démultiplient, au risque d’aboutir à des doubles sanctions. Ce que l’Europe assume.

Avec Covage racheté par SFR et Koscmenacé, la concurrence dans les télécoms s’amenuise

Va-t-on vers la fin des opérateurs télécoms alternatifs en France au profit d’un oligopole constitué par quatre opérateurs intégrés que sont Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ? La question se pose, alors que le marché des réseaux de fibre optique et des télécoms d’entreprise se concentre.

Ce sont des opérateurs télécoms quasiment inconnus du grand public. Et pour cause Altitude, Covage et Axione (1) sont des opérateurs d’infrastructure de réseaux – de fibre optique le plus souvent – prospérant auprès des collectivités locales et à l’ombre des grands opérateurs nationaux que sont Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, sans parler de TDF. Altitude et Covage sont des opérateurs alternatifs indépendants et neutres, garant d’une concurrence dans les territoires.

Opérateurs intégrés versus alternatifs
Ils sont, avec d’autres opérateurs alternatifs tels que Coriolis ou Kosc Telecom, aussi présents sur le marché des entreprises qui manque de dynamisme en France faute d’une concurrence suffisante. Sauf que l’un d’entre eux, Covage, va être racheté par SFR – via sa filiale SFR FTTH (2) – d’ici le premier trimestre 2020 si l’Autorité de la concurrence n’y trouve rien à redire. La filiale télécoms française du groupe Altice a en effet annoncé le 25 novembre dernier qu’elle était entrée en négociation exclusive avec les fonds d’investissement Cube Infrastructure et Partners Group, propriétaires de Covage, pour en racheter 100 % du capital pour 1 milliard d’euros. Opérateur d’infrastructure et wholesaler (3) très haut débit (marché de gros), Covage a été créé en 2006 et s’est développé en déployant des réseaux de fibre optique pour les collectivités locales. Il compte 46 réseaux d’initiative publique (RIP) ou privée, déployés en partenariat avec les collectivités locales, soit aujourd’hui 2,3 millions de prises très haut débit (fibre optique essentiellement), dont 600.000 sont en exploitation.
Covage se revendique comme le quatrième exploitant de réseaux de fibre en France. Son ambition est d’atteindre plus de 3 millions de prises à installer d’ici 2022. Les réseaux d’initiative publique (RIP), via des appels à manifestation « d’intention d’investissement » (AMII) ou « d’engagements locaux » (AMEL), coûtent très chers aux collectivités locales. Ces fameux RIP sont des délégations de service public destinées à déployer la fibre optique dans les zones peu ou moyennement denses, lorsque ce ne sont pas des zones rurales. Et ce, sous la responsabilité des collectivités locales, des départements et/ou des régions (l’argent des administrés), avec une participation financière non négligeable de l’Etat lui-même (l’argent du contribuable). S’ils sont financièrement lourds pour les collectivités, ces réseaux de fibre rapportent gros aux opérateurs d’infrastructures tels que Covage, Altitude, Axione, voire TDF. Pas étonnant que Covage, au cœur des délégations de service public de réseaux de fibres optiques, soit l’objet de toutes les convoitises depuis sa création de la part de fonds d’investissement tels que Cube Infrastructure ou Partners Group. Mais voir cet opérateur alternatif « historique » de la fibre optique en France tomber dans l’escarcelle de l’un des quatre grands opérateurs télécoms, en l’occurrence SFR dont la maison mère Altice est prête à se l’offrir pour 1 milliard d’euros, inquiète plus qu’il ne rassure dans les zones moins denses et les zones rurales. « Autant dire que le rachat d’un opérateur d’infrastructure dédié au marché de gros [Covage] par un opérateur intégré [SFR] peut légitimement inquiéter. Covage, c’est aussi un opérateur de gros FTTH (4) et, s’agissant de ce point précis, le rachat annoncé par SFR – s’il n’est pas exempt d’interrogations et d’inquiétudes – détonne moins dans le paysage des acteurs de l’aménagement numérique du territoire », a déclaré fin novembre l’Association des villes et collectivités multimédias (Avicca). Ce groupement de collectivités engagées dans le numérique, présidé par le sénateur (5) Patrick Chaize (photo), représente 19 villes, 83 intercommunalités et syndicats de communes, 110 structures départementales et 20 régionales, représentant 67 millions d’habitants.
Avec le rachat de Covage, l’Avicca parle de « disparition annoncée d’un opérateur d’infrastructures neutre » et prévient qu’elle « sera donc, aux côtés de l’ensemble de ses adhérents, très vigilante quant aux suites que donneront les services de l’Etat et de l’Autorité de la concurrence à cette opération ».

Le duopole du marché des entreprises
Au passage, l’Avicca s’inquiète en outre du sort de Kosc Telecom qui, lui, « est plus que jamais menacé de disparition ». Cet opérateur s’est lancé en 2016 sur le marché des télécoms d’entreprise en « apportant ainsi, dit-il, de la concurrence sur un marché verrouillé par un duopole historique constitué d’Orange et de SFR ». Confronté aujourd’hui à des problèmes de trésorerie et placé le 4 décembre dernier en redressement judiciaire (6), Kosc Telecom est aussi enlisé dans une bataille juridique engagée depuis sa création à la suite du rachat par ses fondateurs de l’opérateur Completel au groupe Altice – condition exigée par l’Autorité de la concurrence pour le rachat de SFR par Altice-Numericable en 2014. « Ce rachat [de Completel] est validé par l’Autorité de la concurrence en décembre 2015 et débouche sur la création de Kosc Telecom, rappelle la société dans un communiqué du 9 septembre dernier. La raison d’être du nouvel entrant sera, pour satisfaire aux exigences de l’Autorité de la Concurrence et permettre le développement d’un véritable marché concurrentiel des services numériques, de proposer une offre de gros de connectivité professionnelle à des opérateurs de services numériques aux entreprises ».

Autosaisine de l’Autorité de la concurrence
Kosc Telecom rappelle aussi que l’Arcep a constaté en 2018 les manquements volontaires d’Altice et le non-respect de ses engagements destinés à retarder le transfert effectif du réseau Completel. Ce qui a provoqué une autosaisine de l’Autorité de la concurrence. « Ce n’est que face à la montée de la pression médiatique et des questionnements de nombreux élus que l’Autorité de la concurrence précipite le rendu de sa décision [favorable à SFR qui contestait les modalités de cession de son réseau Completel, ndlr] pour la publier le 6 septembre 2019, quelques jours seulement après le refus de la Banque des Territoires [du groupe Caisse des dépôts, ndlr] de souscrire à une nouvelle augmentation de capital [de Kosc]. Un refus de toute évidence motivé par des informations émanant de l’Autorité de la concurrence, en parfaite contravention avec le secret de l’instruction », déplore la direction de Kosc Telecom qui récuse la décision du gendarme de la concurrence (7).
Le contentieux porte sur la réclamation, par SFR, du paiement de 20 millions d’euros pour le réseau Completel qui devait être cédé au 31 mars 2017 au plus tard. Kosc Telecom, estimant que le transfert n’a été effectif que 18 mois plus tard et évaluant son préjudice dû à ce retard à 65 millions d’euros, a refusé de payer l’intégralité de la facture correspondante. Le président de l’Arcep, lui, a apporté le 7 décembre dernier son soutien implicite à Kosc : « L’important, a dit Sébastien Soriano cité par la fédération InfraNum (8), c’est qu’une activité de gros volontariste soit structurellement garantie ». Le Sénat s’est inquiété le 11 décembre du sort de Kosc. Entre temps, l’Autorité de la concurrence a donc donné raison à SFR et à sa maison mère Altice qui a – selon les sages de la rue de L’Echelle – respecté ses engagements. Yann de Prince et Antoine Fournier, respectivement président et directeur général de cet opérateur alternatif, ont récusé le 9 septembre cette décision de l’Autorité de la concurrence et saisi le Conseil d’Etat, tout en s’estimant maintenant « la cible privilégiée d’une acquisition hostile » par des opérateurs télécoms intégrés souhaitant renforcer leurs positions sur le marché des entreprises. « Cette consolidation prévisible, voire probablement planifiée de longue date, refermerait de factole marché des télécommunications d’entreprises au détriment non seulement de l’écosystème de centaines d’opérateurs de services numériques aux entreprises mais aussi du début de rattrapage du retard en matière de numérisation des PME et TPE françaises », s’inquiètent les dirigeants de Kosc Telecom.
Ainsi, entre la disparition annoncée d’un opérateur d’infrastructure neutre (Covage) et le sursis d’un opérateur alternatif auprès des entreprises (Kosc Telecom), le marché français des télécoms est menacé de concentration et d’affaiblissement de la concurrence. Et ce, « dans un paysage national où la concurrence sur le marché professionnel des services de communications électroniques reste anémique ». Alors que les opérateurs télécoms intégrés et dominants – Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free – n’ont par ailleurs pas obtenu que le marché des mobiles passe de quatre à trois opérateurs (9), il semble que cette fois la concentration du marché de la fibre optique et des entreprises soit en marche. Même si elles sont largement majoritaires à ne pas avoir trouvé d’abonnés finals, les prises de fibre optique raccordables constituent un marché lucratif et très convoité. D’après l’Arcep, au 30 septembre 2019, la France compte seulement 6,3 millions d’abonnés à de la fibre jusqu’à domicile sur un total de plus de 16,7 millions de prises FTTH. Ce qui fait un ratio de seulement 37,7% de lignes de fibre activées.
Quoi qu’il en soit, la valorisation de Covage à plus de 1 milliard d’euros montre que cette « licorne » du FTTH en France a su surfer sur la vague des RIP et de leurs AMII ou AMEL. « La valorisation d’entreprise ressort à plus de 1,3 milliard d’euros en incluant la dette, soit près de 45 fois l’Ebitda (10), pour sa part chiffrée à environ 32 millions d’euros », indique CFNews. C’est à se demander si une bulle spéculatif privée n’a pas grossi grâce aux financements publics. Les 2,4 millions de prises raccordables de Covage s’ajouteront aux 5,4 millions de prises de SFR FTTH, soit un total de près de 8millions de prises.

Bulle « FTTH, RIP et Towers » spéculative
Entre l’entrée dans Covage de Cube Infrastructure en 2011 et la vente à SFR, la plus-value serait considérable. D’autant l’autre fonds actionnaire Partners Group, entré lui en 2016, cèderait aussi ses parts pour mieux monétiser la prise de contrôle par SFR. De son côté, TDF est aussi détenu part des fonds canadiens Brookfield et PSP, qui attendent la moindre occasion financière pour ventre à prix d’or tout ou partie de ses infrastructures, dont ses 18.000 pylônes pour téléphonie mobile et télévision TNT. De son côté, Orange a annoncé le 4 décembre vouloir céder les tours de son réseau mobile (40.000 towers en Europe). Mais c’est une autre histoire. @

Charles de Laubier

La Commission européenne 2019-2024 part en quête d’un « leadership numérique » face aux GAFA et aux BATX

Entre le marteau des géants américains de l’Internet et l’enclume de leurs homologues chinois, la nouvelle Commission européenne, présidée par Ursula von der Leyen et installée depuis le 1er décembre, va tenter de s’imposer dans le monde numérique. Pas moins de quatre commissaires ont le digital au coeur de leurs attributions.

C’est d’abord sur les épaules de la Danoise Margrethe Vestager (photo) que repose la charge de faire « une Europe préparée à l’ère numérique ». Cet objectif est justement le libellé de ses attributions au sein de la nouvelle Commission européenne, dont elle a été nommée vice-présidente exécutive. Très redoutée des GAFA qu’elle a mis pour certains à l’amende lorsqu’elle était commissaire européenne en charge de la concurrence (2014-2019), la voici en haut de l’affiche dans cette Commission « Leyen » qui remplace la Commission « Juncker » et qui a pris ses quartiers à Bruxelles depuis le 1er décembre pour un mandat de cinq ans (2019-2024). Margrethe Vestager devra composer avec trois autres commissaires européens qui auront eux aussi affaire avec la stratégie digitale du Vieux Continent : la Bulgare Mariya Gabriel qui se retrouve avec le portefeuille « Innovation et Jeunesse » (après avoir été auparavant en charge de l’Economie et de la Société numériques), le Français Thierry Breton qui fait son entrée à Bruxelles avec la responsabilité du Marché intérieur, et le Belge Didier Reynders qui est aussi un nouveau venu pour prendre en charge la Justice. La réussite ou pas de « l’Europe digitale » dépend donc de ce « quadriumvirat » où chacun a de près ou de loin le numérique dans son portefeuille.

Vers une nouvelle « loi sur les services numériques »
« La transition numérique aura des répercussions sur tous les aspects de notre économie et de notre société. Votre tâche consistera à faire en sorte que l’Europe saisisse pleinement le potentiel de l’ère numérique et renforce sa capacité industrielle et d’innovation. Ce sera un élément-clé du renforcement de notre leadership technologique et de notre autonomie stratégique », a écrit la présidente de la nouvelle Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans la lettre de mission qu’elle a adressée à Margrethe Vestager (1). Cela passera par une nouvelle stratégie à long terme pour l’avenir industriel de l’Europe, une maximisation de l’investissement dans la recherche et l’innovation, et une nouvelle stratégie pour les PME et les start-up, « notamment en réduisant la charge réglementaire et en leur permettant de tirer le meilleur parti de la numérisation ». Pour les cent premiers jours du mandat de Margrethe Vestager, la présidente de la Commission européenne lui demande de « coordonner les travaux sur une approche européenne de l’intelligence artificielle (IA), y compris ses implications humaines et éthiques », ainsi que d’« examiner comment utiliser et partager des mégadonnées (big data) non personnalisées pour développer de nouvelles technologies et de nouveaux modèles économiques créateurs de richesse pour nos sociétés et nos entreprises ».

Creative Europe 2021-2027 : 1,8 Md €
La nouvelle vice-présidente exécutive « pour une Europe préparée à l’ère numérique » devra en outre coordonner la mise à niveau des règles de responsabilité et de sécurité des plateformes, des services et des produits numériques dans le cadre d’une nouvelle « loi sur les services numériques » – Digital Services Act. Ce cadre concernera aussi les conditions de travail des travailleurs des plateformes numériques. Il s’agit là d’un projet législatif européen majeur pour le marché unique numérique que devra proposer en 2020 la Commission européenne pour adapter, voire remplacer à terme, la fameuse directive « E-commerce » de 2000. Celle-ci (2) garantit depuis vingt ans aux hébergeurs du Net, notamment aux plateformes de partage et aux réseaux sociaux une responsabilité limité vis-à-vis des contenus mis en ligne par leurs utilisateurs. La loi française pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) de 2004 a sanctuarisé dans le droit national ce régime de responsabilité partielle de l’hébergeur, ce qu’ont sans cesse voulu remettre en cause les industries culturelles dans leur lutte contre le piratage en ligne. Par ailleurs, Margrethe Vestager aura aussi à coordonner les travaux sur la taxe numérique (digital taxation) afin de trouver « un consensus au niveau international d’ici à la fin de 2020 » ou pour proposer « une fiscalité européenne équitable ». A l’instar de Margrethe Vestager, Mariya Gabriel passe de la Commission « Juncker » à la Commission « UVDL » (3) en changeant aussi de portefeuille. La Bulgare, francophone (4), devient commissaire européenne à l’Innovation et à la Jeunesse – après avoir été plus de deux ans à l’Economie et à la Société numériques (2017-2019). « Je veux, lui a écrit la présidente de la Commission européenne dans sa lettre de mission (5), que vous mettiez l’accent sur la culture et l’éducation numériques afin de combler l’écart en matière de compétences numériques. Vous devriez diriger la mise à jour du Plan d’action pour l’éducation numérique et examiner comment nous pouvons augmenter le nombre de cours ouverts en ligne. Vous devriez également vous pencher sur la façon d’accroître la sensibilisation dès le plus jeune âge à la désinformation et aux autres menaces en ligne ». Le Plan d’action en matière d’éducation numérique – Digital Education Action Plan (6) – a été lancé en janvier 2018 et sera mis en oeuvre par la Commission européenne d’ici la fin de 2020. Mariya Gabriel sera aussi coresponsable du Nouvel agenda pour la culture – New European Agenda for Culture (7) – adopté en mai 2018 avec un premier programme de travail 2019- 2022 fixé par le Conseil de l’Union européenne et publié au JOUE il y a un an (8). Parmi les cinq priorités culturelles à mettre en oeuvre : « un écosystème soutenant les artistes, les professionnels de la culture et de la création et les contenus européens » (mobilité des artistes, conditions salariales et de travail décentes, accès au financement et coopération transfrontière). Plus généralement, la nouvelle commissaire à l’Innovation et la Jeunesse devra « promouvoir les industries créatives comme catalyseur de l’innovation, de l’emploi et de la croissance et maximiser le potentiel de l’ambitieux programme “Creative Europe” ». Ce programme-cadre « Europe créative » – divisé en deux sous-programmes, Culture et Media – voit sa période 2014-2020 s’achever l’an prochain. Pour 2021-2027, le budget est prévu à un peu plus de 1,8 milliard d’euros, dont 58,4% pour le volet Media, 33 % pour le volet Culture et 8,6 % pour le volet trans-sectoriel (9). Mais l’examen du futur règlement se poursuivent au sein du Conseil de l’UE. Thierry Breton, lui, embrasse aussi le numérique dans son portefeuille « Marché intérieur », malgré les risques de conflits d’intérêts : il est dans l’histoire de l’UE le premier grand patron (Atos, France Télécom, Thomson, Bull) à devenir commissaire européen. Le 14 novembre, il a confirmé aux eurodéputés qu’il avait déjà vendu la totalité de ses actions (pour 45 millions d’euros, selon l’AMF) et démissionné de tout conseil d’administration. Son poste englobe l’économie et la société numériques, l’industrie et le marché unique, la Défense et l’espace (dont le « GPS » européen Galileo). « Je veux, lui a demandé UVDL dans sa lettre de mission (10), que vous participiez au travail de renforcement de la souveraineté technologique de l’Europe. Cela signifie qu’il faut investir dans la prochaine frontière des technologies, comme la chaîne de blocs (blockchain), l’informatique de haute performance, les algorithmes et les outils de partage et d’utilisation des données. Cela signifie également de définir conjointement des normes pour les réseaux 5G et les technologies de nouvelle génération ». Thierry Breton devra aussi coordonner l’Europe sur l’IA et la cybersécurité. Il contribuera en outre aux prochains Digital Services Act et Digital Education Action Plan.

A la recherche d’une IA éthique et humaine
Quant à Didier Reynders, à la Justice, il n’est pas en reste sur le digital. « Je veux, peut-on lire dans sa lettre de mission (11), que vous dirigiez le travail sur la protection des consommateurs, notamment pour les transactions transfrontalières et en ligne ». Il s’assurera que le RGPD sera complètement appliqué. Il contribuera à « la législation sur une approche coordonnée des implications humaines et éthiques de l’IA, en veillant à ce que les droits fondamentaux soient pleinement protégés à l’ère numérique ». Reste à savoir si la vice-présidente Margrethe Vestager réussira à faire de l’Europe une « championne numérique ». @

Charles de Laubier