Viviane Reding : « C’est à la Cnil de décider s’il faut sanctionner Google sur ses nouvelles règles »

La vice-présidente de la Commission européenne, en charge de la Justice,
des Droits fondamentaux et de la Citoyenneté, répond aux questions de Edition Multimédi@ sur la réforme de la protection des données personnelles, les règles
de confidentialité de Google, le « cloud » ou encore l’ACTA.

Propos recueillis par Charles de Laubier

Edition Multimédi@ : Vous avez fait le 25 janvier deux propositions législatives sur la protection des données personnelles en Europe, pour remplacer les législations nationales qui constituent un patchwork : des Etats contestent-ils votre projet ?
Viviane Reding :
La réforme soumise par la Commission européenne met à jour et modernise les principes inscrits
dans la directive de 1995 sur la protection des données, afin
de garantir à l’avenir les droits en matière de respect de la vie privée. La réforme comprend deux propositions législatives : un règlement définissant
un cadre général de l’Union européenne pour la protection des données, et une directive relative à la protection des données à caractère personnel traitées à des fins de prévention et de détection des infractions pénales, d’enquêtes et de poursuites en la matière, ainsi que d’activités judiciaires connexes (1) . Depuis que la Commission a annoncé sa proposition de réforme, les réactions des États membres ont été dans l’ensemble positives, mais ils sont toujours en train de prendre position. On en saura plus une fois que la réforme sera discutée – en juin prochain – au Conseil Justice et Affaires intérieures (JAI), qui regroupe les ministres européens concernés.

Ouest-France se diversifie jusque dans le « nuage »

En fait. Le 13 janvier, Précom – filiale de publicité, de radio et de communication du groupe SIPA, maison mère du premier quotidien français Ouest-France – annonce l’acquisition de Cocktail FM par Radio Cristal. Le 5 décembre, SFR est choisi pour héberger ses applications médias en ligne dans le « cloud ».

En clair. L’Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste, laquelle détient quasi 100 % de la Société d’investissements et de participations (SIPA), maison mère du premier quotidien français, Ouest- France (1), devient plus que jamais pluri-média et digitale. Pionnière des nouveaux médias avec la création en 1986 de Ouest-France Multimédia, le groupe de médias du Grand Ouest se diversifie par voie hertzienne et sur
le numérique. Passé l’an dernier de 44 à 53 éditions locales imprimées de Ouest-France, lequel renforce sa proximité « papier », le groupe SIPA fait aussi le grand saut dans le nuage informatique. Sa filiale Précom (détenue à 68 %) a confié à SFR l’hébergement et l’exploitation de ses applications web pour une période de trois ans. L’opérateur télécoms hébergera l’ensemble des applications Internet du groupe média. « Ces applications comprennent notamment les sites de consultation et d’information, les services de e-commerce, les sites d’échanges de données ainsi que la plate-forme de développement dédiée aux développeurs informatiques internes », précise la société Précom dirigée par Patrick Lelièvre (2). Cette filiale sœur de Ouest-France monte ainsi en charge non seulement en tant que régie publicitaire et éditeur de radios (avec Radio Cristal, qui émet dans l’Eure et les Yvelines), mais également sur les différents supports Internet. En 2005, Précom filialise ses activités de régie de publicité sur Internet sous le nom de Précom Multimédia, mais l’absorbe cinq ans plus tard pour « constituer un réseau commercial
bi-média (presse + web) ». Quant à Ouest- France Multimédia, la filiale numérique du quotidien, elle mise désormais sur les tablettes. « Le site web comme outil d’information, on n’y croit absolument pas. (…) Le grand changement pour nous, c’est la tablette », avait lancé son président, Olivier Bonsart (directeur délégué de SIPA), lors du salon La presse au futur à Paris en décembre 2010. SIPA se diversifie aussi avec ses autres filiales : Journaux de Loire (ex-Socpresse), Publiheddo (57 titres) et SofiOuest, laquelle détient
66 % de Spir et 50 % de 20 Minutes. @

Jouer avec les nuages (II)

Ce Noël, rien sous le sapin ! Rien qui ne rappelle, de près ou de loin, les traditionnelles boîtes de jeux vidéo qui venaient s’y empiler, d’une année sur l’autre. Entre temps, la dématérialisation de la filière des jeux vidéo continuait avec obstination à vider la hotte du Père Noël et les magasins spécialisés. Et ce n’est pas terminé. D’abord, parce que les consoles résistent en trouvant, génération après génération, de nouvelles ressources d’innovation justifiant encore leur attractivité : un équipement à domicile s’avère toujours indispensable pour jouer en 3D et ultra haut-débit sur écran géant, en faisant appel aux nouvelles ressources du web des émotions, prometteuses de sensations inédites. Si la console n’est pas (encore) morte, c’est aussi pour la simple raison que, pour les jeux, le processus de dématérialisation est autrement plus complexe que pour la musique, les films ou les livres. Il ne s’agit plus de simplement télécharger des fichiers mais de pouvoir jouer en ligne et en temps réel. Il est question ici de Gaming on Demand (GoD) ou de Cloud Gaming : grâce aux ressources du « cloud computing », toutes les opérations de calcul ne sont plus réalisées sur une machine à domicile mais sur de puissants serveurs distants. Cela concerne un chapitre de plus en plus important du catalogue de jeux, à la complexité accrue mais désormais compatibles avec les performances croissantes des réseaux à très haut-débit. Finie la course des foyers aux micro-ordinateurs survitaminés.

« Au moment où les chronologies des médias de la vidéo ou du livre sont mises à mal, une chronologie des jeux vidéo se met en place ! »

L’Europe prend des airs de régulateur mondial de la protection des données sur Internet

La Commission européenne va présenter autour du 28 janvier, journée mondiale des données personnelles (Data Privacy Day), deux projets de textes législatifs sur la protection des données personnelles en ligne : l’un sur la régulation, l’autre sur la nouvelle directive.

Edition Multimédi@ s’est procuré la derrière version – numérotée 56 et datée du 29/11/11 – de la proposition de la Commission européenne au Parlement européen
et au Conseil de l’Union sur l’évolution de la législation en matière de protection des données personnelles. Deux projets de textes y sont proposés que Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne, présentera fin janvier : le premier sur
la régulation de la protection des données personnelles ; le second sur la directive sur la protection des données personnelles.

Le Big Data Bang

Rien moins que le déluge ! Déluge numérique, déferlement de données, avalanche d’informations : les chiffres qui nous donnaient le tournis il y a à peine dix ans, nous semblent ridicules aujourd’hui. Pourtant, en 2010, on estimait que l’humanité – en produisant l’équivalent de 1.000 exabytes – faisait son entrée dans l’ère du zettabyte : un zettabyte équivalant à 1 milliard de terabytes. La croissance a été au rendez-vous, puisqu’en 2020 nous en sommes déjà à plus de 35 zettabytes ! Cette augmentation exponentielle est le résultat d’un emballement général. Les réseaux qui structurent le Web sont de plus en plus nombreux : après les données des institutions et des entreprises sur le Web de première génération, les données personnelles ont déferlé sur la Toile, amplifiées par la banalisation des réseaux sociaux diffusés sur tous les terminaux et les services mobile.
A cela, s’est ensuite ajouté le flux massifs d’informations libérées, comme les données publiques mises en ligne par les Etats ou les collectivités locales. Puis, ce fut au tour des milliards de « data » générés par l’Internet des objets. Nous apprenons à naviguer dans un espace numérique presque infini, composé de données hétérogènes : données non structurées, venues du monde entier, de plus en plus souvent produites en temps réel
et généralement taguées de mots-clés, de dates, de lieux, …

« Les algorithmes sont en mesure de faire émerger les motifs cachés des entrailles du Web : un Deep Web qui représente 90 % de l’ensemble du Net »