Commission « TV connectée » du CSA… sans Apple

Le 16 février, le CSA a installé la Commission de suivi des usages de la télévision connectée, dont c’était la première réunion plénière en présence de 70 membres représentant chaînes, FAI, fabricants, ayants droits, opérateurs consommateurs et pouvoirs publics. Mais un seul être vous manque…

… et tout est dépeuplé. Apple – redevenu le 13 février la première capitalisation boursière mondiale (1) – s’apprête, d’ici à cet été, à repartir à l’offensive avec son Apple TV (ou iTV). La Commission de suivi des usages de la télévision connectée peut-elle faire l’impasse la marque à la pomme ? « Nous ne faisons pas l’impasse sur Apple. On arrive jamais à les faire venir. Apple interdit à ses bureaux à l’étranger d’y participer. Déjà, lors du colloque sur la TV connectée que nous avions organisé [le 28 avril 2011, ndlr], ils n’avaient pas été là. Mais la politique de la chaise vide n’a jamais profité à celui qui la pratique ! », a répondu Michel Boyon, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), à Edition Multimédi@, en marge de l’installation de la commission. Nous avons voulu demander à Stéphane Thirion, le dirigeant d’Apple France, les raisons de cet absentéisme récurant. « Stéphane Thirion n’est pas porte-parole pour la presse. (…) Nous ne communiquons pas et necommentons pas sur les points que vous abordez », nous a-t-on répondu. Les auteurs du rapport TV connectée, remis fin novembre, n’avaient pas non plus réussi à auditionner Apple (2). L’absence et le silence d’Apple sont d’autant plus fâcheux que la firme de Cupertino prépare pour le second ou troisième trimestre (3) un vrai téléviseur connecté et à commande vocale – iTV – pour tenter de réussir là où son décodeur Apple TV n’a pas donné les résultats escomptés. Google est aussi très attendu dans le PAF avec sa Google TV. Le géant du Web était-il parmi les 70 membres de la première plénière de la commission TV connectée présidée par Emmanuel Gabla ? Non plus ! Pas plus que les autres acteurs du Web (Yahoo, Dailymotion, Facebook, …), pourtant très attendus sur le petit écran. « Les représentants du Web sont présents à travers l’Association de services Internet communautaires (Asic), laquelle est membre de la commission, même s’ils n’ont pas pu être présents aujourd’hui », a assuré Michel Boyon, en se tournant vers le carton « Asic » isolé sur la table. Contacté, le co-président de l’Asic, Giuseppe de Martino (Dailymotion), nous a répondu : « Nous avons apparemment été invités mais n’avons pas pris de décision quant à une éventuelle participation ». En cours de réunion, Michel Boyon a parlé de « télévision contestée » avant de corriger pour « connectée ». Un lapsus révélateur ? @

Les projets de loi SOPA et PIPA suspendus font encore frémir les acteurs du Web

Alors que les votes des projets de loi américains SOPA et PIPA de lutte contre le piratage sur Internet restent toujours incertains – depuis leur report mi-janvier, suite à une levée de bouclier des acteurs du Web –, l’inquiétude envers ces deux textes controversés demeurent.

Par Christophe Clarenc, avocat associé (photo), et Véronique Dahan, avocat Counsel, August & Debouzy

Les internautes ont encore en mémoire les derniers événements
qui ont suivi l’introduction des propositions de loi SOPA (Stop Online Piracy Act) et PIPA (Protect Intellectual Property Act). Il y a eu la lettre du 15 novembre 2011, signée par plusieurs acteurs du Web – tels que Google, Facebook, Yahoo, eBay, Twitter, LinkeInd, AOL, etc – et transmise aux membres du Congrès américain, qui préconisait d’autres méthodes pour lutter contre les sites Internet dits « voyous ».

Le PAF dénonce de plus en plus un « Internet non régulé »

Le 8 novembre, le cabinet d’études NPA Conseil a organisé la 14e édition de son colloque annuel, avec Le Figaro (EM@ était partenaire presse), sur le thème de « Univers tout numérique : année 0 ». Le PAF régulé s’inquiète face à la concurrence d’un Internet « non régulé » venu d’ailleurs.

Par Charles de Laubier

Le paysage audiovisuel français (PAF) se rebiffe de plus en plus : les chaînes de télévision et les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) dénoncent la « concurrence déloyale » que représentent le Web « non régulé » et ses acteurs du Net « venus de l’étranger ». Ils en appellent aux pouvoirs publics pour imposer aux nouveaux venus de la TV connectée et de la VOD, implantés hors de France, les mêmes obligations et taxes qui pèsent sur eux. Le temps presse : Jean-Marc Tassetto, DG de Google France, a précisé que Google TV sera lancé sur l’Hexagone « en 2012-2013 ». Fin octobre, aux Etats-Unis, a été présentée une nouvelle version qui ressemble plus à ce que Edition Multimédi@ appelle « GooTube ».

Le cinéma obtient le blocage d’un site de piratage de films

En Grande-Bretagne, BT est obligé de bloquer le site web Newzbin avec Cleanfeed, déjà utilisé pour les sites pédo-pornographiques. Les Etats-Unis, eux, veulent faire coopérer non seulement les FAI mais aussi moteurs de recherche, systèmes de paiement et réseaux publicitaires.

Par Winston Maxwell, avocat associé, Hogan Lovells

Le 26 octobre 2011 la Haute cour de Justice en Angleterre a ordonné à l’opérateur télécoms BT de bloquer l’accès au site web Newzbin2 (1). Cette décision fait suite à plusieurs autres antérieures rendues contre ce site de type Usenet qui facilite le partage de fichiers.
La première décision, rendue en mars 2010 (2), a constaté que
la partie premium du site Newzbin était destinée presque exclusivement à permettre le partage illicite de films protégés
par le droit d’auteur et l’a condamné.

Google TV et YouTube : vers un “GooTube” audiovisuel

En fait. Le 3 novembre, le Wall Street Journal a indiqué que Google pourrait proposer des services payants de télévision sur Google TV lancé il y a un an aux Etats-Unis. Son lancement en 2012 se fera sur une version simplifiée dévoilée fin octobre, elle intégre les chaînes de YouTube.

En clair. La firme de Mountain View avance sur deux fronts sur le marché mondial de la télévision avec ce que Edition Multimédi@ propose d’appeler « GooTube » ! D’un côté, Google TV – lancé il y a un an aux Etats-Unis sur les téléviseurs Sony et les décodeurs numériques Logitech – cherche à nouer des partenariats avec de grandes chaînes de télévision, comme celles de Walt Disney ou de Time Warner pour les diffuser et les proposer en catch up TV, ainsi qu’avec des distributeurs de VOD comme Netflix ou Amazon. De l’autre, YouTube – racheté par Google en 2006 pour 1,65 milliard de dollars – multiplie les chaînes de télévision thématiques à travers des accords de partenariats comme avec Disney, qui mettra en ligne début 2012 des vidéos à caractère familial, ou encore avec Madonna, sans parler des retransmissions en direct d’événements (ouverture du Bolchoï, pèlerinage de La Mecque, mariage de Kate et William, concert de U2, …). Si la première version de Google TV n’a pas rencontré outre-Atlantique (1) le succès escompté, en raison du prix trop élevé et de la complexité de la plate-forme, YouTube Channels – des dizaines de chaînes déjà proposées – draîne déjà plusieurs millions de téléspectateurs (2). « GooTube » espère ainsi séduire les chaînes sur Google TV et les fournisseurs de vidéos en ligne sur YouTube en leur offrant une opportunité d’éviter l’érosion de leur audience pour les uns (comme Disney Interactive) ou l’accroître pour les autres. Google reverse jusqu’à 55 % des revenus publicitaires à ses partenaires, après s’être remboursé les avances comme lors de co-productions (3).
« GooTube » ambitionne de réussir là où Steve Jobs a échoué avec Apple TV. Le numéro un mondial des moteurs de recherche sur Web veut en fait devenir à terme incontournable dans la recherche de programmes de télévision et de vidéos à la demande. Et ce, que cela soit sur le poste de TV connecté mais également sur tablettes, ordinateurs, mobiles et consoles de jeux. En voulant racheter Motorola Mobility 12,5 milliards de dollars (EM@41, p. 3), Google entend se donner les moyens d’introduire « GooTube » dans ses propres mobiles et ses propres décodeurs qui fonctionnement sous son système d’exploitation Android. « GooTube » pourrait remporter la guerre de la télécommande s’il parvient à s’imposer comme le point d’entrée dans l’audiovisuel. @