Chronologie : Altice (SFR) veut aligner SVOD et Canal+

En fait. Le 29 août, Alain Weill, directeur général des activités médias d’Altice (SFR), a présenté le lancement de la nouvelle chaîne Altice Studio. Il a aussi justifié l’absence d’accord « à la Canal+ » avec le cinéma français, tout en dénonçant « la chronologie des médias complètement désuète ».

En clair. « Les accords entre le cinéma et les chaînes de télévision datent de l’époque de Canal+, donc d’une époque un peu dépassée », a lancé Alain Weill, directeur général des activités médias d’Altice, pour justifier l’absence d’accord entre Altice Studio et les organisations du cinéma français. Même s’il considère que ces règles
– prises à l’époque où Canal+ était un monopole et devenait la plateforme de financement du cinéma français – n’étaient pas anormales, c’est aujourd’hui complètement différent. « C’est vrai qu’on veut changer un peu les règles. C’est vrai qu’OCS a signé en son temps, mais un autre temps déjà… Aujourd’hui, pourquoi nous irions prendre des engagements avec vingt-cinq partenaires qui sont des syndicats professionnels qui finalement, chacun dans leur coin, défendent leurs intérêts particuliers. On a rien contre cela mais, finalement, aller prendre des engagements, alors de notre côté par exemple : le monde du cinéma n’a toujours pas le droit d’investir (de la publicité) à la télévision ; la chronologie des médias est complètement désuète aujourd’hui, … Cela n’a pas de sens », a-t-il argumenté. Pourquoi, selon lui, Altice se mettrait des contraintes que n’ont pas d’autres grands acteurs comme Netflix dans la vidéo et Allociné pour la publicité ? « Il ne faut pas de malentendu : on a pas d’hostilité de principe à signer un accord avec des partenaires (du cinéma) avec lesquels nous travaillons. Mais les temps ont changé. Donc, il faut que la chronologie des médias évolue. Il est impératif qu’il y ait un parallèle symétrique entre les plateformes SVOD
et la télévision payante », a plaidé Alain Weill.
Le patron d’Altice Media dit en avoir parlé avec la présidente du CNC, Frédérique Bredin. Il lui a dit que si la première fenêtre payante est à 12 mois (après la sortie des nouveaux films en salles), il faut que la SVOD soit elle aussi à 12 mois : il ne faut pas séparer la SVOD et la télévision payante car cela n’a plus de sens par rapport à la façon dont l’on consomme la télévision. « Et si on veut aussi éviter le piratage, lui a encore dit Alain Weill, il faut faire preuve de réalisme dans les règles qui doivent être discutées dans les semaines qui viennent ». Altice Studio va financer plus de séries que de films (1) car « à partir du moment où l’on a investi dans un film, on s’interdit à
le diffuser sur notre plateforme SVOD pendant 3 ans ! » @

Pass Culture à 500 €pour les jeunes : une priorité

En fait. Le 18 juillet, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a été auditionnée pour la première fois à la l’Assemblée nationale, par la commission des Affaires culturelles. « La jeunesse est notre priorité », a-t-elle déclaré, parlant notamment du Pass Culture de 500 euros promis par Emmanuel Macron.

En clair. C’est une des promesses de l’ex-candidat Emmanuel Macron qui, aujourd’hui président de la République, a confié la tâche de la mettre en oeuvre à la ministre de la Culture, Françoise Nyssen. « Pour les jeunes de 18 ans, nous travaillerons à mettre en oeuvre le Pass Culture de 500 euros. C’est un signal où l’enfant, disons plutôt le jeune, est pilote de son choix. C’est très important de redonner cette confiance aux jeunes et une forme d’accès. On doit travailler à cela. Le Pass Culture viendra en quelque sorte conclure ce parcours d’éducation aux arts et à la culture qui doit être le fil conducteur de la scolarité, de la maternelle au lycée », a-t-elle expliqué le 18 juillet devant la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale.
En proposant ce Pass Culture, Emmanuel Macron s’est en fait inspiré des pratiques
de certaines régions de France telles que le Pass Culture Sport des Pays de la Loire, voire aussi ailleurs en Europe comme en Italie. « Il existe déjà des formules, et on les étudiera, dans les régions qui ont mis en place des Pass Culture, ainsi que dans d’autres pays. Nous verrons quels sont les écueils et les points positifs pour essayer d’avancer le plus intelligemment possible », a indiqué Françoise Nyssen, qui s’est dite très « émue » et « impressionnée » d’être auditionnée pour la première fois. Sur ses modalités d’utilisation, qu’elle considère « tout à faire originales », le jeune sera libre de ses choix culturels : pas question de se positionner « comme juge sur la façon dont il va l’utiliser » car « c’est la société de confiance que l’on essaie de mettre en place ». Le Pass Culture permettra d’aller au musée, au cinéma, acheter des livres ou se rendre au théâtre, mais aussi acheter des films et des musiques sur les plateformes numériques. Dans son programme présidentiel, Emmanuel Macron avait en effet parlé de « Pass Culture numérique cofinancé par [une taxe sur] les distributeurs et les grandes plateformes numériques, qui bénéficieront du dispositif » (1). Pas question donc de le vendre aux jeunes, afin de ne pas risquer un nouvel échec après celui de la Carte musique en ligne (2) en 2012. Il faudra aussi éviter les écueils (trafic d’argent, revente
à prix cassé sur Internet, …) comme ce fut le cas en Italie avec le Bonus Culture à 500 euros mis en place en 1999 et prolongé par le gouvernement depuis. @

En taxant le cloud, la France reste plus que jamais championne d’Europe de la copie privée

La commission « copie privée », sous la houlette des ministères de la Culture, de l’Industrie et de la Consommation, vient de faire un premier pas vers la taxation du Net en vue de « compenser » le manque à gagner des industries culturelles lié au droit de copie privée des utilisateurs enregistrant des œuvres audiovisuelles dans le cloud.

Par Charles de Laubier

La commission « copie privée », présidée par Jean Musitelli (photo), vient d’adopter les barèmes de taxes qui seront prélevées auprès des éditeurs de services de télévision et
de radio fournis à distance, en ligne, avec possibilités d’enregistrement dans le cloud. Le vote des membres de cette commission – composée de personnes désignées pour moitié par les ayants droits (12 sièges), pour un quart par les fabricants ou importateurs de supports numériques (6 sièges), et pour un autre quart par les consommateurs (6 sièges) – s’est déroulé
le 19 juin dernier. C’est le site web Next Inpact qui l’a révélé le 30 juin. Cette taxation
du cloud audiovisuel intervient un an après l’adoption de la loi « Création » (1), datée
du 7 juillet 2016, qui prévoit en effet dans son article 15 que la rémunération pour « copie privée » soit également versée par des services en ligne à usage privé de télévision
ou de radio d’origine linéaire.

Comment Netflix a volé la vedette au 70e Festival de Cannes et s’est offert une pub mondiale gratuite

Pour ses vingt ans, Netflix s’est offert une tribune internationale à l’occasion
du Festival de Cannes en bousculant le monde du 7e Art et sa chronologie des médias. Le numéro un mondial de la SVOD, fort de plus de 100 millions d’abonnés, investit plus que jamais – y compris en Europe.

Le numéro un mondial de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) a réussi son coup : faire parler de
lui partout dans le monde – avant et pendant le 70e Festival de Cannes,
et sans financer une quelconque campagne de publicité. Netflix a simplement poussé jusque dans ses retranchements le monde du cinéma, notamment français, arc-bouté sur sa sacro-sainte chronologie des médias, laquelle régit la sortie des nouveaux films à partir de la salle obscure toujours prioritaire.

L’échec des négociations sur la chronologie des médias démontre l’inertie du cinéma français

La énième évolution de la chronologie des médias – que le CNC a proposée le
28 avril lors d’une réunion de la dernière chance – a suscité plus de méfiance
des parties prenantes que d’adhésion. Le cinéma en France reste figé sur les règles obsolètes de 2009 toujours en vigueur.

Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), présidé par Frédérique Bredin (photo), n’a pas réussi à mettre toute la filière du 7e Art français d’accord sur une nouvelle chronologie des médias, malgré sa énième proposition datée
du 24 avril – que Edition Multimédi@ s’est procurée (1) – et débattue lors de la dernière réunion de négociations le 28 avril. L’espoir d’annoncer de nouvelles fenêtres de diffusion des nouveaux films durant le 70e Festival de Cannes, qui se tient
du 17 au 28 mai, s’est évanoui en raison des dissensions professionnelles persistantes et irréconciliables.